Lettres du ‘Hassid, Rav Elyahou ‘Haïm Althaus, puisse D.ieu venger son sang versé, relatives à l’emprisonnement et à la libération du Rabbi Rayats, dont l’âme est en Eden, 12 – 13 Tamouz

Traduit par le Rav ‘Haim Mellul

Par la grâce de D.ieu,
jeudi de la Parchat Matot,
21 Tamouz 5687, Moscou,

A mes très chers amis, le grand Rav, d’une immense élévation,
distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, le Rav M. M. Lokshen et les
‘Hassidim ‘Habad des Etats-Unis et du Canada,

J’espère que vous allez tous bien. Je remercie D.ieu pour Son grand bienfait, car nous avons reçu, aujourd’hui, une bonne nouvelle. Ce sont donc des jours de festin et de joie. En effet, ce mardi, troisième jour de la semaine, lorsque, deux fois, fut dit le mot bon, lors de la création, 12 Tamouz, le serviteur de D.ieu, couronne et gloire de notre tête, le Rabbi Chlita a été libéré, dans la paix. C’est le jour que D.ieu a fait, pour toutes les générations, jusqu’à la venue du juste libérateur, afin que l’on y soit heureux et joyeux. Il évoque le premier 19 Kislev et il est peut-être même plus fort, plus puissant, car ce dernier miracle est plus grand que le premier, puisque, dans ce dernier cas, étaient impliqués des hommes doués du libre-arbitre, possédant la connaissance et sachant particulièrement bien choisir le bon moment.

Ils ont voulu tout déraciner, non seulement l’enseignement du Baal Chem Tov, mais aussi toute la Torah de D.ieu, en général, dans son intégralité, éteindre définitivement la lumière d’Israël, que D.ieu nous en garde et qu’Il nous en préserve, qu’il n’en soit jamais ainsi. Mais, D.ieu a été avec Yossef, le Tsaddik. Il a libéré son âme et celles de tout Israël, qu’il nourrit et qu’il conduit à l’existence, du terrible filet qu’ils ont gratuitement tendu devant lui. Que se taisent donc les lèvres mensongères, qui étendent leurs propos contre le Juste ! Qu’ils se couvrent d’opprobre et qu’ils soient humiliés, ceux qui en voulaient à sa vie !

Il est né et il a révélé sa lumière cachée, le 12 Tamouz 5640. Or, le même jour, le 12 Tamouz 5687, le soleil a brillé pour nous dans toute sa force. Une lumière beaucoup plus raffinée et pure que celle du matin nous a éclairés. Qui contera les hauts fait de l’Eternel et prononcera Sa louange ? Un homme limité, soumis aux voies de la nature, est-il capable de décrire, par sa plume, avec de l’encre sur un parchemin, celui qui n’est pas une personne comme nous, un homme dont le comportement, ici-bas, transcende totalement les voies de la nature et les limites ? Nous autres ‘Hassidim avons observé, concrètement, de nos propres yeux, des miracles évidents et des merveilles. Nous avions vu et nous savions le grand et terrible danger qu’encouraient, malheureusement, le domaine de la sainteté, en particulier et nous tous, peuple d’Israël, en général.

Je ne veux pas dissimuler tout cela à mes amis et je relaterai au moins un millième de ce que nous avons vu et entendu. Voici les faits. Au début de cette année, nous tous, ‘Hassidim les plus proches, vivant à l’ombre de sa sainteté, nous avons eu très peur, car, en des moments de révélation habituelle, à Sim’hat Torah, le 19 Kislev, à Pourim, nous avions entendu de sa sainte bouche des propos très effrayants, particulièrement inquiétants, qu’aucune oreille n’avait entendus depuis que nous nous trouvons sur cette terre.

Il a, par exemple, dit ceci :
«Je brûle comme une bougie. N’ayez pas pitié de mon corps, mais seulement de ma tête.»
Il a demandé une abnégation effective de la part de chacun d’entre nous :
«Faites attention que les enfants étudient dans un ‘Héder. Eduquez vos enfants sur la voie de vos parents, car, si vous ne le faites pas, ce qu’à D.ieu ne plaise et qu’Il nous en préserve… Il m’est difficile d’exprimer, par ma bouche, des paroles qui brûlent comme une torche enflammée. Juifs qui espérez la venue du Machia’h, ‘Hassidim, lisez des Tehilim !».

Il a beaucoup pleuré et, en versant des larmes, il a prononcé des mots terribles, qui transpercent comme un glaive, au point que notre vieil ami, le Rav Moché Anchel de Nevel, a dû le supplier :
«Rabbi, nous ne voulons pas entendre tout cela. Nous voulons que le Rabbi reste ici.»
La Rabbanit mère, à laquelle D.ieu accordera de longs jours et de bonnes années, a dû le convaincre d’interrompre ces propos terribles.

Toute l’année, jusqu’à maintenant et encore à l’heure actuelle, nous avons lu des Tehilim, d’une manière systématique, après la prière, dans toutes les synagogues ‘hassidiques, en tout endroit. Nous avons eu peur et nous avons craint le pire. Puis, à la veille du mercredi de la Parchat Chela’h, 16 Sivan, à deux heures du matin, il a été arrêté et conduit dans la pire des prisons, la plus sévère. Dès lors, l’arche sainte nous a été dissimulée. Nous ne savions pas où il était, ce qui lui était arrivé. Pendant quatorze jours, nous ne savions pas à qui parler, qui demander. Nous allions, tous les jours, perdus et malheureux. Notre vie était en suspens, à chaque instant. Nous ne savions pas du tout si Yossef était encore vivant. Nous avons instauré des jeûnes, en tout endroit. Nous avons lu des Tehilim tout au long de la journée, sans interruption.

Dix-huit jours et demi plus tard, le dimanche de la Parchat Balak, 3 Tamouz, une grande lumière nous a soudain été révélée et elle est apparue à l’évidence. Pour notre grande peine et pour la souffrance de notre âme, il ne nous a pas été possible de recevoir sa lumière, son éclat et sa splendeur. Ce jour-là, le soleil a été séparé de nous et, quelques heures plus tard, il a été obligé de se rendre, conformément au verdict, dans une ville de refuge, où il a été exilé et envoyé pour trois ans. Pendant ces quelques heures, nous avons eu connaissance de l’accusation qui avait été portée, des fautes et des délits pour lesquels il avait été condamné. Il y a, en l’occurrence, quatre chefs d’accusation essentiels pour lesquels son sang a été versé, à proprement parler, comme de l’eau :
A) il est le dirigeant de la communauté des ‘Hassidim se trouvant dans le pays,
B) il est le fondateur de ‘Héders, de Yechivot et de toutes les institutions religieuses de notre pays,
C) il est une autorité nationale chez les orthodoxes, l’intelligentsia et également chez les bourgeois, ici comme ailleurs,
D) ses capacités et ses activités lui ont permis d’obtenir des sommes importantes, venues de l’étranger, pour la Torah et pour ceux qui l’étudient. Et, il y a encore beaucoup d’autres détails, qu’il n’est pas nécessaire d’énumérer.

Pour tout cela, le D.ieu du pardon lui a conféré une grande sagesse et il a pu apporter une réponse à chaque question, avec toute la vérité qu’il porte en lui. L’Eternel a été avec lui, car c’est Yossef qui distribue la subsistance. Voici les premières paroles qu’il a prononcées et que nous avons eu le mérite d’entendre de sa bouche sainte et pure :
«Je viens d’observer de mes propres yeux que Tu es l’Eternel. Tous les récits que l’on a relatés à propos de l’Admour Hazaken, je les ai vus concrètement. Il n’y a pas eu un quart d’heure en lequel je n’ai vu mon père. Désormais, de nombreuses images nouvelles s’ajouteront aux notions les plus profondes de la ‘Hassidout. Si je savais qu’il en résulterait une action concrète, que, grâce à cela, on pourrait étudier ouvertement la Torah, j’aurais pardonné toutes mes souffrances.»
Il y a eu d’autres paroles encore, que la bouche ne peut pas répéter.

Pendant dix-huit jours et demi, il a jeûné et il a intercalé, chaque jour, la prière : «exauce-nous». Il a eu, concrètement, beaucoup d’abnégation, jusqu’à ce qu’on lui rende son Talith et ses Tefillin, le troisième jour, mais ce point ne sera pas évoqué ici. Il a dit et écrit beaucoup de ‘Hassidout, là-bas. Pour l’heure, nous n’en connaissons que deux discours ‘hassidiques. Le premier est intitulé : «J’ai invoqué D.ieu dans l’étroitesse» et le second : «Que D.ieu soit avec moi, pour ceux qui me viennent en aide et je verrai». Nous reviendrons sur tous les autres.

Nous sommes arrivés dans sa ville de refuge, le lundi, veille du mardi de la Parchat Balak. Dès ce mardi, nous nous sommes rendus à l’enregistrement, qui est une obligation légale, une fois par semaine. Nous l’avons fait. Les Juifs de la ville nous ont accueillis avec beaucoup d’honneur, comme il convient, D.ieu merci. Puis, le mardi de la Parchat Pin’has, 12 Tamouz, nous sommes retournés en cet endroit et, dès notre arrivée, on nous a annoncé qu’il était libéré, délivré, qu’il était libre de se rendre aux quatre points cardinaux.

Le lendemain, mercredi, il a reçu les documents et le jeudi, au matin, nous sommes rentrés chez nous, en un bon moment. D.ieu merci, nous sommes bien arrivés, avant le saint Chabbat et : «pour les Juifs, ce fut lumière et joie», la lumière de la Torah nous a éclairés et la joie de la Mitsva a ouvert nos cœurs. Puisse D.ieu faire que nous ne connaissions plus la crainte, que la bougie d’Israël ne s’éteigne pas et que ses sources se diffusent à l’extérieur.

Mes amis, vous que j’aime, après ce que nous avons vu, nous-mêmes, nous nous devons, nous sommes obligés d’avoir à cœur le grand principe de nos maîtres, dont le souvenir est une bénédiction, car des miracles ne surviennent pas chaque jour et il ne faut pas s’en remettre au miracle. Mes amis, nous ne connaissons pas encore le repos et notre esprit ne vit pas encore dans la quiétude. Notre joie n’est pas entière. La tristesse est encore cachée, enfouie, profondément dissimulée en notre cœur. Nous ne savons pas d’où sont soudain arrivés le salut et la délivrance, d’ici ou de là-bas. Pour quelle raison la situation s’est-elle transformée, favorablement ?

Aussi, la grande peur du passé, que D.ieu nous en garde, nous saisit-elle encore et elle nous fait trembler, pour les jours qui viennent. Qui sait ce que l’avenir réserve ? Qui sait quel vent soufflera ? Vers quelle direction du monde politique faudra-t-il se tourner, alors qu’en réalité, il n’a aucun rapport, aucune relation avec lui ? Car, rien ne le concerne, en dehors des quatre coudées de la Torah et de la prière.

Mais, ils ont appris qui est ce grand homme, ils ont vu son immense valeur et sa grâce, aux yeux du peuple d’Israël, disséminé dans le monde entier. Tous tremblent devant son nom et son souvenir, redoutent que le mauvais œil se saisisse de lui, ce qu’à D.ieu ne plaise. On peut donc craindre qu’ils l’utilisent comme un ballon, comme un moyen d’obtenir un autre acquis, qui serait sans rapport, que D.ieu nous en préserve.

Nous avons, de ce fait, l’obligation sacrée, avec nos frères et nos amis, liés et attachés à nous, de mettre en pratique l’enseignement de nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, selon lequel un disciple des Sages doit être protégé et il ne doit pas avancer seul dans l’obscurité.

Restez donc vigilants. Recherchez en permanence de ses nouvelles et sachez ce qui lui arrive. Ne vous détournez pas un seul instant de la couronne et de la gloire de notre tête, de la satisfaction de notre cœur. Soyez constamment en relation avec la maison de notre vie, en particulier et avec tous les ‘Hassidim, en tout endroit, en général. Le mérite de ses ancêtres, nos saints maîtres, le protègera afin qu’aucune accusation, qu’aucun complot ne soit mené contre lui, pour qu’on ne le suspecte pas sans fondement, pour que tous les vents du monde ne puissent pas le déplacer, ce qu’à D.ieu ne plaise.

Votre ami, qui vous aime sincèrement, qui recherche votre bien toujours et tous les jours,

Elyahou ‘Haïm Althaus,

 

Rav Elyahou ‘Haïm Althaus (1860 – 1942) était l’un des Hassidim les plus proches et les plus liés au Rabbi précédent. Il était dévoué à lui et à sa famille, de tout son cœur et de toute son âme.

Rav Althaus est né en 1860 à son père, Rav Pinhas Althaus, dans la ville de Nikolaev. Dans sa jeunesse, il a étudié à la Yeshiva Tom’hei Tmimim Loubavitch.

En 1918, il est envoyé par le Rabbi Rashab à la ville de Podubranka afin de diffuser le judaïsme. Durant son séjour dans la ville, en 1920, le décès du Rabbi Rashab a lieu et, à la nouvelle de cela, il s’évanouit.

En 1923, il se rend chez le Rabbi précédent à Leningrad et, depuis lors, il travaille aux côtés de Rabbi précédent et aide dans toutes ses activités pour propager le judaïsme et pour le bien des Juifs de Russie qui restent derrière le rideau de fer.

Il a dirigé le réseau clandestin de « chambres ». Lors de la célébration de Pourim en 1927, le Rabbi précédent s’adresse à lui en pleurs, lui donnant des instructions pour continuer le travail. Rabbi Eli déroule les événements dans un journal spécial qui a depuis été découvert et publié.

Sa proximité avec la famille du Rabbi précédent était rare et unique, et il a eu le privilège de devenir l’entremetteur qui a organisé le mariage du Rabbi avec la fille du Rabbi précédent, la Rabbanit Haya Mouchka.

Quand le Rabbi précédent a été arrêté le 15 Sivan 1927, c’est lui qui a couru pour informer le secrétaire Rav Haïm Liberman, le Rashag et le Rabbi.

Lorsque le Rabbi précédent est allé à Kostrama, il a pris avec lui Elyahou ‘Haïm Althaus. Peu de temps après le départ du Rabbi précédent de Russie, Elyahou ‘Haïm Althaus a réussi à sortir lui aussi, et a établi sa résidence près du Rabbi précédent à Riga, où il est resté jusqu’à l’Holocauste.

Il est mort en martyr pendant l’Holocauste le 10 Kislev 1942, avec Rav Its’hak Horowitz, Rav Yechezkel Feigin, Rav Raphael Cohen, Rav Hillel Horowitz, Rav Zalman Its’hak Vashonok, et Rav Ishaiah Hanukkah Berkhahan.

Ses séjours avec  le Rabbi précédent sont enregistrés dans des journaux personnels qui contiennent des descriptions de moments historiques dans l’histoire du Hassidisme Habad comme la célébration qui a eu lieu à Pourim en 1927, l’arrestation et la libération du Rabbi précédent, le mariage du Rabbi, le séjour de la congrégation des Hassidim à Riga sans le Rabbi précédent en 1930, lorsqu’il est resté aux États-Unis, et plus encore.

Sa famille
Son fils, Rav Pin’has Althaus – l’un des directeurs de « Tiferet Bachurim », a été assassiné par les autorités soviétiques.

Nigun de Reb Elyahou Haim Althaus, chanté par Rav Mendel Amar