Par Sarah Elbaze
Les grandes épopées nous offrent toujours un héros aux vertus extraordinaires et aux forces titanesques que l’on regarde d’un œil dubitatif en songeant que la légende nous berce de sa douce morale tandis que la réalité, cruelle et froide est dénuée de magie et de féerie. Hier soir, j’ai lu la brève biographie du Rav Mordehai Pevzner a’h, et là, dans l’émotion du récit, j’ai pensé qu’on avait bien tort de croire que les supermans des temps modernes portent des capes et des masques bariolés.
Plus besoin de châteaux dans des contrées lointaines, il fallait regarder du côté de Perpignan. La véritable grandeur c’est de ne jamais désespérer. Comme un roc, imperméable aux tempêtes de la vie, les yeux rivés vers le Ciel et le sourire sincère des gens de cœur.
Quel homme admirable! Que de leçons et d’enseignements dans chacun de ses gestes, dans chacune de ses pensées, dans son combat épique pour illuminer de sa Torah un petit bout du vaste monde !
Combien de personnes sont vite déprimées, par le temps qui passe et les aléas de la vie, une météo capricieuse ou un revers financier, combien sommes nous, avec cette petite anxiété sournoise et insidieuse qui nous ronge à chaque étape de la vie ?
Combien sommes nous, submergés par les taches quotidiennes et essoufflés à la moindre contrariété ?
Combien sommes nous, sur les divans des thérapeutes, analysant nos vies avec un regard embué ?
Peut être que le Hassid qui est parti nous a laissé finalement le souffle de vie qui l’animait…
Chaque jour est un cadeau, chaque instant est une éternité et chaque bonne action est une étincelle qui ne meurt jamais. La joie est un défi ultime et salvateur.
Le Morde’hai de l’histoire juive a contribué à la plus belle métamorphose qu’on ait jamais connu : un coup de théâtre spectaculaire qui a réjoui les cœurs meurtris et détruit la peur disséminée dans les âmes juives.
Rav Mordehai Pevzner n’a pas laissé la tristesse et le désarroi tuer les moments de vie qui lui restaient.
Alors, pour tous ceux qui ont encore la force d’aider les autres et de diffuser la Torah, qui peuvent courir et se lever le matin, gardez à l’esprit le sourire du Chaliah du rabbi, son livre ouvert et ses prières.
Et si une seule personne, ce soir, décide d’agir et de prendre le relai, de mettre de côté les désaccords et les colères, les coups de blues et les doutes, pour aller de l’avant, alors le grand Hassid de Perpignan ne sera pas une tragédie de plus sur nos écrans, mais bien l’occasion de précipiter la délivrance, de sortir de nos exils personnels pour accueillir Machia’h la tête haute.
Que la séparation ne soit que de courte durée et que nous puissions danser avec tous les justes partis trop tôt, à Jérusalem, le troisième temple reconstruit.