Traduit par le Rav Haim Mellul

 

 

En 5552 (1791), une grave accusation fut portée contre l’Admour Hazaken, parce qu’il diffusait l’enseignement de la ‘Hassidout. Le verdict fut prononcé et il devait quitter ce monde. L’Admour Hazaken sollicita alors la bénédiction du saint Rabbi Na’houm de Tchernobyl.

L’Admour Hazaken fit part de cette accusation à sa fille, la Rabbanit Dévora Léa. Elle prit alors la décision de remplacer son père. Quand arriva le soir de Roch Hachana, elle craignit que son père lui dise : « Sois inscrite et scellée pour une bonne année ». C’est donc elle qui, la première, dit à son père : « Sois inscrit et scellé pour une bonne année. Père, ne dis rien ».

La Rabbanit Dévora Léa quitta ce monde pendant le jeûne de Guedalya. Avant cela, elle demanda à son père de se charger de l’éducation de son jeune fils, le Tséma’h Tsédek. L’Admour Hazaken installa effectivement l’enfant dans sa chambre et il surveilla lui-même son éducation.

(Discours du Rabbi, Chabbat Parchat Vayéchev 5731-1970)

 

Extrait d’une causerie : Comme la fille du Rabbi

Chaque récit délivre un enseignement pour le service de D.ieu, notamment quand il est relaté par un chef d’Israël, qui a, en outre, demandé de l’imprimer. Et, cette leçon, cet enseignement doivent être d’autant plus forts et puissants qu’il est nécessaire de les déduire de tout ce que l’on voit et de tout ce que l’on entend, comme le précise le Baal Chem Tov.

Il y a donc là un enseignement pour toutes les générations, pour chaque femme et pour chaque fille juive, notamment quand on sait que mon beau-père et maître, le Rabbi a demandé d’imprimer cette causerie en yiddish. Or, il précisa lui-même qu’il publiait des causeries et des discours dans cette langue afin que les femmes les comprennent également.

Néanmoins, quand on dit à une femme ou à une jeune fille juive que la Rabbanit Dévora Léa fit don de sa vie pour la diffusion de la ‘Hassidout et qu’elle doit en faire de même, elle s’interrogera aussitôt : quelle est donc cette comparaison ?

Il s’agit, en l’occurrence, de la fille de l’Admour Hazaken, une âme nouvelle, une âme du monde d’Atsilout, qui se trouvait ici-bas comme elle était en Atsilout. De ce fait, à la veille du Chabbat qui est un temps de sommeil dans les sphères célestes, celui de « la torpeur de Zéer Anpin », l’Admour Hazaken s’endormait aussitôt, alors que Rabbi Hillel de Paritch s’efforçait de s’endormir.

Or, c’est l’Admour Hazaken qui donna naissance à la Rabbanit Dévora Léa et la ‘Hassidout souligne le caractère saint de la conception, surtout avec la préparation qui convient. C’est lui qui l’éduqua, qui la maria, qui la guida et qui forgea son comportement. Il n’est donc pas surprenant qu’elle ait adopté une telle attitude. En revanche, comment en attendre autant de chacune ?

La réponse à cette question est la suivante. Le Rabbanit Dévora Léa et, de même, toutes les femmes vertueuses d’Israël ont « ouvert le canal » et frayé la voie à chaque femme et chaque jeune fille juive, afin qu’elle puisse se consacrer à la diffusion des sources de la ‘Hassidout en faisant don de sa propre personne, que ses actions soient utiles à cette diffusion.

Bien plus, ceci ajoute une force au chef de la génération, lui permet d’accomplir son œuvre et de diffuser ces sources. Certes, il est difficile de comprendre qu’une femme puisse insuffler des forces au chef de la génération. C’est pourtant ce qui arriva concrètement avec la Rabbanit Dévora Léa et une action concrète n’a nul besoin d’être commentée.

Selon l’expression bien connue, « les opinions doivent suivre la réalité » et l’on en trouve l’équivalent à propos de notre père Avraham, qui, par le don de sa propre personne, « ouvrit le canal » de l’abnégation à chaque Juif, en toutes les générations.

(Discours du Rabbi, Chabbat Parchat Vayéchev 5731-1970)

 

Les ‘Hassidim mentionnaient le nom de la Rabbanit Dévora Léa, qui quitta ce monde à cette date, avec un grand respect et une profonde déférence. Tous avaient conscience que le sacrifice qu’elle avait fait de sa propre personne et sa noblesse d’esprit avaient sauvé «l’arbre de vie», le Rabbi.

(Likouteï Dibbourim, tome 4, à la page 668)

 

Pendant les sept jours du deuil qui suivirent le décès de la Rabbanit Dévora Léa, qui quitta ce monde à cette date, l’Admour Hazaken conduisit lui-même la prière, trois fois par jour, pour Cha’harit, Min’ha et Arvit. Le petit orphelin récitait alors lui-même le Kaddish.

(Séfer Ha Si’hot, été 5700, à la page 65)

La Rabbanit Dévora Léa est enterrée dans le vieux cimetière de Liozna.