Les modifications manuscrites du Rabbi sur un calendrier français pour l’année 5701-1941 ont été publiées dans le nouveau Kovetz du Vaad Hatmimim pour le 28 Sivan, célébrant cette année les quatre-vingts ans de l’arrivée du Rabbi et de Rebbetzin dans le monde libre.

En l’an 5700-1940, lorsque les nazis ont envahi la France, le Rabbi et la Rabbetzin, qui vivaient alors à Paris, ont été contraints de quitter la capitale pour un endroit exempt de persécution nazie.

Après avoir passé quelques mois dans la ville de Vichy, vers la fin de 1940, le Rabbi et Rebbezin déménagent à nouveau ; cette fois à Nice.

Les réfugiés de Nice ont publié un calendrier pour l’année 5701-1941. Le calendrier est un petit livret écrit à la main. Le Rabbi a ajouté des notes au calendrier à plusieurs endroits, en corrigeant ce que les éditeurs avaient écrit, et a ajouté les jeûnes  » bahab  » manquants – (un acronyme pour les jeûnes du lundi, jeudi, lundi des mois de Hechevan et Iyar) – le dernier jeûne « bahab » pour Hechevan, et tous les jeûnes « bahab » pour Iyar.

Ces documents ont été gracieusement fournis à Vaad Hatmimim par les archives du JEM – Early Years, dirigées par le rabbin Elkanah Shmotkin .

Le Kovetz comprend également : Un aperçu historique détaillé des déplacements du Rabbi et de la Rebbetzin, plein d’informations et de documents des événements du 28 Sivan avec le Rabbi au fil des ans.

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Le sauvetage du Rabbi et de la Rabbanit de l’enfer européen


 

Traduit par le Rav Haïm Mellul – Editions du Beth Loubavitch

Leur départ pour les Etats Unis

(Cette note historique a été établie d’après les éléments figurant dans différents ouvrages, publiés par ‘Habad,
qui relatent le sauvetage et après examen des documents officiels se trouvant en la possession des avocats
de l’association des ‘Hassidim ‘Habad.)

Les premières informations

A la fin de 5699-1939, quand éclata la seconde guerre mondiale, l’association des ‘Hassidim ‘Habad aux Etats Unis, dirigée par le Rav Israël Jacobson et les frères Chnéor Zalman et Yekoutyael Sam Kremer, reçut les premières informations sur la domination des tortionnaires nazis, qui s’étendait à toute l’Europe. Aussitôt, cette association multiplia les démarches dans le but de sauver le précédent Rabbi, le Rayats, qui était toujours reclus à Varsovie, où il s’était installé en quittant Otvotsk, dans les faubourgs de la capitale polonaise, lieu d’implantation de la Yechiva Tom’heï Temimim Loubavitch.

Les informations concernant le précédent Rabbi furent alors, pour la plus large part, obtenues et transmises aux Etats Unis, par son gendre et sa fille, le Rabbi et la Rabbanit ‘Haya Mouchka, qui, à l’époque, résidaient à Paris, où ils avaient été informés de la situation par des rescapés, ayant pu échapper au siège de Varsovie.

A l’époque, eurent également lieu les premières tentatives pour sauver les autres membres de la famille du Rabbi. Afin qu’il soit plus aisé d’obtenir des visas d’immigration aux Etats Unis, les responsables de l’association des ‘Hassidim ‘Habad devaient avoir connaissance de différents détails personnels concernant ceux qui devaient être sauvés, en particulier les dates de naissance figurant sur les documents officiels. Tous ces éléments leur furent transmis, par le Rabbi, de Paris, dans une lettre datée du 28 Tichri.

Dans d’autres courriers, rédigés en ‘Hechvan et Kislev, le Rabbi exhorta ces responsables à faire tout ce qui était en leur pouvoir afin d’obtenir des autorisations d’entrée aux Etats Unis pour son beau-père et pour les membres de sa famille.

Ces autorisations furent difficiles à obtenir, malgré les multiples interventions des responsables de l’association ‘Habad, aux niveaux les plus élevés de l’administration américaine. Les efforts furent essentiellement concentrés sur un seul objectif, le sauvetage du précédent Rabbi qui courait un réel danger. C’est à l’avocat Max Rodd, dont la compétence était bien connue, que fut confié le suivi du dossier de ce sauvetage auprès des autorités de l’immigration, à Washington. Au cours de la période pendant laquelle il fallut attendre les différentes autorisations nécessaires pour que le précédent Rabbi quitte la Pologne occupée, le Rav Jacobson demanda à Rodd d’obtenir cette même autorisation pour le Rabbi.

A l’époque, Paris, où le Rabbi résidait encore, n’avait pas encore été conquis par les nazis. Il y avait donc bon espoir que le sauvetage du Rabbi soit plus aisé. Dans l’argumentaire accompagnant la demande du Rav Jacobson, il fut précisé que la présence, aux Etats Unis, du gendre, dont la capacité à diriger était clairement établie, rendrait plus aisé le sauvetage du beau-père, le précédent Rabbi. Cette demande, formulée à l’avocat Rodd, fut confirmée par une lettre que lui écrivit l’avocat Sam Kremer, le 21 ‘Hechvan 5700-1939.

En Kislev 5700-1939, furent concrètement engagées les démarches pour le sauvetage du Rabbi. Il fut décidé d’établir les documents nécessaires pour présenter une demande de visa d’installation aux Etats Unis. Meïr B. Harton, un homme, lui-même issu d’une famille ‘Habad, qui ressentait le devoir moral de participer au sauvetage de la famille du Rabbi, signa alors un engagement à prendre en charge financièrement le Rabbi et la Rabbanit, dès leur arrivée aux Etats Unis.

Dans cet engagement, il était également précisé que le Rabbi possédait un diplôme d’ingénieur en électricité, ce qui devait faciliter son installation aux Etats Unis et supprimer, pour les autorités, la crainte d’être dans l’obligation de lui attribuer une aide sociale. Le Rabbi et la Rabbanit, dès qu’ils furent en possession de ce document, se rendirent au consulat américain à Paris et y déposèrent, en tant que citoyens russes, une demande de visas ordinaires d’immigration aux Etats Unis.

De tels visas étaient, à l’époque, délivrés en nombre limité et l’on savait que la procédure devait durer environ six mois. Néanmoins, l’instabilité que l’Europe connaissait, durant cette période, ne permettait pas aux responsables de rester inactifs pendant tout ce temps. Ceux-ci s’efforcèrent donc d’activer les démarches.

Selon les informations qui parvenaient alors aux Etats Unis, on ne fut pas en mesure d’établir quelle suite le consul américain à Paris avait donné à ces démarches. L’avocat Rodd tenta d’entrer en contact avec le consul, mais il n’y parvint pas. Il demanda donc au Rav Jacobson, par lettre du 15 Tévet, d’adresser un télégramme au Rabbi pour lui demander de confirmer qu’il avait bien reçu l’engagement financier qui lui avait été adressé et de préciser quelle avait été la réponse apportée par le consul à sa demande.

Une demande de visas exceptionnels

A un certain stade de la procédure, les responsables, qui dirigeaient ce sauvetage, décidèrent, avec l’accord du Rabbi Rayats, de demander des visas exceptionnels, pour lui et pour tous ses proches. Cette requête fut justifiée en arguant du fait qu’il ne s’agissait pas de simples Rabbanim, mais de personnes possédant un rang élevé dans la hiérarchie rabbinique, de dirigeants d’une haute stature spirituelle, dont le sauvetage était une nécessité absolue pour le Judaïsme mondial. Grâce aux nombreuses interventions engagées par ces responsables, les représentants du Département d’état acceptèrent effectivement cette formulation.

En conséquence, une demande de visa de groupe, pour toutes les personnes concernées, fut présentée, à Riga. Parmi ces personnes, le Rabbi était, bien évidemment, mentionné. Il était précisé, à son propos, qu’il assumait des fonctions rabbiniques et qu’il avait dirigé différentes actions communautaires. En outre, il avait participé à la rédaction du périodique de Torah «Ha Tamim», qui était édité, à Varsovie, dans les années 5695-1935 à 5699-1939 et dont la parution avait été interrompue, du fait de la guerre. Dans ce document, le Rabbi était présenté comme un homme d’une exceptionnelle érudition, capable d’apporter une contribution décisive aux différentes disciplines du Judaïsme.

Le 25 Tévet, le secrétariat de l’association des ‘Hassidim ‘Habad reçut un télégramme du gendre du Rabbi Rayats, le Rav Chmaryahou Gurary, signifiant la demande pressente de son beau-père d’engager, au plus vite, la procédure afin d’obtenir des visas pour ses deux autres gendres: «Schneerson de Paris et Horenstein de Trieste». Ce dernier, néanmoins, allait périr, avec son épouse, tous deux victimes de la barbarie nazie, comme on allait l’apprendre à l’issue de la guerre.

Au milieu de Chevat, les responsables se concertèrent pour déterminer s’ils devaient agir immédiatement pour obtenir l’immigration du Rabbi ou bien s’il était préférable d’attendre, pour les raisons suivantes. D’une part, il était dit, dans la demande de visa ordinaire, que le Rabbi était ingénieur en électricité. Ainsi, la contradiction entre ce document et la demande de visa exceptionnel risquait de compromettre le sauvetage de tout le groupe, y compris celui du précédent Rabbi lui-même. De plus, on pouvait craindre qu’une confusion soit faite par les autorités, si elles autorisaient l’entrée dans le pays de quelqu’un qui avait pour nom de famille Schneerson. Il aurait donc pu en résulter un préjudice pour le Rabbi Rayats lui-même. Par ailleurs, depuis qu’ils avaient quitté la Russie, le Rabbi et la Rabbanit étaient apatrides, ce qui compliquait l’obtention de leurs visas.

A l’issue de cette concertation, et sur le conseil des avocats, il fut décidé de surseoir à la demande concernant le Rabbi, pendant quelques temps, jusqu’à ce que l’autorisation définitive soit obtenue pour le précédent Rabbi et qu’il puisse quitter Riga. Après cela, on pourrait multiplier les efforts pour sauver son gendre et sa fille, qui étaient encore à Paris.

Le 4 Adar Richon, le précédent Rabbi fit savoir, par télégramme, qu’il avait obtenu des visas d’immigration pour lui et pour tous ceux qui l’accompagnaient. En conséquence, on demanda à l’avocat Butler, qui avait remplacé Rodd, de solliciter, à Washington, un visa exceptionnel pour le Rabbi, dont le nom figurait également dans la liste du groupe.

Le 10 Adar Chéni, l’avocat Butler fit savoir aux responsables de l’association des ‘Hassidim ‘Habad qu’il n’était pas encore parvenu à déterminer la suite ayant été donnée à la demande qu’il avait présentée pour le Rabbi. Malgré cela, dix jours plus tard, le 20 Adar Chéni, il les informa de son intention de réitérer sa requête, auprès du Département d’état, afin d’obtenir des visas exceptionnels pour tous les membres du groupe qui se trouvaient encore en Europe, y compris pour le Rabbi.

Le sauvetage du Rabbi Rayats

Le Rabbi Rayats, une partie de sa famille et quelques ‘Hassidim, parmi les plus proches, après avoir été miraculeusement sauvés de l’enfer nazi, parvinrent à Riga, le dimanche 5 Tévet 5700-1940. Ils restèrent là près de trois mois, jusqu’au 24 Adar Richon. C’est à cette date qu’ils prirent place à bord du bateau «Le Dratinghalm», en partance pour les Etats Unis.

Se trouvant déjà sur ce bateau, le Rabbi Rayats envoya une lettre à un responsable communautaire de Jérusalem, lui demandant d’expédier de la Matsa Chemoura à Paris, pour son gendre, le Rabbi.

Parvenu à New York, le 9 Adar Chéni 5700-1940, le précédent Rabbi multiplia les démarches pour que l’on vienne au secours des Juifs qui se trouvaient encore en Europe. Il s’efforça, en particulier de sauver les autres membres de sa famille, ses deux filles et ses gendres.

A partir de cette date, l’action de sauvetage du Rabbi fut directement conduite par son beau-père, avec une abnégation qui ne connaissait aucune limite et un profond désir d’aboutir à une issue positive.

Le transfert des documents à Paris

Avant l’entrée des Nazis à Paris, au printemps 5700-1940, le Rabbi parvint à se procurer un document attestant qu’il était inscrit dans l’armée française. Celui-ci lui permit de circuler librement dans les rues. A différentes reprises, en effet, des policiers l’interpellèrent pour contrôler son identité. Ce certificat le préserva alors de recherches et de vérifications ultérieures, ou même d’une arrestation en tant que déserteur.

Le 25 Iyar 5700-1940, eut lieu, aux Etats Unis, une réunion entre l’avocat Butler et les représentants du Département d’état. Butler leur demanda de télégraphier au consul, à Paris, afin de déterminer si l’autorisation d’immigrer avait bien été accordée au Rabbi, en tant que membre du groupe auquel avait été délivré un visa exceptionnel.

Les représentants du Département d’état indiquèrent, au nom du consulat de Paris, que le dossier contenant les documents relatifs au visa exceptionnel du Rabbi, sollicité à Riga, avait été transféré à Bordeaux, ville à partir de laquelle il devait être ultérieurement envoyé à Paris.

Peu après, le secrétariat du Rabbi Rayats apprit que le dossier du Rabbi était effectivement parvenu à Paris, mais qu’un problème se posait encore pour lui délivrer un visa d’entrée aux Etats Unis. Butler demanda alors aux représentants du Département d’état de contacter, à ce sujet, le consul, à Paris.

Le 28 Iyar, le consul, pour la première fois, envoya un télégramme précisant sa position. Il disait ne pas être convaincu que celui qui sollicitait ce visa exerçait bien des fonctions rabbiniques. Il savait, en effet, qu’il possédait un diplôme d’ingénieur. L’avocat Butler demanda donc aux responsables de l’association des ‘Hassidim ‘Habad de lui fournir d’autres documents, justifiant que le Rabbi était bien en droit de solliciter un visa exceptionnel.

La fuite devant la tentacule nazie

Au début de Sivan, les Nazis prirent Paris et le Rabbi décida aussitôt de s’éloigner de cette ville. Un influent général de l’armée française lui proposa de le cacher dans sa maison, qui se trouvait dans les faubourgs de la capitale, jusqu’à ce que tout danger soit écarté. Ce général, qui était un ami, était, certes, animé d’une bonne intention, mais sa proposition dénotait surtout l’incapacité des Français, à l’époque, d’imaginer ce que pouvait être l’occupation nazie. Le Rabbi, pour sa part, anticipa le danger et déclina cette proposition. Il opta pour la fuite, franchit la frontière de la zone occupée et se rendit à Vichy.

Le Rabbi et la Rabbanit abandonnèrent Paris quelques jours avant la fête de Chavouot. Ils prirent place dans un des derniers trains qui quitta la ville. Après avoir traversé la frontière, au prix d’un immense danger, ils parvinrent à Vichy, à la veille de Chavouot.

Avant de quitter Paris, le Rabbi fit un discours, par lequel il prit congé de ses connaissances. Il encouragea ceux qui restaient, leur souligna à quel point il était indispensable de s’en remettre à D.ieu, de Le servir dans toutes les situations. De fait, aucune preuve n’était nécessaire pour établir qu’il était effectivement possible de remplir cette dernière condition. Il suffisait, pour s’en persuader, d’observer le comportement du Rabbi lui-même.

A l’époque, les Juifs de Paris parlaient d’ores et déjà des miracles du Rabbi. Tous connaissaient sa fierté d’être Juif, son attitude sans compromis, le don de sa propre personne dont il faisait preuve pour mettre les Mitsvot en pratique de la meilleure manière qui soit.

L’espoir en la venue prochaine du gendre du Rabbi aux Etats Unis était si fort que les statuts officiels de l’association des ‘Hassidim ‘Habad, ratifiés le 19 Tamouz 5700-1940, mentionnaient déjà son nom parmi les vingt membres de son conseil d’administration, placé sous la présidence du Rabbi Rayats.

L’accumulation des difficultés

Le Rabbi et la Rabbanit passèrent quelques mois à Vichy. Puis, le beau-frère du Rabbi, le Rav Chmaryahou Gurary, informa l’avocat Butler, le 26 Av, que le couple avait quitté cette ville et s’était installé à Nice, dans le sud de la France. Nice était alors sous la domination de l’Italie et de nombreux Juifs y étaient réfugiés, à l’époque.

Dans sa réponse au Rav Gurary, le 30 Av, Butler indiqua qu’il n’avait toujours pas obtenu l’accord du consul, à Paris et qu’il avait été demandé au Département d’état de transférer le dossier du Rabbi à Nice. Ce transfert fut effectivement réalisé.

Le 20 Elloul, les représentants du Département d’état déclarèrent avoir reçu un télégramme du consul à Nice, dont les frais d’envois avaient été acquittés par le Rabbi lui-même. Le consul y faisait part de son intention d’accorder au Rabbi et à la Rabbanit des visas exceptionnels. Néanmoins, il était alors difficile de sortir du territoire de la France.

Le 12 ‘Hechvan 5701-1940, ceux qui se consacraient à ce sauvetage apprirent que de nouvelles difficultés avaient surgi, pour l’obtention du visa d’entrée aux Etats Unis. En effet, les autorités américaines, après avoir obtenu la réponse du consul, à Nice, avaient procédé à un nouvel examen du dossier. Car, ce consul s’était aperçu que le Rabbi était ingénieur, qu’il possédait des connaissances de physique et qu’il était également «journaliste», du fait de sa contribution au périodique Ha Tamim. Il préconisait donc l’attribution d’un visa ordinaire et non exceptionnel, lequel était spécifiquement lié aux fonctions rabbiniques.

Par la suite, le consul américain à Nice fit des difficultés également pour accorder un visa ordinaire. En effet, il exigea un nouvel engagement financier, arguant que celui qui figurait dans le dossier n’émanait pas d’un membre de la famille et qu’il n’y était pas clairement dit pour combien de temps ce soutien financier était accordé au Rabbi.

En réponse à ces informations, l’avocat Butler fit savoir aux responsables de l’association des ‘Hassidim ‘Habad, le 14 ‘Hechvan, qu’il comptait poursuivre ses interventions, aux niveaux les plus élevés du Département d’état, afin que la position prise auparavant soit maintenue et qu’un accord soit donné pour que le Rabbi obtienne un visa exceptionnel, malgré les difficultés soulevées par le consul. Butler affirma de nouveau à ces responsables sont intention de procéder de la sorte, le 22, puis le 28 ‘Hechvan.

Parallèlement à l’action de l’avocat Butler, en coordination avec l’association des ‘Hassidim ‘Habad, le précédent Rabbi fit intervenir un autre responsable communautaire, dynamique avocat installé à Washington et fils d’un important ‘Hassid, qui s’appelait Acher Rabinovitch. Ce dernier, en effet, était intervenu, avec succès, pour son propre sauvetage.

Dans une lettre qu’il adressa à Rabinovitch, le 6 Kislev 5701-1940, le Rabbi Rayats écrivait: «Malheureusement, toutes les grandes promesses qui vous ont été faites, toutes les douces paroles qui ont été prononcées devant vous n’ont, pour l’heure, été d’aucun effet. J’en suis profondément meurtri et j’en conçois une immense peine». Dans la suite de ce courrier, il lui demande d’intervenir auprès du consul, à Nice, afin d’obtenir, pour le Rabbi, un visa d’immigration aux Etats Unis et d’apporter son aide pour que lui soit délivrée une autorisation de quitter la France.

Le 13 Kislev 5701-1940, l’association des ‘Hassidim ‘Habad adressa une lettre au consul, à Nice, à laquelle était joint un «certificat de fonction rabbinique», qui avait été établi pour le Rabbi. Le Rabbi Rayats, dans son intervention pour le sauvetage du Rabbi, était en liaison permanente avec lui, par des télégrammes qu’il adressait, à Nice. En les rédigeant, il inscrivait, comme nom du destinataire: «Avram».

Deux jours plus tard, le 15 Kislev, le Rabbi Rayats écrivit à Rabinovitch. Il fit référence à la lettre qui contenait le «certificat de fonction rabbinique» et lui demanda d’obtenir du Département d’état la promesse qu’il exercerait des pressions sur le consul, à Nice, afin que cette démarche soit couronnée de succès. Ce courrier se conclut par une bénédiction: «Puisse D.ieu faire que nous soyons sauvés, que nos filles et nos gendres arrivent, de la manière qui convient, avec succès, matériellement et spirituellement».

Dans une autre lettre, datée du même jour, le précédent Rabbi écrit encore: «Les difficultés s’accumulent, comme permet de l’établir le fait qu’il y a plusieurs mois déjà, on avait promis de délivrer une autorisation au Rav Mena’hem Schneerson et à son épouse. Or, tout cela n’a pas encore été obtenu, de manière positive».

Les visas d’entrée aux Etats Unis

Le 22 Kislev, Acher Rabinovitch vint, de Washington à New York, afin de rendre compte au Rabbi Rayats de ce qu’il avait fait pour sauver son gendre. Le lendemain, le précédent Rabbi précisa son sentiment sur la manière dont la procédure avançait, dans une lettre datée du 23 Kislev, dans laquelle il écrit: «Pour ma part, je ne suis pas encore tranquillisé».

C’est à peu près à la même période que le Rabbi demanda le transfert de son dossier d’immigration de Nice à Marseille. A l’époque, on ne connaissait pas, aux Etats Unis, la raison de cette demande et le Rabbi Rayats interrogea le Rabbi, à ce sujet, par un télégramme du 14 Tévet.

De fait, la raison de cette demande n’a pas encore pu être établie avec certitude. Néanmoins, la consultation d’ouvrages historiques ultérieures, décrivant la personnalité du consul des Etats Unis à Nice, permet d’établir que celui-ci était un antisémite, qui ne perdait pas une occasion de nuire aux Juifs. A l’opposé, le consul de Marseille était un ami des Juifs.

Cette dernière demande fut transmise à Washington par le Rav Chmaryahou Gurary, qui, à cet effet, se rendit personnellement dans cette ville, le 19 Chevat. L’avocat de l’association des ‘Hassidim ‘Habad, intervenant au niveau le plus haut, parvint à faire adresser tous les éléments du dossier à Marseille. Il en informa, par télégramme, le consul américain de cette ville.

Le 21 Chevat, l’avocat communiqua, par lettre au Rav Chmaryahou Gurary, l’information suivante. Le Département d’état avait précisé au consul de Marseille qu’il n’était pas nécessaire, dans le cas du Rabbi, d’exiger un engagement financier, après son immigration. En effet, il avait été établi que ce problème était réglé.

En pareil cas, précisa l’avocat, le consul s’en tient généralement à la position qui a été adoptée par le Département d’état. Malgré cela, l’ancien engagement financier avait également été envoyé à Marseille, mais le consul n’en avait pas été informé par télégramme, afin de ne pas ralentir la procédure, en l’attente de ce document.

Dans une lettre du 26 Adar 5701-1941, la Rabbanit fit savoir que le consul américain avait enfin promis d’accorder, à l’un et à l’autre, des autorisations d’immigration aux Etats Unis. Lorsqu’ils les recevraient, poursuivait-elle, ils feraient eux-mêmes les démarches qu’il fallait pour obtenir les documents nécessaires.

L’espoir revint alors et le Rabbi Rayats écrivit, dans une lettre du 9 Nissan: «Notre fille ‘Haya Mouchka et son mari, le Rav Mena’hem Mendel, se trouvent encore en France. Mais, nous avons bon espoir qu’après Pessa’h, ils arriveront enfin ici».

C’est effectivement le 2 Nissan que le Rabbi et la Rabbanit reçurent, à Marseille, leurs visas d’immigration pour les Etats Unis. Une grande partie de cette pénible action de sauvetage se trouvait ainsi couronnée de succès.

L’obtention des billets et le voyage en bateau

Le départ du Rabbi et de la Rabbanit pour les Etats Unis devait se faire par le Portugal. Les difficultés qui surgirent alors sont décrites dans une lettre du précédent Rabbi, datée du 8 Iyar 5701-1941, qui dit: «Mon gendre, grand érudit, le Rav Mena’hem Mendel Chlita Schneerson et ma fille, son épouse, Mouchka, se trouvent actuellement à Nice. D.ieu merci, ils ont réussi à obtenir des autorisations d’immigration dans ce pays. Le problème qui demeure est l’obtention de visas de transit portugais et de billets, en seconde classe d’un grand bateau, en partance à la première date». Les interventions du précédent Rabbi leur permirent de recevoir ces visas de transit et ces billets.

On raconte qu’après avoir obtenu des places sur un bateau qui devait être le dernier à faire ce voyage, ils reçurent soudain un télégramme urgent du précédent Rabbi, leur enjoignant, de manière surprenante, de ne pas monter à bord de ce bateau. Par la suite, on apprit que celui-ci avait été capturé par les Italiens.

Il fallait donc trouver d’autres billets et, dans les conditions de l’époque, cela était pratiquement impossible. Au final, il fut possible de les obtenir grâce à une intervention du Rav Morde’haï Bistritski, qui résidait aux Etats Unis. Celui-ci possédait, en effet, deux places pour un voyage en bateau, qu’il avait achetées pour ses beaux-parents, le Rav Lévi Lugwir et son épouse Ra’hama. Le couple Lugwir s’était enfui d’Anvers et était parvenu à Nice, mais les visas de transit par le Portugal leur avaient été refusés, de sorte que des billets ne leur étaient d’aucune utilité. Par la suite, ils furent tous deux assassinés dans le camp d’extermination d’Auschwitz.

Le gendre des Lugwir, observant la peine du Rabbi Rayats, qui n’avait pas les moyens d’acheter des billets pour sa fille et son gendre, accepta de donner ceux qu’il possédait pour le Rabbi et la Rabbanit. Par la suite, le précédent Rabbi lui demanda d’accepter qu’ils lui soient remboursés. En effet, il entendait les payer de son propre argent.

Le 17 Sivan, le Rabbi et la Rabbanit prirent place à bord du paquebot «Surpa Pinta» qui quittait Lisbonne, au Portugal, pour les Etats Unis. Ce voyage était particulièrement dangereux et c’est par miracle que le bateau échappa aux tirs nazis. Pendant le voyage, le Rabbi adressa un télégramme à son beau-père pour le prévenir qu’ils avaient quitté les eaux territoriales d’Europe.

Le 28 Sivan dans l’hémisphère inférieur

Le lundi 28 Sivan 5701-1941, à dix heures trente du matin, le bateau accosta dans le port de New York. L’état de santé du précédent Rabbi ne lui permit pas de venir lui-même accueillir sa fille et son gendre. Le Rabbi leur envoya, néanmoins, une éminente délégation, constituée de ‘Hassidim ‘Habad âgés et importants. Constatant que son action de sauvetage avait été couronnée de succès, sa joie n’avait pas de limite. Il la fit partager à ses proches en leur révélant, au moins partiellement, les qualités de son gendre. A sa demande, tous les élèves de la Yechiva sortirent accueillir le Rabbi et la Rabbanit, lorsqu’ils parvinrent devant l’édifice du «770, Eastern Parkway».

La rencontre du Rabbi Rayats, de son gendre, le Rabbi et de sa fille, la Rabbanit, fut particulièrement émouvante. Dans un premier temps, ils résidèrent dans le bâtiment du «770, Eastern Parkway».

Peu après, le jeudi soir 2 Tamouz, les ‘Hassidim, tenus informés de l’événement important qui venait de se passer dans la maison du Rabbi, organisèrent une réunion ‘hassidique, à l’occasion de cette arrivée et le Rabbi, à leur demande, accepta d’y participer. Pendant plus de six heures, les ‘Hassidim et les élèves de la Yechiva l’entourèrent, dans la maison d’étude. Ils se pénétrèrent de chacun de ses propos. Pour beaucoup, il était clair qu’une période de retrait et de distance, de la part du Rabbi, parvenait à son terme, en ce jour. Des jours nouveaux se profilaient et la diffusion de la ‘Hassidout, dans cet «hémisphère inférieur», allait connaître une mutation profonde.

La nouvelle de l’arrivée du «gendre du Rabbi» fut également publiée dans le périodique de Torah «Ha Pardes», en sa parution de Tamouz 5701-1941. L’annonce se concluait par: «Puisse sa venue apporter la bénédiction et la réussite, élever la corne de la Torah et la splendeur de ‘Habad».

De fait, l’arrivée du Rabbi insuffla une impulsion nouvelle à la diffusion de la Torah et du Judaïsme, d’abord aux Etats Unis, puis, par la suite, dans le monde entier. En effet, c’est alors que le précédent Rabbi fonda les institutions centrales du mouvement Loubavitch, en particulier le Ma’hané Israël, dont l’objectif déclaré était «le renforcement du Judaïsme, de la pratique effective de la Torah et des Mitsvot, en mettant en éveil les cœurs juifs, en les conduisant vers la Techouva, la Torah et les bonnes actions», avec le désir de «diffuser la vérité, le fait que la Techouva immédiate provoquera la délivrance immédiate et complète, par notre juste Machia’h».

Furent également fondés la maison d’édition Kehot, Karneï Hod Torah, «les cornes de la splendeur de la Torah», gérant la collection «Trésor des ‘Hassidim Loubavitch» et le Mela’h, Merkaz Le Inyaneï ‘Hinou’h, «centre d’action pour l’éducation», qui devait promouvoir l’éducation des enfants juifs dans l’esprit de la Tradition d’Israël. Le Rabbi fut chargé de diriger toutes ces institutions.

Néanmoins, la célébration de la date à laquelle intervint cette transformation fondamentale, grâce à l’arrivée du Rabbi, fut retardée. En effet, c’est en 5717-1957, que fut rédigée sa biographie officielle, qui apparaît dans l’introduction du Hayom Yom. Dans celle-ci, il fut indiqué, de manière laconique: «Sivan 5701: il parvint à New York». Par la suite, en 5643-1983, les lettres du précédent Rabbi annonçant l’arrivée de son gendre furent publiées. Celles-ci avaient été rédigées le 28 Sivan et c’est ainsi que l’on put déterminer la date précise de cette arrivée.

Trois ans plus tard, en 5646-1986, fut organisée, au «770, Eastern Parkway», une grande réunion ‘hassidique, à l’occasion de la date anniversaire de cette arrivée. Le Rabbi y apporta sa participation sous la forme d’une bouteille d’eau de vie». Depuis lors, les ‘Hassidim ‘Habad, dans le monde entier, célèbrent le 28 Sivan comme un jour de fête, propice pour tenir des réunions ‘hassidiques, prendre de bonnes résolutions, afin d’accroître la diffusion des sources de la ‘Hassidout, à l’extérieur.

Dans la première partie de cette lettre, rédigée en russe, la Rabbanit ‘Haya Mouchka annonce à son père, le Rabbi Rayats, que le consul américain, à Marseille, leur a donné l’assurance qu’il délivrerait des visas d’immigration aux Etats Unis, pour elle et pour son mari, le Rabbi. La date de cette lettre correspond au 26 Adar 5701-1941.

Dans la seconde partie de la lettre, le Rabbi souhaite, en russe également, une bonne fête de Pessa’h à son beau-père, le précédent Rabbi.

Voici la lettre de l’avocat de l’association des ‘Hassidim ‘Habad, faisant part de l’information qu’il avait obtenue du Département d’état, l’obtention de visas d’immigration pour le Rabbi et la Rabbanit, le 20 Nissan 5701-1941:

Cabinet d’avocats
Charles Henri Butler
Henri F. Butler
Gibbs L. Baker
Immeuble de l’Investissement
Washington D. C.

Le 1er mai 1941,

770, Eastern Parkway, Brooklyn, New York

Objet: Le Rabbin Mendel Schneerson et son épouse

Le Département d’état vient de me communiquer l’information suivante:

«Le Département a reçu une note télégraphique émanant du consul, à Marseille, qui lui indique que des visas ont été délivrés au Rabbin Schneerson et à son épouse, le 17 Avril».

Si vous obtenez du Rabbin Schneerson d’autres précisions sur la date de son arrivée aux Etats Unis et surtout sur son arrivée effective dans ce pays, je serais heureux d’en avoir connaissance, afin de pouvoir compléter mon dossier.

Si le Rabbin Schneerson n’est pas confronté à des difficultés imprévues, ceci devrait marquer l’issue positive de cette affaire.

Sincèrement vôtre,
Henri F. Butler,

Voici la lettre du précédent Rabbi, adressée au père de l’avocat Acher Rabinovitch, qui lui annonce la bonne nouvelle:

Par la grâce de D.ieu,
28 Sivan 5701, Brooklyn,

A mon cher ami, l’estimable grand Rav, bien connu et grand érudit, ‘Hassid qui craint D.ieu, le Rav D. M.

Je vous salue et vous bénis,

Je vous annonce, par la présente, que ma fille ‘Haya Mouchka et son mari, mon gendre, le grand Rav M. M. Schneerson sont bien arrivés ici, aujourd’hui même.

Je m’empresse de vous communiquer cette nouvelle, que vous voudrez bien transmettre à votre fils, mon ami Acher.

De la part de votre ami, qui souhaite votre bien et vous adresse sa bénédiction,

Yossef Its’hak Schneersohn,


Compte-rendu de la réunion ‘hassidique de bienvenue organisée pour le Rabbi,
le jeudi soir 2 Tamouz 5701-1941, Parchat Kora’h


 

(Cette note est établie d’après le souvenir de quelques uns des présents. Bien évidemment, elle n’est nullement exhaustive.)

La réunion commença vers 21 heures. Plus de vingt personnes y participèrent, parmi lesquels des Rabbanim et des ‘Hassidim âgés. Le Rabbi arriva, tenant son Sidour à la main et il prit place près de la table. Dans un premier temps, il proposa aux présents de prendre la parole, mais tous refusèrent de le faire et lui demandèrent de parler.

Le Rabbi interrogea les présents, afin de savoir si l’un d’entre eux se posait des questions relatives à la ‘Hassidout. A certaines personnes, il demanda leur nom et le nom de leur mère. Plusieurs ‘Hassidim posèrent des questions et se présentèrent.

Le Rabbi traita d’abord des quatre cas dans lesquels on doit prononcer la bénédiction du Gomel, d’après le traité Bera’hot 54b, le Rambam, lois des bénédictions, chapitre 10, paragraphe 8, le Tour Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haïm, chapitre 219, les lois des bénédictions de l’Admour Hazaken, chapitre 13, paragraphe 2. Le Rabbi analysa chacun de ces quatre cas, le commenta selon la partie révélée de la Torah, la Kabbala et la ‘Hassidout.

Dans son commentaire basé sur la ‘Hassidout, il cita le Dére’h ‘Haïm, de l’Admour Haémtsahi, porte de la prière, chapitre 36, qui établit un parallèle entre ces quatre cas et la descente de l’âme dans le corps, laquelle est également constituée de quatre étapes successives. On trouve une explication similaire à celle-ci dans les discours ‘hassidiques de la fête de la libération du 12 Tamouz. On consultera, à ce sujet, le Séfer Ha Maamarim 5687, page 208, le Séfer Ha Maamarim Kountrassim, tome 1, page 183a et le Likouteï Si’hot, tome 12, page 23.

Au cours de son propos, le Rabbi évoqua l’emprisonnement et la libération de son beau-père, le Rabbi Rayats. Il expliqua pour quelle raison celui-ci ne prononça pas la bénédiction du Gomel en quittant la prison, ni même après son exil de Kostrama, mais seulement après être rentré chez lui. En effet, les lois des bénédictions de l’Admour Hazaken, chapitre 13, paragraphe 5, précisent: «Jusqu’à ce que l’on soit totalement rétabli». Le précédent Rabbi rentra chez lui le vendredi 14 Tamouz 5687-1927. Puis, au cours du Chabbat Parchat Pin’has, il fut appelé à la Torah et récita le Gomel. Il prononça des discours ‘hassidiques intitulé «Béni soit Celui Qui fait du bien aux coupables» le 13 Tamouz et le Chabbat Parchat Pin’has.

Par la suite, le Rabbi établit un lien entre l’explication qu’il venait de donner et le nom de chacun des présents. A cette occasion, il répondit aux questions de ‘Hassidout qu’ils avaient posées. Il s’adressa ensuite à quelques élèves de la Yechiva appartenant aux groupes d’américains qui étaient venus à Otvotsk en 5699-1939. Il leur dit:

«Sur la base de ce qui vient d’être dit, nous poursuivrons maintenant la discussion que nous avons eue, lorsque nous nous sommes rencontrés, en France, à la gare ferroviaire, au cours de votre voyage pour Otvotsk.»

Ces élèves, en effet, avaient fait, au cours de leur voyage, une escale en France et le Rabbi, qui habitait alors à Paris, était venu les rencontrer à la gare. Là, il s’était entretenu avec eux pendant quelques heures, jusqu’à ce qu’ils repartent.

Puis, le Rabbi cessa de parler et il demanda encore une fois que les ‘Hassidim âgés prennent la parole. Ceux-ci refusèrent de le faire et le Rabbi poursuivit donc ses commentaires. Entre ses explications, il marquait une pause, pendant laquelle les présents chantaient des mélodies ‘hassidiques. Le Rabbi dit ensuite:

«On dit que les jeunes gens, en Amérique, connaissent bien le Likouteï Dibbourim.»

Il interrogea alors les élèves de la Yechiva sur ce recueil de causerie du précédent Rabbi.

La réunion ‘hassidique s’acheva vers trois heures du matin. Elle fit grande impression sur tous ceux qui y avaient participé. Certains d’entre eux, comme ils le rapportèrent eux-mêmes par la suite, entendaient pour la première fois des explications de la Torah formulées de cette façon.

* * *

Durant le Chabbat suivant, le Chabbat Parchat Kora’h, 3 Tamouz, il y eut une réunion ‘hassidique du précédent Rabbi, la première, aux Etats Unis, à laquelle le Rabbi participait.

Au milieu de cette réunion, le Rabbi Rayats demanda si quelqu’un connaissait la mélodie du Juste, Rabbi Mi’hel de Zlotchov, de la manière dont elle était chantée par le Rav Mi’haël Dvorkin. C’est alors le Rabbi qui commença à la chanter.

On consultera, à propos de cette mélodie, le Séfer Ha Si’hot 5701, page 96, le Séfer Ha Si’hot 5703, page 43 et le Séfer Ha Nigounim, tome 1, page 47.


Commentaires du Rabbi, à l’occasion du 9 Adar et du 28 Sivan, sur la manière de servir D.ieu dans l’hémisphère inférieur
Chabbat Parchat Chela’h, 28 Sivan 5746, qui bénit le mois de Tamouz


Ce Chabbat apporte l’élévation au mois de Tamouz. Ceux qui sont ici présents n’ont nul besoin d’une longue explication sur le contenu de ce mois. Les Hassidim l’appellent le mois de la délivrance. Un verset pourrait laisser penser le contraire mais nos yeux virent ce qui se passa en 5687. Mon beau-père, le Rabbi, fut libéré le 12 Tamouz, date qui reçoit la bénédiction en ce jour. Par la suite, le Rabbi vint en cet hémisphère inférieur, dans lequel la diffusion de la Hassidout fut, dès lors, considérablement développée et élargie, comme on peut le constater concrètement.

Chacun des mots de l’expression “tes sources se diffuseront à l’extérieur”, qui est à l’origine de cette diffusion, renferme un monde entier. Il s’agit là d’un verset de la Torah, dont chaque terme est précis et véridique. “Se diffuseront” fait allusion à une influence considérable, à une large distribution, sans aucune limite.

“Tes sources” symbolise le bain purificateur le plus élevé, dont une seule goutte suffit. Certes, l’homme qui se purifie doit pouvoir y tremper tout son corps. Mais, du point de vue de la source, il suffit effectivement d’une seule goutte pour apporter la pureté et c’est donc là le niveau le plus haut, le plus infini qui puisse être.

“A l’extérieur” désigne le plus grand extérieur qui soit, un extérieur véritable. L’extérieur est également une créature de D.ieu et, en tant que tel, ne peut être présenté comme infini. Il n’est concevable que dans ce monde limité et l’on se demande de même, dans la Hassidout, s’il est envisageable dans le monde spirituel d’Atsilout, mais ce n’est pas ici le lieu de cette discussion.

En tout état de cause, ce Chabbat, qui bénit le 12 Tamouz, introduit une diffusion accrue de la source. Or, celle-ci se réalisa pleinement depuis que le Rabbi arriva dans cet hémisphère inférieur.

Il faut, en outre, tirer un enseignement des particularités de cette année. Certains points ne changent jamais. Ainsi, le mois de Tamouz est toujours béni pendant le dernier Chabbat de Sivan. La date de ce Chabbat, dans le mois, peut, par contre, changer. Au cours de celui-ci, est lue la Parchat Chela’h et il faut donc y trouver un enseignement qui ne concernera pas seulement cette année mais aussi toutes les autres, étant cependant plus particulièrement souligné cette fois-ci.

En l’occurrence, il nous faut donc découvrir un lien entre “tes sources se diffuseront à l’extérieur” et la Parchat Chela’h.

L’explication est la suivante. Le sens de cette Paracha est contenu, en allusion, dans son nom. Le sens de Chela’h est évident pour chacun. Le terme signifie “envoie”. Il faut donc “envoyer” à l’extérieur des quatre coudées non uniquement matérielles mais aussi spirituelles car la distance physique importe peu. Chela’h est une injonction de la Torah, précise et véridique.

Un tel envoi n’est pas machinal. Il doit présenter la perfection la plus haute. On doit envoyer en sorte que la diffusion soit la plus large possible. On connaît la parabole de mon beau-père, le Rabbi, suivant laquelle le roi, sentant la victoire arriver, est prêt à dilapider les trésors accumulés par ses ancêtres.

Par ailleurs, c’est bien la source elle-même qu’il convient d’envoyer. Envoyer une partie superficielle serait insuffisant. De plus, l’envoi devra parvenir jusqu’à l’extérieur véritable, le plus lointain qui se puisse imaginer.

Et tout ceci fut effectivement réalisé par mon beau-père, le Rabbi. Sa “source” fut Loubavitch, un village de la région Mohliv et de Vitebsk. Puis, il quitta ce lieu et, d’exil en exil, il partit pour Rostov. Il quitta la Russie après sa libération, en 5687, et il parvint enfin dans cet hémisphère inférieur.

Mais de fait, ces descentes successives lui apportèrent l’élévation tout comme l’exil de la Présence divine renforce Son dévoilement. C’est ce qu’accomplit mon beau-père, le Rabbi, en dévoilant la partie cachée de la Torah en chaque exil de façon intensifiée. Le dévoilement qui résulta de son installation dans cet hémisphère fut incomparable aux précédents. Lui-même reçut alors une élévation personnelle et les dix années qu’il passa ici lui apportèrent le calme et la largesse qui lui manquait tant auparavant.

Puis, le Rabbi confia à chacun cette mission de Chela’h. Il faut sortir de ses quatre coudées et diffuser la source, la “dilapider”, la porter à l’extérieur.

Le Rabbi ne se contenta pas de confier aux autres cette soumission. Il donna lui-même l’exemple en ce sens. Le Rabbi est le chef de notre génération et sa grandeur peut précisément être établie en considérant ceux dont il porte la responsabilité. Chacun est donc personnellement concerné par les événement qui lui arrivèrent.

Mon beau-père, le Rabbi, écrivit lui-même que sa libération était également celle d’un Juif pour qui le Judaïsme n’est qu’un surnom. Tel est le terme employé par la Langue Sacrée qui est vérité et non uniquement conventionnelle. Il peut donc effectivement regrouper tous les Juifs qui, sans aucune exception, furent libérés le 12 Tamouz, qu’ils le veuillent ou non. Cette situation n’est pas soumise à leur choix.

Pour mener à bien cette mission confiée à chacun, point n’est besoin d’étudier tout d’abord les parties cachée ou révélée de la Torah, de se préparer à cela. Le Rabbi, en effet, montra l’importance de sa libération non pas dans un discours hassidique, qu’il est nécessaire d’étudier, mais dans une lettre, qui s’adresse à chacun.

Un Hassid qui consultera la Hassidout y trouvera la différence entre une lettre et un livre. Cette précision se trouve, certes, dans d’autres livres également. Mais on sait que le Rav de Ragatchov, à qui l’on demandait la référence d’un verset de la Torah, indiqua l’endroit où il était cité dans le traité Sanhedrin. De la même façon, un Hassid consultera, avant tout, les ouvrages de la Hassidout.

En tout état de cause, une lettre a une valeur passagère, alors qu’un livre reste indéfiniment. La lettre est donc immédiatement accessible à tous. Plus encore, de même que l’emprisonnement du Rabbi lui conféra, par la suite, une immense élévation, le fait qu’une lettre soit passagère souligne son importance.

En conclusion, le Rabbi écrivit une lettre, qui s’adresse à chacun et il revient à tous de la mettre en pratique. Point n’est besoin pour cela de se tremper trois cent dix fois au bain rituel. Il y avait à Nikolayev, ville où j’ai grandi, un Juif qui se trempait chaque jour trois cent dix fois au Mikvé. Personne n’en faisait une affaire de première importance. On savait pourquoi il restait en ce lieu plus longtemps que les autres. Tout cela n’est pas nécessaire pour lire la lettre du Rabbi précédent. Il suffit de mettre en pratique son enseignement.

Tel est donc l’enseignement à tirer de ce qui vient d’être dit. Ce Chabbat bénit tout le mois de Tamouz et en particulier le 12. Le “portique” de la bénédiction est donc l’application scrupuleuse de la formule “tes sources se diffuseront à l’extérieur”, jusqu’à l’extérieur le plus large.

Il faudra pour cela recevoir l’enseignement du Rabbi, chef de notre génération et le comprendre par toutes les forces de son intellect. Selon les termes du Tséma’h Tsédek, la mission confiée consiste à “réaliser ici Erets Israël”. N’est-il pas miraculeux d’obtenir un tel résultat? Cela n’en est pas moins possible puisque telle est la volonté de D.ieu.

Tout ceci est expliqué de façon agréable dans la Paracha hassidique, le Likouteï Torah, qui conclut en soulignant que “l’acte est essentiel”. Cet acte sera précédé de l’étude de la Torah qui suscite la soumission. Toutes les forces sont donc données à un Juif pour qu’il s’acquitte de sa mission et le fasse dans la joie et l’enthousiasme.

Puissions-nous donc passer, en un seul instant, de la libération du 12 Tamouz à la délivrance véritable et complète et du fait de “réaliser ici Erets Israël” à la Terre Sainte “vers laquelle toujours sont tournés les yeux de D.ieu du début de l’année à la fin de l’année”, très bientôt et de nos jours.

 


Extrait des commentaires du Chabbat Parchat Chela’h
28 Sivan 5749, qui bénit le mois de Tamouz


 

1. Outre les nombreux points concernant ce Chabbat, (le jour sacré, la Paracha de Chela’h, la bénédiction du mois de Tamouz), un enseignement particulier peut être tiré d’une allusion que l’on découvre dans la date de ce jour, le 28 Sivan. «Vingt huit» est la valeur numérique du mot Koa’h, qui signifie la force.

On perçoit donc, en ce jour, la force de Sivan , le troisième mois de l’année, dont le contenu essentiel est le don de la Torah, “une lumière triple donnée à un peuple triple pendant le troisième mois”.

Le 28 Sivan souligne la force du don de la Torah. (Les explications de nos Sages des précédentes générations ne font pas recours à de telles allusions. Néanmoins, il s’agit ici de susciter la crainte de D.ieu.

En conséquence, il est permis, bon et judicieux d’introduire des allusions nouvelles. Le Rabbi Rachab donna une même explication à propos des commentaires du Tanya.

Bien plus, certains Grands de notre peuple firent effectivement de telles allusions et ils soulignèrent que celles-ci étaient nouvelles, ne figuraient pas dans les livres précédemment rédigés. Ils désiraient assurément que l’on adopte le même comportement et que l’on sache qu’il est permis de trouver une allusion dans un mot afin d’en tirer un enseignement pour le service de D.ieu.)

De plus, le mois est lié aux circonvolutions de la lune. Il concerne donc particulièrement le peuple d’Israël, qui base sur elle son calendrier, et qui lui est comparé. Bien plus, tout comme la lune, Israël connaîtra le renouvellement.

L’explication est ici la suivante. Le 28 Sivan est un des trois jours précédant Roch Hodech Tamouz. Or, une période de trois jours est considérée comme une entité unique, “une corde triple”. (En ce qui concerne le contraire de la pureté, trois jours sont considérés comme une période unique du temps.

Combien plus cela doit-il être le cas lorsqu’il s’agit de pureté et de sainteté. Il est effectivement possible de prononcer la Havdala jusqu’au mardi soir, de lire la Paracha avec le Targoum jusqu’à ce jour, si l’on n’a pas pu le faire auparavant.) Tamouz est le quatrième mois, qui se distingue donc du troisième. Ce dernier symbolise essentiellement le dévoilement d’en haut, le don de la Torah.

Le quatrième mois, en revanche, introduit l’effort réalisé ici-bas. Ainsi il est nécessaire d’augmenter la force du troisième mois, en ce 28, Koa’h, Sivan, de façon à préparer l’effort réalisé ici-bas, pendant le quatrième mois. (On trouve une allusion à tout cela dans les lettres Guimel, Dalet, trois et quatre. La Guemara souligne qu’elles sont les initiales des mots “Guemol Dalim”, fais du bien aux pauvres. Ainsi, le Guimel fait allusion à celui qui donne et le Dalet à celui qui reçoit.)

Bien plus, le 28 Sivan n’insuffle pas uniquement une force supplémentaire pour accomplir les Injonctions Divines énoncées lors du don de la Torah. Il apporte, en outre, un encouragement dans tous les domaines de la sainteté, y compris ceux que l’homme introduit par sa propre initiative, sans en avoir reçu l’Ordre de D.ieu.

Dès lors, une force considérable lui est accordée, largement supérieure à celle qui découle de l’Ordre Divin.
Ce qui vient d’être dit peut être lié à un verset de notre Paracha, “et maintenant que grandisse la Force de D.ieu”. La Guemara enseigne que “lorsque Moché monta là-haut (pour recevoir la Torah), il observa que D.ieu tressait des couronnes pour les lettres de l’alphabet. D.ieu lui dit: tu aurais du Me venir en aide. Moché lui répondit aussitôt: et maintenant que grandisse la Force de D.ieu, comme Tu l’as dit”.

Ainsi, grandir la Force de D.ieu est possible pour Moché lui-même, sans qu’une Injonction Divine n’ait été donnée à ce propos, “tu aurais dû Me venir en aide”. Toutefois, pour y parvenir, une force est donnée d’en haut, “comme Tu l’as dit”. Celle-ci permet de dépasser les limites dans tous les domaines du service de D.ieu que l’homme introduit de sa propre initiative. C’est ce que nous montrerons.

2. Pour comprendre tout cela, il faut tout d’abord expliquer le contenu de la Paracha de cette semaine, qui évoque l’envoi des éclaireurs. (Du reste, la Haftara, conclusion de la Paracha, traite du même sujet. Au sens le plus simple, le verset “et maintenant que grandisse la Force de D.ieu” fut dit à la suite des événements qui découlèrent de l’envoi des éclaireurs.) Le sujet décrit par notre Paracha soulève en apparence une profonde question.

Commentant le verset “envoie pour toi”, Rachi explique: “selon ton avis. Moi Je ne te donne pas d’Injonction. Si tu le désires, envoie-les. Les Juifs vinrent en effet et dirent: envoyons des hommes pour reconnaître le chemin. C’est ainsi qu’il est dit: vous vous êtes tous approchés de moi. Moché prit donc conseil auprès de D.ieu”.

On peut ici s’interroger. L’ordre établi dans les relations entre D.ieu et Moché supposait une Injonction Divine pour chaque accomplissement. Même pour ce qui découla de l’initiative du peuple juif, Moché prit conseil auprès de D.ieu, Qui lui indiquait le comportement qu’il convenait d’adopter. Ainsi, pour Pessa’h Cheni, D.ieu assura que ce sacrifice pourrait être apporté par ceux qui n’avaient pu le faire pendant le premier Pessa’h. A propos des sacrifices des chefs de tribu, D.ieu dit: “Accepte-les de leur part”, “un chef par jour”. (De même, Moché rajouta un jour de préparation au don de la Torah, de sa propre initiative et il est dit que D.ieu approuva sa décision. Ainsi, en atteste le verset “dis-leur de rentrer dans leurs tentes”.)

Pour ce qui concerne notre propos, en revanche, lorsque Moché sollicita le conseil de D.ieu, Il lui répondit “Moi, Je ne te donne pas d’Injonction” mais “envoie pour toi, selon avis. Si tu le désires, envoie-les”. Il y a là un comportement tout à fait inhabituel et qui mérite d’être remarqué. Il aurait fallu prendre conscience que quelque chose avait changé. Pourquoi, sans s’interroger, Moché décida-t-il d’envoyer ces explorateurs? Bien plus, on aurait pu considérer que l’envoi de ces explorateurs était inutile. En effet, D.ieu avait assuré que la terre d’Erets Israël était bonne. Les Juifs auraient donc dû y rentrer de façon immédiate. Dans un tel contexte, l’envoi des explorateurs était même négatif et susceptible de conduire à l’erreur. Du reste, c’est bien ce qui se passa concrètement.

La question se renforce lorsque l’on voit que Moché lui-même en redoutait les conséquences négatives. C’est la raison pour laquelle il changea le nom de Yochoua en disant “l’Eternel te sauvera du conseil des éclaireurs”. Ainsi, ceux-ci étaient des chefs de tribu, têtes du peuple juif, hommes de grande importance qui, à ce moment, étaient encore vertueux. Malgré cela, Moché les craignait au point de changer le nom de Yochoua et de prier pour lui. Dès lors, comment put-il, de sa propre initiative, décider de les envoyer?

La question est encore plus forte d’après ce que raconte la Haftara à propos de l’envoi des éclaireurs par Yochoua. Celui-ci fut précisément sauvé parce que Moché avait prié pour lui. Il avait vu les conséquences négatives de cet envoi. A cause de cela, une génération entière n’avait pu entrer en Erets Israël. Seule, la génération suivante, quarante ans plus tard, put le faire. Bien plus, ces quarante ans correspondaient aux quarante jours que dura l’envoi des éclaireurs.

Malgré tout cela, Yochoua lui-même envoya deux éclaireurs afin de reconnaître la terre, non que D.ieu le lui ait ordonné mais, de sa propre initiative, sans craindre les conséquences négatives, qui s’étaient déjà présentées une fois, lors du premier envoi d’éclaireurs auquel il participa lui-même. Alors, il ne fut sauvé que par la prière de Moché. (Le Likouteï Torah considère que Yochoua ne le fit pas de sa propre initiative, mais sur l’Ordre Divin. Toutefois, le commentaire de Rachi exprime le sens simple du verset. D’après celui-ci, il n’est nullement fait mention d’un Ordre Divin.)

3. L’explication de tout cela est la suivante. Lorsque D.ieu dit à Moché “envoie pour toi: selon ton avis, Moi Je ne te donne pas d’Injonction”, il introduisit pour lui une possibilité nouvelle. Ainsi, la Volonté Divine devait être accomplie par l’homme, non pas à la suite d’un Ordre Divin, mais de telle façon que D.ieu Lui-même en confie l’initiative à l’homme pour qu’il puisse, par sa propre réflexion, déterminer de quelle façon accomplir cette Volonté. (Bien plus, il ne s’agit pas uniquement de souhaiter cette action, comme ce fut le cas pour Pessa’h Cheni et pour les sacrifices des chefs de tribu, mais véritablement de l’accomplir concrètement.)

Il faut préciser que le service de D.ieu comprend, de façon générale, deux phases:

A) Il peut s’agir d’un Ordre de D.ieu, qui doit être mis en pratique et il convient, dès lors, de faire disparaître son propre avis pour accomplir Sa Volonté.

B) L’homme peut également introduire son propre effort afin que sa compréhension et son désir soient en accord avec la Volonté Divine, “fais que Sa Volonté soit la tienne”. Dès lors, la volonté de l’homme peut exprimer celle de D.ieu chaque fois qu’il n’y a pas d’Injonction Divine.

4. Bien évidemment, le service de D.ieu “selon ton avis”, grâce auquel la compréhension et la volonté de l’homme sont conformes à celle de D.ieu, rend nécessaire une force particulière que D.ieu accorde d’en haut, celle du libre arbitre.

Chaque homme a, en fait, la possibilité d’agir dans un sens ou dans l’autre, sans être induit dans son choix. C’est là un grand principe de la Torah et de la Mitsva, ainsi qu’il est dit “vois, J’ai placé devant toi aujourd’hui” les deux possibilités, comme le souligne le Rambam. (Le chapitre d’Avot que nous étudions ce Chabbat dit à ce propos “la permission est donnée”.)

Le libre choix de l’homme se marque encore plus clairement dans les domaines qui sont livrés à son jugement. Pour ce qui est des Injonctions de la Torah, la possibilité reste de les transgresser.

Néanmoins, la conscience du fait que telle est la Volonté de D.ieu, oblige l’homme à agir dans ce sens, si l’on peut ainsi s’exprimer, car, par nature, il désire mettre en pratique la Volonté de D.ieu.

Dans une telle situation, il n’y a pas deux possibilités s’offrant à l’homme de façon égale. En revanche, lorsque la Torah n’émet pas d’Injonction particulière, l’homme fait usage de son raisonnement et de sa volonté, sans contrainte extérieure. Il met alors clairement en évidence son libre choix, n’étant pas induit par un Commandement Divin.

De façon plus précise, la force donnée pour le libre arbitre de l’homme, “selon ton avis”, est double:

A) La possibilité du libre arbitre est un élément nouveau. En effet, l’homme appartient à D.ieu et il ne possède aucun pouvoir spécifique qui soit extérieur à la Volonté Divine. Mais D.ieu lui donne la possibilité de Lui ressembler et de faire un choix entre deux chemins. Il est clair que cet apport nouveau se marque plus spécifiquement lorsqu’il n’y a pas d’Injonction Divine. (Ainsi, le Rambam explique que rien dans le monde ne saurait être extérieur à la Volonté de D.ieu. Toutes les actions de l’homme sont sous Sa domination. Cependant, D.ieu créa l’homme à Son image. Il en fit une espèce unique au monde, sans équivalent, de sorte qu’à l’instar de son Créateur, l’homme peut réfléchir, penser, faire ce qu’il désire sans connaître d’obstacles. De la même façon, l’Admour Hazaken explique, dans le Likouteï Torah, que la source du libre arbitre est particulièrement élevée. Elle est comparable au libre choix que D.ieu fit d’Israël. En ce sens, elle ne concerne que le peuple juif. Le Or Hatorah distingue la connaissance du libre choix. C’est le sens de “selon ton avis. Moi, Je ne te donne pas d’Injonction”. En effet, D.ieu sait ce qui se passera dans le futur mais, pour autant, le libre choix de l’homme n’est pas remis en cause.)

B) La force donnée pour choisir le bien, ainsi qu’il est dit “et tu choisiras la vie” marque l’aspect nouveau de la personnalité humaine, la possibilité de faire un choix positif en allant à l’encontre de sa nature et de son habitude.

Tout ceci ne concerne pas les domaines dans lesquels existe une Injonction Divine. Lorsque D.ieu donne un ordre, il est clair que l’homme doit le mettre en pratique et le faire avec lune détermination transcendant toute limite, grâce à la force accordée par Celui qui est à l’origine de ce Commandement. L’aspect nouveau se marque donc essentiellement lorsque l’homme agit par sa propre initiative, sans Instruction de D.ieu et malgré les limites inhérentes à sa personnalité.

Dans un tel cas, il démontrera qu’il a la force de faire un choix positif, de sorte que sa compréhension et sa volonté soient conformes au souhait divin. (Il est dit, en effet, que les lettres constituant les mots “et tu choisiras la vie”, qui sont écrits dans la Torah, sont une aide qui est offerte à l’homme.)

5. En fonction de ce qui vient d’être dit, on pourra répondre à la question qui a été posée, à propos de l’envoi des éclaireurs.

Lorsque D.ieu dit à Moché “envoie pour toi, selon ton avis. Moi, Je ne te donne pas d’Injonction. Si tu le désires, envoie-les”, Moché ne redouta, en aucune façon, un événement malencontreux. Bien au contraire, il était heureux de l’apport nouveau découlant de cette Parole Divine. Désormais, le service de l’homme pourrait être basé uniquement sur le libre arbitre, sans contrainte de la part de D.ieu. La créature pourrait utiliser sa propre réflexion et sa volonté afin d’agir en conformité avec la Volonté de D.ieu.

On peut ainsi expliquer le sens du commentaire des mots de Rachi, “Moi, Je ne te donne pas d’Injonction”.
Dans son commentaire de la Torah, Rachi a pour habitude d’énoncer des affirmations positives, “envoie pour toi, selon ton avis, si tu le désires envoie-les”. Pourquoi ajoute-t-il ici un élément négatif, “Moi, Je ne te donne pas d’Injonction”? (De la même façon, Rachi a coutume de donner d’emblée la bonne explication, sans préciser auparavant ce que l’on aurait pu penser.)

On peut considérer que Rachi, par ces termes, fait allusion au fait qu’il y a également là une Injonction Divine. Ainsi, le fait d’agir “selon ton avis”, “si tu le désires, envoie-les”, bien que n’étant pas une Injonction Divine n’en n’est pas moins une Mitsva. D.ieu ordonne à l’homme d’utiliser sa réflexion, d’aboutir à une conclusion et de la mettre concrètement en pratique.

Par ailleurs, on peut penser que “Moi, Je ne te donne pas d’Injonction” fait allusion à la possibilité offerte à l’homme de ressembler à D.ieu et de choisir en fonction de sa volonté. Ainsi, D.ieu Lui-même accorde à l’homme la force de s’élever au dessus de toutes les limites. Il transmet la possibilité de Le servir au libre choix de l’homme. (Comme nous l’avons montré par ailleurs, Rachi cite ici l’interprétation que l’on aurait pu faire en première analyse afin d’indiquer ensuite que celle-ci n’est pas totalement écartée par la conclusion, même si elle en diverge. Il en va de même ici. Il y a bien là un Ordre Divin, qui consiste à “ne pas donner d’Injonction”. Dès lors, l’homme se doit d’agir “selon ton avis”.)

6. Ce qui vient d’être dit permettra de comprendre la raison de l’erreur commise par les éclaireurs. En effet, pourquoi l’enseignement concernant “selon ton avis” est-il donné précisément à propos de l’envoi de ces éclaireurs?

Cet envoi fut une préparation pour la conquête et l’entrée en Erets Israël. Grâce à cela, la finalité de la sortie d’Egypte et du don de la Torah fut obtenue et il devint possible de bâtir pour D.ieu une demeure ici-bas, jusque dans le monde le plus inférieur. Pour y parvenir, il fallait conquérir le pays de Canaan et nos Sages expliquent que les peuples d’Egypte et de Canaan étaient, à l’époque, les plus corrompus. C’est précisément le pays de Canaan qu’il fallait transformer en Erets Israël, en Terre Sainte, en un pays juif.

Dans le but de bâtir une demeure parfaite pour D.ieu, il faut Le faire résider précisément au sein de la matière et donc conquérir le pays en ayant recours aux voies de la nature. Il fallait donc faire la guerre et, en préambule, envoyer des éclaireurs. En effet, lorsque l’on part à la conquête d’un pays étranger, on délègue tout d’abord des éclaireurs qui repèrent les chemins et l’entrée des villes. A leur retour, ils rapportent ce qu’ils ont vu au chef de l’armée et il en fut de même ici, puisque ces hommes avaient pour mission de déterminer les chemins qu’il fallait emprunter et les villes qu’il fallait prendre. (La Torah, elle-même, donne une réponse à l’argument des nations, “vous êtes des voleurs et vous avez conquis le territoire de sept peuples” en bâtissant un raisonnement qui est également acceptable d’après la logique des autres nations.)

Tout comme l’action, ici-bas, se doit de passer par les voies de la nature, l’homme doit également agir par ses forces propres et non à la suite d’une Injonction Divine. Il doit introduire sa propre réflexion et sa volonté. C’est la raison pour laquelle l’envoi des éclaireurs devait être “selon ton avis”.

C’est à ce niveau qu’intervint l’erreur des éclaireurs. Ils pensèrent que “selon ton avis” devait s’appliquer non seulement à leur mission consistant à déterminer les chemins à emprunter pour conquérir le pays mais, également, sur le bien fondé de cette entrée dans le pays. Ils pensèrent que l’entrée en Erets Israël était soumise à leur jugement.

Du fait de leur erreur, ils modifièrent les termes de la mission confiée par Moché, qui ne leur avait demandé que de reconnaître la situation du pays. Il ne leur appartenait en aucune façon d’établir s’il était judicieux d’y entrer ou non. Cet ajout, aboutissant à une modification de leur mission, fut la cause des événements malencontreux qui suivirent. Dès lors, la mission fut annulée. (Ceci permet de répondre à une question évidente: en quoi les éclaireurs commirent-ils une faute lorsqu’ils constatèrent que les peuples étaient forts et que les villes étaient fortifiées? Leur mission ne consistait-elle pas à rechercher ces éléments? Ne devaient-ils pas raconter ce qu’ils avaient vu? L’explication est, en fait, la suivante. Leur faute fut d’ajouter une conclusion personnelle, qui ne leur était pas demandée, “nous ne pourrons pas y entrer”. Dès lors, ils changèrent les termes de la mission et l’annulèrent. Tel ne fut pas le cas de la mission confiée à Moché qui, à chaque instant, lui resta fidèle.)

Toutefois, lorsque les éclaireurs partirent, ils étaient encore vertueux, aptes à servir D.ieu “selon ton avis”. En effet, toutes les forces nécessaires leur avaient été données et “D.ieu leur venait en aide”. (Ce terme d’aide souligne que l’effort doit émaner essentiellement de l’homme, D.ieu n’y apportant qu’un complément.)

Certes, Moché changea le nom de Yochoua et il pria pour lui. Il éprouvait donc de la crainte face aux initiatives des éclaireurs. De plus, pourquoi pria-t-il uniquement pour Yochoua et non pour les autres éclaireurs?
En fait, la prière pour Yochoua constitua, pour lui, un apport supplémentaire, car il était son disciple le plus proche, qui ne quittait pas sa tente. Cette bénédiction était du devoir de Moché, eu égard au rang de son serviteur. Lorsque Moché lui dit: “que D.ieu te sauve du conseil des éclaireurs”, on peut considérer, selon les termes de nos Sages, que “il prophétisait sans le savoir”. En effet, s’il craignait l’action des éclaireurs, il aurait prié pour tous à la fois ou ne les aurait pas envoyés.

Plus profondément, on peut penser que la prière pour Yochoua, marque de prophétie non consciente de la part de Moché, concernait l’entrée en Erets Israël, qui devait effectivement être réalisée par Yochoua. La conquête du pays était partie intégrante de sa mission. C’est la raison pour laquelle il eut besoin d’une force particulière afin de ne pas être victime des mauvaises influences.

Tel ne fut pas le cas des autres éclaireurs, pas même de Calev. (Moché, en effet, avait lui-même déjà prophétisé qu’il n’entrerait pas en Erets Israël. C’est la raison pour laquelle, dans la bénédiction de Moché à Yochoua, le Nom Divin employé est Youd-Hé. Le Nom Avaya souligne que la Lumière Divine descend jusque dans la parole et l’action, auxquels font allusion le Vav et le Hé. Pour supprimer une influence négative, qui peut découler de cette application à l’action, la force donnée doit venir de plus haut. C’est le sens du Nom Divin Youd-Hé, Nom évoquant la perfection qui ne peut connaître la descente dans Vav-Hé.

Pour ce qui est de Moché, il resta dans le désert avec toute sa génération et il transcenda l’élévation de la matière du monde.

(Nos Sages disent que “le visage de Moché était comme le soleil et celui de Yochoua comme la lune”. Moché ne pouvait donc connaître le voile. En revanche, Yochoua avait, pour y parvenir, besoin d’une force particulière. Bien plus, étant dans ce mode matériel, Moché reçut son nom parce que “je l’ai tiré des eaux”. A tout instant, apparaissait à l’évidence sa source, le monde caché.)

D’après ce qui vient d’être dit, on peut comprendre le comportement de Yochoua qui, à son tour, envoya des éclaireurs, tant est élevé le service de D.ieu basé sur “ton avis”.

7. On peut ajouter que “selon ton avis” est souligné également par la fin de notre Paracha, qui parle des Tsitsits. En effet, “le début est lié à la fin et la fin au début”.

(Avant même cela, il est dit “lorsque vous arriverez dans votre pays de résidence, vous apporterez des sacrifices consécutifs à un vœu ou des offrandes”. Il ne s’agit pas là d’une obligation. Lorsque quelqu’un aura l’idée et la volonté d’offrir ce sacrifice, “selon ton avis”, il pourra le faire.)

La Mitsva des Tsitsits présente une qualité que l’on ne retrouve pas dans les autres Commandements: elle conduit à les accomplir, ainsi qu’il est dit “vous les verrez, vous vous souviendrez de toutes les Mitsvot de D.ieu et vous les accomplirez”, “ainsi, vous vous souviendrez et vous accomplirez tous Mes Commandements”. Le verset fait donc dépendre toutes les Mitsvot de celle-ci.

(De façon plus précise, on retrouve même ici toutes les catégories de Mitsvot, comme l’établit le Sidour.)

On peut s’interroger. Il s’agit là d’une Mitsva qui rappelle toutes les autres Mitsvot. Malgré cela, un homme n’est pas tenu de s’acheter un Talit et de le porter. Il peut ne pas mettre de vêtement à quatre coins et, dès lors, n’a pas besoin d’avoir des Tsitsits.

(Le Rambam l’établit dans les Lois des Tsitsits, mais précise qu’il ne convient pas à un homme vertueux de se dispenser de l’accomplissement de cette Mitsva. On s’efforcera donc toujours de porter un habit à quatre coins, afin d’avoir des Tsitsits.)

En fait, on peut voir ici le signe que cette Mitsva, conduisant à l’accomplissement de toutes les autres, doit être le fruit de la réflexion personnelle de l’homme, “selon ton avis”. C’est la raison pour laquelle un homme n’est pas tenu de s’acheter un Talit et d’y placer des Tsitsits. Il doit le décider par sa propre initiative.

(Bien plus, lorsqu’il met le Talit, la Torah ne lui demande pas de contempler les Tsitsits, afin de se souvenir des Mitsvot. Il est simplement précisé que c’est là un bon comportement et qu’un homme doit l’adopter, “selon ton avis”, par sa propre réflexion. Il le fera au moment où il met le Talit et, selon le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, lors de la lecture du verset “et vous les verrez”. Or, les Tsitsits sont portés toute la journée afin de se souvenir à chaque instant des Mitsvot.)

Ce qui vient d’être dit peut être lié à l’étude du Rambam de la veille de ce Chabbat, qui portait sur la fin des Lois des substitutions qui sont la conclusion du livre des sacrifices: “Bien que les Lois de la Torah sont des Décrets, comme nous l’avons expliqué à la fin des Lois de Méïla, il convient de méditer à leur propos et “tout ce que tu pourras expliquer devra l’être”. Les premiers Sages dirent, en effet, que le roi Chlomo avait compris le sens de tous les Décrets de la Torah. Ainsi, tous les Préceptes de la Torah, et non uniquement les plus logiques, doivent être intériorisés par la logique de l’homme. On retrouve ici l’application du principe “selon ton avis”.

(Le Rambam souligne également une idée opposée, l’importance de ces Décrets de la Torah, qui ne peuvent être expliqués. L’homme ne doit pas considérer avec légèreté ce qu’il ne comprend pas, souligne le Rambam. Ces Mitsvot ne peuvent être remises en cause et c’est la raison pour laquelle la Torah leur accorda la préséance. De plus, le Rambam cite le roi Chlomo, afin de montrer qu’une telle compréhension logique exista de façon concrète, au moins chez une personne. De la même façon, il est dit à la fin de la Paracha des Tsitsits “Je suis l’Eternel votre D.ieu”. Ainsi, D.ieu peut être “votre force et votre vitalité”, s’introduire dans les forces profondes de l’homme, son intellect et ses sentiments.)

Servir D.ieu “selon ton avis” s’exprime non uniquement dans les Mitsvot de la Torah, perceptibles à l’intellect de l’homme et qui n’en sont pas moins des Préceptes Divins, mais aussi dans les domaines permis. C’est à leur propos qu’il est nécessaire de mettre en pratique “toutes tes actions seront pour le Nom de D.ieu” et “en toutes tes voies, connais-Le”. Ce sont là des Injonctions de la Torah et, bien plus, il faut aussi agir sur ces domaines permis, même si la Torah ne l’ordonne pas expressément. On accomplira tout cela “selon ton avis”, en y méditant par son propre intellect. Ainsi, on déterminera la meilleure manière d’élever ces domaines permis et d’agir concrètement de manière conforme au Dessein divin. Il en fut de même pour l’envoi des éclaireurs, qui devait permettre la conquête du pays en en élevant la matière, grâce aux travaux permis, labourage, culture. D.ieu ne donna pas d’instructions sur la manière d’agir. Il demanda cependant de le faire, “envoie pour toi, selon ton avis”.

(Ainsi, dit le verset, “les pas de l’homme sont préparés par D.ieu et Il agrée sa voie”. “Sa voie” désigne non seulement la Voie Divine mais aussi celle de l’homme, qui lui appartient de façon propre, dans les domaines permis. C’est là qu’il doit se comporter selon la Volonté de D.ieu. Alors ce Dessein divin sera intériorisé par l’homme, qui, naturellement, servira D.ieu et se conformera à Sa Volonté.)

Il en va de même pour la manière d’agir dans la mission consistant à diffuser les sources de la Hassidout à l’extérieur. L’ordre donné s’applique à la définition de cette mission. En revanche, les détails d’application, la façon d’agir doivent être découverts “selon ton avis”, par la réflexion.

8. D’après ce qui vient d’être dit, on peut comprendre le lien entre la Paracha de Chela’h, “envoie pour toi, selon ton avis” et le 28 Sivan, force de Sivan.

Le 28 du troisième mois insuffle la force à tous les domaines du service de D.ieu par la Torah et les Mitsvot. Il indique de quelle manière on doit l’accomplir et apporte à l’homme la force de Le servir “selon ton avis”. Ainsi, l’intellect et la volonté de l’homme seront conformes au désir de D.ieu. Bien plus, agir de la sorte souligne clairement l’élévation du libre arbitre. La force qui en découle est d’autant plus considérable, permettant à l’homme ce libre choix et lui donnant les moyens de le rendre positif.

(On peut définir ici deux niveaux de libre arbitre. D’une part, le choix concerne l’accomplissement des Commandements de la Torah. D’autre part, une force est ajoutée pour que l’homme puisse choisir judicieusement lorsqu’il agit “selon ton avis”. De la même façon, on trouve deux interprétations du verset “et maintenant que soit grandie la force de D.ieu”. D’une part, cette grandeur consiste à dévoiler la plus haute lumière dans la source de l’enchaînement des mondes. D’autre part, la grandeur permet également de s’élever au dessus de cet enchaînement des mondes.)

Or, servir D.ieu “selon ton avis” se marque essentiellement dans les domaines permis. En conséquence, la force pour tout cela se révèle à la fin de ce troisième mois, après le don de la Torah, lorsque s’opère la transition vers le quatrième mois, qui souligne l’importance de l’effort des hommes.

C’est tout ceci qui est souligné en ce 28 du mois, qui apporte une force supplémentaire pour le service de D.ieu dans tous les domaines permis. Celui-ci sera “selon ton avis”. Il y a bien là une descente par rapport à ce qui existait auparavant mais c’est de cette façon que l’on parviendra à faire résider D.ieu ici-bas et à dévoiler la perfection.

C’est là la différence qui existe entre le «trois» et le «quatre». Le «trois» est celui qui donne alors que le «quatre» reçoit, ainsi qu’il est dit “fais du bien au pauvre”, comme nous l’avons précédemment expliqué.

(Tout ceci est particulièrement souligné, cette année, puisque le 28 Sivan est un Chabbat, lié au don de la Torah. En effet, comme le disent nos Sages, “tous s’accordent pour dire que la Torah fut donnée un Chabbat”. En l’occurrence, c’est le troisième Chabbat après le don de la Torah. C’est la raison pour laquelle nous étudions le troisième chapitre d’Avot, qui souligne encore plus clairement le lien entre tout ceci et “la lumière triple donnée pendant le troisième mois”. Toutefois, le 28 Sivan précède le 29, qui est à la veille de Roch Hodech et s’appelle donc “petit Yom Kippour”. Il n’en est pas moins lié au mois suivant. On retrouve l’équivalent de tout cela entre Moché et Yochoua. Yochoua était moins élevé que Moché et il devait recevoir de lui. Malgré cela, c’est précisément Yochoua qui accomplit la Volonté de D.ieu et fit entrer le peuple d’Israël en Terre Sainte.)

Ceci peut être compris d’après l’explication de la Guemara selon laquelle “le 29 Sivan, Moché envoya les éclaireurs”. Il s’agit bien là du lendemain du 28 Sivan, lorsque fut donnée une force particulière pour agir “selon ton avis”. Tout de suite après cela pouvait intervenir l’envoi des éclaireurs et le début de la conquête d’Erets Israël.

9. Une explication plus profonde peut être ajoutée.
La force de Sivan concerne les domaines permis, dans lesquels le libre choix se ressent avec encore plus de force. Bien plus, même si la décision “selon ton avis” était négative, allait à l’encontre de la Volonté de D.ieu, la force serait donnée de modifier cet aspect malencontreux et de le transformer en bien.

(Tout ceci est lié à l’étude du Rambam de la veille de ce Chabbat, le début du livre de la pureté. Celui-ci commence par une citation du verset “suscite en moi, Eternel, un cœur pur et renouvelle, dans ma personne, un esprit juste”. Puis, il est question de Lois exposant le contraire de la pureté, puisqu’il s’agit de l’impureté de la mort. Le début de ce livre souligne ainsi l’idée de la transformation.)

C’est également le sens du verset “et maintenant que grandisse la force de l’Eternel”, figurant dans la prière de Moché pour obtenir le pardon, après la faute des éclaireurs. On retrouve ici l’idée de la Techouva, qui souligne encore plus clairement la nécessité de l’effort personnel résultant de son libre choix. Le libre arbitre a été accordé à chaque homme, qui peut transformer son cœur et changer sa nature pour le bien.

Pour cela, il faut avoir recours à la Techouva qui transcende la Torah et les Mitsvot, souligne clairement l’importance de l’effort personnel. Dès lors, même celui qui a transgressé la volonté de D.ieu a la force et le pouvoir de réparer, de transformer cet élément négatif en y introduisant un niveau dépassant la Torah, tout comme il est dit “tu aurais dû Me venir en aide”.

(Le Likouteï Torah montre le lien entre ce verset et la Techouva qui consiste à transformer l’obscurité en lumière. C’est ainsi que la Lumière Divine se révèle ici-bas dans toute sa force.)

Ainsi, “que soit grandie la force de D.ieu” est également lié au 28 Sivan, force du don de la Torah. C’est en effet lors du don de la Torah que fut accordée la force de la Techouva. “Lorsque Moché monta là-haut… il dit: et maintenant que soit grandie la force de D.ieu, comme Tu l’as dit en ces termes”. Tout ceci se dévoila concrètement, dans le monde, après l’envoi des explorateurs, au lendemain du 28 Sivan avec tous les événements qui en découlèrent. Puis, la réparation fut réalisée par la Techouva, comme l’indique ce verset.

(Dans le verset “comme Tu l’as dit en ces termes”, on peut aussi voir une allusion à l’introduction du don de la Torah, “et l’Eternel parla à tout Israël en ces termes”.)

La Techouva est soulignée également dans la Paracha que nous lisons aujourd’hui à Min’ha, celle de Kora’h. Nos Sages expliquent, en effet, que ses fils accédèrent à la Techouva et, du Guehénom, ils chantèrent une mélodie, un Cantique pour D.ieu, ainsi qu’il est dit “Chant, Cantique des fils de Kora’h, au chef des Chantres”. La Techouva la plus parfaite se réalise dans la joie. Elle peut donc s’accompagner d’un chant joyeux, indiquant la victoire. Dès lors, tous les éléments négatifs sont vaincus, annulés et transformés en bien.

(Rachi explique, à propos de Kora’h, que: “il n’est pas présenté comme le fils de Yaacov, car celui-ci sollicita la pitié, afin que son nom ne soit pas associé à cette dispute”. Malgré cela, Rachi cite le nom de Yaacov, bien que de façon négative, et il ajoute un Commandement positif en rappelant que, dans les Chroniques, le nom de Kora’h est effectivement associé à celui de Yaacov, ainsi qu’il est dit “fils d’Aviassaf, fils de Kora’h, fils de Yitshar, fils de Kéhat, fils de Levi, fils d’Israël”. Il est, en effet, souligné ici que Kora’h connut également la Techouva. Ceci montre l’importance de la coutume, reçue du Baal Chem Tov, qui consiste à dire chaque jour le Psaume correspondant au nombre de ses années.)

Puis, dans les trois jours suivants celui-ci, nous parviendrons à Roch Hodech Tamouz, dont le nom même évoque l’idée de transformation. En effet, Tamouz est le nom d’une idole. Malgré cela, les enfants d’Israël appellent ainsi ce mois et l’inscrivent sur tous les actes officiels, comme le veut la Torah.

Autre point, qui est essentiel également, la destruction et l’exil qui découlèrent aussi de la mission rejetée par les éclaireurs, lorsqu’ils revinrent, le 9 Av et que D.ieu fit de cette date “une lamentation pour toutes les générations”, ont pour but d’être annulés et transformés en bien. Pour y parvenir, la Techouva est nécessaire. Grâce à elle, “ils seront libérés de façon immédiate”. Le Rambam tranche que “tous ces jeûnes disparaîtront lorsque viendra le Machia’h. Bien plus, ils seront des jours de fête, de joie et d’allégresse”.

Nos Sages disent également que “pour celui qui répond Amen Yéhé Chémeh Rabba de toutes ses forces, on annule un décret accusateur de soixante dix ans”. Ceci fait allusion à la suppression du premier exil, celui de Babel, qui fit suite aux conseils des éclaireurs. Il dura, en effet, soixante dix ans et ceci concerne également ce dernier exil. En servant D.ieu de toutes ses forces, on peut le supprimer et mettre en évidence son aspect positif.

(En effet, le mot Amen a la même valeur numérique que les deux Noms Divins Avaya et Ado-Naï. En outre, la Guemara parlant de Honi, le traceur de cercles, dit: “Tout au long de sa vie, ce Tsaddik se lamentait à propos de ce verset: Cantique des degrés, lorsque D.ieu fit revenir la captivité de Tsion. Alors, nous étions comme des rêveurs. Rachi explique que l’exil de Babel, qui dura soixante dix ans, fut comparable à un rêve. C’est à ce propos que Honi s’interrogeait: “quelqu’un peut-il rêver pendant soixante dix ans? ”. Puis, ceci lui arriva. Il dormit lui-même pendant soixante dix ans et il en résulte que l’exil, qui symbolise le rêve, se trouve aussi en allusion dans ces soixante dix ans, qui ne sont pas seulement ceux de Babel, mais concernent bien tous les exils.)

10. A tout ce qui vient d’être dit, s’ajoute un point de plus, concernant notre génération.

A notre époque, il a été révélé que le mois de Tamouz est celui de la délivrance, celle de mon beau-père, le Rabbi, chef de notre génération, qui fut libéré de prison les 12 et 13 Tamouz. Notre génération est la dernière de l’exil et la première de la délivrance. Il est donc possible d’y ressentir ce que sera la libération future, la transformation du quatrième mois en joie et en allégresse. En effet, avant même le jeûne du 17 Tamouz, vient la libération du 12 Tamouz, grâce à laquelle le mois entier se transforme en délivrance.

Ce qui vient d’être dit peut être lié au 28 Sivan, force supplémentaire qui est introduite dans ce mois, non seulement pour accomplir la Volonté de D.ieu mais aussi pour élever la matière du monde, afin d’y bâtir pour Lui une résidence. Pour cela, il faut conquérir le pays, y envoyer des éclaireurs, “envoie pour toi, selon ton avis”. Tout ceci se passe essentiellement en Tamouz, après le 28 Sivan.

L’un des aspects dominants de la délivrance du 12 et 13 Tamouz fut la possibilité qui en résulta pour mon beau-père le Rabbi, chef de notre génération, de venir s’installer dans l’hémisphère inférieur. C’est alors que la diffusion de la Torah, du Judaïsme et de la Hassidout à l’extérieur put se répandre dans le monde entier. Bien plus, cette diffusion commença ainsi dans cet hémisphère, duquel il est dit que le don de la Torah n’y eut pas lieu. C’est donc bien là la partie la plus inférieure du monde. Malgré cela, la Torah et la Hassidout s’y dévoilent. Bien plus, la lumière qui en émane illumine le monde entier.

On peut considérer que l’aspect nouveau, introduit par la diffusion de la Torah et de la Hassidout dans cet hémisphère inférieur est lié au 28 Sivan qui apporta une force supplémentaire, non seulement dans les domaines du don de la Torah mais également en ce qui concerne les initiatives introduites “selon ton avis”. En l’occurrence, il s’agissait de diffuser la Torah et la Hassidout jusque dans cet hémisphère inférieur, là où le don de la Torah n’eut pas lieu.

Tout ceci se révéla le 28 Sivan, de nombreuses années plus tard. (C’est le 28 Sivan 5701 que le Rabbi Chlita et la Rabbanit furent sauvés de l’enfer européen et parvinrent aux Etats-Unis – N.D.T) C’est alors que fut introduite une impulsion nouvelle pour renforcer et diffuser la Torah, le Judaïsme et la Hassidout. Mon beau-père le Rabbi, chef de notre génération, en prit l’initiative en créant les institutions «Ma’hané Israël», «Kehot» et «Merkaz Leïnyaneï Hinou’h». L’activité de ces institutions se poursuivit pendant les dix dernières années que vécut mon beau-père le Rabbi, dans ce monde. Puis, après son décès, elles se développent et s’agrandissent de plus en plus, car il est encore plus présent que de son vivant.

Quarante ans se sont écoulés depuis son décès et “D.ieu vous a donné un cœur pour comprendre, des yeux pour voir et des oreilles pour entendre”. C’est à l’issue de ce laps de temps que l’on peut, comme le soulignent nos Sages, percevoir profondément l’enseignement de son maître.

(Ceci peut être comparé aux quarante ans que les Juifs passèrent dans le désert après la faute des éclaireurs. Tout de suite après cela, notre Paracha annonce, du reste, que les Juifs rentreront, de façon effective, dans le pays, ainsi qu’il est dit “lorsque vous parviendrez dans la Terre”. Tout de suite après ce délai, les Juifs furent prêts à entrer en Erets Israël, “tous vivants, aujourd’hui”. Nous en connaissons actuellement l’équivalent. Toutes les dates limites de la délivrance sont déjà passées et, en cette quarantième année, tous sont prêts à entrer dans le pays, avec la délivrance véritable et complète, par notre juste Machia’h.)

11. Il découle de tout ce qui vient d’être dit un enseignement pour l’action concrète, car “l’acte est essentiel”.

(Ceci est encore plus clairement souligné lorsqu’il s’agit de réparer la faute des éclaireurs, qui ne voulurent pas descendre du monde de la pensée ou de celui de la parole, dans le monde de l’action.)

C’est aujourd’hui le Chabbat Chela’h, qui est en outre le 28 Sivan. De nombreux Juifs ont décidé d’organiser une réunion hassidique en ce jour et d’y prendre de bonnes décisions dans toutes les actions contribuant à la diffusion de la Torah, du Judaïsme et de la Hassidout à l’extérieur. Ils ont vu les conséquences positives de ces réunions dans l’action concrète, pendant plus de trois ans, qui constituent donc un fait établi. Nous vivons les trois jours qui nous séparent encore du Roch Hodech du mois de la délivrance. Il convient donc de se renforcer et d’ajouter avec encore plus de force à l’accomplissement de la mission que mon beau-père le Rabbi, chef de notre génération, a confié à chacun en particulier. Il faut diffuser la Torah, le Judaïsme et la Hassidout à l’extérieur. Il faut se consacrer à cette mission de toute sa force et même au delà de ses forces. Il en va de même pour l’influence que l’on exercera sur l’autre, “lorsque tu élèveras les lumières”, “jusqu’à ce que la flamme s’élève d’elle-même”. Nous avons longuement expliqué, le précédent Chabbat, l’enseignement qui découle de ce verset et la flamme qui s’élèvera d’elle-même sera également “selon ton avis”.

Cette mission est d’actualité. Elle le fut déjà, à l’époque du Ari Zal, lorsque l’on annonça qu’ “il est permis et nécessaire de dévoiler cette Sagesse”. Combien plus est-ce le cas après que la diffusion de la Hassidout ait commencé de façon effective, avec la libération de l’Admour Hazaken, le 19 Kislev, puis avec celle de mon beau-père le Rabbi, chef de notre génération, les 12 et 13 Tamouz.

C’est alors que l’on reçut encore plus de force pour diffuser la Torah, le Judaïsme et la Hassidout à l’extérieur, jusque dans l’hémisphère inférieur. On ne peut retarder l’accomplissement de tout cela, même pour un temps très bref. Il faut s’y consacrer immédiatement et chaque Juif s’y emploiera par lui-même, ne cherchera pas à déléguer un émissaire pour le faire.

Ceci concerne plus spécifiquement ce qui est d’actualité pendant les mois de l’été. Il faut utiliser la période des vacances, qui est d’usage dans de nombreuses institutions éducatives. Les enfants sont alors libérés des études profanes. Dès lors, même si la direction de l’école n’impose pas la scolarité, chaque élève décidera de venir à l’école et d’y apprendre, “selon ton avis”. De plus, on enverra les petits garçons et les petites filles dans des colonies de vacances cachères, basées sur les valeurs sacrées. Là, pendant une certaine période, ils vivront, jour et nuit, sans interruption, dans une atmosphère de Torah et de Judaïsme. Grâce à cela, l’action pourra se poursuivre pendant les jours suivants.

12. Puisse D.ieu faire que nos actions et nos réalisations dans tous ces domaines hâtent et réalisent encore plus rapidement les promesses de la Paracha de cette semaine.

“Nous monterons et nous en hériterons”. Outre l’élévation qui marqua la sortie d’Egypte, les Juifs auront également celle de l’entrée en Erets Israël, lors de la délivrance future.

Alors, toutes les six cent treize Mitsvot, auxquelles les Tsitsits font allusion, seront accomplies de façon parfaite. (Ce sera également le cas pour les Mitsvot dépendant d’Erets Israël, comme la Halla et les sacrifices offerts dans le Temple.) Les Tsitsits évoquent, en outre, le verset “Il me prit par les franges (Tsitsits) de ma tête”, termes figurant dans la prophétie de Ye’hezkel. Celui-ci dit ensuite “et le vent me transporta… Il me conduisit à Jérusalem, selon les visions divines”. Il en sera ainsi pour chaque Juif, ainsi qu’il est dit “Je déverserai Mon esprit sur toute chair. Ainsi, vos fils et vos filles prophétiseront”, lors de la délivrance véritable et complète, par notre juste Machia’h, et “comme aux jours de ta sortie d’Egypte, Je te montrerai des merveilles”. Alors, il y eut quatre termes de délivrance, tout comme il y a quatre Tsitsits. Ces quatre termes de délivrance furent énoncés à propos de la sortie d’Egypte, “Je vous ferai sortir… Je vous sauverai… Je vous libérerai… Je vous prendrai”.

Tout ceci se réalisera de telle sorte que l’on puisse “Le désigner du doigt en disant: Le voici”, voici notre juste Machia’h. Les Tsitsits évoquent précisément ce que l’on peut voir et le Machia’h est en l’occurrence tout proche.

Ainsi, on pourra désigner du doigt et dire “voici, c’est notre D.ieu”, “Je suis l’Eternel votre D.ieu”, votre force et votre vitalité. Ceci sera perceptible pour chacun car “ton Maître ne se cachera plus et tes yeux verront ton Maître”. Dès lors, “l’honneur de D.ieu se dévoilera et toute chair ensemble verra”.

Puisse-t-il en être ainsi pour nous. En ce Chabbat 28 Sivan, force et conclusion du troisième mois, avant même le quatrième mois, celui de la délivrance, nous aurons la délivrance véritable et complète, par David, le roi oint, quatrième pied du Char céleste. Alors, “D.ieu ne nous retiendra pas même le temps d’un clin d’œil en exil” et la délivrance sera tout à fait immédiate.

 


Extrait des commentaires
de Chabbat Parchat Kora’h 5749


1. Comme on le sait, la conséquence de l’emprisonnement et de la libération de mon beau-père, le Rabbi, le 12 Tamouz 5687, fut la possibilité, qu’on lui accorda, de quitter ce pays en 5688. Puis, quelques années plus tard, en 5700, il parvint aux Etats-Unis, dans l’hémisphère inférieur. C’est là qu’il fixa sa résidence et œuvra, pendant les dix dernières années de sa vie, dans ce monde, jusqu’en 5710.

Tous ces points, d’autant qu’ils concernent en l’occurrence le chef de la génération, sont réglés par la Divine Providence. En conséquence, son arrivée dans l’hémisphère inférieur n’avait pas uniquement pour but de le sauver du danger qu’il encourait dans les pays de l’hémisphère supérieur mais surtout d’accomplir le Dessein divin, selon lequel il devait vivre ses dernières années et réaliser son œuvre dans cet hémisphère inférieur.

(Certes, après la guerre, la majorité numérique et structurelle du peuple juif s’installa aux Etats-Unis. Mais, c’est également là un effet de la Divine Providence.)

On peut ici s’interroger. L’endroit où nos maîtres accomplirent leur mission, depuis le Baal Chem Tov et le Maguid et jusqu’à l’ensemble des maîtres de ‘Habad, fut dans “ce pays-là”, en Russie et plus précisément à Loubavitch. C’est de là que la lumière émana pour le monde entier, que les sources se répandirent vers l’extérieur. Pourquoi D.ieu fit-Il que précisément mon beau-père, le Rabbi, chef de notre génération, quitte ce pays, vienne aux Etats-Unis, y installe sa résidence et y agisse? Bien plus, on sait à quel point il évitait auparavant de quitter ce pays-là. Or, depuis son arrivée, son action fut planifiée, ses sources furent diffusées dans le monde entier, à partir de ce continent, y compris dans son pays d’origine.

(Mon beau-père, le Rabbi, écrit dans ses mémoires que “l’histoire de ‘Habad est intimement liée à Loubavitch. ‘Habad et Loubavitch sont devenus les deux parties d’un seul et même nom.”)

La question est encore plus forte si l’on rappelle le proverbe selon lequel “la Torah ne fut pas donnée dans l’hémisphère inférieur mais chez nous, dans l’hémisphère supérieur”. (Cette expression figure dans une lettre de mon beau-père, le Rabbi, et le Rachab l’emploie également.) Pourquoi D.ieu réalisa-t-Il une descente aussi considérable, au point de le déraciner de son lieu de résidence qui se trouvait dans l’hémisphère supérieur et de le fixer dans l’hémisphère inférieur? Mon beau-père, le Rabbi, dit lui-même que “Loubavitch connut dix exils”, le dernier et le plus âpre étant son arrivée en Amérique. Pourquoi ne pas avoir choisi un autre endroit de l’hémisphère supérieur?

2. Nous comprendrons tout cela en expliquant le lien entre la délivrance du 12-13 Tamouz et ce mois. Bien plus, de nombreux Juifs ont pris la coutume d’appeler «Tamouz» dans son ensemble, le mois de la délivrance.
Nous avons déjà expliqué plusieurs fois que le contenu de «Tamouz», dont nous vivons le premier Chabbat, figure en allusion dans son nom, tel qu’il est énoncé dans la Loi Ecrite, “le quatrième mois”. Il est en effet, le quatrième après Nissan.

(Et c’est en ce Chabbat que reçoivent leur élévation tous les jours de la semaine venant de s’écouler, y compris les deux jours de Roch ‘Hodech Tamouz, qui englobent en eux la totalité de ce mois. Du reste, lorsque Roch ‘Hodech dure deux jours, tout ce qui le concerne reçoit encore plus de force et le service de D.ieu est alors “double pour la sagesse”.)

Le quatrième mois fait suite au troisième, celui de Sivan, lorsque la Torah fut donnée, “une lumière triple en un mois triple”. Une différence fondamentale les sépare. Le don de la Torah, pendant le troisième mois, fut une révélation accordée par D.ieu aux enfants d’Israël. Il apparut du haut des cieux afin de guider chaque Juif, de lui indiquer de quelle manière il devait se comporter dans son existence quotidienne. A l’opposé, le quatrième mois souligne l’effort nécessaire pour recevoir la Torah. Il implique un travail de la part des Juifs, par leur force propre. C’est ainsi que l’homme peut recevoir la révélation, dans le monde, en accomplissant la Torah et les Mitsvot de façon effective, en fonction des instructions précédemment reçues, lors du don de la Torah.

Cette différence apparaît également dans le nom de ces mois, le troisième et le quatrième. La Guemara souligne que les lettres «Guimel» et «Dalet», dont la valeur numérique est trois et quatre, sont les initiales de “Guemol Dalim”, “fais du bien aux pauvres”. Ainsi, le «Guimel» fait allusion à l’influence donnée d’en haut et le «Dalet» à celui qui la reçoit. De la même façon, le chiffre «trois» correspond à un dévoilement céleste. Lorsque ce niveau est reçu ici-bas, il correspond au chiffre «quatre». Ce schéma décrit tout l’enchaînement des mondes, les trois mondes supérieurs d’Atsilout, Brya et Yetsira, puis le quatrième monde d’Assya, celui qui reçoit.

Telle est également la différence entre le troisième et le quatrième mois. Le don de la Torah du troisième mois est un cadeau céleste. Le quatrième mois, en revanche, présente le Juif comme un “pauvre”, recevant l’influence du troisième mois, conformément aux enseignements de la Torah.

(De plus, le chapitre d’Avot étudié ce Chabbat est le quatrième. Il commence par quatre qualificatifs, sage, vigoureux, riche et honoré. Ces quatre termes correspondent aux quatre mondes, Atsilout, Brya, Yetsira, Assya, ainsi qu’aux quatre lettres du Nom Divin «Avaya».)

Certes, l’effort des Juifs dans le monde pendant ce quatrième mois constitue une descente par rapport au dévoilement d’en haut du troisième mois. Malgré cela, la perfection du don d’en haut se manifeste précisément ici-bas, lorsqu’elle s’introduit en celui qui la reçoit. Plus encore, c’est grâce à cette descente dans le monde, que se réalise, de la façon la plus parfaite, la finalité de la création, le désir divin de résider au sein de la matière. Dès lors, le don de la Torah est parfait car celle-ci peut être intériorisée par l’homme, puis par le monde entier.

Il en va de même dans les mondes. Celui d’Assya est le plus bas et il est séparé de tous les autres. Malgré cela, la perfection des mondes supérieurs se révèle précisément en lui, bien qu’il soit le plus matériel et le plus bas. C’est précisément là que D.ieu souhaita résider.

3. Le contenu de ce troisième mois, l’effort réalisé dans le monde, est plus précisément souligné par le jour dont il est fait mention dans la Loi Ecrite, “le jeûne du quatrième mois”, celui du 17 Tamouz. Sa portée est générale et c’est la raison pour laquelle il porte ce nom, “jeûne du quatrième mois”.

Cinq événements malencontreux se produisirent à cette date et c’est la raison pour laquelle il est nécessaire de jeûner. Tout d’abord, les Tables de la Loi furent brisées, quarante jours après le don de la Torah. Plus tard, la muraille de Jérusalem se fendit, lors du siège de la ville. C’est ainsi que commença la destruction du Temple et l’exil qui nous conduisit à la présente situation, après la destruction du second Temple. La descente au sein de la matière est donc particulièrement évidente, en ce quatrième mois.

Ainsi, outre la descente intrinsèque qu’impose ce quatrième mois par rapport au troisième, l’introduction dans le monde matériel est soulignée par ce jeûne du quatrième mois, descente faisant suite à une descente, jusqu’à cet exil, le plus bas qui soit.

La finalité ultime de tout cela est la mise en évidence de l’effort d’un Juif, réalisé au sein de la matière, qui peut supprimer les causes d’une telle descente et donc le jeûne qui en résulta. Pour cela, il faut intensifier son service de D.ieu basé sur la Torah et les Mitsvot, qui furent données en ce troisième mois. Il faut affaiblir puis supprimer complètement nos fautes, qui conduisirent à l’exil. Il est donc nécessaire de renforcer le sentiment d’Ahavat Israël, un amour du prochain sans contrepartie, qui fera disparaître l’exil et le jeûne.

Bien plus, dès lors, “ces jours se transformeront en joie, en allégresse et en fête”. Tel est précisément le but des jeûnes, qui doivent apporter encore plus de bien. C’est là leur contenu profond. Ils permettent d’exprimer le grand amour que D.ieu éprouve pour les Juifs, comme un roi grand et redoutable qui laverait lui-même la souillure de son fils unique, parce qu’il éprouve pour lui un immense amour. Tout ceci se révélera très bientôt et de nos jours. Ce jeûne deviendra, de façon effective, un jour de joie, d’allégresse et de fête.

(Il en va de même pour le nom du mois de Tamouz, qui est celui d’une idole. Par leurs efforts, les enfants d’Israël le transforment. Dès lors, il devient un mois du calendrier juif, reconnu comme tel par la Hala’ha. Ainsi, il révèle la supériorité de la lumière qui fait suite à l’obscurité et c’est précisément en Tamouz que la chaleur est considérable. Alors, éclaire “le soleil de D.ieu”. C’est en ce mois que se révèle, de la plus haute façon, le Nom Divin «Avaya».

Ainsi, le jeûne du quatrième mois constitue, au sens le plus simple, une descente vertigineuse. Malgré cela, il provoque l’ajout dans le service de D.ieu d’un Juif. En effet, lorsque la Torah et les Mitsvot, données le troisième mois, sont attirées ici-bas, il est possible de supprimer et de transformer nos fautes dans tous les domaines négatifs. Le don de la Torah du troisième mois se révèle, dès lors, dans toute sa perfection. Celle-ci est reçue ici-bas, d’une façon beaucoup plus profonde. Le jeûne peut ainsi se transformer en joie, en allégresse et en fête. Le bien qui en résultera sera beaucoup plus considérable que celui du troisième mois.

(C’est précisément le 17 Tamouz, quarante jours après le don de la Torah, que Moché descendit de la montagne, avec les Tables de la Loi. En effet, c’est en ce quatrième mois que la Torah doit être reçue par l’effort de l’homme. Ces quarante jours, pendant lesquels Moché étudia la Torah par la force de son intellect, préparèrent ce dévoilement ici-bas. D.ieu, de Son point de vue, donna, lors du don de la Torah, la totalité de ces enseignements. Telle est la perfection qui caractérise le troisième mois. Mais il y eut le veau d’or, les Tables de la Loi furent brisées et ce jour devint un jeûne. En effet, le dévoilement d’en haut, pendant le troisième mois, laissait la place à une telle cassure. C’est précisément l’effort de l’homme, après la Techouva de ceux qui devaient recevoir la Torah, qui permit aux dernières Tables de la Loi de se maintenir. Celles-ci seront éternelles.)

4. L’élévation de ce quatrième mois s’est dévoilée de façon encore plus précise, en ces dernières générations, grâce à la libération de mon beau-père, le Rabbi, les 12 et 13 Tamouz, après la première étape que fut le 3 Tamouz.

(Les 12 et 13 Tamouz reçoivent leur bénédiction de ce Chabbat, au même titre que tous les jours de la semaine qui vient. Le 3 Tamouz, par ailleurs, parvient à la perfection, en ce Chabbat, d’autant qu’il était cette année un jeudi, jour qui permet de préparer le Chabbat. Grâce à cette libération, le mois entier fut transformé. Non seulement, le Rabbi quitta sa prison, mais, bien plus, il connut un avancement et, un peu plus tard, la suite des événements révéla que la finalité de tout cela était l’élévation qui devait en découler.)

La libération et le sacrifice que le Rabbi, dont nous célébrons la délivrance, fit de lui-même, au point d’être emprisonné, donna les moyens à chaque Juif, recevant la Torah et les Mitsvot, de les accomplir plus facilement. La libération apporta à chacun la détermination pour tout ce qui concerne la Torah et les Mitsvot. Dès lors, il devient possible de les accomplir dans le monde, sans affronter aucun obstacle.

(Ceci est vrai même au niveau le plus bas, dans le pays qu’il quitta, comme l’explique le Rabbi dans la lettre qu’il écrivit à propos de la première célébration de sa libération: “ce jour-là, il fut établi, de façon évidente, pour tous, que l’œuvre importante que j’avais réalisée afin de diffuser la Torah et de renforcer la foi était autorisée par la législation du pays”. En revanche, le dévoilement d’en haut qui a lieu pendant le troisième mois laisse la place au voile et à l’emprisonnement. Bien plus, celui-ci commença le 15 Sivan, jour de la pleine lune de ce mois.)

Le Rabbi, dont nous célébrons la libération, écrivit que “ce n’est pas seulement moi que D.ieu libéra, le 12 Tamouz, mais tous ceux qui chérissent notre Sainte Torah, qui respectent la Mitsva et même ceux pour qui Israël n’est qu’un surnom”. On retrouve ici toutes les catégories du peuple juif.

(De plus, cette libération fut un miracle qui, en l’occurrence, ne concerna pas un seul individu, à titre personnel, mais survint au chef de la génération. Or, disent nos Sages, “le chef est tout”. Il peut donc en résulter une élévation pour tous les Juifs de cette génération. Outre les miracles qui se révèlent dans le comportement d’un Juif, en particulier pendant le temps de l’exil, chacun atteint une hauteur supplémentaire grâce à la libération du 12 et 13 Tamouz.)

Tout d’abord, la libération facilita la tâche des Juifs. Au sens le plus simple, il fut plus aisé de diffuser la Torah et de renforcer la foi. On peut constater concrètement qu’après la libération du Rabbi, son œuvre se renforça et s’élargit, atteignant une dimension qu’elle ne possédait en aucune façon auparavant. La Torah fut diffusée, le Judaïsme et les sources de la Hassidout furent répandus dans le monde entier. Et cette action se poursuit, de sorte que l’on ajoute et l’on avance.

Bien plus, la génération du Rabbi, dont nous célébrons la libération, est la dernière de l’exil et la première de la délivrance. Sa libération fut donc la dernière étape préparant la délivrance véritable et complète. Car, toutes les libérations sont liées à la venue du Machia’h. Combien plus est-ce le cas lorsqu’il s’agit de celle d’un chef du peuple juif, qui s’employa à diffuser la Torah, à répandre le Judaïsme et la Hassidout, permettant de hâter la délivrance.

De façon générale, dans cette génération et plus particulièrement après cette libération, on commence à “goûter” la délivrance future. On peut ressentir la profondeur de la chute et le jeûne du quatrième mois conduit à une élévation considérable, préfigurant le dévoilement du monde futur, lorsque ce jeûne sera joie et allégresse. C’est la raison pour laquelle, juste avant le 17 Tamouz, vient la fête de la délivrance qui transforme ce mois en un mois de libération.

5. En fonction de ce qui vient d’être dit, on peut comprendre pour quelle raison D.ieu conduisit le Rabbi, dont nous célébrons la libération, dans l’hémisphère inférieur afin d’y poursuivre son œuvre. Tout comme le quatrième introduit une dimension de plus par rapport au troisième, le lieu doit également être élevé. On sait en effet que le temps et l’espace sont liés. Ceci fut établi lors du don de la Torah, car les Juifs introduisirent leur propre effort lorsqu’ils s’éloignèrent du troisième mois et du lieu de ce don, le mont Sinaï. En revanche, tant qu’ils étaient à proximité de cet endroit, ils demeuraient sous son influence, “comme un seul homme, avec un seul cœur”.

On retrouve une telle distinction chez le Rabbi, dont nous célébrons la délivrance. A la suite de son emprisonnement et de sa libération, il parvint, après quelques étapes, en cet hémisphère inférieur, là où le don de la Torah n’eut pas lieu. Les épreuves imposées par l’exil d’Amérique étaient considérables et, pendant de nombreuses années, les Juifs admettaient qu’“en Amérique, c’est différent”. Il arriva donc sur ce continent pour en faire un lieu de Torah, pour y apporter le don de la Torah, comme celle-ci le demande elle-même. En effet, tout ce que les Juifs éprouvèrent lors du don de la Torah peut encore être ressenti pendant l’étude. C’est ainsi que le don de la Torah du troisième mois fut parfait et qu’il pénétra jusque dans l’hémisphère inférieur. Son influence fut perçue au plus bas et reçue par les hommes, de sorte que ce continent devint un lieu de Torah.

Ainsi, la venue de mon beau-père, le Rabbi, dans cet hémisphère inférieur était un exil à l’intérieur de l’exil, faisant suite à tous les autres exils connus par Loubavitch, de Loubavitch à Rostov, de Rostov à Petersbourg, de Petersbourg en Lettonie, de Lettonie en Pologne et ainsi de suite jusqu’en Amérique. On comprend à quel point l’exil était intense et qu’il en résultait des difficultés considérables pour le service de D.ieu, y compris lorsqu’il s’agissait de mettre en pratique la mission confiée par mon beau-père, le Rabbi, chef du peuple juif. Malgré cela, c’est précisément ici que la Torah fut apportée et révélée jusqu’au point le plus bas, afin de bâtir pour D.ieu une demeure en ce monde.

La raison de tout cela est la suivante. Lorsque l’on s’approche de la délivrance future, il est nécessaire d’élever la matière, afin qu’elle soit apte à ce que la Divinité y réside. Tout ceci se révélera de façon parfaite, avec la venue du Machia’h.

C’est ainsi que, dans l’histoire du peuple juif, tous résidaient d’abord dans un endroit unique, en Erets Israël, puis la Torah et les Mitsvot se diffusèrent dans le monde entier. (Adam, le premier homme et le roi Chlomo diffusèrent cette lumière dans le monde entier, permettant aux parcelles de Divinité qui se trouvaient dans la matière d’être attirées par la grande torche qui était ainsi allumée.) Il y eut ensuite l’exil de Babel et surtout celui d’Edom. Dès lors, les Juifs se dispersèrent, chacun se rendant dans un autre pays. D’une génération à l’autre, cette dispersion se poursuit afin d’élever chaque endroit du monde. Néanmoins, tout ceci se limitait encore à l’hémisphère supérieur. Puis, l’on se rapprocha de la délivrance et de grandes communautés juives s’installèrent dans l’hémisphère inférieur. Alors, le Rabbi, dont nous célébrons la délivrance, y arriva également, afin d’élever la matière de ce continent, de sorte que le don de la Torah puisse se révéler dans toute sa perfection.

6. Bien plus, non seulement la perfection de l’influence du troisième mois peut apparaître dans le quatrième, dans l’hémisphère inférieur, de sorte qu’elle soit intériorisée par celui qui la reçoit, mais, plus encore, grâce à l’effort ainsi réalisé, celui qui accorde l’influence reçoit lui-même quelque chose de plus et le don de la Torah, tel qu’il eut lieu lors du troisième mois, prend un aspect nouveau.

Il en va de même dans l’ensemble des mondes. Non seulement l’influence divine qui s’y trouve peut se révéler jusque dans Assya, le monde le plus bas qui soit, mais bien plus, c’est ainsi que tous les mondes supérieurs reçoivent une élévation considérable qu’ils ne pourraient, en aucune façon, obtenir autrement.
Ainsi, on parvient à la perfection du dévoilement, qui sera effective dans le monde futur. Alors, “l’élément féminin dominera l’élément masculin” et c’est précisément ici-bas que sera bâtie une demeure pour l’Essence de D.ieu.

7. Ce qui vient d’être dit concerne également le choix du domicile du Rabbi, dont nous célébrons la délivrance, dans cet hémisphère inférieur.

De façon générale, il convient de bâtir pour D.ieu une demeure ici-bas. Dès lors, l’élévation se révèle dans tous les mondes supérieurs et dans ce monde matériel. La perfection peut ainsi apparaître jusque dans l’hémisphère inférieur.

Notre génération, celle du Rabbi, dont nous célébrons la délivrance, connaît maintenant la fin de l’exil. Nous approchons de la délivrance, que chacun peut désormais goûter. C’est la raison pour laquelle D.ieu fit que le Rabbi, dont nous célébrons la délivrance, quitte le lieu où résidaient ses ancêtres, afin de parvenir en cet hémisphère inférieur. C’est là qu’il fixa son domicile et réalisa son œuvre, pendant les dix dernières années qu’il vécut dans ce monde. (C’est ainsi qu’il apporta la perfection à tout ce qu’il accomplit pendant son existence et son décès, dans cet hémisphère inférieur permit de dévoiler toute l’action et l’enseignement qui caractérisa sa vie, de sorte “qu’il réalise des merveilles jusqu’au fin fond de la terre”, jusque dans les niveaux les plus bas. C’est précisément dans cet hémisphère inférieur, qu’à partir de l’année 5700 et jusqu’à la fin de l’exil, se trouve la source de la Hassidout. A partir de ce lieu, se fait sa diffusion à l’extérieur, dans le monde entier, y compris dans l’hémisphère supérieur. Un tel processus est l’inverse de celui qui avait été adopté par nos maîtres qui influençaient le monde à partir de l’hémisphère supérieur.

On peut constater concrètement, et chacun peut le désigner du doigt, que la venue du Rabbi, dont nous célébrons la délivrance, en cet hémisphère, fut un exil considérable par rapport à sa résidence à Loubavitch.

Néanmoins, c’est précisément grâce à cette venue et à son installation en ce lieu que son œuvre put atteindre une dimension sans aucune commune mesure avec celle qu’elle était auparavant. L’œuvre de Loubavitch, la diffusion du Judaïsme et des sources à l’extérieur et en particulier celle d’Ahavat Israël et de l’unité du peuple juif, connut une période nouvelle par rapport à ce qu’avait été la façon d’agir de nos précédents maîtres dans l’hémisphère supérieur et plus précisément dans la ville de Loubavitch. (Certes, nous ne pouvons mesurer la grandeur des œuvres réalisées par nos maîtres, surtout dans un domaine aussi essentiel que la diffusion d’Ahavat Israël et de la Hassidout à l’extérieur. Malgré cela, l’apport de mon beau-père, le Rabbi, en cet hémisphère inférieur est perceptible aux yeux de chacun. Il se révèle dans l’action concrète qui est essentielle.

Du reste, le Rabbi écrit dans ses mémoires que “Loubavitch est construite sur l’amour. Loubavitch est le canal diffusant l’amour et l’amitié hassidiques”.)

Ainsi, c’est précisément à partir de cet hémisphère inférieur que les sources se répandent à l’extérieur, dans le monde entier, y compris dans l’hémisphère supérieur, ainsi qu’il est dit “et tu te répandras à l’est, à l’ouest, au nord et au sud”. (Les Hassidim expliquent, et mon beau-père, le Rabbi accepta cette précision, que “Paratsta”, «tu te répandras» a pour valeur numérique 770, adresse de ce bâtiment, synagogue, maison d’étude et lieu d’habitation de mon beau-père, le Rabbi. C’est précisément ici qu’il résida, en cet hémisphère inférieur.

De plus, 770 est un multiple de sept qui fait allusion aux sept branches du Chandelier, diffusant sa lumière dans le monde entier. Ceci fait allusion à “la bougie de D.ieu (qui) est l’âme de l’homme”, de chaque Juif, appartenant à l’une de ces sept catégories. Ainsi, est réalisée Ahavat Israël et l’unité du peuple juif dans le monde entier, dans lequel on retrouve également ces sept catégories.) La largesse ainsi obtenue fut bien plus grande que celle que l’on connaissait auparavant.

A partir de 5700, le Rabbi, dont nous célébrons la délivrance, arriva ici, puis, pendant dix ans, jusqu’en 5710, il réalisa son œuvre et celle-ci se poursuit encore, de sorte que l’on ajoute, on avance et l’on éclaire, par l’intermédiaire de ses disciples et de ses émissaires. Bien plus, c’est d’ores et déjà la quarantième année après 5710 et “D.ieu vous a donné un cœur pour comprendre, des yeux pour voir et des oreilles pour entendre”. Dès lors, un disciple peut percevoir de plus en plus profondément l’enseignement de son maître.

8. Ce qui vient d’être dit peut être lié à notre Paracha, car les fêtes de l’année ont un rapport avec la Paracha qui est alors lue. Cette semaine, nous lisons celle de Kora’h et la Hassidout explique, de la façon suivante, l’objection de Kora’h, “toute l’assemblée est sainte et D.ieu y réside. Pourquoi donc voulez-vous vous élever au-dessus de l’assemblée de D.ieu?”. D’une certaine façon, l’affirmation de Kora’h était exacte. Il sut mesurer l’élévation de l’homme qui se trouve ici-bas et reçoit, même par rapport à celui qui donne, l’importance du chiffre «quatre», comparé au chiffre «trois». Il perçut que D.ieu désirait résider ici-bas, mais son erreur fut la suivante. Il ne comprit pas qu’une telle élévation ne se marquerait que dans le monde futur, après l’effort réalisé ici-bas par les hommes. Pour cela, celui qui reçoit la Torah se doit, tout d’abord, d’élever la matière.

Telle est l’explication profonde du premier commentaire de Rachi, dans notre Paracha: “cette Paracha est bien expliquée dans le Midrach de Rabbi Tan’houma”. Le Midrach révèle donc l’aspect positif de la Paracha de Kora’h à la différence du Pchat, du sens simple, selon lequel l’action de Kora’h n’est en aucune façon positive.

Le Midrach, à l’opposé, montre que Kora’h perçut ce qui se adviendrait lors de la délivrance future. C’est alors qu’aurait lieu la consolation, Ne’hama, qui est de la même étymologie que Tan’houma.

(Le Midrach renferme également des commentaires basés sur le Pchat. C’est la raison pour laquelle Rachi le cite souvent. Ici, par contre, Rachi précise qu’il s’agit bien d’un Midrach.)

En d’autres termes, cette Paracha, telle qu’elle se trouve dans le Midrach de Rabbi Tan’houma, fait allusion à la délivrance future. Dès lors, elle est positive et elle apporte la perfection du bien. Au sens simple, par contre, elle décrit ce qui se passe dans ce monde, quand l’action est encore nécessaire, car la perfection du monde futur n’est pas atteinte. Pour l’obtenir, la matière doit tout d’abord être élevée.

Toutefois, on peut obtenir, pendant le temps de l’exil, un avant-goût du service de D.ieu du monde futur. Ce fut le cas pour le Rabbi, dont nous célébrons la délivrance, qui, après l’œuvre considérable réalisée par nos maîtres dans l’hémisphère supérieur, put servir D.ieu du bas vers le haut et influencer cet hémisphère supérieur à partir de l’hémisphère inférieur, comme nous l’avons montré.

9. De façon générale, le service de D.ieu inscrit dans le temps doit être organisé tout d’abord du haut vers le bas, puis du bas vers le haut. Il en va de même pour l’effort qui est réalisé ici-bas, dans le monde. Pour mener à bien cette mission, des instructions doivent être données par le Cohen, mon beau-père, le Rabbi, qui influence chaque Juif et lui enseigne la façon de diffuser le Judaïsme et la Hassidout à l’extérieur, jusque dans l’hémisphère inférieur.

Par ailleurs, le contenu général de cette Paracha apporte également ce même enseignement, puisqu’il y est question de la remise en cause de la prêtrise par Kora’h et son assemblée. Du fait de la chute qui en découla, une élévation considérable fut obtenue, grâce aux miracles qui furent alors réalisés. Ainsi, “le bâton d’Aharon fleurit” et fut “conservé comme signe”, établissant de manière indubitable, le choix que D.ieu fit d’Aharon. Ensuite, la Paracha définit les vingt quatre offrandes faites au Cohen de manière éternelle et établissant ainsi leur prêtrise, après que celle-ci ait été contestée par Kora’h.

Il en fut de même pour la libération du 12 et 13 Tamouz. L’emprisonnement fut une contestation et la libération apporta la certitude que son œuvre de diffusion de la Torah et de la foi avait scellé “une alliance de paix”, beaucoup plus solide que ce qui avait pu être fait auparavant. Tout ceci se révéla à l’évidence, lors de son arrivée en cet hémisphère inférieur et se marqua plus particulièrement par Ahavat Israël et l’unité du peuple juif.

C’est dans ce domaine qu’intervient le rôle du Cohen, homme de bonté, ainsi qu’il est dit “sois un disciple d’Aharon, aime la paix et recherche la paix, aime les créatures et rapproche-les de la Torah”. Plus précisément, la remise en cause de la prêtrise d’Aharon par Kora’h avait surtout pour but de contester l’influence exercée par Aharon sur les Juifs. En effet, la Hassidout explique que par l’intermédiaire des sept lumières du Chandelier, Aharon pouvait élever tous les Juifs vers son niveau. Kora’h s’exclama: “Pourquoi vous élevez-vous au dessus de l’assemblée de D.ieu?”. Ainsi, les Cohanim sont élevés au-dessus des contingences du monde et cette même élévation se retrouve chez tous les Juifs qui, au même titre que les Cohanim, peuvent s’élever au-dessus de la matière.

Bien plus, ils peuvent transformer les objets matériels en réceptacle de la Divinité. Telle est même la mission qui leur est confiée, réaliser pour D.ieu une demeure ici-bas. Kora’h se demanda donc pour quelles raisons les Cohanim devaient s’élever au-dessus de tous les autres Juifs.

Il commit cependant une erreur. Certes, une différence existe entre le Cohen Gadol et les autres Juifs, mais celui-ci doit exercer son influence sur eux. Lorsqu’il parvient à la perfection de cette manière d’agir, l’élévation de celui qui reçoit est établie et celle-ci se révélera, de façon parfaite, dans le monde futur.

De plus, la Torah explique que “le bâton d’Aharon fleurit”. Chaque chef de tribu apporta un bâton et Aharon déposa également le sien, afin que soit établie sa prêtrise. Mais, le verset précise que “le bâton d’Aharon était à l’intérieur de leurs bâtons”. Ainsi, tous les Juifs, pouvaient avoir conscience de la qualité d’Aharon car il était “à l’intérieur de leurs bâtons”, lié à eux. C’est ainsi que peut se réaliser “Je résiderai parmi vous”, à l’intérieur de chacun.

On peut ainsi comprendre la suite de ces versets. Lorsque les Juifs virent que le bâton d’Aharon avait fleuri, chacun prit son propre bâton et l’emporta. En apparence, de quelle utilité leur était-il? En fait, après l’action du bâton d’Aharon dans tous les autres bâtons, chaque tribu pouvait recevoir de lui, en fonction de la mission spécifique qui lui était confiée. C’est la raison pour laquelle chaque chef de tribu reprit son propre bâton.

10. Il découle de tout ceci un enseignement pour chacun. La mission à réaliser dans l’hémisphère inférieur fut une dimension nouvelle introduite par le Rabbi, dont nous célébrons la libération, par rapport aux maîtres qui le précédèrent. Il la confia cependant à tous les Juifs de la génération. Etant son chef, il en est le plus élevé et se trouve donc “à l’intérieur de leurs bâtons”, à l’intérieur de chacun, de sorte que tout Juif puisse emporter chez lui son bâton et se consacrer à la mission spécifique qui lui est confiée.

Chacun, en cette génération, reçoit la force du chef, mon beau-père, le Rabbi, pour diffuser le Judaïsme et la Hassidout à l’extérieur, de la façon la plus forte et la plus large. Il en est ainsi jusque dans l’hémisphère inférieur et bien plus, celui-ci influence le monde entier y compris l’hémisphère supérieur.

11. Il est de coutume de lier toute idée à l’action concrète. En l’occurrence, nous sommes dans la quarantième année après 5710, la cinquantième après 5700, lorsque mon beau-père, le Rabbi, arriva en cet hémisphère inférieur. Il est donc judicieux de lier cette célébration à une action. Bien plus, celle-ci soulignera l’aspect nouveau que le Rabbi introduisit dans cet hémisphère inférieur.

Le service de D.ieu d’un Juif comprend deux catégories. Certains domaines sont particulièrement élevés et comparables à l’hémisphère supérieur. Il s’agit de l’étude de la Torah et de la pratique des Mitsvot. D’autres domaines sont plus bas et comparables à l’hémisphère inférieur. C’est l’action basée sur les principes “toutes tes actions seront pour le nom de D.ieu” et “en toutes tes voies reconnais-Le”.

Les besoins de l’homme s’inscrivent dans trois catégories, nourriture, habillement et maison. Or, cette dernière est la plus fixe qui se trouve dans l’existence de l’homme, tout comme le Rabbi précédent vint s’installer dans l’hémisphère inférieur. La finalité d’une maison doit être le service de D.ieu. Elle doit devenir un Sanctuaire et une résidence pour Lui, de sorte qu’Il puisse dire “Je résiderai parmi eux”.

C’est l’une des raisons pour laquelle cette année a été désignée comme celle de la construction. Il convient donc de bâtir des édifices nouveaux, en tout endroit, maisons de Torah, de prière et de Tsédaka. On bâtira également des maisons particulières, constructions nouvelles ou ajout d’une nouvelle pièce. Tout au moins, on fixera qu’une partie de la maison soit consacrée à la Torah et aux Mitsvot. Chacun peut le faire, homme, femme ou enfant, en y plaçant un Houmach, un livre de prières ou une boîte de Tsédaka. Grâce à cela, la chambre deviendra un lieu de Torah, de prière et de Tsédaka.

Une proposition est donc faite, liée à ce mois de la délivrance, pendant lequel le Rabbi, dont nous célébrons la délivrance, arriva en cet hémisphère inférieur et y fixa son lieu de résidence. Chacun, homme, femme ou enfant, ajoutera encore plus aux domaines précédemment décrits, durant l’année de la construction, qui sera marquée par l’une des façons précédemment décrites.

Le chef de notre génération, dont le bâton figure à l’intérieur de tous les autres bâtons, participera à cela par une somme de cent dollars. (On connaît en effet l’élévation des cent bénédictions quotidiennes qui représentent la totalité des bénédictions possibles.) Dans d’autres pays, on donnera la contre-valeur de cette somme. Cette contribution sera accordée à tous ceux qui feront savoir qu’ils construisent des édifices et des institutions de Torah et d’éducation ou même des maisons particulières, y compris s’il s’agit uniquement d’y rajouter une pièce, à condition que cette nouvelle maison, cette nouvelle pièce, soient, de façon évidente, un lieu de Torah, de prière et de Tsédaka.

Pour le bon ordre, on fera savoir cela par lettre séparée, sans mentionner d’autres points, même les plus positifs. On notera sur l’enveloppe le mot «Binyan», construction, ou bien la lettre «Beth» qui est son initiale, de sorte que l’on puisse déterminer de quoi il s’agit.

En outre, une partie de cette somme sera consacrée à la Tsédaka et le reste sera une participation à la construction.

Il sera bon de diffuser tout cela.

12. Puisse D.ieu faire que cet ajout à nos actions et à nos réalisations complète tous ceux qu’ont réalisés nos maîtres pendant les précédentes générations, dans l’hémisphère supérieur. Ceci s’ajoutera aussi à ce qu’a réalisé mon beau-père, le Rabbi, chef de notre génération, dans cet hémisphère inférieur. Alors, de façon immédiate, ce sera concrètement la délivrance, en ce quatrième mois de l’année 5749, à l’extérieur d’Erets Israël et dans l’hémisphère inférieur.

Grâce à l’élévation de ce quatrième mois et à ce qui a été réalisé dans cet hémisphère, on peut percevoir à quel point sera intense la perfection de la délivrance véritable et complète.

Ainsi, la Paracha de Kora’h est “bien expliquée par le Midrach de Rabbi Tan’houma” et l’on voit là la qualité de Kora’h qui s’employa à décrire la grandeur de celui qui reçoit. Ceci s’ajoute au sens simple de ces versets, décrivant ce monde-ci et l’action concrète qui y est réalisée. Or, d’après la Torah, l’acte est essentiel et il faut donc construire, encore une synagogue, une maison d’étude, une Yechiva, un Talmud Torah.

Bien plus, après les grandes réalisations de l’exil, l’action se poursuit en cet hémisphère inférieur, afin de proclamer l’importance de celui qui reçoit, la perfection véritable n’étant pas encore atteinte.

Certes, de nombreux points préfigurent déjà la délivrance. C’est le cas de la Tsédaka, qui fait revivre l’âme du pauvre, de la prière et de nombreuses pratiques de la Torah et des Mitsvot. (En effet, chaque âme juive peut quitter l’exil et l’emprisonnement, de façon passagère, au moment de la prière) Nos Sages disent qu’ “un moment de Techouva et de bonnes actions dans ce monde vaut mieux que tout le monde futur”. C’est ainsi que l’on dévoilera l’Essence de D.ieu, le plaisir du Créateur, surtout en diffusant les sources de la Hassidout à l’extérieur, en cet hémisphère inférieur.

Un Juif rétorquera que cette belle explication n’est, somme toute, qu’un Midrach, que la libération qui en découle est uniquement spirituelle. Or, nous attendons chaque jour la délivrance, au sens le plus concret, ici-bas, dans ce monde de l’action.

(En effet, le plaisir de la créature ne sera effectif que dans le monde futur, lorsque l’Essence de D.ieu se révélera ici-bas.)

Un Juif criera donc “Ad Mataï”, jusqu’à quand durera l’exil? Son cri sera sincère et, par nature, le Père sera enclin à accéder à sa requête.

On connaît l’histoire d’un Grand de notre peuple qui affirma que, lorsqu’il retournerait là-haut, après cent vingt ans, il exigerait de D.ieu que la délivrance soit immédiate. Et il était capable de le faire. Mais après qu’il ait quitté ce monde, la délivrance ne vint pas. Un autre Grand du peuple juif en conclut que le premier avait reçu une élévation considérable au point d’oublier sa promesse.

Le Machia’h n’est pas encore venu et D.ieu a sans doute trouvé une réponse pour le second également.

La solution pourrait donc être la suivante. Il faut faire un vœu public. La Hala’ha précise que, dans un tel cas, on ne peut être délié de sa promesse sans consulter l’ensemble du public. Ainsi, même si quelques personnes se laissent convaincre, cela ne sera d’aucun effet, car la Loi, tranchée par la Torah de D.ieu, fixe qu’un vœu public conserve toujours sa valeur.

La conclusion de tout ce qui vient d’être dit est la suivante. De façon tout à fait immédiate, viendra la délivrance véritable et complète, par notre juste Machia’h. Tous les enfants d’Israël, avec leurs maisons, édifices de Torah, de prière et de Tsédaka, rentreront alors en Terre Sainte, à Jérusalem, ville sainte, dans le troisième Temple et dans le Saint des Saints. Là-bas, se révélera le bâton d’Aharon, qui y est conservé. En effet, “le Juste fleurira, en son époque” et, pendant la période du Machia’h, la prêtrise sera définitivement installée. Alors, à nouveau, le bâton d’Aharon refleurira. Dès lors, Moché et Aharon seront présents.

Extrait des commentaires de la veille du mardi
de la Parchat Tetsavé, 9 Adar 5750

1. Le 9 Adar est la date à laquelle le centre de la Hassidout ‘Habad fut transféré en cet hémisphère inférieur. C’est alors que mon beau-père, le Rabbi, chef de notre génération, vint s’y installer de façon définitive, comme cela a été maintes fois exposé. Dix ans plus tôt, il avait fait une visite dans ce pays, qui prépara son installation fixe et la conduisit à la perfection. Ceci peut être comparé au verset “et il envoya Yéhouda devant lui à Gochen”.

Bien plus, le 9 Adar est, cette année, encore plus important, puisque cinquante ans se sont écoulés depuis l’arrivée aux Etats Unis de mon beau-père, le Rabbi, (9 Adar 5700 – 9 Adar 5750).

Par ailleurs, l’élévation de cette année, dans son ensemble, s’exprime également en cette date du 9 Adar, comme nous le montrerons.

2. L’explication de tout cela est la suivante. Un proverbe bien connu dit que le don de la Torah n’eut pas lieu, de façon évidente, dans l’hémisphère inférieur. On peut donc mesurer l’importance de l’événement qui conduisit mon beau-père, le Rabbi, aux Etats Unis. C’est ici, en cet hémisphère inférieur, que fut implanté le centre de la Hassidout ‘Habad, partie profonde, âme de la Torah.

Cette partie profonde de la Torah est particulièrement liée à la Révélation du Sinaï.
Il a été maintes fois expliqué que, lors du don de la Torah, c’est essentiellement sa partie profonde qui fut donnée. Ainsi, dit le Midrach, les Juifs eurent alors la vision du Char céleste et les deux premiers Commandements furent “Je suis l’Eternel ton D.ieu” et “tu n’auras pas d’autres dieux que Moi”. Il s’agit bien là de la perception de D.ieu, qui fait précisément l’objet de cette partie profonde de la Torah.

De plus, le premier Commandement fut: “Je suis l’Eternel ton D.ieu, qui t’ai fait sortir du pays de l’Egypte”.
“Je suis l’Eternel ton D.ieu” correspond à trois niveaux du Divin, “Je”, “l’Eternel” et “ton D.ieu”.

“Qui t’ai fait sortir du pays de l’Egypte” fait allusion au dévoilement le plus haut, celui de Kéter, la couronne qui surplombe l’enchaînement des mondes et même de l’Essence de D.ieu.

La sortie d’Egypte fut possible précisément parce que l’Essence de D.ieu se dévoila dans le monde et, selon les termes de nos Sages, “le Roi, Roi des rois, le Saint béni soit-Il, se dévoila à eux, dans toute Son Essence, et les libéra”. Le Rabbi Rachab explique que l’expression utilisée par ce verset désigne l’Essence de D.ieu telle qu’Elle se révéla ici-bas, jusque dans le pays de l’Egypte, au sein de la nation la plus corrompue. Bien plus, cette Révélation fut perceptible “jusqu’au fin fond de la terre”. La capitale de l’Egypte était en effet “emplie d’idoles”. C’est la raison pour laquelle Moché, lorsqu’il désirait s’adresser à D.ieu, devait sortir de la ville. Or, c’est précisément là que “le Roi, Roi des rois, le Saint béni soit-Il, se dévoila à eux et les délivra”.

On comprend donc l’importance du transfert du centre de la Hassidout ‘Habad dans l’hémisphère inférieur.

C’est précisément là que la Torah ne fut pas donnée de façon évidente. Or, ce lieu devint un centre de révélation et de diffusion de sa partie profonde, but essentiel de la Révélation du Mont Sinaï.

3. En d’autres termes, le transfert, en ce pays, du centre de la Hassidout Habad, constitua une descente vers un lieu où la Torah n’avait pas été révélée à l’évidence. En revanche, un principe général établit que l’élévation obtenue est à la mesure de la descente qui la précède. Ainsi, c’est précisément en descendant jusque dans l’hémisphère inférieur que la Hassidout put parvenir à la plus haute perfection, celle qui la conduira à la délivrance véritable et complète. C’est alors que le don de la Torah parviendra à sa plénitude, ainsi qu’il est dit “une Torah nouvelle émanera de Moi”.

(La Méguilat Taanit dit qu’un jeûne est fixé le 9 Adar car, pour la première fois à cette date, une controverse opposa Beth Chamaï à Beth Hillel. Ceci est, en apparence, un événement malencontreux et c’est la raison pour laquelle nos Sages instituèrent un jeûne pour le commémorer. Néanmoins, c’est précisément cette descente qui développa considérablement la Torah. Car, disent nos Sages: “il m’a fait résider dans l’obscurité: il s’agit là du Talmud Babli”. En ce 9 Adar, fut révélée la mission essentielle de notre génération, l’intensification de la révélation et de la diffusion de cette partie profonde de la Torah jusque dans l’hémisphère inférieur.)

Cette élévation caractéristique de la délivrance véritable et complète est spécifiquement liée à la Hassidout ‘Habad, qui permet d’unifier la partie profonde et la partie révélée de la Torah de sorte qu’elles constituent “une Torah unique”. La Hassidout ‘Habad est la Ye’hida, partie la plus élevée de l’âme de la Torah, liée à la Ye’hida particulière de chaque Juif et à la Ye’hida collective de tout Israël, notre juste Machia’h. C’est lui qui révèlera parfaitement l’Unique du monde, dans tout l’univers. Ceci apparaîtra à l’évidence lors de la délivrance véritable et complète.

Ceci caractérise en particulier l’œuvre de mon beau-père, le Rabbi, chef de notre génération, dont le premier prénom était Yossef, du verset “D.ieu m’ajoute un autre fils”. Ainsi, il convient d’agir auprès de celui qui n’est qu’un “autre” et même de transformer le monde entier, de sorte que la Lumière divine l’illumine à l’évidence, jusque dans son hémisphère inférieur. Tout ceci apparaîtra à l’évidence lors de la délivrance véritable et complète, à laquelle fait également allusion son nom, Yossef, que l’on retrouve dans le verset “Ce jour-là, D.ieu étendra (Yossef) encore une fois Sa main”.

4. “Ces jours sont commémorés et revécus chaque année”.

Lorsque survient le 9 Adar, l’événement se déroule à nouveau et la partie profonde de la Torah s’introduit jusque dans l’hémisphère inférieur. Bien plus, un aspect tout à fait nouveau s’ajoute à cette révélation.

En conséquence, il convient, chaque année, de ressentir, le 9 Adar, une élévation que l’on ne possédait pas, les années passées. Ainsi, le 9 Adar de cette année sera beaucoup plus élevé que celui de l’année dernière, bien qu’elle fut 5749, “Tu retireras Ta main” et même que l’année d’avant, 5748, “tu te réjouiras et tu réjouiras les autres”.

Ceci correspond, en outre, à l’élévation spécifique de cette année 5750. Selon l’explication qui se répand de plus en plus, les initiales constituant son chiffre, forment la phrase “ce sera une année de miracles”. On obtiendra, en particulier, le miracle de la délivrance véritable et complète, d’autant que son premier jour fut un Chabbat, lié au “jour qui sera entièrement Chabbat et repos pour l’éternité”.

(Ainsi, tous les domaines de la Torah seront renforcés. En effet, les coutumes adoptées par l’ensemble du peuple juif reçoivent la force d’un Commandement positif et d’un Interdit de la Torah.)

Une autre qualité de cette année est le fait que le 9 Adar est un mardi, lorsque deux fois fut dit le mot «bon», lors de la création, comme l’explique la Loi Ecrite, “bon pour les cieux et bon pour les créatures”. Ce double aspect positif est directement lié à la délivrance véritable et complète, qui sera également “double pour la sagesse”.

5. Autre point, essentiel également, cinquante ans sont désormais écoulés depuis le dévoilement de la partie profonde de la Torah en cet hémisphère inférieur.

Un tel laps de temps constitue une période que la Torah appelle “éternité” et “monde entier”. On y retrouve donc tout le monde, tous les mondes en général, toutes les formes du service de D.ieu, avec le caractère immuable qui peut être le leur.

Il en va de même pour notre propos. Ces cinquante ans étant passés, l’œuvre de dévoilement de la partie profonde de la Torah, jusque dans l’hémisphère inférieur, est désormais réalisée et celle-ci s’y trouve de façon fixe et immuable. Il en sera de même pour la délivrance, également qualifiée d’éternelle. Elle ne sera suivie d’aucun exil et sera offerte au peuple éternel, qui dévoilera la perfection de la Torah éternelle, partie révélée et partie profonde, ne formant qu’une Torah unique, grâce au dévoilement de la Ye’hida exprimée dans cette Torah, comme nous l’avons montré.

6. L’importance de la révélation de cette partie profonde de la Torah en cet hémisphère inférieur, de façon fixe et immuable, peut être perçue également en cette date, le 9 Adar. Il convient, tout d’abord, d’expliquer l’élévation de ce mois en général. (Lorsque l’année n’a que douze mois, comme c’est le cas cette fois-ci, la perfection d’Adar apparaît encore plus clairement. En effet, on réalise alors en un seul mois ce qui est fait en deux mois, lorsque l’année en a treize. L’élévation qui en résulte est qualitative et quantitative à la fois, chaque jour s’emplissant de son contenu spécifique. Dès lors, D.ieu accorde des forces accrues de Sa main pleine, ouverte, sainte et large.)

L’aspect essentiel d’Adar est la fête de Pourim. C’est alors qu’ “ils acceptèrent de façon délibérée ce qu’ils avaient auparavant reçu”. Le don de la Torah fut confirmé et il reçut les caractères de fixité et d’éternité. (Du reste, le Yerouchalmi indique que l’on peut lire la Méguila pendant tout le mois d’Adar, lorsque la lecture ne peut être faite à la date normale. En effet, souligne la Guemara, ce mois, dans son ensemble, fut transformé.)
Bien plus, la fixité et l’éternité sont précisément les caractéristiques de Pourim, plus que tout autre fête, ainsi qu’il est dit “ces jours de Pourim ne disparaîtront pas parmi les Juifs et leur souvenir ne s’effacera pas de leur descendance”.

La même idée apparaît dans le nom de ce mois, Adar. La Guemara dit, en effet, que “celui qui désire conforter l’assise de ses biens y introduira Adar, ainsi qu’il est dit “D.ieu est puissant (Adir) dans les cieux”. Ainsi, Adar est synonyme de puissance et ceci explique le nom de ce mois. (Nos Sages expliquent par ailleurs que D.ieu Lui-même est appelé Adir, Puissant, et offre cette même qualité aux enfants d’Israël appelés Adirim, les puissants.

Cette puissance se reflète en particulier dans la Torah. La mission confiée à Israël est de révéler cette Torah “jusqu’au fin fond de la terre”, dans cet hémisphère inférieur. Pour y parvenir, une force particulière est nécessaire, qui peut être tirée du don de soi. A l’intérieur même de la Torah, c’est dans sa partie profonde que cette puissance apparaît encore plus clairement.)

Il en va de même pour la joie caractéristique du mois d’Adar, ainsi qu’il est dit “dès que commence Adar, on multiplie sa joie”.

La joie de Pourim est encore plus grande que celle des autres fêtes qui sont pourtant “des festivités pour la joie”. C’est le cas des fêtes de Tichri, de Nissan, de Sivan. A chacune de ces occasions, le tribunal déléguait des gardes pour limiter la joie et vérifier qu’il n’en découle pas de conséquences malencontreuses. A Pourim, en revanche, la joie dépasse toutes les limites, “jusqu’à ne plus savoir”.

Il en va de même pour la joie de ce mois d’Adar, qui, de façon générale, s’élève au dessus de toutes les limites.
Ce qui vient d’être dit concerne donc, plus particulièrement, la joie du mois d’Adar. Celle-ci ne connaît pas la limite. De plus, elle introduit et prépare la joie de Pourim, lorsqu’il est particulièrement nécessaire de faire abstraction de toute limite. C’est ainsi que cette joie peut être la plus parfaite. Pour cela, elle doit quitter toute proportion, toute mesure. Elle peut ainsi devenir la joie de la délivrance véritable et complète, une délivrance éternelle. Dès lors, la joie sera elle-même éternelle.

7. A l’intérieur même de ce mois d’Adar, nous somme le neuvième jour du mois.

(La Méguilat Taanit indique que le 9 Adar était un jour de joie, après que les Juifs aient vu satisfaite leur demande de recevoir la pluie. Nos Sages indiquent, en outre, que la pluie fait allusion à la Torah. Il en résulte que c’est précisément le 9 Adar que fut exaucée la requête d’introduire la partie profonde de la Torah jusque dans l’hémisphère inférieur.)

Tout d’abord, Pourim commence depuis le début d’Adar car “dès que commence Adar, on intensifie sa joie”, “on peut lire la Méguila pendant tout le mois, ainsi qu’il est dit: le mois qui fut transformé pour eux… en joie”. A l’intérieur même d’Adar, tout ce qui concerne Pourim s’intensifie, de jour en en jour.

Bien plus, dès lors qu’est passé le premier Chabbat d’Adar, on y introduit également la joie, ainsi qu’il est dit “le jour de votre joie: c’est le Chabbat”. On retrouve ici l’idée du don de la Torah puisque c’est à Pourim que les Juifs acceptèrent, de manière délibérée, ce qui leur avait auparavant été imposé. Or, disent nos Sages, “tous s’accordent pour dire que la Torah fut donnée un Chabbat”. A tout ceci, s’ajoute une dimension de plus, le 9 Adar.

Cette date fait suite à la perfection des huit premiers jours du mois. (Celle-ci inclut également un Chabbat puisque, dans chaque période de sept jours, il y en a au moins un.) On connaît l’importance du chiffe huit, que l’on retrouve dans Hanouka. Cette fête, en effet, a huit jours et, de ce point de vue, dépasse Pessa’h et Soukkot qui n’en ont que sept et, bien évidemment, Chavouot qui ne dure qu’un seul jour. Par ailleurs, le chiffre huit est lié à la délivrance véritable et complète, car on aura alors la harpe à huit cordes. Ainsi, le neuvième jour du mois introduit une élévation encore plus considérable et il prépare la perfection du chiffre dix, la harpe à dix cordes, ainsi qu’il est dit “le dixième sera sacré”. (Du reste, Hanouka et Pourim sont liés, étant deux fêtes introduites par nos Sages. Plusieurs Lois s’appliquent indistinctement à ces deux fêtes. Le Rambam les présente dans un même chapitre de son livre. Pour toutes deux, il s’agit d’élever la matière la plus inférieure et de transformer l’obscurité en lumière.)

En conséquence, il apparaît clairement que le 9 Adar est un temps propice pour dévoiler la partie profonde de la Torah jusque dans l’hémisphère inférieur. Bien plus, celle-ci s’y trouvera de façon fixe et éternelle, d’autant que cinquante ans sont désormais écoulés. En effet, la totalité de ce mois est liée à Pourim et y introduit, en outre, la force du don de la Torah. De plus, le neuvième jour d’Adar est lui-même lié à la délivrance future, lorsque la Torah sera donnée dans toute sa perfection.

8. Un autre point peut être ajouté, qui décrit l’importance du 9 Adar, cette année.

Cela fait cinquante ans que mon beau-père, le Rabbi, chef de notre génération, introduisit un fait nouveau en venant s’installer dans l’hémisphère inférieur. Or, cette date survient à proximité de la quarantième année après sa Hilloula, qui eut lieu ce 10 Chevat, dixième jour du onzième mois. A partir de cette date, “un homme parvient à la compréhension de son maître”.

Ce qui vient d’être dit apporte une preuve de plus de l’élévation de ce 9 Adar, qui fait suite à la perfection du 10 Chevat. La sienne propre s’en trouve donc, bien évidemment, accrue.

9. Ce qui vient d’être dit peut être lié à la Paracha de la semaine, Tetsavé.

Au début de celle-ci, il est dit: “et toi, tu ordonneras aux enfants d’Israël et ils prendront pour toi de l’huile d’olive pure, d’allumer la flamme perpétuelle… du soir au matin… Précepte éternel pour toutes vos générations”.

Ceci peut être appliqué au service de D.ieu. On connaît l’explication de mon beau-père, le Rabbi, chef de notre génération, selon laquelle “et toi” fait allusion à l’essence de Moché, directement liée à l’Essence de D.ieu. Par son intermédiaire, celle-ci peut s’unifier à chaque Juif.

Le verset parle ensuite d’“allumer la flamme éternelle… du soir au matin”. On retrouve ici deux phases opposées du service de D.ieu. La lumière éternelle fait allusion au dévoilement qui ne connaît pas de modification. En revanche, “du soir au matin” introduit la possibilité du changement. Lorsque ces deux aspects se rejoignent, une force émanant de l’Essence divine doit se révéler pour les unir. Dès lors, le niveau ainsi obtenu transcende la distinction pouvant être faite entre ce qui est élevé et ce qui est bas et l’élévation la plus considérable devient accessible, ici-bas, dans le monde.

Tout ceci peut être obtenu en étudiant la Torah, directement liée à Moché notre maître, “dont elle porte le nom”. Etant la Parole du D.ieu véritable, elle permet de mettre en évidence Son Unité ici-bas.

Ce verset se conclut par un “Précepte éternel pour toutes vos générations”, qui doit donc être gravé à l’intérieur de chacun. En effet, la Hassidout explique la qualité des lettres gravées, qui deviennent partie intégrante de la pierre. Dès lors, elles sont fixes et éternelles, “un Précepte éternel pour toutes vos générations”. (Le passage du Houmach étudié ce jour se conclut précisément par “Précepte éternel pour lui et pour sa descendance après lui”.)

Ce qui vient d’être dit est directement lié au 9 Adar. C’est à cette date que la partie profonde de la Torah se révéla jusque dans l’hémisphère inférieur, de façon fixe et éternelle. Ceci peut être comparé à l’œuvre que Moché réalisa (et qui trouve son équivalent chez le Moché de chaque génération, y compris mon beau-père, le Rabbi, pour la nôtre). Grâce à la Torah et en particulier à sa partie profonde, il est possible d’obtenir, ici-bas, un dévoilement perpétuel, de façon fixe et éternelle.

10. L’acte est essentiel.

Il convient donc d’utiliser ces jours propices et ceux qui les suivront, en particulier le Chabbat, puis Pourim. En effet, la Hassidout est désormais installée, depuis cinquante ans, dans l’hémisphère inférieur. Il est donc possible de diffuser la Torah en général et la Hassidout en particulier, avec encore plus de force, en chaque endroit et dans le monde entier.

Pour commencer, on organisera des réunions hassidiques en tout endroit, à l’occasion du 9 Adar. On le fera avant tout dans la “capitale” de mon beau-père, le Rabbi, chef de notre génération, ici, à Brooklyn. C’est là qu’il élut domicile, pendant les dix dernières années qu’il vécut dans ce monde. (Celles-ci furent la conclusion de son œuvre. Or, “tout va d’après la conclusion”.)

En effet, “la Sainteté ne quitte pas sa place”. Bien plus, elle s’intensifie, d’année en année. Combien plus en est-il ainsi lorsqu’elle est déjà fixée en cet endroit depuis cinquante ans. (Ceci s’ajoute à l’élévation conférée par la quarantième année de sa Hilloula. A partir de ce moment, en effet, il est possible “d’accéder à la compréhension du maître”.)

11. Puisse D.ieu faire que ces paroles et la prise de bonnes décisions dans ces domaines hâtent encore plus la rétribution véritable, qui sera la délivrance véritable et complète, par notre juste Machia’h. Alors, D.ieu ne nous retiendra pas même le temps d’un clin d’œil en exil et, de façon tout à fait immédiate, au début de ces vingt quatre heures du 9 Adar, nous accéderons à la délivrance. Bien plus, nous venons de prier Arvit, prière qui se conclut par “Ainsi, les Justes loueront Ton Nom. Les Droits percevront Ta Face”.

Puisse-t-il donc en être ainsi pour nous, de façon tout à fait immédiate. Avant même le Chema Israël du coucher, avant même de poursuivre cette réunion, nous assisterons à la réalisation de la promesse selon laquelle “les Droits percevront Ta Face”, dans le troisième Temple. Là-bas, “on verra le Cohen, à Tsion” (selon les termes de la bénédiction qui s’est répandue, parmi les enfants d’Israël). Aharon, le Cohen, sera présent et allumera “la flamme éternelle… du soir au matin… Précepte éternel pour toutes vos générations”.

Grâce, en particulier à l’ajout à la Mitsva de la Tsédaka, puisqu’il est de coutume en pareille occasion de conclure en confiant à chacun une mission de Tsédaka, nous hâterons la libération et ce sera la délivrance véritable et complète, par notre juste Machia’h, pour tous les enfants d’Israël de toutes les générations. En effet, “ils se réveilleront et se réjouiront ceux qui reposent sous terre” et mon beau-père, le Rabbi, chef de notre génération, sera à leur tête.

Autre point, qui est essentiel, tout ceci sera absolument immédiat.