Lemonde.fr : Les Alpes, refuge estival des juifs orthodoxes

Lemonde.fr : Les Alpes, refuge estival des juifs orthodoxes

Depuis des décennies, des membres de la communauté juive orthodoxe passent leurs vacances d’été dans les Alpes françaises. Cette saison, ils seront environ trois mille à se ressourcer dans des établissements qui ont été privatisés.

Par Stéphanie Marteau / Lemonde.fr

 

A l’Alpe d’Huez, à Tignes, aux Ménuires ou à la Plagne, c’est partout la même curiosité. Les touristes de passage, sandwich à la main, finissent par s’arrêter devant ces jeunes filles qui s’aventurent sur des paddles en longues jupes noires et gilets de sauvetage flashy. Ils stoppent net pour laisser passer un groupe de barbus en VTT, dont les casques laissent échapper des papillotes sautillantes. Comme beaucoup, ils découvrent que c’est dans les Alpes françaises, depuis des décennies, que la communauté juive orthodoxe prend ses quartiers d’été, profitant de stations largement vidées de leurs vacanciers.

Un engouement qui se confirme : cette saison, ils seront environ trois mille à venir se ressourcer en Savoie et en Haute-Savoie. « L’été, les religieux ne peuvent pas aller à la plage, pour des raisons de pudeur : ils ne peuvent pas côtoyer des femmes en maillot de bain. Donc la montagne est une solution de repli idéale », explique Yossi Ghebali, à la tête de Royal Dream. Comme une dizaine d’autres associations ou tour-opérateurs, la société organise des « vacances casher » dans les Alpes.

Ecole talmudique

L’origine de cet intérêt pour les sommets savoyards n’est pas établie. « En 1943, Megève puis Saint-Gervais ont recueilli plus d’un millier de juifs qui avaient été assignés à résidence par les Italiens, qui occupaient le territoire depuis novembre 1942, assure l’historien local Gabriel Grandjacques. Jusqu’à l’arrivée des Allemands, en septembre 1943, les juifs ont vécu dans une espèce de “paradis autogéré” en Haute-Savoie. » Pour d’autres, c’est la proximité d’Aix-les-Bains et de sa commune voisine Tresserve, où est situé un centre juif orthodoxe, internationalement réputé grâce aux enseignements dispensés à l’école talmudique, qui font la renommée des Alpes dans les milieux orthodoxes.

La publicité de ces séjours ne passe que par la presse communautaire, mais elle suffit à garantir, cette saison encore, la privatisation d’une quinzaine d’hôtels ou de résidences dans les Alpes. « Les juifs orthodoxes représentent environ 20 % de la population touristique totale de la station au mois d’août », se réjouit François Badjily, le directeur de l’office du tourisme de l’Alpe d’Huez.

C’est pour cette clientèle que Royal Dream a privatisé, du 28 juillet au 28 août, l’Hôtel Belambra Club Le Terra Nova de La Plagne. «60 % de nos clients viennent d’Angleterre ou de Belgique, et sont très pratiquants. Ils veulent se protéger du contact avec l’extérieur», précise le voyagiste. Ce dernier profite donc de la basse saison dans les stations alpines pour négocier avec les propriétaires de résidences ou d’hôtels, en entrée ou milieu de gamme, afin qu’ils lui accordent «une gestion libre à 100 %» de leurs établissements.

C’est à cette condition qu’il peut garantir à ses clients des vacances conformes à la règle juive la plus drastique, qui commence par la cashérisation des cuisines. Après un grand nettoyage, tout le matériel en métal est soumis à la pyrolyse. Ensuite, « on fait venir de Paris la nourriture casher, ainsi que l’équipe de ménage, les traiteurs, les animateurs, les serveurs… », détaille l’organisateur. « Un rabbin ou, au minimum, un surveillant rituel assermenté par les autorités communautaires, est présent sur place durant tout le séjour pour garantir la casherout », ajoute Gregory Harrous, de voyagercacher.com.

Une salle est généralement dédiée aux offices religieux. Et si l’hôtel dispose d’une piscine, des créneaux horaires régissent son utilisation par les hommes et par les femmes. Pendant le shabbat, les ascenseurs, les portes magnétiques et les éclairages automatiques dans les couloirs sont désactivés. Pour le reste, l’ambiance varie selon le degré de pratique de la clientèle. Les communautés les plus religieuses, les hassidim ou les loubavitch (dont beaucoup viennent d’Israël), se déplacent en famille et en groupe de 50 à 100 personnes, avec leur propre rabbin. Les hommes prient, étudient, assistent à des conférences, pendant que les femmes et les enfants profitent des animations.

Laser games

A l’office du tourisme de l’Alpe d’Huez, le directeur note juste que l’« arrivée massive de familles orthodoxes, têtes couvertes et vêtues de noir, ça impressionne. Il y a des gens que ça heurte, surtout parmi les touristes. Les locaux, eux, sont habitués ».

A La Rosière, où l’agence MyTour a privatisé l’hôtel 4 étoiles Hyatt Centric, on attend au mois d’août une clientèle plus huppée, « qui choisit l’hôtel pour ne pas avoir à apporter ses boîtes de thon et sa charcuterie, et qui aime faire des excursions en Suisse, en Italie… » Benjamin Parienti, directeur de Kangourou Club, organise carrément un « séjour casher pour célibataires » aux Deux-Alpes. Pionnier du secteur il y a vingt-neuf ans, il propose à une clientèle traditionaliste (c’est-à-dire plus « cool ») des soirées dansantes, des activités sportives, des laser games et des programmes de soins en spa…

Stéphanie Marteau 

Le Rav Haim Meir Drukman et le Rabbi de Loubavitch

Le Rav Haim Meir Drukman et le Rabbi de Loubavitch

Le Rav Haim Meir Drukman, se souvient de ce que le Rabbi lui a enseigné sur l’éducation.

Né à Kuty en Pologne (aujourd’hui en Ukraine ), Rav Haim Meir Drukman fit son aliya pour le mandat palestinien en 1944, après avoir été sauvé de l’Holocauste. Il a étudié à l’Institut Aliyah de Petah Tikva, puis à la Bnei Akiva Yechiva de Kfar Haroeh. Il a ensuite été transféré à la Yechiva Mercaz HaRav à Jérusalem, où il est devenu l’élève du Rav Zvi Yehouda Kook. Il a également servi dans les Forces de défense israéliennes, dans le Bnei Akiva gar’in du Nahal.. En 1952, il est devenu membre de la Direction nationale de Bnei Akiva et, de 1955 à 1956, il a été émissaire de l’organisation aux États-Unis
En 1964, il fonda le lycée Ohr Etzion B’nei Akiva Yechiva, où il reste Rosh Yechiva. En 1977, il fonda l’Ohr Etzion Yechiva, qui fut pendant de nombreuses années la plus grande Yechiva Hesder du pays. En 1995, il a fondé l’académie Ohr MeOfir pour les diplômés du secondaire de la communauté éthiopienne. Depuis 1996, il dirige également le centre pour les Yeshivot Bnei Akiva et les Oulpanotes en Israël. Le Rav Haim Meir Drukman a joué un rôle de premier plan dans la création de Gush Emunim.

J’ai rencontré le Rabbi pour la première fois dans les premières années de sa direction de Habad Loubavitch. C’était en 1956 et j’avais été envoyé d’Israël pour servir d’émissaire du mouvement de la jeunesse religieuse Bnei Akiva aux États-Unis. Lorsqu’un ami m’a invité à un Farbrenguen au 770 Eastern Parkway, j’ai été très impressionné par le Rabbi qui a passé de nombreuses heures à parler de la Torah et à diriger des chants hassidiques.

Plus tard au cours de l’hiver de la même année, j’ai eu le privilège de rencontrer le Rabbi en audience privée. Quand je suis arrivé à l’heure convenue, qui était très tard dans la nuit, j’ai été surpris de voir une si longue file de gens qui l’attendaient, et je me suis demandé: si le Rabbi est occupé à diriger le Mouvement Habad pendant la journée, puis il rencontre des gens pendant la nuit, quand dort-il?

Le sujet principal de notre conversation concernait l’éducation juive. J’ai expliqué au Rabbi ce qu’impliquaient mes responsabilités en tant qu’émissaire du Bnei Akiva et je lui ai dit que, contrairement aux cadres éducatifs formels où les étudiants siègent jour après jour et absorbant la connaissance de la Torah, les membres du mouvement de jeunesse ne se réunissent que les week-ends. juste pour quelques heures. Par conséquent, nous nous concentrons sur ce qui est le plus important: leur communiquer les concepts clés de la foi.

Le Rabbi a répondu qu’à son avis, dans tous les types de cadres éducatifs, l’accent devrait être mis sur ces sujets essentiels.

Je dois dire que son message d’inculquer la foi et la crainte de Dieu et non seulement transmettre le savoir – est un message qui est resté gravé jusqu’à ce jour.

Nous avons également discuté du mélange des sexes lors des rassemblements Bnei Akiva. Le Rabbi avait de sérieuses réserves à ce sujet. Il a dit que nous devions être conscients qu’une telle politique était un désastre. Mais il a ajouté que nos programmes empêchaient une catastrophe encore plus grave depuis le rapprochement des jeunes de la Torah. Il a estimé que, dans les circonstances, ce résultat contrebalançait le danger.

Je me souviens d’avoir quitté cette réunion non seulement exaltée, mais encore plus impressionnée par le Rabbi que je ne l’avais été auparavant. J’étais très jeune à l’époque, à peine âgé de vingt-quatre ans, mais le Rabbi m’a traité avec beaucoup de respect et il a passé beaucoup de temps à parler avec moi.

Des années plus tard, alors que j’étais assis aux Shiva pour ma mère, j’ai été surpris de recevoir une lettre de condoléances du Rabbi. Je n’avais pas informé son bureau du décès de ma mère, pourtant il en avait entendu parler et avait pris la peine de m’écrire de son plein gré. Je suis étonné: qui suis-je pour qu’il se souvienne de moi?!

Chaque fois que je me rendais aux États-Unis pour le travail, j’essayais de voir le Rabbi. C’était déjà dans les années 1980, lorsque l’audience privée avait été suspendue, mais il était possible d’échanger quelques mots avec lui lorsqu’il distribuait des dollars pour des œuvres caritatives le dimanche.

En janvier 1991, après avoir participé à un événement festif à Kiryat Malachi, dans le quartier de Nachalat Har Chabad, commémorant  la fin d’un cycle d’étude – du Mishneh Torah de Maimonide, je suis venu à New York. Je me suis mis en ligne pour recevoir un dollar du Rabbi et je lui ai dit qu’au Siyoum Harambam j’avais rappelé sa directive de ne pas chercher de fautes parmi le peuple juif, mais seulement leurs mérites, et que ce que nous devions faire aujourd’hui, c’était de rapprocher  les juifs de la Torah avec amour. Le Rabbi a répondu: «Maïmonide va encore plus loin. À la conclusion de Michne Torah, il déclare qu’au moment de la Rédemption finale, toutes les nations du monde ne se préoccuperont que de connaître Dieu. ”C’est-à-dire que le Rabbi a souligné que non seulement le peuple juif, mais toute l’humanité – s’efforcera un jour de connaître leur Créateur ».

Cette rencontre a eu lieu juste après l’ouverture des portes de l’Union soviétique et l’immigration de nombreux Juifs russes en Israël. J’ai donc demandé au Rabbi de faire appel à ses Hassidim et aux Juifs en général pour qu’ils accueillent les nouveaux immigrants avec amour, car nous devions les ramener à leurs racines juives, dont ils avaient été coupés.

Le Rabbi a répondu qu’il n’était pas nécessaire de persuader ses Hassidim, car ils faisaient déjà ce que je préconisais. Il a souligné que, grâce aux efforts qu’ils avaient déployés au fil des ans, les Juifs russes étaient toujours liés à leurs racines et venaient en Israël plutôt que d’immigrer dans d’autres pays. Même ceux qui s’étaient rendus aux États-Unis étaient encouragés à venir en Israël. Il a conclu: «Peut-être que Dieu voudra que nous entendions bientôt de bonnes nouvelles et que le Machia’h n’aura pas besoin de dépendre de nos efforts. Au contraire, il rassemblera lui-même tous les Juifs – y compris ceux nés en Amérique – et les conduira immédiatement en Terre Sainte. »

En conclusion, je voudrais juste dire que le Rabbi était l’un des plus grands dirigeants du peuple juif, dont la portée s’étendait dans le monde entier, partout où il y avait des Juifs. Il s’inquiétait pour chaque membre de la nation juive où qu’il se trouve. Ses émissaires se sont rendus aux quatre coins du globe, y compris dans les endroits les plus reculés, et c’est grâce à eux que le judaïsme existe dans ces endroits. En raison de l’influence de Habad, beaucoup de Juifs sont revenus à leurs racines et à la Torah. Quelle chance nous avons de mériter d’avoir une personne telle que le Rabbi dans notre génération – il était unique!

Texte & Audio : ‘Parachiot ‘Matot-Masseï’  ‘La force de l’essence de lâme’  par le Rav Yaakov Abergel

Texte & Audio : ‘Parachiot ‘Matot-Masseï’ ‘La force de l’essence de lâme’ par le Rav Yaakov Abergel

(pour la réfouah chéléma de Messod ben Aïcha, ‘Prosper’)

  

Avec l’aide d’Hachem, nous terminerons ce Chabbat le livre de Bamidbar, et à la fin de la lecture de la Paracha Masseï toute l’Assemblée d’Israël dira d’une voix forte : ‘Hazak ‘Hazak vé Nit’hazèk’‘Sois fort ! Sois fort ! Et puissions-nous être renforcés !’.

Dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha, le Rabbi nous donne la signification profonde de ces 3 ‘Hazak que nous disons à voix haute.

A trois reprises nous exprimons le désir et la nécessité d’être fort pour accomplir notre mission sacrée, mais de manière profonde ces 3 ‘Hazak représentent trois dévoilements de la lumière divine.

Le premier ‘Hazak est celui de la Paracha Matot. Il correspond au dévoilement d’une lumière divine supérieure, dans ce monde inférieur. Un dévoilement du haut vers le bas, comme l’exprime le premier verset de la Paracha Matot : ‘Ceci est la chose que L’Eternel a ordonné’.

Par ailleurs, le ‘Hazak de la Paracha Masseï correspond à un dévoilement du bas vers le haut. Ce dévoilement est dû au travail de l’homme, à ses efforts continus pour raffiner ce monde matériel afin de l’élever vers la Sainteté.

Le point fondamental du Dvar Mal’hout se fonde sur la différence qui existe entre ces deux dévoilements, le dévoilement du haut vers le bas, et le dévoilement du bas vers le haut.

Quand il s’agit d’un dévoilement du haut vers le bas, D.ieu dévoile une lumière illimitée qui détient le pouvoir de neutraliser les forces du mal. Cependant ce dévoilement n’a pas un effet permanent sur le monde matériel.

A l’opposé, par son propre travail, du bas vers le haut, l’homme a la possibilité de faire pénétrer la Sainteté de manière profonde dans ce monde matériel. La notion de ‘dévoilement du bas vers le haut’ exprime l’idée que l’homme transforme ce monde inférieur (‘le bas’) en un réceptacle capable de recevoir de façon permanente la Présence divine (‘le haut’).

La situation idéale est celle du troisième ‘Hazak, l’union entre la Paracha Matot avec la Paracha Masseï. C’est à dire. L’union entre le dévoilement de la lumière infinie de D.ieu, du haut vers le bas, avec le travail de l’homme, du bas vers le haut.

En effet, l’avantage d’un dévoilement du ‘haut vers le bas’ est qu’il s’agit du dévoilement d’une lumière illimitée, car celle-ci vient de D.ieu (ce n’est pas le cas quand il s’agit du travail de l’homme, car il demeure malgré tout soumis aux limites que lui imposent le corps et ce monde matériel).

L’avantage du dévoilement du ‘bas vers le haut’ est que l’homme, par son travail, ne neutralise pas le mal de manière temporaire mais le transforme véritablement.

Le troisième ‘Hazak représente donc l’union entre ces deux dévoilements. Dans ce cas, l’homme n’agit plus seulement avec ses propres forces (Masseï), car L’Eternel participe à son action, en lui donnant la possibilité d’agir au-delà des limites (Matot).

Le ‘Hazak de Matot-Masseï, exprime donc l’union entre la partie de l’âme qui s’habille dans le corps, dont la force est limitée (Masseï), avec la partie de l’âme Juive qui est enracinée dans L’Essence divine, dont la force est illimitée.

Ce niveau de L’essence de l’âme est celui d’Aaron Ha Cohen. Le Rabbi souligne que la date du jour de la Histalkout d’Aaron est mentionnée dans la Torah : Roch Hodech Av. Le chiffre ‘Un’ (le premier jour du mois) fait allusion au niveau de l’âme de Yéhida (Unique).

Le mérite d’Aaron est incarné par la Nuée qui planait au- dessus de l’Assemblée d’Israël. De la même façon, l’Essence de l’âme ‘plane au-dessus’ de partie de l’âme qui s’habille dans le corps. 

Pendant ce Chabbat, avec l’aide d’Hachem, nous recevrons la force d’unir ces deux parties de l’âme. La force d’attirer Yé’hida, le point de notre âme qui échappe à toutes les limites, afin qu’il ne ‘plane’plus au-dessus de nous-même et éclaire notre intellect et nos sentiments de manière profonde.

Le Rabbi nous enseigne que le mot ‘Masseï’ :   ‘Voyages’ désigne l’action de se déraciner d’un état spirituel, pour atteindre un état supérieur et sans commune mesure avec l’état précédent.

De ce fait, le mot ‘Voyage’ n’est pas sans exprimer ‘la distance’ qui sépare les forces de l’âme (Masseï) de Yé’hida (Matot), car Yé’hida représente l’ultime point qui se situe au-delà de ce monde, de tous ses détails, de toutes ses formes, de toutes ses limites.

Aussi, l’union entre la Paracha Matot et la Paracha Masseï évoque la possibilité qui nous est donnée d’atteindre ce point ultime, car L’Eternel nous donne pendant ce Chabbat des forces illimitées pour parcourir cette distance.

Dans ce cas, nous recevrons l’inspiration divine pour mener à bien notre mission sacrée. Nos pensées nos paroles et nos actes ne seront plus sous aucune emprise, mais briseront véritablement toutes les limites, et nous attacheront au Rabbi de manière profonde, en provoquant le désir de D.ieu de résider dans ce monde, avec la venue du Machiah, dès à présent, avec l’aide de D.ieu.