Il y a 43 ans, le Rabbi consacra un discours empreint de douleur concernant les propos d’un Rav qui s’était exprimé contre l’application de la loi israélienne sur le Golan, l’accusant de « provoquer les nations », alors que de nombreux membres de la communauté haredi ne comprenaient pas le danger de remettre le Golan aux Syriens. Aujourd’hui, avec la chute du régime Assad, tous comprennent ce qui serait arrivé, que D.ieu nous en préserve, si le Golan avait été donné aux Syriens en échange d’un bout de papier.

 

Par le Rav Shabtai Weintraub

 

La Loi du Golan contre le monde entier

La Loi du Golan est une loi adoptée par la Knesset le 14 décembre 1981 (18 Kislev 5742) stipulant que « la loi, la juridiction et l’administration de l’État s’appliquent au territoire du Golan ». Cette loi mit fin à 14 années d’administration militaire sur le Golan. La loi fut adoptée le même jour en trois lectures, dans une procédure rare qui suscita des critiques de l’opposition. La loi reçut le soutien de 63 députés contre 21 opposants.

En réaction à la loi, le Conseil de sécurité adopta la résolution 497 établissant que l’annexion n’avait aucune validité en droit international.

L’adoption de la Loi du Golan à la Knesset fut précédée d’une vaste lutte publique pour maintenir le Golan sous souveraineté israélienne. La lutte, menée sous le slogan « Il ne faut pas perdre le Nord » par le Conseil des implantations du Golan, aboutit à la signature par près d’un million de citoyens d’une pétition exigeant l’annexion du Golan à Israël.

De vives critiques internationales furent adressées à Israël suite à cette loi, et aucun pays ne la reconnut – y compris les États-Unis. L’adoption de la loi provoqua même une crise dans les relations israélo-américaines. Le président américain Ronald Reagan décida de suspendre le mémorandum d’entente stratégique avec Israël et de geler les demandes israéliennes dans le domaine de la sécurité. Le Conseil de sécurité adopta en réaction la résolution 497 établissant que l’annexion n’avait aucune validité en droit international.

Et qui s’est joint à la condamnation du monde et de la gauche contre Israël ?

Celui qui décida de se joindre au chœur de la gauche et du monde contre la Loi du Golan n’était autre qu’un Rosh Yeshiva de Bnei Brak qui déclara lors de la conférence du Conseil de l’Agoudat Israel à Jérusalem la fameuse déclaration contre laquelle le Rabbi s’éleva : « Nous avons vécu deux mille ans sans le Golan et nous vivrons encore deux mille ans ainsi ». Et il continua en accusant qu’il s’agissait d’une « provocation des nations ».

Le discours d’une sévérité sans précédent du Rabbi

Le 24 Tevet, jour de l’hilloula de l’Admour Hazaken, environ un mois après l’adoption de la loi et l’immense tempête dans le monde entier contre Israël et les propos de ce Rav qui avaient suscité une grande controverse, le Rabbi prononça un discours empreint d’une profonde douleur et tristesse face à ces propos, un discours prononcé avec un cri de douleur extraordinaire concernant la terrible profanation du Nom divin et la tentative d’aider les ennemis d’Israël à continuer à céder des territoires, et ce à travers des déclarations terribles portant atteinte à la foi fondamentale en la venue du Machia’h. Le discours du Rabbi sur ce sujet dura plus d’une heure.

Voici les passages pertinents de ce discours historique à partir de l’enregistrement du 24 Tevet 5742 (traduction littérale du yiddish depuis l’enregistrement) :
AUDIO

« À D.ieu ne plaise de dire qu’il est juste de céder des territoires. Même les non-juifs savent que la Terre d’Israël appartient au peuple juif, et donc, même en exil, la Terre d’Israël appartient exclusivement au peuple juif, car D.ieu a déjà juré que toute la Terre d’Israël dans ses frontières est l’héritage de chaque Juif, et ce de manière éternelle, et dans le futur – ‘l’Éternel ton D.ieu élargira tes frontières’. »

« À D.ieu ne plaise qu’un Juif dise, même en paroles seulement, qu’il a l’idée qu’il y a une justesse dans les paroles d’un non-juif, et donc qu’il faut lui rendre un ‘pouce’ appartenant à la Terre d’Israël. À D.ieu ne plaise de prononcer de telles paroles ! ‘Ne le dites pas à Gath !’ et ‘N’ouvrez pas la bouche etc.’! »

« Deux mille ans sans le Golan est une négation de la venue du Machia’h »

« Et après tout cela – un Juif se lève devant dix Juifs et plus, et proclame en public et ouvertement qu’il faut rendre des parties de la Terre d’Israël aux non-juifs, que D.ieu nous en préserve, en disant : de même que le peuple juif a existé pendant deux mille ans sans le Golan, il existera encore deux mille ans sans le Golan ! »

« Il n’y a jamais eu pareille chose en Israël qu’un Juif – ou même un non-Juif – dise que le peuple juif peut rester en exil encore deux mille ans – que D.ieu nous en préserve ! Les Hommes de la Grande Assemblée ont institué que chaque Juif dise dans sa prière – trois fois par jour – ‘Fais rapidement germer le rejeton de David ton serviteur’, ‘Car nous espérons ton salut tout le jour’. Et le jour du Shabbat – quand on ne veut pas mentionner la souffrance de l’exil – nous disons ‘Que nos yeux voient ton retour à Sion avec miséricorde’ (et de même chaque jour de la semaine), c’est-à-dire que chaque Juif verra de ses yeux la venue du Machia’h. »

« La provocation des nations, c’est de céder des territoires »

« En plus de ce qui a été dit plus haut sur les paroles d’untel – il y a un autre aspect : ces paroles sont parvenues aux oreilles des ennemis d’Israël, que D.ieu nous en préserve ! Il existe un ‘enregistrement’ de ses paroles, et cela est arrivé aussi aux nations, les paroles ont été traduites en anglais, et on cite ces paroles – ‘au nom de leur auteur’ – à l’ONU ! »

« Et en plus de la traduction en anglais qui est la première langue parlée à l’ONU – les paroles ont apparemment été traduites aussi dans d’autres langues, et ainsi ses paroles sont diffusées parmi les ennemis d’Israël ! Il n’y a pas de plus grande provocation des nations que cela ! »

« À plus forte raison : si l’on doit faire attention à ne pas provoquer les nations en leur prenant quelque chose (comme l’a dit untel) – à plus forte raison doit-on faire attention à ne pas provoquer les nations en leur disant qu’il y a une possibilité qu’un Juif donne à un non-juif la propriété sur ne serait-ce qu’un ‘pouce’ de la Terre d’Israël – une terre que D.ieu a donnée par serment à chaque Juif en tant qu »héritage’ ! »

« Selon leur logique, il faudrait rendre Jérusalem et le Mur Occidental »

« Et concernant leur argument qu’il ne faut pas provoquer les nations – on a déjà dit plusieurs fois que ce principe ne s’applique qu’aux territoires qui ne sont pas encore sous la propriété du peuple juif, mais pas aux territoires qui ont déjà été donnés au peuple juif par D.ieu. »

« Et selon leur logique – que ce principe s’applique aussi aux territoires qui sont déjà entre les mains du peuple juif – ce principe s’applique en premier lieu à la Vieille Ville de Jérusalem, avec le Mur Occidental, et toutes les synagogues et maisons d’étude qui s’y trouvent – car de même que les nations réclament le retour du ‘Golan’, elles réclament avec encore plus de force la Vieille Ville de Jérusalem, que D.ieu nous en préserve ! »

Le Rabbi conclut en soulignant que la justice et l’équité ne peuvent pas aller de pair avec l’expulsion de Juifs de la Terre Sainte, et que donner des territoires ne peut qu’augmenter les risques de guerre plutôt que de favoriser la paix.