La réalisation d’un tableau commence par des croquis rapides, des études préparatoires, des ébauches que l’Artiste dessine, réunit dans un carnet de croquis. Au moyen de cet exemple la ‘Hassidout compare la Torah à un ‘carnet de croquis’ dont Hachem s’est servi pour créer les mondes, car de la même façon que ‘D.ieu a regardé dans la Torah avant de créer le monde’ l’Artiste regarde dans son carnet l’ébauche de son œuvre future,
Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Nasso le Rabbi mentionne le fait que’L’Eternel a regardé dans la Torah avant de créer le monde’ car dans les temps messianiques le dévoilement de la Torah ‘Hadacha donnera naissance à un monde nouveau, ainsi qu’il est dit : ‘Comme ces cieux nouveaux et comme cette terre nouvelle que Je ferai naître dureront devant Moi, ainsi subsisteront votre descendance et votre nom’ (Ychaya, 66, 22).
De fait, le Rabbi explique que les ‘Cieux nouveaux’ et la ‘Terre nouvelle’ que L’Eternel fera naître lors de la Délivrance représentent le dévoilement de la Parole divine qui est à l’origine même de la Création du Ciel, de la Terre, et de tout ce qu’ils contiennent. A présent, durant l’exil, nous ne voyons pas la Parole divine et c’est à ce sujet que l’Admour Hazaken écrit dans le Livre du Tanya :
‘S’il était permis à l’œil de voir et de se rendre compte de la force vitale (la Parole divine) et de la spiritualité contenue dans toute chose créée, et qui prenant leur source dans ‘ce qui émane de la bouche de D.ieu’ et de ‘Son souffle’, y coulent constamment, alors la matérialité de la créature cesserait d’être perçue par nos yeux, celle-ci étant complètement annulée par rapport à la force vitale et la spiritualité qui sont en elle’ (Tanya, Chaar Ha Y’houde vé Ha Emounah, chapitre 3).
Le dévoilement de la Torah ‘Hadacha représente donc le dévoilement de l’Essence divine, comme ce fut le cas lors du Don de la Torah sur le Mont-Sinaï au sujet duquel il est dit : ‘Et tout le peuple vit les Voix’ (Yitro, 20, 15). Lors de la Délivrance ‘La Voix de l’Eternel’ (‘la force vitale et la spiritualité’) qui est pour l’instant cachée nous apparaîtra. Un peu comme si nous disions que le monde tel qu’il est à présent est comme un tableau qui n’est pas signé, alors que dans les temps messianiques l’œuvre divine de la Création portera La signature du Saint béni soit-Il, c’est-à-dire qu’il apparaîtra à nos yeux que ‘toute la Création vient du souffle de Sa bouche’.
Dès-lors, nous pouvons comprendre la déclaration des Sages selon laquelle ‘la Torah que l’homme étudie à l’heure actuelle n’est ‘rien’ (‘hével’) en comparaison à la Torah que nous enseignera le Machia’h’. En effet, l’emploi du mot ‘hével’ met l’accent sur la grandeur de la Torah qui sera dévoilée par le Machia’h, au sujet de laquelle l’Eternel déclare : ‘Une Torah nouvelle sortira de Moi’.
‘La Torah qui sortira de Moi’, désigne l’Essence de la Torah, c’est-à-dire la partie la plus profonde de la Torah. A l’évidence, en comparaison à la vitalité que la ‘Torah nouvelle’ insufflera aux ‘cieux nouveaux’, à la ‘terre nouvelle’ et à toutes les créatures qu’ils contiennent, la vitalité de la Torah que nous étudions aujourd’hui n’est telle qu’un simple et léger souffle.
La ‘Hassidout nous enseigne que dans les temps futurs la terre, aujourd’hui silencieuse, parlera. La terre que tout le monde piétine s’adressera à l’homme et lui demandera s’il a le droit de la piétiner sans qu’il ne prononce des paroles de Torah. La ‘Hassidout nous enseigne que le cerveau doit dominer le cœur et cela implique que l’homme doit dominer les mauvaises pulsions de son cœur afin d’obéir seulement aux désirs de son âme divine. Celle-ci ne désire que D.ieu, Le servir par la prière et les bonnes actions. C’est cette question que la terre posera à l’homme. Elle lui demandera s’il est parvenu à avoir le corps et le cœur purs, car seulement dans ce cas le mérite lui sera donné de se tenir debout sur la terre. C’est à ce sujet que se rapporte le verset selon lequel la pierre des murs et le bois des poutres témoigneront de nos actes et de nos paroles, ainsi qu’il est dit (‘Habakouk, 2, 11) : ‘Oui, la pierre des murs crie contre toi, et le chevron dans la charpente lui donne la réplique… ‘
Il est écrit (Haazinou, 32, 1) : ‘Prêtez l’oreille Cieux, et je parlerais et que la Terre écoute les mots de ma bouche’ :
Moché nomma le Ciel et la Terre comme témoins du service divin des enfants d’Israël. Du fait que ceux-ci vivent éternellement, nul autre qu’eux ne pouvaient aussi bien témoigner que les enfants d’Israël accomplissent la volonté du Saint béni soit-Il tout au long de toutes leurs générations.
Le Rabbi explique la raison profonde du choix de Moché. Dans le sens profond, le Ciel d’un Juif représente sa pensée, les forces de son intellect. La Terre d’un Juif ce sont ses paroles et ses actes. Aussi, quand il étudie la partie révélée et la partie profonde de la Torah, qu’il éveille les forces de son intellect en approfondissant et en comprenant ce qu’il étudie, un juif œuvre et compose le Ciel de son existence. De la même façon, quand il accomplit de manière concrète les commandements divins, il fonde la Terre sur laquelle il se tient.
Quand nous accomplissons une Mitsvah, notre action (la Terre) doit être inspirée et éclairée par une intention profonde (cavana) : le Ciel. Dés-lors nous comprenons que la raison pour laquelle Moché a choisi le Ciel et la Terre pour témoigner de tous nos accomplissements dans notre service divin. Le Ciel et la Terre d’un Juif ne sont pas deux choses distinctes l’une de l’autre. Un acte n’est mis en évidence que lorsqu’il est inspiré par une haute intention, et une intention n’est haute que lorsque sa finalité est de se fondre dans un acte.
Ainsi, au Rabbi de conclure que Moché choisit le Ciel et la Terre afin de nous donner les forces nécessaires pour accomplir notre service divin. Afin de servir D.ieu avec notre émounah la plus pure, au moyen de nos forces les plus profondes. Eveiller la partie la plus secrète de notre âme pour servir D.ieu avec la plus grande soumission. Ce sentiment qui exprime notre plus grand désir, celui de la venue du Machia’h, de la Délivrance et du troisième Temple, peut s’inscrire dans l’image du ciel et la terre.
La terre et le ciel se rejoignent et s’unissent en une ligne que l’on n’aperçoit qu’à une distance éloignée. Cette ligne qui s’appelle ‘l’horizon’ arrête notre regard, l’empêche d’aller plus loin et finit toujours par laisser la place à nos pensées, sur notre vie, ce qu’elle a été, ce qu’elle est et ce qu’elle sera. Le libre choix nous est donné. A nous de choisir et d’imaginer ce que seront nos pensées nos paroles, et nos actes.
Rabbi Yossef-Itz’hak déclara un jour qu’il entendait ‘les pas du Machia’h’. Le Rabbi, à son exemple, agit envers nous pour que nous percevions à notre tour la présence du Machia’h, pour que notre horizon soit le support des pensées qui découlent du côté de la sainteté. Plus précisément pour que ces pensées aient pour but de nous impliquer dans le projet divin. Le Rabbi fait tout ce qui est en son pouvoir pour que notre Ciel (notre étude de la Torah) et notre Terre (nos Mitsvoth) s’unissent en un horizon où l’on voit se profiler la silhouette du Machia’h et du troisième temple. Il sème en notre esprit les graines qui donneront naissance aux pensées qui éveilleront dans nos cœur l’amour et la crainte de D.ieu, lesquels animeront nos actions les plus hautes qui susciteront le désir de D.ieu de provoquer finalement la venue de notre Juste Machia’h.
Ainsi, si nous laissons nos pensées se fondre vers l’horizon que nous trace le Rabbi, il est certain que le Ciel et la Terre témoigneront ensemble devant l’Eternel de la qualité de notre service divin. Dans ce cas rien ne s’opposera davantage à la révélation divine lors de la venue de notre juste Machia’h. Les âmes orphelines retrouveront leur Père qui est dans le ciel, sans qu’Il ne se dissimule davantage derrière Ses nombreux vêtements. Sa pureté brillera pour toujours dans tous les mondes et dans toutes les âmes. Sa lumière resplendira sur la terre dans le ciel et dans la Torah et l’homme découvrira enfin ‘une Terre nouvelle, un Ciel nouveau, une Torah nouvelle’.
L’infini du ciel n’est pas sans évoquer la Sagesse de D.ieu, laquelle est insaisissable. La profondeur des Mers et des Océans n’est pas sans évoquer les secrets qui se cachent dans les mots divins de la Torah. Le Rabbi nous permet de saisir un peu, et de saisir davantage (lorsque nous lui sommes totalement soumis), de cette sagesse infinie divine. Nous voguons, grâce au Rabbi, sur la Mer de la Torah en découvrant la profondeur de ses secrets. Le Maître nous élève vers les hauteurs des cieux de la Torah afin de libérer notre âme divine de ‘tout ce qui l’empêche de voir la lumière de l’En Sof’ (Tanya).
Il nous fait voyager sur cette Terre que nous foulons avec nos pieds et qui ne s’en plaint jamais. Ainsi, lorsque nous parvenons à nous attacher au Rabbi, c’est un Feu de Vie et de Bénédictions que nous faisons descendre du ciel. Par ailleurs, ce qui fait la particularité du Rabbi, c’est que notre soumission à ses enseignements n’exclut pas que le Rabbi attend de chacun d’entre nous d’exprimer ce qui fait notre particularité, ce qui nous différencie les uns des autres. En effet, chaque Juif ‘possède une chose que l’autre ne possède pas’. Aussi, nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour exploiter les dons particuliers que l’Eternel nous a donnés. Nous devons exprimer nos propres qualités dans nos actes tout en nous soumettant a la volonté du Rabbi, afin de faire de ce monde une demeure pour l’Essence de D.ieu, et dévoiler enfin la présence de notre Juste Machia’h, maintenant, avec l’aide d’Hachem.
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Il est écrit dans la Torah que durant le séjour des enfants d’Israël dans le désert, lorsque L’Eternel S’adressait à Moché, Sa Voix ‘sortait du ciel et passait entre les deux chérubins’ (Bamidbar, Nasso, 7, 89), ainsi qu’il est écrit :
‘Et quand Moché venait à la tente d’assignation pour Lui parler (à D.ieu), il entendait La Voix d’au-dessus du couvercle qui était sur l’Arche du témoignage, d’entre les deux chérubins, et Il lui parlait’.
Dans son livre ‘Alpha-Beïta’, le Rav Yom-Tov Lippman nous enseigne que la lettre aleph est justement une allusion à la Voix de L’Eternel qui ‘sortait du ciel et passait entre les deux chérubins’.
En effet, la lettre ‘aleph’ est composée d’un ‘vav’ et de deux ‘youde’ : les deux ‘youde’ représentent les deux chérubins, et le ‘vav’, entre les deux youde, représente la Voix de L’Eternel qui ‘passait entre les deux chérubins’. Ainsi, la lettre ‘aleph’ fait allusion au dévoilement de la Parole divine à Moché, lequel eut ce mérite car il fut ‘l’homme le plus humble parmi tous les hommes’, ainsi que cela est exprimé par la petite taille de la lettre aleph du mot ‘Vayikra’, comme il a été expliqué précédemment au nom de l’Admour Hazaken.
Par ailleurs, le Rabbi précédent, Rabbi Yossef Itz’hak, a raconté que lorsqu’il avait l’âge d’apprendre les lettres de l’alphabet hébraïque, les professeurs avaient alors l’habitude de prendre le porteur d’eau comme exemple pour enseigner la lettre aleph : le bâton de bois (que le porteur d’eau porte sur ses épaules) avec les deux sceaux suspendus, évoque la forme de la lettre ‘aleph’.
Le bâton représente le ‘vav’ du ‘aleph’, et les deux sceaux d’eau représentent les deux ‘youde’ du ‘aleph’.
Il est intéressant que les ‘Hassidim ont choisi le porteur d’eau comme exemple pour enseigner aux enfants la lettre ‘aleph’. Ce choix s’accorde à l’enseignement du Tanya selon lequel ‘l’Eternel ne réside que dans un endroit qui Lui est totalement soumis’.
La simplicité du porteur d’eau n’est pas sans évoquer l’humilité de notre maître Moché, ‘le berger fidèle qui nourrit les enfants d’Israël de émounah (foi)’. A l’image du porteur d’eau qui porte des sceaux sur ses épaules, Moché donne à boire l’eau de la Torah aux enfants d’Israël.
Il est écrit : ‘Vayikra el Moché’, ‘Il appela Moché’. Aussi, nous devons comprendre que ce verset est aussi une allusion au dévoilement de la ‘Voix de D.ieu’ qui aura lieu dans les temps messianiques, par la révélation de la Torah ‘Hadacha. A l’évidence nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour provoquer les jours de la Délivrance finale, en ayant à l’esprit l’image de Moché, en nous souvenant par exemple de cette déclaration du Rabbi selon laquelle ‘un juif doit avoir conscience de sa petitesse, et en même temps de la possibilité qu’il a de s’élever’.
Par ailleurs, Rachi explique que l’on pourrait croire que Le son de la Voix de D.ieu que Moché entendait dans la Tente d’assignation était faible, mais le verset dit ‘La Voix’ (avec un article défini). C’est ‘La’ Voix qui parlait avec lui au mont Sinaï, mais quand elle arrivait à l’entrée de la Tente d’assignation, elle s’arrêtait et ne sortait pas à l’extérieur de la Tente. C’était un véritable miracle, la Voix de D.ieu n’était audible qu’à l’intérieur de la Tente.
Le Rabbi nous explique que lorsque l’on se trouve à l’intérieur de la Tente, le dévoilement de D.ieu est si grand que nous n’avons pas d’autre choix que celui d’écouter Sa Voix.
Cependant, le désir du Saint béni soit-Il est de résider dans ce monde matériel, à ‘l’extérieur de la Tente’.
C’est précisément à ‘l’extérieur de la Tente’ que le choix est donné à l’homme, du fait qu’il n’entend pas la Voix de son Père qui est dans le ciel.
Un juif doit donc faire tout ce qui est en son pouvoir pour briser ce silence en faisant résonner La Voix et La volonté de D.ieu dans ce monde (à ‘l’extérieur de la Tente’) en accomplissant Ses Commandements de ‘tout son cœur de toute son âme et de tout son pouvoir’.
Le Rabbi déclara qu’un juif cherche D.ieu comme un fils cherche son père qui s’est caché pour qu’il le trouve. Il ajouta que ‘le plus grave n’est pas en soi de ne pas Le trouver, le plus grave c’est de s’arrêter de Le chercher’.