Dans les profondeurs de la pensée hassidique, particulièrement illuminée par les enseignements du Baal Shem Tov et cristallisée dans le Tanya, se trouve une conception révolutionnaire de la création divine. Cette vision, ancrée dans le verset « Pour toujours, Éternel, ta parole se tient dans les cieux » (Psaumes 119:89), offre une perspective radicale sur la nature de l’existence et notre relation au divin, remettant en question notre compréhension habituelle de la réalité.
Le concept central de cette philosophie est que la création n’est pas un événement unique et achevé, mais un acte continu qui se renouvelle à chaque instant. Le monde, dans toute sa complexité et sa diversité, n’existe que par la volonté constante de D.ieu, exprimée métaphoriquement comme une « parole » divine incessante. Cette idée bouleversante implique que si, ne serait-ce qu’un instant, cette volonté divine venait à cesser, l’univers entier retournerait instantanément au néant.
Cette conception s’oppose radicalement à la vision d’un monde autonome, comparable à un édifice qui, une fois construit, subsisterait indépendamment de son architecte. Dans la perspective hassidique, notre réalité est intimement et perpétuellement liée à sa source divine, dépendant à chaque seconde de l’influx créateur de D.ieu. Cette vision souligne la différence fondamentale entre la création divine et la création humaine : l’homme ne peut que transformer ce qui existe déjà, tandis que D.ieu crée véritablement ex nihilo, du néant absolu.
Le Baal Shem Tov enseigne que cette création continue s’applique à chaque aspect de notre réalité. Tout comme les cieux furent créés par la parole divine « Que soit le firmament », cette même parole continue de soutenir leur existence à chaque instant. De même, chaque brin d’herbe, chaque être vivant, chaque atome de notre univers dépend constamment de cette volonté divine pour exister. Si cette volonté divine devait cesser, même pour un instant, tout retournerait au néant, comme si cela n’avait jamais existé.
Cette perspective a des implications profondes sur notre compréhension de l’existence et de notre place dans le cosmos. Elle souligne l’immanence divine dans chaque aspect de la création, rendant chaque moment précieux et chargé de potentiel spirituel. Elle invite à une conscience accrue de la présence divine dans notre vie quotidienne et à une gratitude renouvelée pour le miracle constant de l’existence.
La pensée hassidique étend cette idée au-delà de la création matérielle pour englober des aspects plus personnels de notre vie. Par exemple, le concept de mariage est vu comme un miracle perpétuel, nécessitant un renouvellement constant de l’union divine entre deux âmes fondamentalement différentes. Le Rabbi de Loubavitch explique que l’union entre un homme et une femme, étant contre nature en raison de leurs différences fondamentales, nécessite une intervention divine constante pour se maintenir. C’est pourquoi, dit-il, le mariage est comparé à la séparation de la mer Rouge, un miracle qui nécessitait une intervention divine continue tout au long de la traversée.
Cette idée s’applique également à des événements comme les anniversaires ou les fêtes religieuses. Dans la pensée hassidique, ces moments ne sont pas simplement des commémorations d’événements passés, mais des occasions de revivre et de réactualiser ces moments spirituels cruciaux. Chaque année, lors de la fête de Pâque par exemple, ce n’est pas seulement le souvenir de la libération d’Égypte qui est célébré, mais une nouvelle opportunité de vivre cette libération spirituelle dans le présent. De même, chaque anniversaire n’est pas seulement une commémoration de la naissance, mais un renouvellement de l’essence spirituelle de la personne.
Cette philosophie offre une vision du monde empreinte d’émerveillement et de mystère. Elle nous invite à percevoir la réalité non pas comme un fait acquis, mais comme un miracle perpétuel, une expression continue de la créativité et de l’amour divins. Elle nous encourage à vivre chaque instant avec une conscience renouvelée, reconnaissant la présence divine qui sous-tend toute existence.
La pensée hassidique va même plus loin en affirmant que cette compréhension de la création continue est la base de toute la Torah et du judaïsme. C’est ce qui explique pourquoi le Rebbe de Loubavitch a pu faire de l’idée de « faire une demeure pour D.ieu dans les mondes inférieurs » le fondement de toute sa philosophie, malgré le fait que cette idée ne soit mentionnée qu’une fois dans un midrash. Ce n’est pas une innovation, mais plutôt une mise en lumière d’un principe fondamental qui sous-tend toute la pensée juive.
Cette perspective hassidique contraste fortement avec la vision matérialiste du monde. Alors que la science moderne peut expliquer les mécanismes de l’univers, elle ne peut pas répondre à la question fondamentale de pourquoi quelque chose existe plutôt que rien. La vision hassidique, en revanche, propose que l’existence elle-même est un miracle constant, maintenu par la volonté divine à chaque instant.
Cette idée a des implications profondes pour notre compréhension de la prière et de la relation avec D.ieu. Si nous sommes constamment soutenus par la volonté divine, alors chaque instant est une opportunité de connexion avec le divin. La prière n’est plus simplement une demande ou une louange, mais une reconnaissance consciente de notre dépendance totale envers D.ieu et une affirmation de notre désir de nous aligner sur Sa volonté.
En conclusion, cette perspective hassidique sur la création continue nous offre une voie pour transcender la routine de la vie quotidienne et accéder à une conscience plus élevée de notre relation avec le divin. Elle nous rappelle que chaque moment est une opportunité de connexion avec le transcendant, faisant de notre existence même un acte de dévotion et de gratitude envers le Créateur. Cette vision nous invite à vivre chaque instant avec émerveillement, conscients que notre existence, et celle de tout ce qui nous entoure, est un miracle perpétuel, une expression constante de l’amour et de la créativité divine.
Ainsi, la pensée hassidique nous offre non seulement une philosophie profonde, mais aussi un mode de vie. Elle nous invite à voir le divin dans chaque aspect de notre existence, à reconnaître la sainteté dans le quotidien, et à vivre chaque moment comme une opportunité de connexion avec le Créateur. C’est une invitation à une vie de conscience élevée, de gratitude profonde, et d’émerveillement constant face au miracle de l’existence.
- Le Rav Yossef Its’hak Havlin est né en 1951 à Jérusalem. Son père était Dov Eliezer Havlin, fils du Rav Shlomo Zalman Havlin, et sa mère était Elka, une descendante du Rav Yossef Haïm Zonnenfeld.
- Dans sa jeunesse, il a étudié à la Yeshiva Mir de Jérusalem et a été éduqué par le Rav Nahum Partzovitch. Après s’être rapproché du hassidisme Habad, il est passé étudier à la Yeshiva Tomchei Tmimim Lubavitch centrale d’Israël.
- En 1972, il s’est rendu étudier quelques mois à la Yeshiva Tomchei Tmimim centrale au 770 à New York. À la fin de cette année, il a épousé Adina, la fille du superviseur de la Yeshiva de Kamenitz, le Rav Moshe Aharon Stern.
- Pendant des années, il a servi comme Rosh Metivta (directeur d’études) à la Yeshiva Torat Emet à Jérusalem.
- En 1996, lorsque le quartier de Ramat Shlomo a été établi, il y a déménagé avec sa famille et a été nommé Rav de la communauté Habad locale.
- En 1988, après le décès de la Rabbanit Chaya Mushka, le Rav Havlin a fondé avec le philanthrope Yossef Its’hak Gutnick la « Bibliothèque Loubavitch « Institut Heichal Mena’hem ».
- En 1997, le Rav Havlin a fondé le séminaire « Shoshanat Yerushalayim », destiné aux filles des émissaires Habad à travers le monde.
- En 2001, à son initiative, la construction de la « Synagogue 770 » a commencé dans le quartier de Ramat Shlomo.
- En 2003, la synagogue a été inaugurée en présence de Ravs et de personnalités publiques.
- Un projet spécial dans lequel le Rav Havlin a investi pour la construction de la synagogue est une réplique exacte de la pièce du Rabbi de Loubavitch, telle qu’elle apparaît dans sa synagogue à New York.
- En 2016, il a établi une maison d’études (Beit Midrash) adjacente à la synagogue.
- En 2020, il a fondé le Beit Midrash « Iyun Hala’ha » qui sert d’institut d’ordination Ravique.
- Le Rav Yossef Its’hak Havlin est une figure importante du mouvement Habad en Israël, connu pour son travail éducatif, communautaire et dans la diffusion du hassidisme à travers ses institutions.