À Loubavitch, on ne commémore pas le jour de la mémoire de l’Holocauste au mois de Nissan. Cependant, quand on parle de la Seconde Guerre mondiale et de l’horrible Shoah, je me souviens des récits sur le frère de ma grand-mère Esther, que son âme repose en paix, qui fut cruellement assassiné par les nazis lors de Simhat Torah | Sa famille vivait dans le voisinage du Rabbi durant son enfance

 

Menahem Man Dubkin hy »d est le frère de ma grand-mère Esther, du côté de ma mère que son âme repose en paix. Son père, le Rav Yossef Reuven Dubkin hy »d, était un Hassid renommé du Rabbi Rashab. Il était parmi les meilleurs « Temimim » du Rabbi Rashab et l’un des Hassidim les plus célèbres, ainsi que son épouse Riva, et leurs enfants : Shalom Ber, Proma, et Menahem Man Dubkin hy »d (que l’on voit ici sur la photo originale et qui fut assassiné à l’âge de 24 ans) furent tous sauvagement massacrés par les nazis maudits lors de Simhat Torah en 1941 de la manière la plus cruelle.

Esther, la fille aînée (ma grand-mère maternelle) survécut, car son mari (mon grand-père) Rav Nahum Projansky, que sa mémoire soit bénie, était ingénieur en mécanique et Staline, pendant la guerre, déplaça toutes les familles d’ingénieurs liées à l’industrie de guerre vers la Sibérie et les monts Oural. Quand ils revinrent à Dnieper après la guerre (la famille Projansky vivait dans le même immeuble que le père du Rabbi, Rav Levi Yitzchak, et la famille connaissait bien les trois fils de Rav Levik, comme je l’ai entendu dans le témoignage d’une des tantes de la famille), il ne restait de leur famille aucun survivant ni réfugié.

L’autre fils, Rav Mordechai (Mottel) Dubkin, que sa mémoire soit bénie, survécut car il était infirmier/médecin de combat et combattit les Allemands. Ma mère racontait qu’il parvint avec l’armée russe jusqu’aux portes de Berlin occupée à la fin de la guerre. Lorsqu’il rentra chez lui, il découvrit à son grand désespoir que de sa famille il ne restait personne, à l’exception de sa sœur Esther. Ma mère conserva précieusement la photo du plus jeune fils de la famille Dubkin, Menahem Man Dubkin hy »d.

Elle racontait à son sujet qu’il était un génie et un garçon brillant qui aurait dû avoir un grand avenir devant lui (on peut le percevoir sur la photo…) mais il fut lui aussi massacré par les nazis maudits. Je ressentais sa douleur comme une blessure qui ne s’était apparemment jamais refermée dans la famille.

Ma mère, que son âme repose en paix, n’accepta jamais de prendre le moindre pfennig des Allemands en guise de compensation. « Qu’ils brûlent sur un petit feu », disait-elle, et je peux bien comprendre pourquoi. Elle s’opposait aussi à acheter des produits allemands. Une mère juive.

אַב הָרַחֲמִים שׁוכֵן מְרומִים. בְּרַחֲמָיו הָעֲצוּמִים הוּא יִפְקד בְּרַחֲמִים הַחֲסִידִים וְהַיְשָׁרִים וְהַתְּמִימִים. קְהִלּות הַקּדֶשׁ שֶׁמָּסְרוּ נַפְשָׁם עַל קְדֻשַּׁת הַשֵּׁם.
הַנֶּאֱהָבִים וְהַנְּעִימִים בְּחַיֵּיהֶם וּבְמותָם לא נִפְרָדוּ. מִנְּשָׁרִים קַלּוּ מֵאֲרָיות גָּבֵרוּ לַעֲשות רְצון קונָם וְחֵפֶץ צוּרָם.

יזְכְּרֵם אֱלהקינוּ לְטובָה עִם שְׁאָר צַדִּיקֵי עולָם. וְיִקום נִקְמַת דַּם עֲבָדָיו הַשָּׁפוּךְ. כַּכָּתוּב בְּתורַת משֶׁה אִישׁ הָאֱלקים. הַרְנִינוּ גויִם עַמּו כִּי דַם עֲבָדָיו יִקּום וְנָקָם יָשִׁיב לְצָרָיו וְכִפֶּר אַדְמָתו עַמּו:

Père de miséricorde résidant dans les hauteurs. Dans son immense compassion, il se souviendra avec clémence des Hassidim, des justes et des intègres. Les saintes communautés qui sacrifièrent leur vie pour la sanctification du Nom. Les bien-aimés et les délicieux, dans leur vie et dans leur mort ils ne furent point séparés. Plus rapides que les aigles, plus forts que les lions, pour accomplir la volonté de leur Créateur et le désir de leur Rocher.

Que notre D.ieu se souvienne d’eux en bien, avec les autres justes du monde. Et qu’Il venge le sang versé de Ses serviteurs. Comme il est écrit dans la Torah de Moïse, l’homme de D.ieu : Nations, célébrez Son peuple, car Il vengera le sang de Ses serviteurs, fera retomber la vengeance sur Ses adversaires, et expiera la terre de Son peuple.