Lundi dernier, veille de la Journée internationale de la Shoah, s’est ouverte dans la ville de Paphos, à Chypre, la première conférence internationale de la Fondation Yael, qui s’est donnée pour mission de soutenir l’éducation juive et préserver la tradition de nos pères dans toutes les places du monde juif, avec un accent particulier sur les enfants juifs qui étudient dans des écoles non juives. Ravs de communautés, directeurs d’école et personnel éducatif de ving-huit pays et de cinq continents se sont réunis pour un marathon de conférences et d’ateliers composés d’éducateurs et de professionnels chevronnés, afin d’échanger et d’acquérir des outils pratiques qui les aideront dans leur travail quotidien.

Après une réception donnée par le président de la Fondation Yael, le Rav Shmuel Assman et le directeur général de la fondation, Eliezer Lesovoï, les participants se sont réunis pour une session intitulée : « Rapprocher les juifs proches » – consacrée au défi de rapprocher ceux, qui, au sein de la communauté, ne se sentent pas-ou plus- à leur place. On y a débattu de questions telles que les moyens d’action à mettre en place lorsque des enfants abandonnent la tradition ou de la politique à développer pour éveiller l’intérêt des élèves à la vie juive.

Dans les cercles de parole qui ont été initiés, les participants ont présenté les défis pédagogiques qu’ils rencontrent au cours de leurs activités hebdomadaires, dans le but de préserver et d’améliorer les méthodes de transmission de l’éducation juive traditionnelle, avec des outils adaptés pour l’année 2023. Au cours de la conférence, nombreuses ont été les séances de brainstorming et les enrichissements mutuels des méthodes et des tactiques pédagogiques.

Le deuxième jour de la conférence, un atelier professionnel a été mené par le coach Idan Bitterman sur les styles de communication personnels pour créer un travail fructueux et une collaboration efficace avec les élèves.

Au cours de la « Conférence Internationale Yaël », des présentations de style Ted ont traité d’une grande variété de sujets : le Grand Rabbin d’Estonie, Rav Shmuel Kot – sur les défis propres aux familles mixtes. Elodie Marciano de Paris, qui a fondé un projet visant à faire passer les enfants dans les écoles juives, a présenté aux participants des statistiques selon lesquelles, en France, seul un tiers des élèves juifs sont scolarisés dans des institutions juives et le reste dans des écoles publiques, privées et catholiques.

Selon elle, la barrière n’est pas seulement financière mais aussi géographique et mentale. Grâce à son projet, Choisir l’Ecole Juive, soutenu par la Fondation Yael, environ cinq mille enfants se sont inscrits dans des écoles juives.

M. Gaël Gruenwald, président de la faction Mizrachi dans l’organisation sioniste mondiale, qui était partenaire de la conférence, a parlé de l’importance de préserver l’identité juive dans un monde qui brouille les identités, en menant un dialogue et en renforçant le lien avec la Terre d’Israël.

La rabbanit Tzipi Kozlovski, directrice de l’école Habad de Tbilissi, en Géorgie, a parlé des méthodes d’éducation informelle employées dans son établissement pour faire aimer le judaïsme et mettre un frein à l’assimilation.

La question comment rendre accessible la langue de la Bible et du Talmud a été abordée par le Rav Moti Bigun, directeur de la chaîne Ohaléï Yossef Yitzchak à Sao Paulo, qui a présenté une méthode unique en ce sens.

Le point culminant du congrès a été la soirée de gala en l’honneur des Ravs, des éducateurs et éducatrices qui œuvrent pour promouvoir l’éducation juive traditionnelle à travers le monde, avec un accent particulier sur les élèves juifs étudiant dans des écoles non juives. Le présentateur de la soirée, le Rav Mendy Moskovitch, qui est arrivé de Kharkov, deuxième plus grande ville d’Ukraine constamment bombardée par la Russie, a ouvert l’événement avec une vidéo qui présentait les nombreuses activités de la Fondation Yael depuis sa création.

Le président de la Fondation, le Rav Shmuel Assman, a noté dans son discours : « Nous sommes dans l’année du rassemblement (chenat hakhel), il n’est pas de moment plus approprié pour nous rassembler, comme on le faisait à Jérusalem à la sortie de l’année sabbatique. Il a remercié avec des mots émouvants les fondateurs du Keren Yael, les partenaires et les membres du personnel qui ont œuvré jour et nuit pour la réussite de la conférence et surtout les directeurs des écoles qui font chaque jour un travail d’une valeur inestimable.

En outre, des discours ont été prononcés par M. Yaakov Haguel, président de l’Organisation sioniste mondiale, M. Gael Gruenwald, président du Mizrahi dans les institutions nationales et partenaires de la conférence, et le directeur général de la fondation, M. Eliezer Lesovoï, qui a déclaré avec émotion : « Visitant vos projets, j’avais partout l’impression de rencontrer des membres de ma famille. Notre famille a grandi et cela nous donnera la force d’améliorer l’éducation juive partout dans le monde, vous rencontrer me donne la force de continuer à agir ».

Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen, le Grand Rabbin d’Israël Rav David Lau et le ministre des Affaires Religieuses Michael Malchieli ont chaleureusement félicité les responsables de la fondation et les participants par des vœux enregistrés.

Le chanteur Shuli Rand a emballé les participants de la Conférence avec des chansons agrémentées d’histoires de son enfance. Après la partie chansons et danses, les participants sont restés pour un Farbrenguen traditionnel, racontant des anecdotes de leur activités frôlant le miraculeux jusqu’aux petites heures de la nuit.

Le dernier jour de la conférence, présentations et ateliers se sont poursuivis du matin au soir avec le Rav Schwicki, directeur de l’école Maïmonide de la communauté séfarade de Buenos Aires ou le Rav Bistritzky de Hambourg qui a parlé de l’importance de la planification à long terme comme clé du succès.

La session la plus émouvante a traité de l’éducation sous le feu, au sens propre du terme. Les Ravs des communautés de toute l’Ukraine ont partagé les épreuves qu’ils ont traversées depuis le début de la guerre, tels des élèves forcés de quitter l’école ou les cas d’un camarade de classe qui a été tué, et comment, malgré tout, les études ont été maintenues.

Le dernier matin, les participants se sont rendus à Larnaca où ils ont visité les institutions de la communauté juive et ont été reçus par le Rav Ze’ev Raskin, Rav de Chypre. Emplis de nouvelles énergies ils sont retournés dans leurs communautés aux quatre coins du monde pour continuer à rallumer la flamme de l’identité juive.