Pendant trente ans, le Rav Yaakov Spitezki a servi comme émissaire Habad à Bruxelles. Actuellement, il vit à Jérusalem avec son épouse – ‘Haya, une enseignante dans les lycées. Ils sont tous deux activement engagés dans des activités de sensibilisation au judaïsme sur les campus universitaires et dans les bases de Tsahal.

 

« Quand j’ai terminé mes études secondaires, mes parents m’ont offert un cadeau : un billet Paris – New York, pour rendre visite au Rabbi de Loubavitch. Bien que mes parents fussent religieux, ils n’étaient pas hassidiques, mais je fréquentais ‘Habad depuis mon adolescence. Ils savaient que ce voyage me rendrait très heureux.

Je me souviens qu’en entrant dans le bureau du Rabbi, j’avais très froid parce que la climatisation était au maximum, mais dès que le Rabbi m’a regardé avec ses yeux bleus brillants, je me suis senti réchauffé. Il m’a parlé avec douceur, en français, et m’a mis totalement à l’aise. Je me sentais calme et serein – comme si je rencontrais un père qui aime ses enfants.

Au cours de l’audience – qui a eu lieu en juillet 1968 – le Rabbi m’a posé de nombreuses questions personnelles. Il a également répondu aux questions que je lui ai posées par écrit, les miennes et celles que mes amis de l’Ecole Yabne m’avaient demandé de poser. Leurs questions concernaient des interrogations sur les principes de la Foi. Par exemple, ils voulaient des arguments pour prouver que la Torah est la parole de D.ieu et qu’elle a été donnée au peuple juif sur le Mont Sinaï et que ces événements se sont réellement produits.
«Vous pouvez dire à vos amis», dit le Rabbi, «que tout comme nous savons et acceptons comme fait historique que Colomb a découvert l’Amérique, nous savons aussi qu’il y a eu une révélation de D.ieu au mont Sinaï.

Puis il nous recommanda d’étudier le Kuzari, l’ouvrage du XIIe siècle de Rabbi Yehoudah Halevi, dans lequel un rabbin explique le judaïsme au roi des Khazars. «Essayez de le lire en hébreu, mais si c’est trop compliqué pour vous, rendez-vous à la Bibliothèque nationale de Paris où vous pourrez trouver une traduction en français.» De retour à Paris, j’ai raconté à mes amis ce que le Rabbi avait dit et ils furent satisfaits de sa réponse.

Tout cela a eu un impact sur ma décision de m’inscrire à la Yéchiva ‘Habad en Israël, dirigée par le Rav Schneur Zalman Gafne. Mais après un certain temps, mes parents se sont inquiétés du fait que je ne suivaient pas un cursus universitaire qui me permettrait de gagner ma vie. Ils savaient que le Rabbi avait dit à certains de mes amis de retourner à l’université. Ils ont donc décidé de rendre visite au Rabbi à New York pour lui poser la question personnellement.

Ma mère m’a décrit plus tard tout ce qui s’était passé pendant cette audience. Mes parents ont dit au Rabbi que j’étudiais bien à la Yéchiva, mais qu’il était temps que je retourne a Paris pour m’inscrire dans une Université. Le Rabbi a répondu : « Je sais ce qu’est l’université, parce que je suis moi-même allé à l’université. Je peux vous garantir que vous aurez plus de satisfaction de sa part si vous le laissez étudier a la Yeshiva plus longuement. Le Rabbi a également évoqué certains problèmes auxquels je pourrais être confronté à l’université, notamment en évoquant les violences de mai 1968, lorsque des étudiants français ont tenté de fomenter une révolution. Mes parents ont été convaincus et m’ont permis de continuer mes études à la Yéchiva .

Après avoir terminé mes études à la Yéchiva, je suis venu à New York pour une deuxième audience avec le Rabbi. Une fois de plus, la question de l’université a été soulevée, et une fois de plus le Rabbi l’a déconseillé. Il a dit que pendant une partie de la journée, je devrais travailler dans un domaine qui correspond à mes compétences et que l’autre partie de la journée, je devrais trouver un emploi dans des activités communautaires. Et c’est ce que j’ai fini par faire, devenant finalement un émissaire ‘Habad à Bruxelles.

Avant mon départ pour la Belgique, le Rabbi m’a conseillé : «Le Rav Azriel Chaikin est arrivé à Bruxelles avant vous, et il connaît beaucoup de monde. Il vous aidera et vous donnera de bons conseils. Il s’est avéré que j’ai travaillé en étroite collaboration avec le Rav Chaikin pendant une trentaine d’années. Sur l’impulsion du Rabbi toutes mes activités étaient placées sous l’égide du Consistoire de Belgique. Par exemple : nous avons ouvert en étroite collaboration avec le Consistoire un Beth ‘Habad juste en face du campus de l’Université de Bruxelles. J’étais également responsable des émissions Radio -TV en Belgique et Rabbin de communautés. Ma défunte épouse – Eta Feiga était une oratrice charismatique. Elle fut un exemple stellaire pour nos nombreux étudiants.

À plusieurs reprises, le Rabbi m’a donné des directives précises et confidentielles concernant des questions communautaires : ainsi que de bons conseils concernant mon développement spirituel personnel. Par exemple, il m’a conseillé d’utiliser le jeudi soir pour faire le bilan de la semaine écoulée et de faire mon introspection, mon ‘Hechbon Hanefesh.

A Bruxelles les étudiants me posaient toujours de nombreuses questions épineuses. Ils me partageaient leurs questions philosophiques ou existentielles. J’ai donc repris sur une lettre de quatre pages toutes ces interrogations et j’ai tout envoyé au Rabbi. J’ai rajouté : ‘’ peux être dois faire Hitkafia c’est-à-dire ne pas réfléchir a tout cela ?’’. Le Rabbi a répondu 6 ou 7 points et notamment : ‘’Oui il faut approfondir tout cela. C’est une mitsva de la Tora. Va rencontrer un mashpia (un rabbin spécialiste dans ces domaines) a la Yeshiva de Brunoy ou ailleurs.

Une fois, à la fin d’un voyage à New York , j’étais sur le point de rentrer en France et j’attendais de dire au revoir au Rabbi alors qu’il quittait la synagogue après la prière de l’après-midi. D’autres personnes attendaient aussi, et le Rabbi a béni chacun d’eux pour faire un bon voyage, mais à moi il n’a rien dit. Ensuite, le Rav Leibel Groner, son secrétaire m a dit: « Yaakov, le Rabbi m’a demandé de te que puisque ce matin il ta répondu à une de tes lettres et ta souhaité un bon voyage : Il n’a pas voulu le faire a nouveau voulu le faire a nouveau cette après-midi. En effet, Rav Yehudah HaChassid conseille de ne pas dire au revoir deux fois ».

Le Rabbi a donc transmis ce message via le Rav Groner parce qu’il voulait s’assurer que je ne sois pas blessé. Il ne voulait pas me faire de la peine. Voilà à quel point il se souciait de chaque individu !

Ce sont quelques rencontres dont je me souviens le plus vivement. J’ai eu le privilège de rencontrer le Rabbi. Il m’a donné des conseils. Il était motivé par l’amour qu’il portait pour chaque juif et pour chaque entre humain.