Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Tsav, le Rabbi déclare que le contenu profond du mois de Nissan est celui de la Délivrance. Ce mois est le mois de la fête de Pessa’h ‘le temps de notre liberté’ et cela s’exprime plus particulièrement pendant le Chabbat avant Pessa’h, Chabbat Ha Gadol.
L’Admour Hazaken rapporte dans son Choul’hane Aroukh le miracle qui fut à l’origine de ce nom : le Grand Chabbat.

Les Egyptiens qui furent avertis par les Juifs que l’Eternel s’apprêtait à frapper l’Egypte de la plaie des premiers-nés allèrent se plaindre à Pharaon de son refus de laisser partir les enfants d’Israël. Pharaon demeura insensible à cette plainte et les premiers-nés d’Egypte entreprirent une guerre contre son armée. Parmi les nombreux égyptiens qui furent tués, il y avait ceux qui commirent des atrocités aux enfants d’Israël. Le Rabbi explique que la raison pour laquelle cette guerre fut appelée grand miracle et aussi le début des miracles de la Délivrance est qu’elle résulte d’un très haut dévoilement divin qui est lui-même allusionné par la lettre Kouf du mot Tsaddik.

Le pied de la lettre Kouf descend très bas et évoque donc de ce fait la force de l’Essence divine qui, Elle seule, a le pouvoir de descendre ici-bas pour transformer l’obscurité de l’exil en un réceptacle capable de recevoir les lumières les plus élevées. Plus encore, au sujet de la lettre Tsaddik, le Rabbi rapporte le Téhilim 90 (’90’ comme la valeur numérique de la lettre Tsaddik), dans lequel il est dit (90, 17) : ‘Que le plaisir de mon Maître notre D.ieu soit avec nous, établis pour nous l’action de nos mains, et que l’accomplissement de nos mains soit établi’.

Selon le Midrach, les versets de ce Téhilim furent rédigés par Moché et le Roi David les intégra dans son livre. Après avoir édifié le Michkan (le Temple portatif), Moché pria afin que l’Eternel S’y révèle. Rachi explique que Moché dit deux fois ‘établis l’action de nos mains’ :
Une fois pour implorer D.ieu de Se révéler dans le Michkan, et une fois pour révéler Sa grande Lumière infinie dans les actes du Peuple d’Israël.
Le Rabbi souligne que l’action de Moché détient le pouvoir d’attirer la lumière d’Or-Sovev (la lumière qui entoure les mondes) afin que celle-ci Se dévoile et réside dans le Michkan.
C’est aussi l’action de Moché qui permet à la lumière d’Or-Sovev de se révéler dans le monde et dans les actions des enfants d’Israël.

De fait, Moché est l’intermédiaire qui unit les enfants d’Israël avec le Saint béni soit-il. D’un côté, il est celui qui reçoit les plus hauts Dévoilements divins et d’un autre côté il est celui qui transmet ces Dévoilements aux enfants d’Israël.

Il est essentiel de comprendre que tous les bienfaits matériels et spirituels nous parviennent de D.ieu par l’intermédiaire de Moché. Aussi, en ces derniers moments de l’exil, nous devons réaliser que la réussite de toutes nos actions dépend de la valeur que nous donnons à notre attachement au Moché de notre génération, le Rabbi.

Le 11 Nissan, l’anniversaire du Rabbi’ :
‘Quand il naquit toute la maison s’est emplit de lumière (Sotah, 12a)’

Le jour d’un anniversaire est un jour de joie, car il rappelle le jour de la naissance, lorsqu’ une nouvelle âme naît dans ce monde, et qu’alors peut commencer le début du service divin.
De fait, chaque juif, le jour de son anniversaire, se doit de méditer à la promesse qu’il fit à l’Eternel avant de descendre dans ce monde, ‘Sois un Juste et ne sois pas un méchant, et même si tout le monde te dit que tu es un Juste, tu seras à tes yeux comme un méchant’.
La ‘Hassidout souligne qu’au moment de cette promesse, l’Eternel rassasie l’âme des forces dont elle aura besoin pour assumer sa mission, mais il est évident que l’homme doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour nourrir son âme tout au long de son existence.
Aussi, l’étude de la ‘Hassidout est indispensable à chaque juif pour mener la mission qui lui est confiée de faire de ce monde matériel une demeure spirituelle pour D.ieu, et l’aboutissement de cette mission n’est autre que la révélation du Machia’h.
Il apparaît à l’évidence que le jour de l’anniversaire d’un Juste est un jour particulièrement lumineux, car le monde et l’Assemblée d’Israël reposent sur ce Juste, et ‘le Juste est le fondement du monde’.
Rachi écrit au sujet de la naissance de Moché (Chemoth 2, 2) que ‘quand il naquit toute la maison s’emplit de lumière’ (Sotah, 12a).
La ‘maison’ qui ‘s’emplit de lumière’ ne désigne pas seulement la maison où Moché naquit, mais elle représente aussi la ‘maison d’Israël’, car Moché iIlumine tous les enfants d’Israël.
Il est lui-même la ‘tête’ et les enfants d’Israël sont les ‘pieds’ de Moché. Comme la tête dirige et illumine chaque membre du corps, à chaque génération il y a un Moché qui guide et illumine l’âme de chaque enfant d’Israël.
Aussi, le jour de la venue du Machia’h est une naissance, car en ce jour le monde entier s’emplira de lumière, ainsi qu’il est dit (Iguéreth HaKodech du Rabbi Yossef Itz’hak, tome 1, lettre 274) :
‘Sais-tu qui est le Machia’h ? C’est celui qui révèlera l’enseignement caché de la Torah dans toute sa profondeur, de sorte que tous en ressentent la clarté.’
Par ailleurs, l’Admour Haemtsaeï écrit au sujet du Machia’h (Droucheï ‘Hatouna, Tome 2, page 522) :
‘Il agira pour celui qui l’attend’, c’est-à-dire que le Machia’h révèlera le plaisir infini à ceux qui l’attendent, qui souhaitent sa venue, ainsi qu’il est dit : ‘S’il tarde, sois patient’. Cette attente doit s’emplir d’espoir en sa venue ainsi qu’il est écrit : ‘Voici, c’est notre D.ieu, nous avons placé notre espoir en Lui’ et ‘notre âme l’attend’. On évoque également ‘Ceux qui placent leur espoir en D.ieu’.

‘Machia’h agira pour celui qui l’attend’ ne signifie pas (seulement) que nous devons être patients. Bien au contraire, nous devons aussi être impatients. En effet, l’Admour Haemtsaeï définit ici l’attente comme un désir.
Certes, l’attente inclut en elle ‘l’espoir de sa venue’, mais ce qu’elle exprime par-dessus tout c’est le ‘désir de sa venue’, lequel est en fait l’expression du lien le plus profond de l’âme juive avec D.ieu, ‘Kécher atsmi’ : le niveau de Yé’hida.

A la lumière de ce qu’il vient d’être dit, le verset ‘Quand il naquit toute la maison s’emplit de lumière’ peut être expliqué de la manière suivante :
‘Quand il naquit’, la naissance de Moché, peut tout aussi bien faire allusion à la naissance du Rabbi, qui est lui-même l’équivalent de Moché dans notre génération (‘Hitpachtouta dé Moché’).
Le Rabbi représente l’Essence de l’âme d’Israël, car son âme est une âme collective, et il possède de ce fait la force de révéler l’Essence de l’âme de chaque Juif.
Or, du fait que l’âme est comparable à une maison (l’Eternel déclare en effet : ‘Faites-Moi un sanctuaire et Je résiderais parmi vous’ et la ‘Hassidout explique que le sanctuaire n’est autre que notre âme), nous pouvons expliquer que ‘Quand il naquit toute la maison s’emplit de lumière’ est une allusion à la lumière de l’essence de l’âme qui se révèle dans le corps.
‘La maison’ désigne en fait la partie de l’âme qui s’habille dans le corps, et ‘Quand il naquit’ est une allusion à la naissance du Rabbi, laquelle représente la révélation de l’Essence de l’âme de chaque Juif.

Dans son discours intitulé ‘Vé Ata Tétsavé’, le Rabbi explique que le niveau supérieur de la révélation de Yé’hida, l’essence de l’âme, est atteint lorsque la lumière de l’Essence divine s’unit véritablement aux forces de l’âme (l’intellect et les sentiments).
Dans ce cas, le caractère divin et immuable qui ne change pas, ainsi que dit l’Eternel : ‘Je n’ai pas changé’, s’unit aux forces limitées de l’âme qui s’habillent dans le corps (l’intellect, les émotions, la vie du corps).
L’homme parvient alors à la perception véritable du divin. L’infini divin s’unit aux forces limitées de son âme.
Telle est la mission du Rabbi. Il est celui qui permet l’union de l’infini avec le fini. Celui par l’intermédiaire de qui, l’âme d’un juif devient un feu perpétuel, car il unit l’essence de l’âme avec l’âme qui s’habille dans le corps.
C’est cela ‘la maison qui s’emplit de lumière’, lorsque la lumière de l’Essence divine éclaire l’âme et le corps d’un juif.

Ainsi, c’est peut-être au sujet de cette union que l’Admour Haemtsaeï déclare que ‘le Machia’h révèlera le plaisir infini à ceux qui l’attendent et souhaitent sa venue’ car le plaisir dont il est ici question n’est autre que celui de la révélation de l’Essence de l’âme, ‘l’infini divin’, dans le corps (‘la maison’). Dès-lors, il est aisé de réaliser l’importance de ce jour du 11 Nissan, lequel précède notre sortie de l’Egypte et de toutes les limites de ce monde matériel, le soir du Séder.
Ce jour contient la force de l’Essence divine, le ‘plaisir infini’, qui est sur le point de se dévoiler, avec l’aide de D.ieu, de manière véritable avec la venue de notre Juste Machia’h, lors de la délivrance finale, très bientôt et de nos jours.

‘L’importance d’enseigner aux peuples du monde les 7 Mitsvoth Bneï-Noa’h :
Le Rabbi nous rappelle que le nom ‘Moché’ vient du fait que Batia, la fille de Pharaon, ‘tira’ Moché de l’eau du fleuve lorsqu’elle vit ‘le panier au milieu des joncs’, ainsi qu’il est dit (Chemot, 2, 10) : ‘Elle appela son nom : Moché, et dit ‘Car de l’eau je l’ai tiré’.

Rachi explique que l’expression ‘je l’ai tiré’ signifie ‘l’action de faire sortir’.
Aussi, peut-être nous est-il permis d’expliquer que cette expression évoque la déclaration que fit le Machia’h au Baal Chem Tov : ‘Je viendrai lorsque tes sources se repandront à l’extérieur’.

La délivrance dépend de ‘l’action de faire sortir’ les sources du Baal Chem Tov à l’extérieur. Ainsi, à la lumière de cette explication, il apparait à l’évidence l’importance de la mission qui nous a été confiée par le Rabbi d’enseigner les ‘7 Mitsvoth-Bneï-Noa’h’ aux personnes qui ne sont pas de confession Juive. Le Rabbi souligne souvent le fait que les mondes et tout ce qu’ils contiennent attendent tous de connaitre l’élévation. La lumière d’Or-Ein-Sof, ‘la lumière qui n’a pas de fin’, comme son nom l’indique illuminera la Création tout entière, c’est-à-dire dans ses plus petits et ses moindres détails, car si ce n’est pas le cas alors il ne s’agira pas du dévoilement de la lumière infinie de D.ieu. Or, c’est précisément notre mission d’enseigner aux peuples du monde les 7 Mitsvoth Bneï-Noa’h, car c’est de cette manière que ceux-ci pourront connaître l’élévation en accomplissant la Volonté du Saint béni soit-Il.

Il est important de savoir que les peuples du monde attendent et espèrent de connaître cette élévation. Un exemple parmi tant d’autres exprime avec une force redoutable ce désir. Vincent Van-Gogh est un Artiste-Peintre mondialement connu. Il était par la force des choses un homme très solitaire qui peignit 800 Tableaux en seulement 10 ans. Il vécut grâce à l’aide de son frère Theo qui lui envoya régulièrement de l’argent pour qu’il puisse subvenir à ses besoins et qu’il puisse acheter le matériel nécessaire à la réalisation de son œuvre picturale. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que Van-Gogh parle en ces termes de son existence : ‘Quelqu’un aurait assisté pour un peu de temps seulement au cours gratuit de la grande université de la misère…’. Cependant Van-Gogh est très loin d’être une personne superficielle, préoccupée seulement par le fait d’assouvir des désirs uniquement matériels, comme on peut s’en rendre compte en lisant la suite de ce même propos : ‘…Et aurait fait attention aux choses qu’il voit de ses yeux, et qu’il entend de ses oreilles, et aurait réfléchi là-dessus, […] en apprendrait peut-être plus long qu’il ne saurait dire. Cherchez à comprendre le dernier mot de ce que disent dans leurs chefs-d’œuvre les grands Artistes, les Maîtres sérieux, il y aura D.ieu là-dedans’.
Ainsi, le désir le plus profond de Van-Gogh, son ‘dernier mot’ ainsi qu’il le définit ici, n’est autre que Celui au sujet duquel il est dit : ‘Mais L’Eternel ne vous a pas donné de cœur pour comprendre, des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, jusqu’à ce jour’. (Ki Tavo, 29, 3, Livre Devarim). De fait, lorsque Van-Gogh parle de ‘la grande université de la misère’, il n’évoque pas la misère matérielle, non, il fait essentiellement allusion à la misère spirituelle. Vincent Van-Gogh cherche D.ieu et ne s’en cache pas, il écrit : ‘Cela n’empêche que j’ai un besoin terrible de, dirai-je le mot, religion, alors je vais la nuit dehors pour peindre des étoiles et je rêve toujours un Tableau comme cela avec un groupe de figures vivantes, des copains…’.

Pour en revenir à ce qui a été dit précédemment au sujet de l’enseignement du Rabbi selon lequel les peuples du mondent attendent de connaître l’élévation, il suffit de lire attentivement entre les mots de Vincent : ‘En somme je n’en sais rien, mais justement ce sentiment de ne pas savoir rend la vie réelle que nous vivons actuellement, comparable à un simple trajet en chemin de fer. On marche vite, mais on ne distingue aucun objet de très près, et surtout, on ne voit pas la locomotive’.

Les peuples du monde ‘ne voient pas la locomotive’, car la Torah a été au peuple Juif, et l
ui-seul détient la capacité de ‘voir la locomotive’, c’est-à-dire de percevoir le Divin, de percevoir Celui qui ‘crée et maintient en vie le monde et tout ce qu’il contient’, au moyen de l’étude de la Torah et par l’accomplissement des Mitsvoth. Cependant, ces écrits de Van-Gogh témoignent tous de ce désir de D.ieu qui brûle au profond de lui-même. Aussi, comme nous nous trouvons à la veille de la fête de Pessa’h, il est bien de citer pour finir par ces paroles que l’Artiste adressa à son frère Theo, lesquelles expriment bien la sortie d’Egypte, aussi bien pour ce qui concerne les enfants d’Israël que pour ce qui concerne les enfants de Noa’h : ‘Sais-tu ce qui fait disparaître la prison, c’est toute affection profonde, sérieuse. Être amis, être frères, aimer, cela ouvre la prison par puissance souveraine, par charme très puissant. Mais celui qui n’a pas cela demeure dans la mort. Puis la prison s’appelle quelquefois : préjugé, malentendu, ignorance fatale de ceci ou de cela, méfiance, fausse honte. Mais là où la sympathie renaît, renaît la vie’.