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Terouma – Les piquets du Sanctuaire
Source : Likouté Si’hot volume 6, deuxième Si’ha sur Terouma

  • Cette Si’ha est une analyse des commentaires de Rachi et d’autres sources sur l’utilisation des piquets dans le Tabernacle.
  • Elle explore si ces piquets étaient enfoncés dans le sol ou simplement posés pour leur poids, en tenant compte de la nature mobile du Tabernacle.
  • Rachi exprime un doute à ce sujet, mais penche vers l’idée qu’ils étaient enfoncés.
  • Le texte aborde également les implications halachiques et spirituelles de cette utilisation, soulignant comment les objets physiques dans le judaïsme peuvent avoir des significations profondes et comment ils peuvent influencer la sainteté de l’environnement.

 

 

 

Pour tous les ustensiles employés aux divers services du Tabernacle, ainsi que tous ses piquets (chevilles) et tous les piquets du parvis, ils seront en cuivre. Terouma 27, 19
Rachi : Pour tous les ustensiles du Tabernacle. Dont on avait besoin pour le monter et le démonter, comme les maillets pour enfoncer piquets et piliers. Les piquets [sont des] sortes de pieux en cuivre destinés aux tapisseries de la tente et aux tentures du parvis, que l’on attachait par le bas, tout autour, avec des cordes, pour que le vent ne les soulève pas.
Je ne sais cependant pas s’ils étaient enfoncés dans le sol ou s’ils étaient simplement attachés et retenaient par le bas les tapisseries sous l’effet de leur poids afin de les immobiliser malgré le vent.
Et je dis [toutefois] que leur nom même suggère qu’ils étaient enfoncés dans le sol et que c’est la raison pour laquelle on les appelle yithdoth. J’en veux pour preuve le verset: « …une tente que l’on ne déplacera pas, ses piquets ne voyageront jamais » (Isaïe 33, 20).

Analyse (a) : Rachi ignorerait-il le mode d’utilisation d’un « piquet » ?

  • Juges 4, 21: …et elle planta le piquet dans sa tempe.
  • Isaïe 22, 23: Je le planterai comme un piquet en un lieu sûr.

Rachi aurait dû citer ces versets comme exemples : tout d’abord, parce qu’ils sont antérieurs dans la Bible, et aussi parce que le verbe « planter » y est employé explicitement pour un « piquet ».

Analyse (b) : Pourquoi les piquets du Tabernacle ne seraient-ils pas enfoncés ?

Likouté Si’hot : Puisque le Tabernacle ne restait pas au même endroit et qu’il fallait le démonter pour le transporter, il aurait été logique que, pour réduire l’effort, on fasse tenir les tentures et les toiles par le poids des piquets plutôt que de les enfoncer dans le sol. Néanmoins, cela soulève des objections :
(a) Pourquoi se servir de piquets, spécifiquement ?
(b) En quoi l’appellation « piquets » prouve-t-elle qu’ils étaient « enfoncés » ?

Développement : Les deux types de « piquets » utilisés au Tabernacle

Rachi sur Nasso 4, 32 : …Il y avait des chevilles et des cordages pour [maintenir] les tentures et les toiles [à leur bord] inférieur, destinés à empêcher le vent de les soulever. Les piliers comportaient des chevilles et des cordages servant à suspendre les tentures à leur bord supérieur, et ce au moyen de barres et de bâtons…

Likouté Si’hot : On pourrait donc affirmer que les piquets inférieurs n’étaient pas enfoncés dans la terre, mais qu’ils retenaient les tentures et les toiles par leur poids. Et on utilisait pour cela des piquets parce que ces derniers étaient déjà utilisés pour le bord supérieur, et là-bas ils étaient nécessaires pour fixer les toiles aux piliers, ainsi on se servit aussi de piquets, [fabriqués par le même moule], pour la partie inférieure des toiles et des tentures.

Rachi émet un doute, mais il conclut : « mais je dis qu’ils étaient enfoncés »…

Likouté Si’hot : En dépit de cela, la Torah les désigne par le terme de « piquets », ce qui montre qu’ils étaient utilisés comme tels, et pas seulement pour leur poids. (b) Rachi rapporte une preuve tirée d’un verset qui montre qu’il était courant de stabiliser une tente, transportable par définition, à l’aide de piquets enfoncés dans le sol. Et pourtant, étant donné que ces preuves ne sont pas absolues, Rachi précise « qu’il ne sait pas » et introduit son explication par les termes : « et je dis que… ».

Annexe : L’aspect Hala’hique du dilemme du Rachi sur l’utilisation des piquets

Choul’han Arou’h Admour Hazakène, Ora’h ‘Haïm 315, 1 : Il est interdit, [le Chabbat], de faire une « tente », c’est-à-dire un toit qui protège l’homme de quelque chose ; …et même si cette tente est provisoire et n’est pas faite pour tenir, voire même s’il n’y a pas de murs : par exemple s’il étend un paillasson sur quatre piquets – les Sages l’ont interdit, de peur qu’on fasse une tente fixe, qui est un dérivé de l’interdit biblique de « construire ».

Approfondissement : La sainteté de l’aspect « minéral » du Sanctuaire

Torah Ohr Vayigach : Le Temple était construit principalement par le monde du « minéral », et le Tabernacle – par le « végétal » et le « l’animal ». Il est évident que la Présence divine se révélait aussi sur la poussière du sol où le Tabernacle était posé, cependant, dès qu’il était démonté, la sainteté du sol disparaissait. Pour le Temple, en revanche, même lorsqu’il est entièrement détruit, sa sainteté ne disparait jamais (voir Guemara Meguila 10a).

Likouté Si’hot : Si l’on considère que les piquets ne soutenaient le Tabernacle que par leur poids, il en résulte que la sainteté du sol n’est qu’une « conséquence » de la présence du Tabernacle, qu’elle est donc superficielle et n’est pas liée au sol en tant qu’élément [important]. En revanche, si on admet que les piquets étaient enfoncés dans le sol, cela indique que la sainteté du Tabernacle pénètre profondément le sol. Bien plus, le caractère « fixe » du Tabernacle provient de ce sol même, qui lui confère une plus grande sainteté que s’il était « nomade ».

Enseignement : La capacité de « sanctifier » durablement notre environnement !

Guemara Meguila 29a : « Je leur ai été un petit sanctuaire » (Ezéchiel 11, 16) – il s’agit des Synagogues et des maisons d’études de Babylone (de la diaspora) .. qui finiront par être [déménagés et] établis en Terre d’Israël.

Likouté Si’hot : Chaque Juif, où qu’il se trouve, même sur la terre des nations dont la Torah affirme que : « son atmosphère et son emplacement sont impurs », a la force de raffiner et purifier sa part dans le monde et d’y introduire la sainteté, de façon profonde et durable, à l’image de la sainteté du Temple. D’autre part, par cet effort dans sa parcelle du monde, le Juif prépare la réalisation de la promesse selon laquelle : « Jérusalem se répandra dans toute la Terre d’Israël, et la Terre d’Israël se répandra dans le monde entier » (Sifri Devarim 1), et dès lors, l’équivalent de la sainteté du Temple sera perçu sur toute la terre, partout, très prochainement !