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Rav Chmouel Azimov n’avait pas ménagé ses efforts pour répandre le Judaïsme en région parisienne. Les chiffres en sont un témoignage: à son actif, le retour aux sources de plusieurs milliers de juifs, des dizaines de centres communautaires et une infrastructure scolaire accueillant près de 2000 enfants. Le Rav Chalom Gary Cohen avait interviewé le Rav Chmouel Azimov en 1996 pour le magazine « Sources Hassidiques ».

 

Sources Hassidiques: Rav Azimov, vous êtes Chalia’h (délégué) du Rabbi de Loubavitch à Paris depuis une trentaine d’années, vous avez donc une longue expérience derrière vous. Pourriez-vous d’abord nous préciser la définition et le rôle d’un Chalia’h?

Rav Chmouel Azimov: Un Chalia’h se doit d’essayer d’apporter le message du Rabbi là où il se trouve. Ce message était et est toujours d’amener l’étude de la Torah et la pratique des commandements à tout le peuple juif.

Si un juif n’a pas eu l’occasion d’étudier ou a certains manques dans sa connaissance du Judaïsme, le Chalia’h est là pour combler ses manques et pour l’aider dans son service de D.ieu. Son rôle ne s’arrête pas à une certaine catégorie de personnes ou à la pratique de certains commandements comme les Téphiline, le Chabbat ou l’éducation des enfants. Son rôle est global. Il doit apporter son aide à chacun et à chacune selon ses moyens.

S’il manque une école juive à l’endroit où il se trouve, il doit chercher à en ouvrir une, s’il manque un centre communautaire, il doit s’efforcer d’en construire un, s’il n’y a pas de bain rituel, il se doit d’en faire un.

Il ne doit pas penser que le lieu où il se trouve est prisonnier de ses habitudes, de ses structures, voire de son assimilation. Il est là pour le transformer grâce à la Torah et à ses commandements. Pour plus de détails on doit se référer aux discours du Rabbi dans lesquels il a longuement expliqué le rôle du Chalia’h, en particulier à travers les Mivtsaïm (campagnes pour la propagation des commandements), actions lancées par le Rabbi à propos notamment de Hanoucca, Pourim etc…

Vos propos laissent à penser qu’un Chalia’h n’aurait sa place que dans un lieu vide de Judaïsme. Or, il existe un certain nombre de communautés (par exemple celles de la région parisienne) où il y a déjà une structure communautaire et un Rabbin. Comment un Chalia’h doitil se positionner par rapport à eux?

Rav Chmouel Azimov: Si le Rabbin réalise déjà le travail qui incombe au Chalia’h, ce dernier doit alors amener la flamme du Hassidisme dont le propos est d’apporter une certaine vitalité dans le service de D.ieu. Car les Rabbins ne sont pas toujours des hassidim et ne peuvent donc pas, de ce fait, en dispenser l’enseignement. Mais si le Rabbin est un hassid et apporte déjà ce message à sa communauté, il en est alors le Chalia’h.

Quelles doivent être les relations du Chalia’h avec la communauté déjà établie? Ne pourrait-il pas faire de l’ombre au Rabbin?

Rav Chmouel Azimov: Je ne crois pas que, même dans une communauté où le Rabbin est très actif, tous les juifs des environs vont à la synagogue ou sont déjà très religieux. Le Rabbin s’occupe généralement des fidèles de la synagogue mais le Chalia’h doit aller frapper aux portes des autres juifs pour réveiller leur Judaïsme grâce à la chaleur du hassidisme. Ces juifs iront alors à la synagogue et deviendront plus religieux.

En d’autres termes le Chalia’h doit travailler en coopération avec le Rabbin de la communauté.

Rav Chmouel Azimov: Absolument. Comme je l’ai déjà dit, si le Rabbin remplit déjà ce rôle et est lui-même un hassid, on aura alors deux Chlou’him (pluriel de Chalia’h) dans la communauté.

Et le second Chalia’h sera en plus…

Rav Chmouel Azimov: Cela dépend. Quelquefois, un Rabbin, après réflexion, comprendra qu’il a besoin d’un adjoint. D’autres fois, il pensera qu’il peut tout assumer. Mais un Chalia’h peut toujours apporter son aide dans une communauté.

L’installation d’un Chalia’h dans un lieu doit-elle obligatoirement passer par le consentement du Rabbin local?

Rav Chmouel Azimov: Un Chalia’h se doit de coopérer avec la communauté. De ce fait, il n’y a pas de raison que son installation se fasse sans la permission du Rabbin. Et si celui-ci regarde d’abord l’intérêt de la communauté et celui des âmes juives qui sont encore loin du Judaïsme, il n’y a aucune raison pour qu’il s’y oppose. Bien au contraire, les Chlou’him installés aux Etats-Unis ou en Europe sont presque toujours venus à la demande des communautés qui avaient besoin de gens actifs pour les vitaliser.

Quel Rabbi de Loubavitch a envoyé le premier des Chlou’him?

Rav Chmouel Azimov: Depuis l’origine du Hassidisme, le besoin de personnes capables de conseiller les autres dans leur service de D.ieu s’est fait ressentir et les Rabbis de Loubavitch ont toujours envoyé des hassidim pour remplir ce rôle. Mais c’est surtout à l’époque du Rabbi Rachab, cinquième Rabbi de Loubavitch, que la notion de Chalia’h est apparue sous sa forme actuelle. En effet, il a été le premier à envoyer des Chlou’him en Russie orientale, vers l’Afghanistan ou à Bouhkhara car le manque de Rabbins se faisait alors fortement sentir dans ces régions.

Je terminerai ces généralités par un détail technique. Quelles sont les moyens de financement d’un Chalia’h? Est-il payé par une organisation centrale?

Rav Chmouel Azimov: Il n’existe pas de caisse centrale qui paye les Chlou’him. Chaque Chalia’h doit se prendre en charge à l’aide d’une communauté ou de donateurs. Quelquefois, un Chalia’h installé depuis plusieurs années dans un certain lieu peut amener d’autres Chlou’him qu’il prendra alors en charge entièrement ou partiellement.

Parlons maintenant de votre expérience personnelle dans ce domaine. Depuis quand êtes-vous Chalia’h à Paris et qui vous a nommé?

Rav Chmouel Azimov: En 1962, le Rabbi avait envoyé un groupe d’étudiants de la Yéchiva (école talmudique) de New York pendant une année à la Yéchiva de Brunoy où j’étudiais. Leur mission était de réveiller le Judaïsme à Paris.

Après leur retour à New York, en 1963, le Rabbi parla à un de ses proches hassidim, Rav Ben-Tsion Chemtov, qui devint par la suite mon beau-père, des problèmes du Judaïsme à travers le monde.

Au cours de cet entretien de quatre heures qui eut lieu en ‘Hechvane 5524 (1963), il parla de la situation à Paris. Il demanda alors pourquoi l’action amorcée par le groupe d’étudiants qu’il avait envoyé n’avait pas été poursuivi par les étudiants de la Yéchiva de Brunoy. Il affirma que même si ceux-ci étaient encore jeunes, ils pouvaient quand même commencer à agir.

Lorsque ces paroles nous ont été rapportées, nous avons commencé à aller le Chabbat dans des synagogues pour y apporter du Judaïsme, par des discours que nous prononcions le matin dans une synagogue et l’après-midi dans une autre.

Nous nous sommes alors dit qu’il ne fallait pas s’arrêter à ces actions ponctuelles mais qu’il fallait commencer à dispenser des cours de Torah à des jeunes gens. N’oublions pas qu’en 1963, il n’existait pas vraiment des structures ouvertes aux jeunes qui voulaient s’intéresser au Judaïsme.

Peu d’écoles juives existaient et l’immense majorité des jeunes juifs allaient à l’école laïque. Nous avons donc fixé des temps d’étude avec les jeunes et ainsi commença notre rôle de Chalia’h, alors que nous étions encore élèves de la Yéchiva. Au bout d’un certain temps, un groupe de jeunes gens venait étudier tous les dimanches avec nous à la Yéchiva. Puis, nous avons transféré ces cours à Paris afin de les rendre plus accessibles.

Comme vous l’avez dit, vous étiez étudiants à la Yéchiva, agés de 17 ans – 18 ans environ. Comment conciliiez vous vos études talmudiques qui sont en général très prenantes avec les cours que vous dispensiez? Quand trouviez-vous le temps?

Rav Chmouel Azimov: Comme je l’ai dit, dans un premier temps, nous étions trois étudiants et nous allions à tour de rôle le Chabbat à Paris. Puis, nous avons institué les cours du dimanche après-midi avec l’accord de la direction de la Yéchiva. Lorsque celle-ci consulta le Rabbi, il répondit que, dans la mesure où la direction donnait son accord, c’était une très bonne chose de prendre de notre temps pour enseigner aux autres.

C’était encore l’époque où vous étiez célibataires…

Rav Chmouel Azimov: Absolument. C’était avant que nous soyons mariés et avant que nous partions à New York pour passer notre diplôme rabbinique. Lorsque nous sommes revenus, nous avons continué et développé l’action commencée.

Vous parliez tout à l’heure de trois étudiants. Les deux autres sont-ils revenus à Paris avec vous?

Rav Chmouel Azimov: En fait, la première année, nous étions trois, la seconde année, l’un des trois a dû, pour certaines raisons, aller étudier à New York. La troisième année, j’étais tout seul car les deux autres sont restés à New York pour continuer leurs études.

Comment votre retour s’est-il alors passé? Avez-vous demandé au Rabbi de revenir ou c’est lui qui a pris l’initiative de vous en parler?

Rav Chmouel Azimov: Avant mon mariage, en 1967, j’ai voulu rester un certain temps chez le Rabbi. Il m’a dit alors qu’il était bon pour moi de rester étudier à New York pendant six mois mais qu’il fallait qu’après cela, je retourne à Paris continuer l’action déjà commencée. Cela, à condition de trouver un remplaçant qui, pendant ces six mois, continuerait à dispenser les cours et les conseils dont les jeunes gens qui étudiaient avec moi avaient besoin.

  Donc, une fois marié, vous êtes revenu avec une investiture officielle…

Rav Chmouel Azimov: Avant même mon mariage, j’avais l’investiture officielle du Rabbi. Celle-ci s’est d’abord exprimée dans les lettres qu’il m’avait envoyées, puis lors d’entretiens particuliers, appelés Yé’hidout, que j’ai eus avec lui. En particulier, en 1966, lorsque je suis entré dans le bureau du Rabbi, vers six heures du matin, il m’a dit qu’il fallait que je rentre à Paris afin de poursuivre mon action et il a ajouté: « Tu auras une réussite qui dépasse toute imagination ». Depuis ce moment, nous avons vu la bénédiction du Rabbi se réaliser.

Dans votre cas, la Chli’hout a commencé avant votre mariage. Est-ce le cas des autres Chlou’him?

Rav Chmouel Azimov: Il est déjà arrivé, même à l’époque du précédent Rabbi de Loubavitch, que des jeunes gens soient envoyés en Chli’hout. Cela peut se passer de nos jours aussi. Cependant, on va habituellement en Chli’hout quelques mois après le mariage. On regarde alors les régions du monde où il n’y a pas de Chalia’h. Il arrive même quelquefois qu’une communauté demande la venue d’un Chalia’h.

Donc, en général, ce n’est pas le Rabbi qui envoie en Chli’hout mais ce sont les hassidim qui se proposent?

Rav Chmouel Azimov: Dans les premiers temps, le Rabbi appelait le gens par son secrétaire général et leur désignait lui-même un point de Cheli’hout. Ce n’était jamais un ordre, mais une proposition. Dans un second temps, le Rabbi a demandé qu’on lui soumette d’abord des propositions.

Existait-il des Chlou’him à Paris avant vous?

Rav Chmouel Azimov: Après la guerre, des hassidim venant d’U.R.S.S. et qui transitaient par Paris ont pensé s’installer ailleurs, en particulier à New York. Le Rabbi leur dit alors qu’il fallait qu’ils restent à Paris et qu’ils fondent une Yéchiva et différentes institutions telles que le séminaire « Beith Rivka » pour jeunes filles et des Talmud-Torah. Ils étaient donc, de fait, des Chlou’him du Rabbi. Cependant, j’ai eu le mérite d’être le premier Chalia’h qui devait consacrer son action à la jeunesse.

Y avait-ils des Chlou’him avant vous dans d’autres pays du monde?

Rav Chmouel Azimov: Absolument. Il y en avait déjà un certain nombre.

Une fois définitivement installé à Paris, comment avez-vous agi?

Rav Chmouel Azimov: Eh bien, j’ai poursuivi l’action déjà commencée. J’ai continué à motiver des jeunes à étudier la Torah. Le but était qu’ils puissent, au bout d’un certain temps, étudier par eux-mêmes afin qu’ils transmettent cette étude à d’autres juifs. Ainsi, s’est peu à peu développé un mouvement de retour vers la religion juive à la lumière du Hassidisme, chacun amenant un autre. Tel est le vrai travail d’un Chalia’h.

Il est évident que, lorsque le mouvement a pris de l’ampleur, vous ne suffisiez plus pour dispenser tous les cours. Qui vous a alors aidé dans cette tâche?

Rav Chmouel Azimov: Au début, les étudiants de la plus haute classe de la Yéchiva venaient à Paris enseigner. Avec le temps, ce sont ceux qui venaient étudier qui ont assuré les cours car c’est le devoir de tout juif de ne pas penser qu’à lui, mais de dispenser ses connaissances aux autres aussi.

Une notion importante dans la Chli’hout est celle du Beth Habad. Quand cette notion est-elle apparue et comment son développement s’est-il fait à Paris?

Rav Chmouel Azimov: La notion de Beth Habad ou Beth Loubavitch est apparue dans les discours du Rabbi déjà en 1958. A Paris, un certain nombre d’institutions Habad existaient déjà mais pas encore de Beth Habad. C’est en 1971 que nous avons acheté le premier centre pour la jeunesse, au 8 rue Lamartine, dans le neuvième arrondis-sement. Nous ne lui avions pas donné de nom, nous l’appelions simplement « le local ». C’est le Rabbi lui-même qui l’a appelé « Beth Loubavitch » à l’occasion de son inauguration. Le Rabbi nous avait alors donné sa bénédiction en disant qu’il nous souhaitait qu’il devienne très vite trop petit. Et, en effet, le besoin d’ouvrir d’autres « Bateï Habad » s’est vite fait sentir et nous en comptons à l’heure actuelle une dizaine environ dans la région parisienne.

Est-ce à dire qu’à part vous, une dizaine d’autres Chlou’him se trouvent dans la région parisienne?

Rav Chmouel Azimov: En fait, une trentaine de Chlou’him sont rattachés au Beth Loubavitch mais tous n’ont pas encore fondé un Beth Habad.

Quel est le rôle d’un Beth Habad. Comment se distingue-t-il de celui d’un centre communautaire ou d’une synagogue?

Rav Chmouel Azimov: Le rôle d’un Beth Habad est d’entretenir une chaleur spirituelle à l’intérieur de ses locaux. Dans sa lettre à propos de notre premier Beth Habad, le Rabbi expliqua qu’il devait protéger de la froideur ainsi que de la chaleur négative de la rue. Un Beth Habad se doit donc d’être imprégné de Torah, Avoda et Guemilout’Hassadim, c’est à dire de l’étude, de la prière et des bonnes actions véhiculées par les commandements divins. Cela, naturellement, toujours à la lumière de la tradition hassidique. Là est son rôle principal. Si un centre communautaire joue ce rôle, on peut alors le dénommer « Beth Habad ».

Quelles sont, à l’heure actuelle, les principales actions du Beth Loubavitch à Paris?

Rav Chmouel Azimov: Depuis trente ans, nous avons développé nos actions dans plusieurs directions. Le premier axe dans le temps et dans l’importance est naturellement l’étude de la Torah.

D’abord, les cours que nous donnions le dimanche après midi ont continué et se sont renforcés puisqu’à l’heure actuelle, près de cent personnes se répartissent dans plusieurs niveaux de cours dispensés de 15h 30 à 19h au Beth Loubavitch de la rue Lamartine pour les garçons et à l’école de la rue Riquet pour les filles.

D’autre part, pendant le mois d’Août, nous organisons deux séminaires d’étude pour les garçons, d’une part et pour les filles, d’autre part. Ces séminaires, situés en général dans des hôtels des Alpes regroupent environ trois cents jeunes auxquels se joignent une centaine de familles qui prennent une location aux environs des hôtels.

Enfin, nous avons ouvert, à la rue Lamartine (Paris 9è) un Beth Hamidrach appelé « Beth Ménahem » qui dispense des cours à qui le désire du matin au soir. De plus, les Chlou’him donnent plus d’une centaine de cours de Judaïsme, chacun là où il se trouve.

Le second axe est celui des Mivtsaïm, campagnes lancées par le Rabbi depuis près de trente ans qui consistent à motiver les juifs à accomplir les commandements tels que les Téphiline, la Mézouza, la Cacherout, etc… Outre le fait que les hassidim vont régulièrement visiter des familles dans cette intention, nous avons un certain nombre d’infrastructures destinées à aider les juifs à accomplir les commandements.

Par exemple, le Centre de Vérification des Téphiline et Mézouzot a permis à des milliers de juifs, chaque année, de vérifier leurs Téphiline et Mézouzot et aussi d’en acquérir de nouvelles.

De même, une équipe de cachérisation se tient à la disposition des juifs qui décident d’appliquer les lois alimentaires du Judaïsme.

Le troisième axe est celui de l’éducation. D’une part, nous organisons chaque mois de Juillet une vingtaine de centres aérés « Gan Israël » avec l’aide de certaines communautés de la région parisienne. Ces centres aérés accueillent chaque année plus d’un millier d’enfants et remportent un grand succès.

D’autre part, nous avons développé une structure scolaire allant de la crêche à la terminale qui regroupe à l’heure actuelle 2000 enfants environ.

Ce chiffre est impressionnant. Comment cette structure s’est-elle développée?

Rav Chmouel Azimov: Lorsque les premiers jeunes qui étudiaient ont fondé leur famille, le besoin d’institutions scolaires qui répondraient à l’esprit du Hassidisme s’est fait ressentir.

La toute première structure a été un Gan (jardin d’enfants) ouvert à Orly en 1971 pour quelques enfants.

En 1977, le premier Gan parisien a commencé dans des locaux que la communauté des Lilas a bien voulu nous prêter.

Peu à peu, les enfants ont grandi et l’on a dû développer d’autres écoles. Il existe à l’heure actuelle une crêche, un jardin d’enfants, deux écoles de filles et deux écoles de garçons. La crêche, le jardin d’enfants et les écoles de filles doivent être prochainement regroupées dans le complexe scolaire Haya Mouchka construit à la rue Petit, dans le 19è arrondissement et qui pourra accueillir près de deux mille enfants.

Ces écoles sont-elles réservées aux enfants de hassidim?

Rav Chmouel Azimov: Absolument pas. Nos écoles sont ouvertes à tout le monde. D’ailleurs, à l’heure actuelle, près de la moitié de nos effectifs ne proviennent pas de familles hassidiques.

Quelles relations avez-vous eu au cours de votre Chli’hout avec les différentes institutions juives de Paris?

Rav Chmouel Azimov: Nous avons toujours eu d’excellentes relations que l’on peut qualifier d’amicales. Les Rabbins parisiens et la communauté en général ont compris que Loubavitch n’était ni une secte ni un mouvement séparatiste, et que son seul but était d’amener la chaleur de la Torah et de ses commandements. Nous avons toujours été respectés, voire aidés par toutes les communautés, sans aucune exception.

De vos trente ans de Chli’hout, quels sont les points positifs et négatifs que vous pouvez établir?

Rav Chmouel Azimov: Je ne peux pas dire le mot « négatif » car il n’y a pas de négatif dans une Chli’hout. On peut peut-être dire qu’il ne faut pas se contenter de son acquis, comme l’affirment nos Sages dans les « Maximes des Pères », car un Chalia’h doit toujours vouloir progresser.  On aurait peut-être pu dispenser plus de cours, contacter et motiver plus de juifs…

Les points positifs ne peuvent m’être attribués car toute la réussite d’un Chalia’h vient de sa complète soumission au Rabbi. Comme nous le dit le Talmud: « L’envoyé est le prolongement de celui qui l’envoie ». Si un Chalia’h se sent important, il n’aura aucune réussite. On peut simplement dire que la bénédiction du Rabbi s’est réalisée. D’ailleurs, le Rabbi a dit lui-même qu’il était très satisfait du travail qui avait été réalisé à Paris. Ce lieu a mérité cette réussite sans doute grâce au séjour que le Rabbi y a fait. Un jour, le Rabbi a expliqué qu’il avait labouré et semé la terre et que le moment était venu de récolter. On peut donc dire que la Chli’hout était positive mais, comme je l’ai dit, il ne faut pas se contenter des réalisations passées. Il faut au contraire persévérer jusqu’à ce que tous les Juifs soient prêts à la délivrance des temps messianiques.

Une question que beaucoup doivent se poser: le Chalia’h étant essentiellement l’envoyé du Rabbi, cette notion a-telle encore un sens maintenant que le Rabbi n’est plus physiquement là? S’il existe encore des Chlou’him, comment peut-on les définir par rapport au Rabbi?

Rav Chmouel Azimov: Comme vous venez de le dire, le Rabbi ne nous a quittés que physiquement. Spirituellement, il est toujours présent, comme avant. Comme l’affirment nos Sages à propos du Temple: « La sainteté ne quitte jamais le lieu où elle se trouve ». Même lorsque le Rabbi était vivant, c’était sa force spirituelle plutôt que matérielle qui nous a accompagnés et guidés. Or, cette force spirituelle existe aussi maintenant. Un Chalia’h est donc toujours un Chalia’h du Rabbi et peut aussi, grâce au Rabbi, nommer un autre Chalia’h et ce, jusqu’à l’avènement des temps messianiques.

Du point de vue administratif, le Rabbi a laissé trois institutions qui sont: Merkaz Leinyaneï ‘Hinoukh, Ma’hané Israël et Agoudat ‘Hassideï Habad. La première institution est celle habilitée à nommer des Chlou’him dans de nouveaux lieux. Quant aux Chlou’him qui veulent s’installer là où se trouve déjà un Chalia’h, ils doivent le faire avec son accord.

Une dernière question: comment voyez-vous l’avenir de la Chli’hout en général et à Paris plus particulièrement?

Rav Chmouel Azimov: Je vois que, D.ieu merci, beaucoup de jeunes issus de familles hassidiques sont dans les yéchivot et un certain nombre en sort chaque année avec la volonté de prodiguer leur énergie à la communauté. Nous allons donc multiplier le nombre de Chlou’him en région Parisienne de façon à ce que le plus de Juifs pos-sible retournent au Judaïsme. C’est cette action qui conduira à la délivrance ultime des temps messianiques.

Rav Azimov, je vous remercie.

(Propos recueillis par Gary Chalom Cohen)