La paracha de Noa’h nous relate le récit du déluge qui recouvrit toute la terre durant plus d’un an. À la suite de ce cataclysme, l’émergence d’un monde nouveau vit le jour.
À ce propos, le texte nous précise qu’à l’issue de quarante jours et quarante nuits de pluie intense, « toute chair fut détruite ».
De nombreux commentateurs s’interrogent sur la pertinence de cette précision. Elle peut paraître superflue dans la mesure où D.ieu avait déjà annoncé à Noa’h qu’Il allait effacer toute trace de vie sur la terre ! C’est donc l’indice que cet « anéantissement de toute chair » doit être compris également à un autre niveau.
Sur le plan métaphorique (Remez), l’eau du déluge qui recouvrait la terre symbolise une situation idéale, celle des temps messianiques. À cette époque, la connaissance de D.ieu imprégnera le monde comme Maïmonide le rappelle : « la terre sera remplie de la connaissance de D.ieu comme l’eau recouvre les océans. ».
Lorsque le Messie viendra, tous les êtres n’auront d’autre préoccupation (chacun à leur niveau) que le désir de connaître D.ieu. On peut à présent comprendre la précision « toute chair fut détruite ». Il ne s’agit pas ici de la mort physique des créatures mais plutôt de la disparition de la matérialité.
La spiritualité sera si intense que l’homme ne s’attellera plus à la poursuite des plaisirs du monde qui lui paraîtront futiles, tant la gloire du Roi des rois imprégnera l’univers.
DES MOMENTS DIFFICILES…
Cette donnée, inhérente aux temps messianiques peut aussi être vécue de nos jours. On trouve en effet, chez nos Maîtres, l’idée de « délivrance particulière » qui peut toucher un individu dans sa vie personnelle.
En effet, si un homme s’investit profondément dans l’étude de la Torah au point que cette étude imprègne sa vie, (comme »l’eau recouvrait la terre ») il peut alors connaître une délivrance personnelle qui l’affranchira du carcan des contraintes matérielles.
L’idée de « destruction de toute chair », se prête à une autre interprétation.
Nous connaissons tous, dans notre vie des moments de détresse, ou de découragement qui ont pour effet d’affaiblir notre pratique du judaïsme. L’origine de ces moments difficiles est à mettre sur le compte de nos désirs inassouvis.
Dès lors, dans quel sens faut-il agir pour surmonter ses difficultés ? Réponse: Il faut sans cesse renforcer notre attachement à la Torah, répondent nos Maîtres.
Plus la Torah (l’eau) s’installe au cœur de notre vie, donnant aux évènements de l’existence un avant-gout de l’Infini, plus nos problèmes, souvent triviaux, se réduisent.
ET DES EAUX QUI PURIFIENT
Cette approche nous permettra de répondre à une question fréquemment posée au sujet du déluge. D’un côté , de nombreux ouvrages rapportent l’idée que les eaux tumultueuses du déluge symbolisent les difficultés que l’on peut rencontrer pour gagner son gagne-pain. C’est là une image quelque peu négative. D’un autre côté, les Maîtres du Zohar expliquent que les eaux du déluge avaient une fonction purificatrice (comme les eaux du Mikvé).
Le déluge débarrassa le monde de son impureté après les fautes des hommes. En tenant compte de ces deux paramètres, on peut légitimement s’interroger sur le sens de cette contradiction. Comment ces eaux peuvent-elles à la fois sous-entendre une idée négative (les tracas de la subsistance) et une idée positive (la notion de purification) ?
En fait, les soucis du gagne-pain n’ont d’autre raison d’être que la purification de notre personnalité. Ils nous débarrassent du profond sentiment d’orgueil qui imprègne trop souvent nos comportements. Nous pensons, à tort, que notre réussite matérielle n’est que le fruit de nos stratégies commerciales ou de nos efforts. Pour faire disparaître de notre esprit cette conviction erronée, D.ieu nous met en présence de difficultés. C’est ainsi que nous prenons conscience du fait que tout ce qui nous arrive vient de D.ieu.
RAV YAACOV SPITEZKI = 054 23 99 791
SHORASHIM Le centre pour les étudiants francophones