(Pour l’élévation de l’âme de ‘Hannania ben Yaacov)
Le Rabbi, dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha, établit le rapport qui existe entre la Paracha Vayé’hi et le jeûne du 10 Tévet. Les quatre jeûnes les plus importants de l’année sont tous liés à la destruction du Temple. Le jour du 10 Tévet, qui est le premier de ces jeûnes, commémore le siège de Jérusalem, par le roi de Bavel et de son armée. A première vue, ce jeûne représente le début de la destruction du Temple, mais la ‘Hassidout nous dévoile son aspect profond.
Le Rabbi donne l’exemple d’une graine que l’on a plantée dans le sol, et qui avant de donner naissance à ce qui deviendra une plante, une fleur ou un arbre, se putréfie dans la terre. Il en va de même pour le Temple. Sa destruction, comparable à cette graine qui se putréfie, n’est en fait que le stade qui précède sa reconstruction.
Ainsi, le siège de Jérusalem, fut l’occasion donnée aux enfants d’Israël de faire Téchouva. Le jeûne du 10 Tévet représente donc de manière profonde le début de notre Délivrance, car celle-ci sera justement provoquée par la Téchouva de tout le peuple d’Israël. Dans les Temps messianiques, ‘l’Eternel effacera l’esprit d’impureté de la terre’ et le Rabbi explique qu’il apparaîtra alors aux yeux de tous l’aspect véritable de la réalité.
Rachi, au nom de Rabbi Elazar explique que ‘Depuis que le Temple a été détruit, une muraille de fer sépare les enfants d’Israël de leur Père qui est dans le ciel’. Le fer symbolise à présent l’exil et la destruction, mais notre mission consiste à dévoiler le niveau qu’il possède du côté de la sainteté.
Aussi, le Rabbi nous enseigne que le moyen de réparer le Temple durant cet exil, consiste à être dur comme le fer quand il s’agit de nous consacrer à l’étude de la Torah, et à tout ce qui a attrait à notre mission sacrée.
Par ailleurs, et c’est là l’un des points essentiels du discours du Rabbi, les lettres du mot ברזל (fer) sont les initiales de Bilha, Ra’hel, Zilpa et Léa, les quatres femmes de Yaakov, qui donnèrent naissance aux 12 Tsadikim des 12 Tribus d’Israël.
Dans l’ordre des lettres du mot ברזלles initiales des deux servantes Bilha et Zilpa précèdent celles des deux Matriarches, Ra’hel et Léa, et cela concorde avec l’enseignement du Rabbi, qui revient toujours dans le Dvar Mal’hout, selon lequel l’Essence divine réside dans les niveaux les plus inférieurs.
En effet, le fait que les initiales des deux servantes précèdent celles des deux Matriarches est une allusion aux Temps messianiques, quand la Séfira de Mal’hout s’élèvera au-dessus de tout l’enchaînement des mondes, ainsi qu’il est dit : ‘Une femme vertueuse (Mal’hout) est la couronne de son mari’.
Les Matriarches représentent le niveau de Mal’hout du monde d’Atsilout, et les servantes, Bilha et Zilpa, représentent le niveau de la descente de Mal’hout dans les mondes inférieurs. C’est à cela que se rapporte le verset des Téhilim selon lequel ‘La pierre négligée par les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle’.
Les ‘batisseurs’ sont une allusion aux Patriarches, lesquels construisent Mal’hout en s’unissant aux Matriarches (comme le mariage d’Itz’hak et de Rivka, qui représente l’union entre le Nom divin Mah et le Nom divin Ban, Likoutey Torah, Bra’ha, 86).
Or, les Patriarches ne voulaient pas d’eux-mêmes s’unir aux servantes, ‘car ils répugnaient à descendre dans les mondes inférieurs’ (Dvar Mal’hout). De fait, les Patriarches répugnaient à ce que leurs lumières descendent dans un monde où la possibilité de choisir entre le bien et le mal est donnée à l’homme.
Les servantes, qui représentent la descente du Souffle divin dans le plus bas des mondes, ne sont donc pas sans évoquer notre mission d’éclairer les endroits les plus bas, inférieurs, afin de provoquer la Délivrance finale.
C’est pour cela que la Séfira de Mal’hout finira par s’élever au-dessus de tout l’enchaînement des mondes, car l’Essence divine réside dans les endroits les plus bas, et la capacité des servantes à descendre dans ces endroits pour les raffiner, exprime toute leur grandeur.
Les principes selon lesquels ‘la fin d’une action est au départ dans la pensée’ et ‘le commencement est ancré dans la fin’ viennent confirmer que le niveau véritable des servantes précède celui des Matriarches, du fait qu’elles soient capables de révéler l’Essence divine dans les endroits les plus répugnés.
Cette idée est reprise par le Tsémach Tsédek dans le Or-Ha-Torah (Vayé’hi, page 2233).
Au sujet de la naissance de Yaakov, la Torah nous dit que Yaakov retenait dans sa main le talon d’Essav. Or, le talon est la partie la plus basse du corps, et Essav est lui-même un ‘racha’ (méchant). Aussi, le Tsémach Tsédek explique que la main de Yaakov qui retient le talon d’Essav, exprime le fait que Yaakov est capable d’attirer le divin dans les endroits inférieurs.
Les 17 années que vécut Yaakov en Egypte, furent les dernières, et les plus belles années de sa vie, car durant ces années, il transforma l’obscurité de l’Egypte en lumière. La Bénédiction qu’il adressa alors à ses enfants s’adresse également à nous-même, et le Rabbi souligne qu’elle nous permet jusqu’à aujourd’hui de briser les limites de l’exil, afin d’attirer la lumière de la Délivrance.
puissions-nous avoir le mérite de donner naissance au jour de la Délivrance finale, avec le dévoilement de notre Juste Machia’h, dès à présent, avec l’aide de D.ieu.
(Note : comme la pierre, qui fait partie du règne de l’inanimé, Mal’hout est elle-même ‘inanimée’ car elle n’éclaire pas d’elle-même. Elle reçoit sa lumière de toutes les autres Séfirot. La pierre, comme la Séfira de Mal’hout est donc une allusion aux servantes, lesquelles sont ‘négligées par les bâtisseurs’, c’est-à-dire par Avraham Itz’hak et Yaakov qui craignaient la descente dans les mondes inférieurs).