Le 15 Sivan 5687 (1927), commença l’incarcération bien connue du Rabbi Rayats. Au milieu de la nuit, il fut arrêté dans sa maison, à Leningrad et conduit à la prison Shpolerki, accusé d’avoir agi, avec abnégation, pour maintenir vivace la flamme du Judaïsme en Union soviétique.

 

Par le Rav Haim Mellul

Les autorités voulurent condamner le Rabbi Rayats à la peine capitale, mais, grâce à différentes démarches et à la bonté de D.ieu, celle-ci fut commuée d’abord en dix ans d’exil dans les îles slovaques, puis en trois ans d’exil à Kostroma.

Le 3 Tamouz, le Rabbi Rayats fut effectivement exilé à Kostroma, mais, peu après, le 12 Tamouz, sa libération définitive lui fut signifiée. Le 13 Tamouz, il quitta Kostroma pour rejoindre la cour de Loubavitch, à Leningrad. Quelques semaines après cette libération, au lendemain de la fête de Soukkot 5688 (1927), le Rabbi quitta la Russie et il parvint à Riga, en Lettonie.

La libération du Rabbi et son départ de Russie reçurent, par la suite, une signification plus importante et plus large, parce qu’une période nouvelle commença, grâce à cela, dans son œuvre et dans l’influence qu’il exerçait dans son entourage, y compris auprès des nations du monde et, notamment, en France.

Le Rabbi, chef de notre génération, évoqua cette importante signification, dans l’une de ses causeries, qu’il prononça à l’occasion de la fête de la libération, le 12 Tamouz 5749 (1989), qui était, cette année-là, le saint Chabbat Parchat ‘Houkat – Balak. Un important groupe d’invités de France, revenu à la pratique de la Torah et des Mitsvot grâce à ses émissaires, se trouvait alors chez le Rabbi.

Lors de cette réunion ‘hassidique, le Rabbi établit un lien entre l’arrivée de ces invités, venus de France et la libération du 12 Tamouz. Il développa, en particulier l’explication suivante(5) :

« On sait la relation que l’Admour Hazaken avait avec la Russie et la France. Quand ces deux pays étaient en guerre, il voulut la victoire de la Russie, contre la France, car la situation morale des enfants d’Israël, pour tout ce qui concerne leur crainte de D.ieu, serait meilleure sous l’autorité de la Russie que sous celle de la France.

On peut observer concrètement qu’en toutes les générations, depuis le Baal Chem Tov, jusqu’à mon beau-père et maître, le Rabbi, chef de notre génération, pendant les premières années de sa direction des ‘Hassidim, la révélation et la diffusion de l’enseignement de la ‘Hassidout se faisaient précisément en Russie.

Il en résulte que, même après la libération de l’Admour Hazaken, le 19 Kislev, lorsque : ‘l’Eternel a accompli des merveilles aux yeux des princes et de toutes les nations, dans toutes les provinces du Roi’, la transformation de la France n’avait pas encore été réalisée. Ce pays était et il restait dans une situation inférieure, par rapport à ce que doit être un comportement basé sur la crainte de D.ieu, selon la voie de la ‘Hassidout.

En la matière, un fait nouveau a été introduit par le chef de notre génération. Avant même de prendre la direction des ‘Hassidim, il a agi en France et il a transformé le pays. Quand il quitta la Russie, après la libération des 12 et 13 Tamouz, il envoya des émissaires et des manuscrits de ‘Hassidout, en France.

Par la suite, ce processus s’amplifia, jusqu’à ce jour et l’on peut observer concrètement, ces dernières années, la grande action de diffusion des sources de la ‘Hassidout à l’extérieur, qui est réalisée en France. De nombreux Juifs s’y sont rapprochés de la Torah et du Judaïsme. Ils se sont attachés au chef de la génération, à celui dont nous célébrons la libération. Désormais, ils étudient son enseignement.

Ils sont ainsi devenus des « lumières pour éclairer », en se consacrant à la diffusion de la Torah et du Judaïsme, à la diffusion des sources de la ‘Hassidout à l’extérieur, au point d’agir également sur les nations du monde qui se trouvent dans ce pays, afin qu’elles mettent en pratique les sept Mitsvot des descendants de Noa’h.

Cela veut dire que la libération du 12 Tamouz souligne l’action et l’influence exercée sur les nations du monde, y compris les plus basses, jusque dans le pays duquel l’Admour Hazaken craignait l’impact et l’autorité sur la situation morale des enfants d’Israël.

De cette façon, a été conduite à son terme la préparation de la délivrance véritable et complète, lorsque, d’une manière concrète et évidente, la Résidence de D.ieu, béni soit-Il, sera parmi les créatures inférieures, les plus inférieures qui soient. »

Révélation de Celui Qui possède la vie éternelle dans les domaines du monde

A la suite de ces propos, le Rabbi établit un lien également entre la délivrance du Rabbi Rayats, le 12 Tamouz et l’arrivée de ces personnes qui avaient été rapprochées de la pratique juive en France. Le Rabbi dit ceci :

« Tout ce qui vient d’être exposé est encore plus clairement souligné parce que, dans cette réunion ‘hassidique en l’honneur de la fête de la libération du 12 Tamouz, dans les quatre coudées de celui dont nous célébrons la libération, se trouve un groupe de Juifs venus de France, qui ont été rapprochés de la Torah et des Mitsvot telles qu’elles sont pénétrées du luminaire de la Torah, l’enseignement de la ‘Hassidout, en conséquence du fait nouveau qui a été introduit par celui dont nous célébrons la libération, dans la diffusion des sources de la ‘Hassidout à l’extérieur.

Il est donc judicieux de les honorer en leur demandant de dire Le’haïm et un chant joyeux, l’hymne de la France qui a été transformé en sainteté. On notera que cet honneur est, en outre, une forme d’hospitalité. Cependant, ils le feront, non pas en tant qu’invités, mais comme des maîtres de maison, qui, notamment, seront rejoints par tous les présents, qui chanteront avec eux.

On rappellera que ces jours-ci marquent le bicentenaire de la révolution française, dont l’Admour Hazaken craignait les conséquences. Et, ceci a également été transformé en sainteté. On obtient, de cette façon, la révolution française dans sa dimension positive, la diffusion de la Torah et du Judaïsme, la diffusion des sources de la ‘Hassidout à l’extérieur, en France.

Ceci s’exprime aussi dans l’hymne de la France, un chant révolutionnaire, que l’on transforme en sainteté, ‘le pouvoir et la fidélité appartiennent à Celui Qui possède la vie éternelle’, comme c’est le cas pour la marche de Napoléon, que de nombreuses communautés des enfants d’Israël ont coutume de chanter à la fin et à la conclusion du jour sacré de Yom Kippour.

Et, l’on consultera, à ce propos, le Sefer Ha Si’hot 5703 selon lequel l’Admour Hazaken demanda qu’on lui fasse connaître la marche avec laquelle les Français avaient traversé la frontière russe. On le chanta donc devant lui et il constata que c’était une marche de victoire. Il resta alors profondément concentré, puis il conclut qu’au final, on emporterait la victoire.

Cette marche est chantée sur les mots : ‘le pouvoir et la fidélité appartiennent à Celui Qui possède la vie éternelle… la louange et la gloire appartiennent à Celui Qui possède la vie éternelle’. La signification de ces mots indique le dévoilement et la révélation de ‘Celui Qui possède la vie éternelle’ dans tous les domaines du monde, qui sont figurés par les vingt-deux lettres de l’alphabet, de l’Aleph jusqu’au Tav, par lesquelles le monde fut créé, ‘le pouvoir et la fidélité appartiennent à Celui Qui possède la vie éternelle… la louange et la gloire appartiennent à Celui Qui possède la vie éternelle’.

Puisse D.ieu faire que ce qui vient d’être dit se renforce chez les membres de ce groupe, avec tous les participants à cette réunion ‘hassidique, au sein de tous les enfants d’Israël, où qu’ils se trouvent.

Et, que ceci se renforce encore plus quand ils rentreront chez eux. Ils étendront ainsi leur action au monde entier, depuis : ‘le pouvoir et la fidélité appartiennent à Celui Qui possède la vie éternelle’ jusqu’à : ‘la louange et la gloire appartiennent à Celui Qui possède la vie éternelle’. »

A l’issue de ces propos, le Rabbi s’adressa au groupe d’invités venus de France et il leur dit, en français :

« Que tous les invités venus de France pour la fête de la libération soient les bienvenus. Vous aurez l’honneur de chanter votre chant, ‘le pouvoir et la fidélité appartiennent à Celui Qui possède la vie éternelle’ jusqu’à : ‘ la louange et la gloire appartiennent à Celui Qui possède la vie éternelle’.

Lorsque vous rentrerez chez vous, vous diffuserez le message selon lequel : ‘‘le pouvoir et la fidélité appartiennent à Celui Qui possède la vie éternelle’ jusqu’à : ‘la louange et la gloire appartiennent à Celui Qui possède la vie éternelle’. Tout ceci sera dans la joie et dans l’enthousiasme, avec un bon Mazal, d’une manière fructueuse et bénie. »

Le Rabbi commença ensuite à chanter Ha Adéret Ve Ha Emouna. Concrètement, ces propos du Rabbi sur la signification de la libération du Rabbi Rayats, le 12 Tamouz 5687 (1927) et sur le lien qui peut être établi entre cette délivrance et l’action du Rabbi Rayats en France, permettent de comprendre plus profondément l’action importante qui fut menée par le Rabbi Rayats en France, pendant la décennie qui suivit sa libération.

Comme on le montrera ci-dessous, le Rabbi Rayats, pendant ces dix ans, se rendit en France, à Paris à de multiples reprises. Il mena une intense action auprès de personnalités et de dirigeants français. Il prit l’initiative d’organiser des réunions de Torah et de ‘Hassidout.

Le Rabbi Rayats diffusa lui-même la ‘Hassidout en France. Il intervint également par l’intermédiaire de son gendre, le Rabbi, chef de notre génération, de ses émissaires et de ses ‘Hassidim. De nombreuses actions furent menées de cette façon. Toutes furent, comme le souligna le Rabbi, une conséquence de sa libération du 12 Tamouz 5687 (1927).