Dans une récente conférence à Londres, le Rav Itshak Rubin, Rosh Yeshiva de Manchester, a partagé un récit bouleversant qui illustre comment un simple geste d’hospitalité peut transformer des vies sur plusieurs générations. Cette histoire, qui débute dans l’après-guerre avec un couple de survivants de la Shoah, nous enseigne la puissance extraordinaire de la foi juive et de l’hospitalité authentique.
Lors d’une récente conférence de dayanim (juges rabbiniques) à Londres, le Rosh Yeshiva de Manchester, Rav Itshak Rubin, est monté à la tribune et a partagé avec l’assemblée une histoire particulièrement émouvante.
Il raconta l’histoire du Rav Yosef Gelernter et de son épouse, la Rabbanit, qui avaient traversé des tragédies terribles pendant la Shoah. Miraculeusement sauvés, la Providence Divine les avait conduits en Amérique, où ils s’installèrent dans un lieu appelé Garden Hills, une belle communauté de New York. Progressivement, avec beaucoup de foi et grâce au charisme particulier du Rav Yosef, ils bâtirent une communauté magnifique. Cependant, une chose les faisait profondément souffrir : ils ne parvenaient pas à avoir d’enfants.
Après des examens médicaux, les médecins dirent à la Rabbanit qu’elle n’avait aucune chance d’avoir un enfant. Mais le Rav et la Rabbanit ne perdirent pas espoir et gardèrent la foi. Après 12 ans, un miracle se produisit : une fille leur naquit. Ils l’appelèrent Miriam.
Cette année-là, le Rav était tellement heureux qu’il voulait que, lors du Seder, en plus du bébé dans son berceau, un jeune garçon ayant récemment célébré sa Bar Mitzvah vienne chanter le Ma Nishtana à sa table. Le Rav entra dans la synagogue et vit un jeune garçon qui venait de célébrer sa Bar Mitzvah. Il lui demanda s’il voulait être son invité pour le Seder.
Bien sûr, le jeune garçon fut très ému par ce grand honneur et vint au Seder chez le Rav et la Rabbanit. L’atmosphère était indescriptible, pleine d’élévation spirituelle et de joie. Le jeune Bar Mitzvah chanta le Ma Nishtana, à côté du berceau où se trouvait la petite Miriam. Après qu’il eut chanté, soudain le bébé Miriam se mit à pleurer. La Rabbanit était occupée à la cuisine, alors le Rav se leva, prit le bébé et lui dit tendrement « Oh… ». Mais l’enfant pleurait très fort, alors le Rav s’excusa, prit sa fille et monta avec elle dans la chambre à l’étage. Il la berça fort en lui chantant « Heizig, heizig, zei, heizig, heizig, zei, comme c’est bon d’être juif ».
Le jeune Bar Mitzvah assis à table fut profondément ému par cette scène authentique et naturelle : un Rav qui avait traversé de telles tragédies pendant la Shoah chantait à sa fille miracle « comme c’est bon d’être juif ».
Le Rav Rubin poursuit : « Vous savez comment je sais que cette scène a tant ému ce jeune Bar Mitzvah ? Parce que j’étais ce jeune garçon, et cette scène ne m’a jamais quitté. Récemment, je suis allé en Amérique pour célébrer la Bar Mitzvah d’un de mes petits-fils. J’ai invité la petite Miriam, qui est aujourd’hui une Rabbanit très importante, elle et son mari. Lors de la cérémonie de Bar Mitzvah, j’ai dit que toute la foi que j’ai transmise à mes enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants vient de ce Seder où j’ai été si ému de voir le père de la petite Miriam, aujourd’hui une Rabbanit importante, lui chanter après tout ce qu’il avait traversé ‘comme c’est bon d’être juif’. J’ai vu que c’était authentique, cela a pénétré mon cœur, et je me suis dit que je voulais aussi insuffler cette foi à tous mes enfants et mes élèves. »
Dans la Paracha de cette semaine, nous lisons comment le Saint, béni soit-Il, vient rendre visite à Abraham notre père trois jours après sa circoncision. La Torah nous raconte comment Abraham notre père s’empresse d’accueillir des invités avec un dévouement extraordinaire, et grâce à cela, il mérite une révélation divine. La Torah nous enseigne que l’hospitalité est plus grande que recevoir la Présence Divine.
Combien devons-nous nous efforcer d’accomplir le commandement de l’hospitalité ! Voyez comment un accueil authentique peut transformer la vie d’une personne et celle de toutes les générations qui suivront. Nous tirerons leçon d’Abraham notre père qui, à 99 ans, n’a pas renoncé au commandement de l’hospitalité. Nous ferons certainement tout notre possible pour accueillir des invités, non seulement pour leur donner de la nourriture matérielle, ce qui est important, mais aussi pour leur donner de l’amour et des valeurs. Et grâce à cela, nous mériterons une révélation divine.
Shabbat Shalom et bonnes nouvelles !
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