(Pour l’élévation de l’âme de ‘Hananniah ben Yaakov, et pour la guérison complète de Ma’hlouf ben Esther et de Katie Sellem)

 

Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Pin’has, le Rabbi raconte un évènement qui survint lors d’un rassemblement des ‘Hassidim autour du Rabbi Rachab. Les jeunes ‘Hassidim qui se trouvaient là étaient si impatients d’entendre le Maamar (le Discours ‘Hassidique du Rabbi) qu’ils se pressèrent de chanter le ‘Nigun’: la Mélodie ‘Hassidique’ que les ‘Hassidim ont l’usage de chanter juste avant le Discours du Rabbi.

Quand, le Rabbi écouta les ‘Hassidim chanter, il remarqua leur impatience Alors, à la fin du chant, au lieu de dire le Maamar, le Rabbi expliqua aux ‘Hassidim qu’ils n’avaient pas agi comme il convient. Il s’agissait bien là d’une erreur car s’imprégner profondément du discours du Rabbi implique de s’y préparer avec la plus grande attention. On ne peut intégrer le discours du Rabbi sans s’y préparer convenablement. Aussi, le Nigun qui introduit le discours hassidique du Rabbi, est d’une importance capitale car il nous prépare à recevoir le discours de
la manière la plus parfaite. Chanter le Nigun en s’investissant de toutes nos forces nous permet de recevoir le discours du Rabbi de manière profonde. C’est pourquoi le Rabbi Rachab définit un homme profond comme une personne qui vit intensément tous les moments de son existence, même un moment qui nous prépare à un évènement important doit être vécu de manière profonde: ‘là où nous sommes nous devons être vraiment!’.

Le ‘Hassid vit profondément toutes les situations de sa vie. Même ce qui semble être à nos yeux comme un ‘détail’, possède en réalité un contenu profond qui mérite qu’on lui accorde toute notre attention, que l’on investisse tout notre être, pour mener à bien notre mission sacrée. A la lumière de cet enseignement du Rabbi Rachab, nous comprenons qu’une Mélodie Hassidique un ‘Nigun’ fait partie intégrante du Maamar.

Par ailleurs, la déclaration du Rabbi Rachab selon laquelle ‘l’homme profond est celui qui s’engage totalement dans tout ce qu’il fait’ s’accorde à la déclaration suivante du Tséma’h Tsédek: ‘Celui qui est profond sait qu’il est inutile de demander une bénédiction pour le service de D.ieu, il faut que ‘l’effort pèse sur les hommes’ (voir le Hayom-Yom du 24 Tamouz 5703).

Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Pin’has le Rabbi rapporte un autre enseignement lié à ce sujet. Dans cette Paracha, il est question du partage de la Terre d’Israël. Rachi explique dans son commentaire qu’Eléazar, le Prêtre était revêtu du pectoral avec les ‘Ourim’ et les ‘Toumim’ et il disait avec l’inspiration Sainte: ‘Si telle tribu est tirée dans le tirage au sort, c’est tel terrain qui lui sera attribué’.
Auparavant on avait écrit les noms de chaque Tribu sur douze billets, et sur douze autres billets, douze délimitations de terrains. On mélangeait alors tous les billets dans une urne, et le prince de chaque Tribu introduisait sa main à l’intérieur, et prenait deux billets. Il se trouve que sur les deux billets étaient inscrits le nom de sa Tribu et le billet des frontières, exactement comme l’avait déclaré auparavant par inspiration sainte le prêtre Eléazar. Mais plus encore que cela, le sort lui-même (le billet) criait et disait: ‘Moi le sort, j’ai désigné telle frontière pour telle tribu’, comme il est dit (verset 56): ‘Par la bouche du sort’.

De manière générale la prière correspond à la pensée, l’étude de la Torah à la parole, et l’accomplissement des Commandements divins à l’action. Par ailleurs, il existe des Mitsvoth que l’on accomplit sans avoir une intention particulière. Par exemple, nous sommes quittes de la Mitsva de la Tsédaka uniquement par l’action de donner de l’argent à une personne nécessiteuse, et nous ne sommes pas obligés d’avoir une pensée particulière dans ce cas (une ‘cavana’: une intention). Cependant le Rabbi nous enseigne que la perfection est atteinte lorsque nous accomplissons cette Mitsvah au moyen de la pensée, de la parole, et de l’action. Ainsi la perfection de la Mitsvah de la Tsédaka nécessite d’associer à notre acte une bonne pensée, en donnant cet argent avec un visage bienveillant.

Le Rabbi nous enseigne que ‘le sort qui parle’ exprime cette idée. En effet, le Goral rassemble à lui tout seul les trois éléments que sont la pensée, la parole et l’action. La pensée et l’action, par le fait que l’on pensait et que l’on écrivait chaque nom sur un billet, et la parole par le fait que le billet lui-même parlait et désignait ‘telle tribu et tel territoire’.

Ainsi, à l’exemple du Goral, tous nos accomplissements doivent être réalisés avec toute la profondeur de notre pensée de notre parole et de notre action et dans le but de faire de ce monde matériel une demeure pour l’Essence divine. Aussi, peut- être nous est-il permis de dire ici que la perfection de nos actions pour ‘répandre les Sources des enseignements du Baal Chem Tov à l’extérieur et provoquer la venue du Machia’h’ dépend beaucoup de notre capacité à atteindre la profondeur de ces enseignements. En effet, le Rabbi Rachab nous donne une large explication sur la signification de la profondeur d’un enseignement divin (Omek ha Sehel). Chaque concept, chaque enseignement de la Torah, possède une profondeur que l’on ne peut pas vraiment expliquer par des mots. A partir du moment où l’on emploie des mots qui sont eux-mêmes limités on enferme et on limite la lumière du concept. De fait, la profondeur d’un concept divin est insaisissable, est abstraite, au-delà de toutes limites, et il n’appartient qu’à celui qui médite profondément à ces concepts la capacité à déshabiller les lettres et les mots de la Torah pour saisir un tant soit peu cette profondeur. Cette force représente le niveau supérieur de ‘Ho’hmah, c’est ‘coa’h ha Haflaa’ (=nifla: merveille) ou coah ha hafchata (la force de ‘déshabiller’).

Cette force représente le mouvement d’élévation du bas vers le haut, de ‘Ho’hmah vers la Séfira de Kéter, c’est à dire une ascension de l’esprit pour saisir l’abstraction, le divin contenu dans un enseignement de la Torah. C’est pour cela que le qualificatif ‘nifla=merveille’ est employé ici, car lorsque l’on parvient à creuser dans l’aspect superficiel d’un concept, on finit par découvrir la Merveille cachée dans cet enseignement: le divin abstrait et illimité qui se cache derrière les lettres et les mots, la profondeur de l’enseignement : ‘Omek ha Séhel’.

Le niveau inférieur de ‘Ho’hmah correspond à une descente vers le bas: de la première saisie de l’esprit (‘Ho’hmah) vers l’analyse et le raisonnement (Binah). Cette force s’appelle: ‘coa’h ha halbacha’ (lévouch: vêtement) ou ‘coa’h ha yérida’ (la force de faire descendre) car elle représente la faculté d’habiller un concept divin abstrait au moyen de ‘vêtements’ afin de le rendre accessible à l’élève qui ne pourrait pas autrement en saisir toute la profondeur. Ainsi, pour expliquer un enseignement profond à un enfant un Rav racontera une histoire ou bien donnera un exemple simple qui cachent en eux-mêmes la profondeur de cet enseignement. ‘L’histoire’ ou ‘l’exemple’ sont ces ‘vêtements’ grâce auxquels le Rav transmet la profondeur d’un enseignement divin et abstrait.

Le point développé par le Rabbi Rachab est que l’action de faire descendre et de rendre accessible à l’esprit d’un enfant un concept très élevé, ‘coa’h ha Haflaa’, dépend de la force d’aller de profondeur en profondeur, de déshabiller les lettres et les mots pour découvrir la profondeur divine de ce concept,’coa’h ha halbacha’, ainsi qu’il a été expliqué.
Dès lors, nous pouvons déduire de ces enseignements du Rabbi Rachab que ‘répandre à l’extérieur les enseignements de la ‘Hassidout’ dépend forcément de notre capacité à ‘aller vers le haut’, c’est à dire à découvrir leur profondeur véritable: les Merveilles qui se cachent derrière les lettres et les mots des enseignements de la ‘Hassidout. Plus on parvient à saisir la profondeur d’un concept plus on sera capable de le répandre à l’extérieur, de le mettre à la portée de tous.

Le Rabbi Rachab définit la profondeur des concepts divins comme étant une ‘Lumière nouvelle’: ‘Or Hadach’. Or, c’est précisément en ‘faisant descendre’, en répandant à l’extérieur, les enseignements de la ‘Hassidout que l’on a le mérite de découvrir la Lumière Nouvelle de la Torah nouvelle lors du dévoilement du Machia’h, dès à présent avec l’aide de D.ieu.