Dans cet enseignement profond donné à Pourim 1960, le Rabbi de Loubavitch explore la symbolique du bassin d’airain du Tabernacle. À travers cette analyse, il révèle comment la purification spirituelle quotidienne est essentielle pour notre mission de transformer le monde matériel en demeure pour le divin, et met en lumière le rôle particulier des femmes dans ce discernement spirituel.
(Torat Menahem vol. 27, p. 470)
Pour éviter que la boue et la fange des affaires mondaines ne pénètrent à l’intérieur, mains et pieds doivent être lavés dans « les eaux de la connaissance pure ». La pensée, telle qu’elle est influencée par les habitudes du monde, doit être purifiée pour renforcer l’âme divine qui est « véritablement une partie de Dieu d’en haut ».
Lorsque mains et pieds deviennent propres, l’homme peut alors accomplir sa mission dans le monde – transformer les affaires mondaines en sanctuaire et en temple pour le Créateur.
À propos du bassin, il est dit : « Tu feras un bassin de cuivre et son support de cuivre ». Le bassin et son support n’étaient pas faits d’or ou d’argent, mais de cuivre, le moins précieux des métaux. Et d’où provint ce cuivre pour le bassin et son support ? Des « miroirs des femmes assemblées ». Comme le racontent nos Sages, « les filles d’Israël possédaient des miroirs [faits de cuivre]… et elles n’hésitèrent pas à les apporter en contribution pour le Tabernacle ».
De cela, nous apprenons qu’il n’est pas nécessairement besoin d’une personne dotée d’un intellect grandiose, pur et très élevé, ni d’un objet fait d’or ou d’argent ; ce peut être aussi un objet fait de cuivre, le moins noble des métaux. Mais si son don est fait de telle sorte que « tout cœur généreux l’apporte » de tout cœur, alors – puisque cela vient d’un cœur juif pur – il a le pouvoir de laver la poussière, la fange et la boue qui adhèrent aux mains et aux pieds.
La Torah nous révèle une innovation – tout le monde savait que cet élément avait été fourni par les femmes d’Israël :
La nature de la femme est telle que « toute la gloire de la fille du roi est à l’intérieur », tandis que les affaires du monde sont traitées par le mari. Mais c’est précisément pour cette raison, parce que le mari passe de nombreuses heures dans les affaires de ce monde, qu’il lui est plus difficile de discerner et de déterminer ce qui est ‘étranger’ pour lui et ce qui lui appartient.
La femme, quant à elle, qui reste à la maison, « toute la gloire de la fille du roi est à l’intérieur », et « la sagesse des femmes construit sa maison » pour établir son foyer sur les fondements de la Torah et des commandements – bien qu’apparemment « les femmes aient l’esprit léger », étant fille de Sarah, Rebecca, Rachel et Léa, elle a le pouvoir et la capacité – grâce au pouvoir de la foi, une foi simple, qui existe davantage chez les femmes que chez les hommes – de discerner et de déterminer qu’une certaine chose appartient à ce monde matériel et doit donc être lavée et éliminée, alors qu’une autre appartient à la partie du monde qui peut être transformée en sanctuaire et temple pour Lui.
« La main qui fut envoyée contre Ton sanctuaire » [la destruction du Temple] ne concernait que le Temple matériel. Le Temple qui se trouve dans le cœur de chaque enfant d’Israël, dont il est dit « Je demeurerai parmi eux » – à l’intérieur de chacun – ne dépend que de lui seul. Et s’il s’efforce et s’engage en cela, alors il possède un Temple construit sur ses fondations.
À l’image du Tabernacle littéral, fait d' »or, d’argent et de cuivre » matériels, le « sanctuaire » de chacun doit également être construit à partir des affaires de ce monde. Il s’agit de transformer le monde en un lieu sacré, une « maison sainte ».
L’engagement dans les affaires mondaines fait que quelque chose d’elles s’attache à l’homme. Comme c’est la nature humaine, celui qui se débat avec un être souillé se retrouve couvert de poussière, de saleté et même de boue. Dans un tel état, il est impensable d’entrer dans le Temple, comme l’enseigne la Mishna : même sur l’esplanade du Temple, il est interdit d’entrer avec de la poussière sur ses pieds.
C’est pour cela que vient l’affaire du « bassin » dont nous parle notre paracha. Le prêtre qui entre dans le sanctuaire pour offrir un sacrifice ou se prosterner devant l’Éternel devait d’abord se laver les mains et les pieds avec l’eau du bassin. Il en va de même dans le service de chaque Juif : avant d’entrer dans le « sanctuaire », il doit procéder à un lavage.
Que faut-il laver ? Les parties du corps par lesquelles on s’engage principalement dans les affaires du monde – les mains et les pieds.
Comment se fait ce lavage ? En prenant de l’eau et en la versant sur les mains et les pieds. Alors, les mains et les pieds eux-mêmes restent en place, mais la poussière, la fange et la boue qui y adhèrent sont emportées par l’eau qu’on y verse, pour peu qu’elle soit en quantité suffisante.
La notion d' »eau » dans le service divin est, selon les termes de Maïmonide : « les eaux de la connaissance pure ». C’est-à-dire : l’étude de la Torah de la Hassidout, qui amène à « connaître le Dieu de ton père ». « Les eaux de la connaissance pure » ont le pouvoir de laver les mains et les pieds, les parties du corps qui entrent en contact avec le monde, et d’en éliminer les « présupposés du monde » [la façon de penser qui découle des habitudes mondaines].