Nous célébrons aujourd’hui Lag Baomer, Hilloula de Rabbi Shimon Bar Yohai, l’auteur du Zohar, ouvrage majeur de la kabbale.

Le Zohar s’est confronté à une problématique, que les maîtres de la Hassidout Habad ont exploré et creusé, et qui a accompagné toute la littérature kabbalistique / hassidique de notre temps : Quelle attitude adopter vis à vis de la matière, qui de prime abord apparaît complètement éloignée de la spiritualité ? S’inscrit elle dans un dualisme éternel et irréconciliable avec la spiritualité? Ou au contraire peut elle avoir un lien, même infime avec le monde spirituel?

Voyons ça : Rabbi Shimon Bar Yohai écrit explicitement qu’il a été émerveillé par l’enseignement suivant :  » Lorsqu’un tronçon de bois trop gros ne prend pas feu et ne s’embrase pas de lui même. Que fait on? On le pulvérise, on le fracasse en copeaux de bois et enfin on l’allume » Voici l’explication : Il est vrai que la matière, aussi grossière soit elle, est une occultation du divin, un voile opaque et épais… A l’instar du tronçon de bois qui ne brûle pas (le feu étant l’élément le plus spirituel et donc le plus synonyme de divinité).

Cependant, l’homme par ses efforts peut parvenir à briser cette grossièreté, et de facto faire émerger une lumière, un feu, d’une puissance phénoménale sans aucun commune mesure avec la petite mèche initiale qui aura servi à allumer le bois.

Ainsi, la matérialité renferme une spiritualité potentielle, qui lorsqu’elle est révélée par le biais des Mitsvot, est incroyablement plus haute que toutes les révélations spirituelles possibles et inimaginables.

Cependant il y a un point clé à retenir : Il y a un prix à payer pour toucher à l’essence de D.ieu. C’est justement l’occultation de la matière qui permet à l’homme de rentrer en contact avec D.ieu lui même, sans pour autant influencer son libre arbitre et ses choix futurs. Car dans le cas contraire, toute mitsva, impliquerait une révélation explicite du divin, ce qui nuirait et entraverait la mission de l’homme : utiliser son libre arbitre pour choisir de plein gré la Torah et les Mitsvot !

Lag baomer Sameah !

[ inspiré des sihot du rabbi, du tanya chaar yihoud, likoutei dibourim Chavouot, maamar « Vehikdachtem » rabbi maharach]