L’année 1977 fut marquante dans l’histoire du « groupe » Loubavitch de Paris. Cet épisode, qui se déroula pendant les fêtes de Tichri, illustre l’attention particulière que le Rabbi portait à ses disciples venus de France. Le récit qui suit relate un Farbrenguen mémorable, tenu le 13 Tichri 5738-1977, qui allait s’avérer être le dernier de cette période festive. Il met en lumière les traditions, l’organisation et l’atmosphère unique qui régnait lors de ces rencontres spirituelles, tout en soulignant le lien spécial entre le Rabbi et les juifs de France.

 

En 1977, un important groupe de français se rendait auprès du Rabbi avec le Rav Chmouel Azimov, Chalia’h du Rabbi à Paris, pour célébrer la fête de Souccot. Près d’une centaine de Français ont entrepris ce voyage le 13 Tichri, jour de la Hilloula du Rabbi Maharach, le quatrième Rabbi de Loubavitch.

À cette occasion, le Rabbi présidait un Farbrenguen dans la grande synagogue. Ces rassemblements duraient généralement de trois à quatre heures, alternant plusieurs Sihot (discours) et des chants. À l’issue du Farbrenguen, le Rabbi distribuait des dollars aux « Tankistes », ces volontaires qui, chaque vendredi à Manhattan, proposaient aux Juifs de mettre les Tefilines dans le cadre des Mivtsaim (campagnes de mitzvot). Les Tankistes s’approchaient de la table du Rabbi, qui remettait à chacun une liasse de dollars à redistribuer aux participants.

Cette année-là, le secrétariat s’était enquis de l’heure d’arrivée des Français. C’est aussi l’année où le Rabbi subit un malaise cardiaque le jour de Simhat Torah, le contraignant à rester dans son bureau du premier soir de Simhat Torah jusqu’à Roch Hodech Kislev. Ce Farbrenguen du 13 Tichri fut donc le dernier des fêtes de Tichri de cette année. Le Rabbi y fit d’ailleurs des allusions laissant présager un événement imminent.

Le groupe français, censé arriver au début du Farbrenguen, fut retardé à l’aéroport JFK. Entre les Si’hot, le Rabbi s’enquit à plusieurs reprises auprès du secrétaire de l’arrivée des Israéliens et des Français. Le secrétaire l’informa que seuls les Israéliens étaient présents.

Finalement, le groupe français arriva au moment où le Rabbi terminait la distribution des dollars aux Tankistes. On peut alors entendre dans l’enregistrement le Rabbi demander au secrétaire : « Où sont les Français ? Moulé Azimov est-il là ? » Le secrétaire invita alors le Rav Azimov et ses deux fils à s’approcher de la table du Rabbi. Le Rabbi leur remit deux dollars chacun et demanda au Rav Azimov s’il y avait dans le groupe des personnes impliquées dans les Mivtsaim pour leur donner également des dollars afin qu’ils les distribuent au reste du groupe. Finalement le Rabbi confia au Rav Azimov une liasse de dollars afin de les distribuer lui-même aux tankistes français.

Alors que le Rav Azimov s’apprêtait à quitter la table, le Rabbi lui demanda d’entonner le chant « Haaderet Veaemouna » sur l’air de la Marseillaise, une tradition qu’il avait instaurée quatre ans plus tôt, en 1973.

 

 

Maamar
Le Rabbi commença le Farbrenguen par le Maamar. Mais, de façon inhabituelle, le Rabbi demande pendant plus de 10 minutes de chanter 7 Nigunim joyeux, dont le chant de Simhat Torah (écouter) (afin de laisser le temps aux français d’arriver). Enfin, le Rabbi prononce le Maamar.

Siha 1
Ala fin de la Siha pendant le chant:
Le Rabbi:
 Les groupes d’Israel et de France sont arrivés??
Rav Groner: Le groupe d’Israel est arrivé! (écouter)

Siha 2 et 3
A la fin de la 3ème Siha pendant le chant:
Le Rabbi: L’avion (des français) n’est toujours pas arrivé??
Rav Groner: L’avion est arrivé! (écouter)

Siha 4
Ala fin de la 3ème Siha pendant le chant:
Le Rabbi: Où sont les français? Moulé Azimov est là? (écouter)
Rav Groner: Oui

Siha 5
Le Rabbi commence alors une courte Siha rappelant des sujets de la Si’ha précédente (1mn 30).

À l’issue du Farbrenguen, le Rabbi distribuait des dollars aux « Tankistes », ces volontaires qui, chaque vendredi à Manhattan, proposaient aux Juifs de mettre les Tefilines dans le cadre des Mivtsaim (campagnes de mitzvot). Les Tankistes s’approchaient de la table du Rabbi, qui remettait à chacun une liasse de dollars à redistribuer aux participants.

A l’issue de la distribution, le Rav Moulé Azimov monte avec ses deux fils près du Rabbi. Le Rabbi lui donne 2 dollars ainsi qu’à ses fils.

Le Rabbi demande: Y-at-il des « tankistes » qui sont venus avec toi? (pour leur distribuer des dollars). Le Rabbi remet au Rav Azimov plusieurs dollars à distribuer aux « tankistes ».

Le Rabbi demande alors au Rav Azimov de chanter le chant « Hadert Vehaemouna » (sur l’air de la Marseillaise) (écouter).

Le Rav Azimov lance le chant, suivi par tous les Hassidim.

Le Rabbi demande au Rav Azimov de commencer tout de suite la distribution des dollars aux français.

Puis, le Rabbi quitte la grande Shoul accompagné du chant Ki Besimha Tétséhou ».

Ce fut le dernier Farbrenguen avant l’attaque cardiaque le jour de Simhat Torah.

Ecouter tout le Farbrenguen:
MaamarSiha 1Siha 2Siha 3Siha 4Siha 5

 

C’est le 13 tichri 5643 (1882) que le Rabbi Maharach quitta ce monde.
Son petit fils le Rabbi Rayats décirt les dernières minutes que précédèrent son depart:
« Mon grand-père, le Rabbi Maharach, quitta ce monde le 13 tichri, a 11 heures 51. 25 minutes plus tôt, il avait pris sa montre et l’avait détachée de sa chaine. Il s’était muni d’un bout de papier et l’avait introduit dans cette montre, afin de bloquer ses aiguilles a 11 heures 51. Puis il demanda à son domestique d’appeler ses fils, afin de leur faire connaitre son testament.
Rabbi Zalman Aharon, le Razah, arriva le premier et se rendit après du Rabbi, qui lui parla. Puis, il s’en alla et mon père le Rabbi Rachab, entra. Le Rabbi Maharach lui parla également et mon père pleura beaucoup. Lorsqu’il partit, entra son plus jeune fils, Rabbi Men’hem Mendel (qui est enterré à Tsfat). Puis, le Rabbi Maharach encore assis sur son siège quitta ce monde. »