Dans une analyse éclairante, le Rav Menahem Wolf expose les différences fondamentales entre l’éducation juive traditionnelle et l’éducation laïque moderne, révélant que l’écart va bien au-delà des simples objectifs pédagogiques.
Rav Menahem Wolf
Le grand défi de l’éducation juive est la transmission de la Torah et des mitsvot comme mode de vie authentique. Son ambition est de former l’enfant à la foi en D.ieu, à l’étude de la Torah, à la prière et à l’observance des commandements, tout en lui permettant d’évoluer dans un monde moderne qui exige de gagner sa vie, d’élever une famille et de surmonter des épreuves – le tout dans la joie.
En contraste, l’éducation laïque vise la réussite socio-économique, l’acquisition de valeurs comme la considération et la tolérance, le développement de la créativité et de l’assiduité, ainsi que l’obtention d’une formation qui servira l’individu et son environnement.
AU-DELÀ DES OBJECTIFS
La différence ne réside pas uniquement dans les buts visés, mais dans leur essence même. L’éducation laïque est centrée sur le service de l’enfant : les parents souhaitent lui assurer un avenir prospère, tant économiquement que socialement. La logique est simple et directe : étudie pour réussir !
Même l’éducation aux valeurs de considération, de tolérance et d’entraide sert indirectement l’individu. Les parents enseignent à l’enfant le partage et le don car ils aspirent à une société d’entraide mutuelle, un monde meilleur et plus agréable.
LA NOTION DE « DÉCROCHAGE »
De façon significative, le concept de « décrochage » n’existe pas vraiment dans l’éducation laïque. Un enfant peut certes s’écarter du système scolaire, voire adopter des comportements à risque, mais il ne perd jamais son objectif fondamental : la recherche d’une vie agréable selon ses critères.
LE DÉFI UNIQUE DE L’ÉDUCATION JUIVE
Pour l’enfant élevé dans une famille pratiquante, les exigences sont d’une autre nature. Son investissement dans les études ne vise pas uniquement son avenir matériel ; dès son plus jeune âge, il doit s’engager dans l’étude de la Torah, la prière et les mitsvot. Ce défi est au cœur de l’éducation juive.
Certains enfants éprouvent des difficultés à prier, ne ressentant pas de différence entre les jours où ils prient et ceux où ils ne prient pas. D’autres questionnent l’utilité de l’étude du Talmud. Si les mitsvot occasionnelles, entourées d’une aura particulière, suscitent généralement l’enthousiasme, les commandements quotidiens peuvent devenir routiniers.
UNE APPROCHE FONDAMENTALEMENT DIFFÉRENTE
Contrairement à l’éducation laïque centrée sur l’individu, l’éducation juive repose sur une approche radicalement différente. Les parents s’efforcent d’inculquer à l’enfant qu’il est venu au monde non pour se servir lui-même, mais pour servir le Créateur. Un Juif éduque son enfant selon le principe « J’ai été créé pour servir mon Créateur », l’orientant vers l’accomplissement des commandements divins, l’étude de la Torah et le service de D.ieu d’un cœur entier.
NOURRIR L’ÂME
Les parents pratiquants investissent dans la connexion de leur enfant avec le Créateur, le renforcement de la foi, la transmission des récits de la Torah, la reconnaissance de sa valeur et l’importance des mitsvot. Ils s’efforcent de lui faire goûter la « joie de la mitsvah » et le plaisir de la proximité divine.
UN ÉQUILIBRE HARMONIEUX
Cette approche ne signifie pas négliger les besoins pratiques de l’enfant. Un parent juif désire aussi ardemment le bonheur et le bien-être de son enfant, s’efforçant de l’aider à réussir économiquement et socialement. Cependant, ces aspects restent secondaires. Il veillera à ses besoins matériels tout en considérant cela comme un cadre. Le cadeau principal qu’il offre à son enfant est le sentiment du privilège et de la joie d’être connecté à D.ieu, à travers la Torah et les mitsvot qu’Il nous a données, et la mission qu’Il attend de nous dans ce monde.
Cette analyse profonde nous invite à réfléchir sur les fondements mêmes de l’éducation et sur notre vision du développement de l’enfant. Puissions-nous tous avoir beaucoup de « nachat » (satisfaction) de nos enfants !