Dans ce cours passionnant et profond, le Rav Yoav Akrish explore le sens des moments d’arrêt et de difficulté dans nos vies. Loin d’être de simples obstacles, ces « haltes » sont en réalité des étapes cruciales de notre développement personnel et spirituel.
En plongeant dans les versets de la Torah et les enseignements de nos Sages, nous découvrons que ces périodes de stagnation apparente sont des opportunités uniques de révéler notre potentiel intérieur et d’accomplir notre mission divine.
À travers des histoires inspirantes et des réflexions percutantes, ce cours nous invite à changer notre regard sur les défis de la vie et à y percevoir la main bienveillante de la Providence. Un message lumineux et porteur d’espoir pour nous aider à avancer, étape après étape, vers la Délivrance finale.

 

Par le Rav Yoav Akrish

  • Rav Yoav Akrish est né en 1981.
  • De 1999 à 2001, il a étudié à la Yechiva Tomchei Temimim de Kiryat Gat, et vers l’année scolaire 2001-2002, il est parti étudier à la Yechiva centrale Tomchei Temimim dans la cour du Rabbi au 770 dans le cadre de l’année de « Kvoutsa ».
  • Après son mariage avec son épouse Rivka, il a vécu pendant un certain temps à Beitar Illit et a été ordonné rabbin.
  • Pendant un certain temps, il a servi comme émissaire du Rabbi dans la ville de Genève en Suisse, et à son retour en Terre Sainte, il a complété ses études de Halakha et a été autorisé à servir comme rabbin régional, comme rabbin officiant pour les mariages (Houppa et Kiddoushin), comme instructeur pour les futurs mariés, et s’est également perfectionné dans d’autres domaines.
  • En 2016, il a commencé à servir comme Rosh Kollel du Kollel Torah Shlema dans la ville de Hadera, où il donne des cours approfondis sur les fondements de la Halakha, guide les jeunes avrekhim dans la façon d’étudier la Halakha et la Pssika (décision halakhique), et oriente leur chemin dans les activités de Chli’hout (mission) éducative à travers la ville de Hadera.
  • Les cours et contenus du Rav Akrish sont régulièrement publiés sur différents réseaux sociaux et sont visionnés par des dizaines de milliers de personnes. Son activité en ligne se déroule avec l’accompagnement de l’institut Zera’im.

 

Pourquoi parfois vivons-nous des périodes où nous avons l’impression que d’en haut, on nous bloque simplement sur place ? Pourtant, le Saint béni soit-Il veut que nous grandissions, que nous progressions, que nous soyons plus saints, meilleurs, plus purs. Alors pourquoi parfois, justement dans les domaines où nous voulons avancer et nous développer, c’est comme si d’en haut on nous disait : « Non, reste sur place », on nous bloque là où nous voulons progresser ?

Un homme a pris la bonne décision de commencer à manger casher. Lors de son premier voyage en aavion, il commande un repas casher et c’est justement lui qui ne reçoit pas son plat casher. Pour tous les autres, on sert de la nourriture casher, et il se demande : « Pourquoi est-ce que c’est justement moi qui n’ai pas reçu le repas casher, au moment où j’ai pris la bonne décision de commencer à manger casher ? Que me fait-on depuis les cieux ? »

Nous vivrons toujours dans nos vies des hauts et des bas, chacun connaîtra des descentes. C’est le voyage de notre vie. Mais nous nous demandons, même s’il est prévu d’en haut qu’il y ait des montées et des descentes, des progrès et des arrêts, quel est le but de cet arrêt ? Pourquoi parfois nous bloque-t-on ? Pourquoi avons-nous parfois l’impression que d’en haut, on nous adresse ce regard qui dit : « Maintenant arrête-toi, ne progresse pas », on nous bloque sur place ? Quel est le secret des arrêts dans notre vie ?

Il est pourtant clair que le Saint béni soit-Il veut seulement que nous progressions, que nous nous développions, que nous soyons meilleurs et plus saints. Et une partie de cette progression, c’est aussi l’arrêt. Comment comprendre une telle chose ? Comment plonger dans la profondeur de l’arrêt dans notre vie et en faire sortir une élévation et un progrès bien plus grands ?

C’est exactement le secret de la paracha Pekoudei, une paracha qui conclut le livre de l’Exode. Elle ne fait pas que conclure le livre de l’Exode, elle exprime en fait la sortie d’Égypte. Le livre de l’Exode dans son ensemble est défini comme le passage de l’obscurité à la lumière. Chaque détail du livre de l’Exode nous donne les outils et la force de sortir de l’obscurité vers la lumière.

Mais il y a le principe talmudique bien connu : « Tout suit la conclusion ». Si nous contemplons notre paracha de la semaine, et en particulier le dernier verset où le Saint béni soit-Il nous dit que dans le Tabernacle réside la nuée, car « la nuée de Dieu est sur le Tabernacle le jour, et un feu y brille la nuit, aux yeux de toute la maison d’Israël, dans toutes leurs étapes », ce verset qui conclut le livre de l’Exode nous enseigne comment nous devons considérer les descentes, les chutes, l’obscurité dans notre vie, et en sortir vers une grande lumière.

Penchons-nous sur la profondeur du dernier verset : « La nuée de Dieu sur le Tabernacle le jour, dans toutes leurs étapes ». Dans tous les voyages des enfants d’Israël, la nuée réside sur le Tabernacle.

Une question se pose sur ce verset. Il est connu que lorsque les enfants d’Israël partent en voyage, la nuée les précède, leur indique où aller. Elle leur annonce, en cessant de résider sur le Tabernacle, qu’il est temps de se mettre en route. Quand nous devons nous arrêter, faire halte et construire le Tabernacle sur place, la nuée s’arrête à cet endroit et nous savons qu’ici nous devons bâtir le Tabernacle. Alors la nuée réside sur le Tabernacle le jour, et un feu y brille la nuit.

Mais ce n’est pas dans toutes leurs étapes, c’est lors des haltes des enfants d’Israël que la nuée réside sur le Tabernacle. Or le verset nous dit le contraire : la nuée sera sur le Tabernacle le jour, aux yeux de toute la maison d’Israël, dans toutes leurs étapes. C’est quand la nuée se déplace qu’elle réside sur le Tabernacle, et c’est simplement incorrect. Il faut comprendre ce que le verset nous dit.

La nuée réside sur le Tabernacle au moment de la halte, pas au moment du voyage. Rachi répond à cette question et nous dit alors la phrase suivante : « Leur lieu de halte aussi est appelé étape ». Rachi vient nous enseigner, à partir de plusieurs versets de la Bible, que même lorsque nous campons, cela s’appelle « étape ». Et la raison en est très simple : de leur lieu de halte, ils repartaient en voyage. Après la halte, tu continues le trajet. Donc la halte aussi est appelée voyage.

En contemplant l’explication de Rachi, nous pouvons peut-être comprendre qu’une halte fait partie du voyage. Il est vrai qu’on appelle cela voyage, et le voyage inclut à la fois la progression et parfois l’arrêt. Mais pourquoi la Torah choisit-elle de conclure par les mots « dans toutes leurs étapes », alors qu’il ne s’agit pas d’un déplacement mais d’une halte ? Pourquoi nous dit-on que les enfants d’Israël ont vu de leurs yeux, aux yeux de toute la maison d’Israël, la nuée résider sur le Tabernacle et nous précise-t-on que c’était pendant le voyage, alors que c’était pendant leur halte ?

Il est vrai qu’une halte est considérée comme faisant partie du voyage. Mais il aurait été plus simple de dire que la nuée était sur le Tabernacle pendant leur halte. Quelle est la profondeur de cette phrase : « Leur lieu de halte aussi est appelé étape » ?

Nos vies sont remplies d’une grande étape. L’Admor Hazaken, auteur du Tanya, le décrit dans les termes de la Torah : « Voici les étapes des enfants d’Israël, qui sont sortis du pays d’Égypte ». C’est l’étape personnelle de chacun d’entre nous pour sortir d’Égypte vers la Terre Promise, vers la terre d’Israël. C’est une étape personnelle et une étape générale du peuple d’Israël jusqu’à la Délivrance complète.

Mais qu’est-ce que l’Égypte si nous en sommes sortis en une étape ? Dès que le peuple d’Israël a franchi la frontière de l’Égypte, ils en étaient déjà sortis ! Certainement qu’après la traversée de la mer Rouge, ils ont vu tous les Égyptiens se noyer dans la mer. Non seulement ils sont sortis d’Égypte, mais les Égyptiens aussi ont été engloutis dans la mer. Nous nous sommes libérés du joug égyptien qui a pesé sur nous pendant 210 ans.

Mais la Torah appelle toutes les étapes jusqu’en terre d’Israël « les étapes des enfants d’Israël, qui sont sortis du pays d’Égypte ». L’Admor Hazaken demande : « Mais nous sommes sortis d’Égypte en une étape ! Pourquoi toutes les étapes jusqu’en terre d’Israël sont-elles appelées sortir d’Égypte ? » L’Égypte est peut-être une étape en chemin vers la Terre Promise, vers la Terre Sainte, mais ce n’est pas une étape dans le cadre de la sortie d’Égypte. D’Égypte nous sommes sortis en une étape.

Et la réponse est : l’Égypte n’est pas un pays. L’Égypte n’est pas un pouvoir qui pèse sur nous. L’Égypte est un état d’esprit qui nous bloque sur place, qui restreint nos pas, qui nous met dans un étau. On peut se libérer de l’asservissement de l’Égypte, mais tant que nous sommes bloqués quelque part, que nous n’avançons pas, que nous ne créons pas, que nous ne nous développons pas, que nous ne faisons pas plus de bien, nous sommes en Égypte.

Peut-être qu’aujourd’hui, par rapport à hier, c’est merveilleux, nous nous sommes libérés de l’Égypte. Mais aujourd’hui, si nous n’avons pas progressé, nous sommes encore bloqués en Égypte. Et c’est sur cela que vient la Torah et nous dit : « Voici les étapes des enfants d’Israël, qui sont sortis du pays d’Égypte ». D’Égypte tu sors chaque jour, dans une nouvelle étape.

Ce qui était bon hier, ce qui était considéré comme une sortie d’Égypte hier, aujourd’hui c’est une nouvelle Égypte. Car à nouveau je suis bloqué sur place. Car les Égyptiens cherchaient à nous figer comme des gens définis qui ne sortent pas du cadre de leur vie, comme une personnalité limitée qui ne se développe en rien.

Et tout le secret de la sortie d’Égypte, c’est : ne reste pas sur place, ne te soumets pas à un niveau limité en disant que c’est déjà très très bien par rapport aux autres. On ne peut que me dire merci, je suis très bien, je prie, j’étudie, j’aide, je soutiens, je suis une personne positive, j’ai de bonnes midot (qualités), j’investis en moi-même. Alors oui, je reste dans ce cadre, mais c’est un très bon cadre. Ne consens pas à rester en Égypte, avance toujours ! « Voici les étapes des enfants d’Israël, qui sont sortis du pays d’Égypte ».

Et lorsqu’un homme prend la décision d’être meilleur, d’examiner un point précis qui demande à être amélioré, un endroit où je peux mieux investir dans ma vie, parfois cette étape comporte une halte. Dans tous les voyages des enfants d’Israël, les 42 étapes, il y avait aussi des haltes.

Et là, un Juif amer se demande : « Mais pourquoi me bloque-t-on sur place ? Je veux me rapprocher de la terre d’Israël, je veux partir pour cette étape ! » Il est vrai qu’il faut parfois faire une halte pour faire provision de forces, se ressourcer, mais tout de suite reprendre l’étape. Mais parfois, le Saint béni soit-Il nous a fait rester dans le désert pas mal de temps au même endroit, parfois quelques semaines, quelques mois, deux ans. « Pourquoi dois-je être bloqué sur place ? Je veux déjà avancer ! »

Et c’est là-dessus que Rachi vient et nous dit que « leur lieu de halte aussi est appelé étape ». Notre regard doit changer. Nous avons le regard très très tourné vers l’avant. Nous voulons regarder en avant, voir où nous devons arriver. Nous voulons nous développer, arriver déjà en terre d’Israël, arriver à l’endroit bon et saint dans notre vie. Et soudain on nous bloque sur place et là je dis : « Je suis bloqué, je fais halte, je m’arrête sur place et je n’avance pas ! »

Si nous changeons notre point de vue, nous découvrirons que la halte est une étape, que « leur lieu de halte aussi est appelé étape ». Mais il faut changer deux points de vue dont nous parlerons aujourd’hui.

Le premier point : lorsque nous avons une halte, cela nous permet de découvrir un niveau plus profond, plus nouveau dans notre personnalité. Le prophète Zacharie prophétise la prophétie suivante, le Saint béni soit-Il dit au prophète Zacharie : « Je te donnerai des chemins entre ceux qui se tiennent là » (Zacharie 3,7).

Il lui dit : quand tu es parmi les anges, un ange est appelé « celui qui se tient » et toi tu es appelé « celui qui chemine ». Et c’est très surprenant. Les êtres humains sont appelés « ceux qui cheminent » et les anges « ceux qui se tiennent ». Pourtant, le Talmud décrit en plusieurs endroits que les anges volent en quelques vols à travers toute la terre. Ils vont bien d’un endroit à l’autre, ils bougent ! Et les Vivants courent et reviennent, ils sont tout le temps en mouvement !

Mais le Saint béni soit-Il dit : « Oui, ils bougent beaucoup. Peut-être physiquement ou spirituellement ils courent très vite. Mais en termes de personnalité, ils sont bloqués sur place ». Un ange ne peut se développer nulle part, tel qu’il a été créé il restera. Toi, tu es différent. Tu peux découvrir de nouveaux niveaux dans ta personnalité, devenir quelqu’un de nouveau. Tu es vraiment « celui qui chemine ».

« Celui qui chemine », ce n’est pas seulement progresser. « Celui qui chemine », c’est arriver à un nouveau niveau de notre personnalité. Et quelle est la différence entre nous et les anges ? Pourquoi nous pouvons arriver à un niveau vraiment nouveau, marcher, quitter notre place figée et faire un pas nouveau, être quelqu’un d’autre – pas seulement un peu meilleur, mais autre ? Cela, seul l’homme le peut et pas l’ange, pour une seule raison : l’ange n’a pas de luttes, pas d’échecs, pas de chutes, pas d’obscurité, pas de ténèbres. Et c’est pourquoi il ne peut pas non plus éveiller une nouvelle lumière dans sa vie.

C’est justement quand nous nous trouvons dans un endroit qui nous bloque sur place, où nous nous sentons limités, un endroit où nous disons qu’il y a tellement d’obscurité, « pourquoi cela m’arrive à moi ? Je voulais justement étudier davantage et juste au moment où j’ai décidé d’étudier plus, soudain il y a un problème de santé avec un des enfants et il faut s’en occuper et tous mes rêves et toutes mes décisions se sont effondrés ! » Pourquoi cela arrive ?

C’est justement ces moments-là où tu peux découvrir les immenses forces qui sont en toi, découvrir une profondeur de lien avec la décision qui est un lien plus profond. Car maintenant, pour me lier à cette décision, pour arriver à un meilleur endroit, je dois découvrir en moi des puissances que je n’ai pas encore découvertes dans les bons moments.

Car dans les bons moments, tout va bien, alors je reste dans mon cadre personnel. L’échec, la difficulté, la limitation, la halte sont notre plus grande étape. Car alors nous prenons une décision plus profonde qui émane de notre intériorité. Là, nous sommes appelés à mobiliser des forces intérieures profondes et puissantes que nous ne connaissions pas. Nous ne pouvons les connaître que dans les temps d’arrêt.

Car alors s’éveille en nous le grand désir d’avancer, de grandir. Alors je comprends à quel point je suis lié aux choses saintes et pures. Alors j’ai le choix : soit tomber et m’écraser, soit grandir. Ce qui est sûr, c’est que je ne reste plus sur place. Car dans les moments de chute, dans les moments d’obscurité, nous comprenons qu’on ne peut pas continuer ainsi.

Seulement, au lieu de choisir de tomber, de dégringoler avec ce qui arrive, le Saint béni soit-Il nous dit : « Dans toutes leurs étapes, il y a la nuée de Dieu le jour sur le Tabernacle ». Là, la Présence Divine réside sur toi et te dit : « À cet endroit, c’est une étape. Ne l’appelle pas chute, appelle-le étape ». Sache que maintenant, tu découvres le niveau intérieur que tu ne connaissais pas jusqu’à aujourd’hui qui existe en toi. D’ici, tu peux percer et réussir.

Essayons de définir cela un peu mieux dans notre vie. En 1951, Edmund Hillary, un alpiniste professionnel et général anglais, a gravi la plus haute montagne du monde, le Mont Everest, dans la chaîne de l’Himalaya. Il s’est donné pour projet ce que de nombreuses personnes avant lui avaient tenté. Des dizaines de gens ont essayé de grimper et d’arriver au sommet. Beaucoup d’entre eux sont morts en route, dans les neiges, par manque d’oxygène, d’épuisement total.

Et lui a grimpé et grimpé et a réussi à planter le drapeau, pas à l’endroit le plus haut, pas au sommet de la montagne, mais quand même à l’endroit le plus haut par rapport à tous ceux qui avaient essayé avant lui. Il est arrivé à l’endroit le plus haut qu’un homme ait jamais réussi à atteindre, même s’il n’a pas encore conquis le sommet.

Quand on a entendu cela en Angleterre, on a décidé d’organiser pour lui une soirée spéciale avec les gens les plus importants d’Angleterre. Il a apporté un immense honneur aux Anglais, c’est un homme qui est arrivé à l’endroit le plus haut, au point le plus élevé de l’Everest.

Une grande soirée, une scène, derrière la scène une photo géante de l’Everest, et on a invité Edmund Hillary à venir faire un discours, à parler devant le public. Quand il est monté sur scène, il ne s’est pas tourné vers le public, il s’est retourné vers la photo et a commencé à parler à la photo.

Il lui dit : « Everest, tu m’as vaincu. J’ai échoué dans ce combat. J’ai perdu et tu as gagné. Je n’ai pas réussi à conquérir le sommet. Tu as gagné, j’ai perdu. Mais je veux te dire quelque chose. Je te promets aujourd’hui, je te promets que je te conquerrai. Je te promets que même si je suis tombé dans cette bataille, dans cette guerre, je vaincrai. Je te conquerrai ! »

« Et je dois te dire que c’est certain que je réussirai à conquérir ton sommet. D’où me vient cette certitude ? D’où suis-je convaincu que je réussirai à te vaincre dans ce combat ? C’est très simple. Vois-tu, Everest, tu es grand, tu es un géant, il n’y a pas comme toi, tu es le plus puissant et le plus grand au monde. Tu as juste un problème : tu as cessé de grandir, tu as cessé de progresser. Moi, par contre, je ne cesse pas de grandir, je ne cesse pas de progresser. Et c’est pourquoi un jour viendra et je te conquerrai. Je serai au-dessus de toi. Car celui qui est bloqué sur place finira par perdre. Celui qui choisit d’avancer finira par vaincre. »

Deux ans plus tard, Edmund Hillary a été déclaré le premier homme à avoir conquis le sommet de l’Everest. Il a planté le drapeau anglais au sommet. Car celui qui progresse finit par réussir, finit par conquérir. Mais la vérité est que la première fois qu’il a conquis le sommet, ce n’était pas au moment où il a planté le drapeau au sommet de l’Everest. C’était lors de cette soirée où justement il avait échoué.

Lors de cette soirée où on souligne qu’il est arrivé très haut mais n’a pas vaincu la bataille, à ces moments-là il s’est dit : « Je choisis d’avancer ». C’est le vrai moment où il a conquis le sommet. Ensuite, il n’a fait que le réaliser deux ans plus tard. Mais la conquête du sommet a eu lieu au moment où tu n’as pas réussi et tu te dis : « Je choisis d’avancer, je choisis de grandir, je choisis de découvrir en moi des forces plus profondes ».

Car la profondeur de la halte, c’est une grande étape. Le Saint béni soit-Il dit : dans les étapes, vous progressez ; dans les haltes, vous découvrez à quel point vous êtes grands, à quel point vous en êtes capables, quelle puissance il y a en vous. Et cette puissance est celle qui vous permettra la grande étape, en fait la vraie étape dans notre vie.

Peut-être que nous la réalisons dans les moments de progression, mais nous la créons dans les moments de halte. Et c’est pourquoi il est important pour la Torah de conclure par les mots « dans toutes leurs étapes », dans la dernière phrase qui conclut le livre de l’Exode, le livre de la sortie de l’obscurité vers la lumière.

Souvenez-vous, peuple juif, vous êtes un peuple pour qui non seulement la réussite est une étape, mais aussi et surtout les chutes. Elles sont la vraie étape. Car alors vous découvrez les forces qui existent vraiment en vous. Alors vous découvrez les puissances que vous avez. Alors vous découvrez à quel niveau immense vous pouvez arriver.

Et c’est pourquoi le Saint béni soit-Il dit au prophète Zacharie : « Je te donnerai des chemins entre ceux qui se tiennent là ». Tu vois les anges, ils sont gigantesques, ils sont grands, ils sont sublimes, il n’y a pas comme eux. Mais ils sont bloqués sur place, ils ne peuvent se développer nulle part. Tels que je les ai créés, ainsi ils resteront. Tout ce qu’ils feront, c’est dans le cadre restreint que je leur ai donné.

Vous, vous n’avez pas de limite. Où vous pouvez vous développer ? Justement à cause des problèmes, à cause des manques, à cause des haltes, à cause des retards. Cela vous oblige à créer une immense force intérieure. En sachant que « la nuée de Dieu est sur le Tabernacle le jour, aux yeux de toute la maison d’Israël, dans toutes leurs étapes ».

Car au moment de la halte, tu es dans une étape. Car le Saint béni soit-Il réside sur toi et te dit : « Maintenant, révèle qui tu es. Maintenant, dis-toi que tu ouvres la nouvelle étape dans ta vie ». Car les étapes, les progrès et les réussites sont en fait un progrès limité. Un nouveau niveau dans la personnalité commence dans les moments de chute.

C’est la profondeur de « dans toutes leurs étapes » avec laquelle nous sortons de ce verset. Nous sortons vers un nouveau livre dans notre vie.

Mais il y a ici un autre niveau auquel nous devons réfléchir. Une halte, c’est une interprétation. Qu’est-ce qui détermine que nous sommes bloqués sur place ? Qu’est-ce que cela signifie : « J’ai un plan et cela retarde mon plan » ? Et là arrive une nouvelle compréhension. Peut-être que cela retarde mon plan, mais peut-être qu’il y a un autre plan qui doit se réaliser ici.

Il était une fois un groupe de femmes ‘Habad aux États-Unis qui étaient dans une certaine ville des États-Unis pour un rassemblement général de renforcement du judaïsme, de renforcement du Chabbat. C’était un jeudi soir. Vendredi matin, un groupe assez important de femmes est arrivé à l’aéroport pour rentrer chacune chez elle.

Le vol dure une heure tout au plus, on peut arriver assez tôt à la maison et se préparer pour Chabbat. Une tempête de neige imprévue a éclaté le matin. On leur a annoncé que le vol était retardé et cela a traîné encore et encore. Soudain, la pression s’est emparée d’elles. Elles ont compris que si cela ne se résolvait pas tout de suite, s’il n’y avait pas immédiatement ici une bénédiction céleste, elles risquaient de rester coincées tout Chabbat à l’aéroport. Pas à la maison et pas non plus dans un autre quartier.

Avec un très grand stress, elles ont appelé le secrétariat du Rabbi de Loubavitch. Elles ont parlé avec le secrétaire du Rabbi et lui ont demandé : « S’il vous plaît, c’est urgent, entrez chez le Rabbi et dites-lui : nous sommes bloquées ici à l’aéroport, en anglais we are stuck ».

Il est revenu vers elles quelques minutes plus tard et leur a dit : « Le Rabbi demande ce que signifie stuck en anglais ». Il leur demande ce que veut dire stuck. Elles lui ont dit : « Cela signifie bloquées, simplement bloquées sur place, rien ne bouge, rien ne se développe. Nous sommes retenues ici à l’aéroport ».

Il a ri et leur a dit : « Le Rabbi sait ce que signifie le mot stuck en anglais. Il demande quel est le concept d’être bloqué ? D’où vient ce mot bloqué ? D’où les enfants d’Israël tiennent-ils cette idée que nous sommes bloqués ? »

« Un Juif n’est bloqué nulle part. Un Juif a une mission. Peut-être que je suis bloqué par rapport à l’histoire que je me suis racontée, que je veux arriver à la maison pour Chabbat et être avec toute la famille. Mais il y a une autre histoire qui doit peut-être se réaliser ici. Mais tu n’es jamais bloqué. Il y a simplement pour toi une autre histoire à raconter. »

Immédiatement, tout a changé chez elles. Elles ont compris qu’elles allaient passer Chabbat à l’aéroport. Mais elles ont sorti de leurs sacs des dizaines de prospectus sur Chabbat, le judaïsme, l’allumage des bougies. Elles sont allées à la rencontre de femmes juives qui se promenaient dans l’aéroport, ont créé des liens avec plusieurs dizaines de femmes.

De ces rencontres, de cette créativité, des familles se sont rapprochées du judaïsme. Les enfants ont été envoyés dans des institutions éducatives juives. Elles se sont rapprochées du monde du judaïsme, ont été sauvées d’assimilation qui existait parmi les enfants de ces femmes. Simplement un très grand développement dont elles ont raconté des années plus tard, de nouveaux liens, un nouveau développement qui s’est créé à la suite de ce Chabbat.

Mais surtout à la suite de la compréhension qu’un Juif n’est pas bloqué. Une halte, c’est seulement aux yeux de celui qui a une certaine planification. Alors il se dit : « Maintenant je suis bloqué ». Mais au lieu de cela, changeons notre regard, changeons notre définition. Ce n’est pas que je suis bloqué. J’ai une autre histoire à raconter.

Et alors, la halte, comme le dit Rachi, « leur lieu de halte aussi est appelé étape ». C’est une étape. Peut-être pas l’étape que j’avais planifiée, mais j’ai ici une étape. Au moment où nous sentons que nos plans sont contrecarrés, que quelque chose ne fonctionne pas, que soudain quelque chose est bloqué, nous devons voir la nuée de Dieu sur le Tabernacle qui réside sur nous et dit : « Il y a ici une mission à remplir, il y a ici un rôle ».

Seulement, au lieu de sombrer dans la tristesse et la douleur, « pourquoi suis-je bloqué et pourquoi cela ne s’arrange pas pour moi et pourquoi cela ne va pas et pourquoi justement à l’endroit où j’ai pris de bonnes décisions on me bloque soudain, je me sens soudain coincé », peut-être qu’ici il y a une mission. Peut-être qu’ici il y a une nuée de Dieu qui se cache dans chaque halte, une étape.

Si nous ouvrons les yeux et essayons de vérifier ce que je peux faire de mieux ici, peut-être que ce n’est pas le plan que j’avais prévu, peut-être que ce n’est pas mon rêve, peut-être que ce n’est pas mon plus grand souhait. Mais il y a ici un grand souhait du Créateur du monde qui me demande de faire ici quelque chose. Et c’est cela, la halte qui devient une étape.

On raconte sur un des grands sages de Pologne dans la génération d’avant la Seconde Guerre mondiale, qu’on appelait Rabbi Mordekhai Progmantzov, un grand de la yechiva, un grand érudit qui était invité dans de nombreux endroits pour donner des cours de halakha et d’aggada.

Il rentrait, c’était aussi un vendredi, il rentrait en train chez lui. Le train était rempli de goys polonais et il cherchait une figure juive à laquelle il pourrait se lier pour passer les heures jusqu’à ce qu’il arrive à sa gare. Il a cherché et cherché et n’a pas vu un seul Juif. À une des gares est monté un Juif qui avait l’air d’un érudit et il a tout de suite sauté vers lui et lui a dit : « Il y a une place à côté de moi, peut-être viendras-tu t’asseoir près de moi, nous pourrons passer le temps jusqu’à notre gare en paroles de Torah. »

Ils se sont assis ensemble pour discuter. Il lui a demandé : « D’où viens-tu ? » Il répond : « Je suis mohel, je circoncis des enfants dans les villages alentour et je rentre après une longue période à la maison pour Chabbat. »

Il lui dit : « Moi aussi j’ai donné des cours dans plusieurs endroits et maintenant je rentre aussi à la maison. » Et immédiatement, ils ont plongé dans une discussion talmudique. Tous deux grands érudits, ils ont pris plaisir et n’ont pas remarqué que non seulement le temps passait, mais leur gare aussi était passée depuis longtemps.

Quand ils se sont réveillés, il était trop tard. Ils ont découvert que s’ils voulaient garder Chabbat, il valait mieux qu’ils descendent à la gare la plus proche. Car leur gare à eux, ils l’avaient manquée. Ils ne pouvaient pas reprendre un train pour rentrer chez eux.

Et immédiatement, ils sont descendus à la première gare. Et là, ils ont découvert à quel point la bénédiction est grande, à quel point la douleur est immense. C’est un village où il n’y a pas de Juifs du tout. Ce n’est sûrement pas drôle d’être à la maison, mais au moins s’il y a une communauté juive, tu peux vivre un Chabbat normal. Mais il n’y a pas non plus là de communauté juive, pas de synagogue, et ils ne savent même pas s’il y a un Juif qui habite sur place.

Ils se regardent l’un l’autre et disent : « Comment sommes-nous arrivés à cet endroit ? Comment nous sommes-nous retrouvés coincés si profondément ? Quelle déception de ne pas être avec les enfants pour Chabbat ! » Les enfants attendent et nous, comment allons-nous même leur annoncer que nous ne pouvons pas arriver pour Chabbat ? Beaucoup, beaucoup de peine…

Mais il n’y a pas de temps, il faut trouver, peut-être qu’il y a au moins un Juif qui habite sur place. Ils sont allés à la station des calèches, là où on conduisait les gens, c’était la station de taxis de l’époque, cheval et calèche. Ils se sont approchés d’eux et leur ont demandé : « Peut-être connaissez-vous un Juif qui habite ici ? »

La plupart des cochers ne connaissaient pas. « Regardez s’il y a un Juif qui habite ici ! » Mais un des cochers a dit : « Oui, je sais qu’il y a un Juif qui habite ici. Je vous amène chez lui. » Ils lui ont payé, il les a amenés jusqu’à l’entrée de la maison.

Ils se regardent l’un l’autre et prient, espèrent que le Juif acceptera de nous recevoir, qu’il y a de la place ici pour loger chez lui. Ils ont frappé à la porte. Ils ont vu une mezouza à l’entrée, cela les a déjà rassurés. Mais on ne peut jamais savoir si on nous recevra ou non.

Ils frappent à la porte. Un Juif ouvre, il a l’air d’un Juif pieux, craignant le Ciel. Il les regarde comme si la lune était descendue du ciel et apparaissait chez lui à l’entrée de la maison. Il les regarde, les yeux grands ouverts, et avant même qu’ils n’ouvrent la bouche, il leur dit avec une très grande émotion : « Un instant, un instant ! Je dois vous poser une question. Dites, est-ce que l’un d’entre vous par hasard est mohel ? »

Le mohel lui dit : « Oui, je suis un mohel expert ! Oui, j’ai aussi ici le nécessaire pour la circoncision ! » Le Juif s’est effondré au sol, a simplement éclaté en pleurs d’une terrible émotion. Il était très ému. Ils l’ont relevé et lui ont dit : « Qu’est-ce qui vous émeut tellement ? Quoi, ce n’est qu’un mohel ! Que se passe-t-il ? »

Il dit : « Vous ne comprenez pas. Il m’est né un fils il y a sept jours et je cherche un mohel qui viendra ici pour Chabbat. Car ma femme ne peut pas voyager dans un autre village, c’est trop difficile pour elle. Et aucun mohel ne pouvait venir. Et j’envoie des télégrammes dans toutes sortes d’endroits… Je me dis : quoi, mon fils ne recevra pas la circoncision le huitième jour ? Ma femme et moi pleurons déjà depuis plusieurs jours. Notre petit fils ne peut pas entrer dans l’alliance comme tous les bébés juifs partout dans le monde. Et voilà qu’un mohel m’arrive ! Je sens simplement la Providence divine, la nuée de Dieu le jour sur le Tabernacle, chez moi à la maison ! »

Rabbi Mordekhai lui a dit : « Voyez, vous avez mérité non seulement d’un mohel mais aussi d’un sandak. Je suis prêt à être aussi le sandak. » Tous ont ri, sont entrés dans la maison, et le lendemain la circoncision a eu lieu. Seulement trois Juifs, mais une alliance comme il faut. L’enfant est entré dans l’alliance d’Avraham notre père.

Lors du repas de l’alliance, Rabbi Mordekhai a dit : « Aujourd’hui, j’ai mérité de comprendre une explication de Rachi que je n’avais pas comprise de tous mes jours. » Rachi dit sur les mots : « Elle alla et erra dans le désert de Beersheva » – Avraham notre père, comme on le sait dans l’histoire, suite à l’ordre de Sarah notre mère, envoie Hagar et son fils dans le désert.

Et là, il est écrit : « Elle alla et erra dans le désert de Beersheva ». Elle va et se perd dans le désert, elle ne trouve pas son chemin. Et Rachi explique les mots « elle alla et erra dans le désert de Beersheva ». Il n’écrit pas qu’elle s’est perdue dans le désert, qu’elle a perdu son chemin. Rachi dit : « De là [on apprend] qu’elle est retournée à l’idolâtrie de la maison de son père. » De là une preuve que Hagar est retournée servir les idoles comme elle avait appris chez son père, le roi d’Égypte.

Et je n’avais jamais compris d’où Rachi sait qu’elle est retournée servir les idoles. Dans le verset, il est seulement écrit qu’elle se perd dans le désert. C’est une chose qui peut arriver à n’importe qui. On jette un homme dans le désert, il perd son chemin. Pourquoi ne pas expliquer plus simplement qu’elle s’est perdue dans le désert, qu’elle a perdu son chemin ?

Rachi est convaincu qu’elle est retournée servir les idoles. Et je n’avais jamais compris cela. Aujourd’hui, j’ai mérité de comprendre. Si elle pense qu’elle se perd dans le désert, c’est seulement parce qu’elle a perdu la foi d’Avraham et est retournée servir les idoles. Car si elle avait continué avec la foi d’Avraham notre père, elle aurait su : « Je ne me suis pas perdue. J’ai une nouvelle histoire à raconter. »

« Je n’ai pas perdu mon chemin, mais j’ai un nouveau chemin à découvrir dans ma vie. » Nous étions sûrs que nous étions coincés dans un village lointain, sans communauté juive. Nous avions perdu notre chemin. Et maintenant nous comprenons que le Saint béni soit-Il nous dit : « La nuée de Dieu est sur le Tabernacle le jour, aux yeux de toute la maison d’Israël, dans toutes leurs étapes ». Le Saint béni soit-Il nous a envoyés pour une mission. Il nous a envoyés pour un rôle.

Peut-être que ce n’est pas l’histoire que nous pensions nous raconter à nous-mêmes et à notre famille. Mais toujours, toujours, nous ne nous perdons pas. Nous ne sommes pas bloqués. Nous racontons une nouvelle histoire que le Saint béni soit-Il nous demande de raconter. Et c’est notre alliance. Car un Juif n’est pas coincé. Il n’y a pas vraiment de halte.

Une halte, ce n’est pas un retard qui nous limite seulement à ne pas avancer vers l’endroit juste, convenable et saint dans notre vie. C’est une nouvelle histoire à raconter. C’est un endroit où je suis appelé à me demander : quelle est l’histoire que le Saint béni soit-Il veut que je raconte ici, à cet endroit ?

Si je me souviens que chaque retard dans la vie ne fait qu’éveiller en moi une puissance intérieure et un nouveau niveau, un dépassement de l’empêchement et du retard qui me feront être une personne d’un niveau plus élevé de personnalité, être celui qui chemine et pas seulement être un ange bloqué sur place… Nous sommes plus élevés que les anges. Car les retards nous font découvrir de nouvelles puissances et découvrir un nouveau niveau dans notre vie.

Et en même temps, toujours nous demander : si je suis bloqué ici, des choses ont mal tourné, quelque chose dans la famille ne fonctionne pas, quelque chose au travail est coincé, quelque chose dont j’ai rêvé est devenu exactement l’inverse… C’est justement dans ces moments-là que nous avons une nouvelle histoire à raconter. Nous avons une mission divine. Nous avons une grande croissance intérieure.

Alors la halte devient une grande étape. Sur le précédent Rabbi, on raconte que lorsqu’il a été libéré de la prison russe qui lui avait infligé de terribles tortures qui l’ont laissé malade jusqu’à la fin de ses jours – la cruauté russe était très grande, surtout envers le précédent Rabbi de Loubavitch, Rabbi Yossef Yitz’hak Schneersohn de Loubavitch, parce qu’il dirigeait les ‘hassidim sur la façon de diffuser le judaïsme, d’éduquer les enfants, d’ouvrir des Talmudei Torah, des yechivot, ils voyaient en lui un ennemi du régime communiste et ils l’ont torturé, et par des miracles il a réussi à se libérer de prison.

Et quand il a été libéré de prison, il était brisé, meurtri, et surtout inquiet pour tout le monde du judaïsme qui commençait à s’effondrer, pour les ‘hassidim qui disparaissaient l’un après l’autre, pour la situation difficile dans laquelle se trouvait le peuple d’Israël.

Il logeait chez un des ‘hassidim. On lui a présenté une soupe. Mais il était tellement préoccupé et absorbé dans ses pensées qu’il a pris la cuillère et a simplement remué la soupe par-dessus. Car il était complètement ailleurs.

Un des serviteurs, des assistants de la maison, qui n’était pas quelqu’un de très intelligent, s’est demandé : pourquoi remue-t-il la soupe avec la cuillère ? Et alors il s’est dit : apparemment, il cherche les nouilles ! Il cherche les bons légumes ! Je vais aller l’aider !

Et alors il s’est approché et lui a dit : « Rabbi, en haut ce n’est que de la soupe, il n’y a rien de spécial. Descendez en bas, descendez en bas, c’est là que vous trouverez les bonnes choses. Les bonnes choses, Rabbi, se trouvent en bas. »

Le précédent Rabbi a levé les yeux, s’est rempli d’un grand sourire et lui a dit un seul mot : « Tu m’as fait revivre ! » Les bonnes choses ne se trouvent pas en haut. En haut, où il n’y a pas de luttes, pas de difficultés, pas d’obscurité, c’est quelque chose de très ordinaire. C’est stationnaire, c’est un monde d’anges, superficiel, qui reste tel qu’il est.

La profondeur, les bonnes choses se trouvent justement en bas. C’est là que tu deviens nouveau. C’est là que tu remplis une mission divine sublime. Le Saint béni soit-Il dit : aucun ange ne peut remplir cela, seulement toi. Car dans les luttes, tu deviens nouveau. Tu pars pour l’étape profonde de ta vie.

Car souviens-toi toujours : « la nuée de Dieu est sur le Tabernacle le jour, et un feu y brille la nuit, aux yeux de toute la maison d’Israël, dans toutes leurs étapes ». Puissions-nous mériter de voir dans chacune de nos haltes notre nouvelle croissance, et surtout la mission divine que nous trouvons ici en bas.

De ce bas, nous révélerons la Divinité, nous révélerons la sainteté, nous révélerons que le Saint béni soit-Il n’est pas seulement dans les cieux en haut, et surtout sur la terre en bas. Quand nous réaliserons cela dans la vie, nous mériterons d’arriver au moment où nous verrons vraiment qu’il n’y a plus que Lui. Ce sera le moment de la Délivrance complète qui nous arrivera rapidement, de nos jours, amen et amen.