Dans le Dvar Mal’hout (‘Toldot’), le Rabbi approfondit le concept selon lequel le peuple d’Israël est comparé à la lune. Cette comparaison s’exprime avec d’autant plus de force lorsque nous entrons dans le mois de Kislev.

Le soir de Roch Hodèch la lune apparaît dans le ciel nocturne sous la forme d’un simple point lumineux. C’est la raison pour laquelle on emploie l’expression ‘Roch ‘Hodèch’. Le mot ‘Roch’ désigne la ‘tête’, laquelle représente le simple point de la lune qui apparaît dans le ciel, et le mot ‘Hodèch’ s’apparente au mot ‘Hidouch’ (‘nouveauté’), lequel désigne la naissance, la nouvelle apparition de la lune, le soir de Roch Hodèch.

Aussi, ce simple point lumineux qui apparaît le soir de Roch Hodèch va chaque jour en grandissant, et le quinzième jour du mois c’est la pleine lune, toute la face de la lune reflète alors la lumière du soleil.

Le Rabbi explique que des deux images de la lune, l’image du point lumineux naissant dans le ciel (le soir de Roch Hodèch), et l’image de la lune qui brille de toute sa face (le quinzième jour du mois), c’est l’image du point qui représente le plus la Délivrance.

En effet, la naissance de la lune correspond au réveil (naissance) d’un Juif. Lorsqu’un juif ouvre les yeux c’est l’essence de son âme qui s’éveille.

Comme Il a été dit précédemment, le mot ‘Roch’ désigne la ‘tête’, laquelle représente le simple point de la lune qui apparaît dans le ciel.

De la même façon, l’essence de l’âme juive, qui apparaît au réveil, est elle-même ‘la tête de l’âme’, car elle est la partie la plus élevée de l’âme juive, du fait qu’elle est enracinée dans l’Essence divine. L’essence de l’âme juive est ‘la tête’ qui garde et nourrit tous les niveaux de l’âme.

C’est à celà que se rapporte le verset de la prière du matin (‘Elokaï néchamah’): ‘Et Tu la gardes en moi’. ‘Tu’ représente l’essence de l’âme, laquelle fait un avec D.ieu, et ‘Tu la gardes en moi’ signifie donc que l’essence de l’âme, qui ne s’habille pas dans le corps, garde la partie de l’âme qui s’habille dans le corps (voir le discours du Rabbi ‘Vayéchèv Yaakov’).

A la lumière de ce qu’il vient d’être dit, nous comprenons à présent que le simple point lumineux de la lune qui va en grandissant jour après jour, représente la lumière de l’essence de l’âme qui se révèle après qu’un Juif ait ouvert les yeux, pour se répandre ensuite dans les forces de son âme, illuminant ainsi son service divin tout au long de la journée, à l’image du point lumineux de la lune qui va en grandissant jour après jour.

Le premier dévoilement de la lumière de l’essence de l’âme survient quand un Juif prononce le ‘Modé ani’. La lumière infinie de D.ieu s’habille alors dans les lettres du   ‘Modé ani’ pour exprimer notre soumission et notre reconnaissance vis-à-vis de l’Eternel de nous avoir fait Juifs.

Peut-être est-il possible d’écrire que cet enseignement du Rabbi est lié au verset (Balak, 24, 17) : ‘Une étoile jaillit de Yaakov et un sceptre se lève d’Israël’ (‘Un roi qui domine et qui gouverne’, Rachi).

De fait, la lumière de la nouvelle lune, le soir de Roch Hodèch, et la lumière de l’essence de l’âme, jaillissent toutes les deux comme une étoile dans l’obscurité. C’est d’ailleurs le point le plus important de ce discours du Rabbi.

Le Rabbi établit en effet ici, avec une grande précision, la différence qui existe entre l’essence de l’âme et le niveau de Yé’hida. Yé’hida n’est pas l’essence de l’âme. Dans l’enchaînement des mondes, Yé’hida représente la Séfira de Kéter, laquelle désigne le plaisir et la volonté. A l’opposé, l’essence de l’âme représente l’essence divine, laquelle s’élève bien au-delà de toutes les qualités de l’âme, de toute ses particularités.

Peut-être qu’ici aussi nous pouvons expliquer la différence établie par le Rabbi, au moyen d’un exemple matériel.

Le cycle de la lune, tout au long du mois, laisse apparaître à nos yeux le passage d’un simple point lumineux qui grandit chaque jour jusqu’à ce que la lune devienne pleine dans le ciel, et diminue ensuite peu à peu, jusqu’à disparaître, et réapparaître à nouveau sous la forme d’un point…

Or, ce passage du néant à l’existence, c’est à dire du moment où la lune est invisible dans le ciel, jusqu’au moment où elle réapparaît le jour de Roch Hodèch, est comparable à celui d’une graine plantée dans la terre qui finit par donner des fruits.

En effet, la graine, plantée dans la poussière de la terre, est tout d’abord entière (à l’exemple de la pleine lune dans le ciel) puis elle se putréfie (tout comme la lumière de la lune qui diminue peu à peu pour finir par disparaître) et après s’être putréfiée, donne naissance au fruit qui jaillit de la terre, comme la nouvelle lumière de la lune qui réapparait dans le ciel le jour de Roch Hodech.

Cet exemple s’applique aussi à l’essence de l’âme car la poussière de la terre dans laquelle est plantée la graine évoque la soumission la plus totale d’un juif vis à vis de D.ieu.

Plus précisément, c’est par notre soumission aux enseignements du Rabbi, que nous parviendrons à dévoiler l’essence de notre âme, car le Rabbi n’est autre que celui qui détient le pouvoir de la dévoiler.

Aussi le Rabbi nous enseigne que l’apparition de la nouvelle lune le jour de Roch Hodèch correspond à l’apparition et la révélation de la lumière de l’essence divine, dans toutes les forces de l’âme d’un Juif, dans tous les vêtements de son âme, la pensée la parole et l’action, dans le corps de ce Juif, et enfin dans ce monde matériel.

Cette nouvelle lumière est celle de la Délivrance, ainsi qu’il est dit : ‘Une Torah nouvelle sortira de Moi’.