‘Tu veux du feu? Cherche-le dans la cendre’ (Parole de Rabbi Moshé-Leïb de Sassov)
Le Rabbi n’a de cesse de nous surprendre. La raison à cela est que nous ne voyons que l’aspect superficiel de la réalité, et lorsque nous étudions les enseignements du Rabbi nous en découvrons avec stupéfaction son aspect profond.
C’est le cas tout particulièrement du 9 Av. Le Rabbi explique en effet, que ce jour n’est pas, comme tout nous porte à le croire, le jour où le Temple a été détruit.
En fait, l’apparente destruction du Temple dissimule un but trés élevé. L’Eternel n’a détruit le Temple que dans le but de le reconstruire, et contre toute attente le jour du 9 Av cache une lumière d’une extrême grandeur.
C’est précisément cette lumière que le Rabbi dévoile dans le Dvar Mal’hout du Chabbat de la Paracha Dévarim de l’année 5751, lequel tombe le jour du 9 Av, exactement comme cette année, 5778.
De manière générale, lorsque le 9 Av tombe un jour de semaine, il garde sa lumière cachée et celle-ci n’apparaît que six jours après, le 15 Av.
En effet, d’après le principe bien connu selon lequel ‘une descente a toujours pour but une élévation’, le jour du 15 Av vient dévoiler cette lumière d’une extrême grandeur que le 9 Av garde en secret.
Le 15 Av est donc lié à la Délivrance finale, et au Rabbi de souligner qu’il est un jour de pleine lune, laquelle n’est pas sans évoquer la perfection atteinte par l’Assemblée d’Israël, qui est elle-même comparée à la lune.
Par ailleurs, si le jour du 9 Av tombe le jour du Chabbat, comme c’est le cas cette année, alors la force du Chabbat a pour effet de dévoiler le secret du 9 Av, et dés-lors, nul n’est besoin d’attendre le 15 Av pour découvrir le bien caché et l’intense profondeur qui se cachent derrière la destruction du Temple.
Aussi, lorsque le jour du 9 Av tombe le jour du Chabbat, le Jeûne est repoussé au lendemain. Tout le côté négatif est repoussé au jour suivant. L’ombre de ce jour est chassée pour ne laisser la place qu’à la lumière du 9 Av.
Le Rabbi révèle cette lumière à travers une histoire qui est mentionnée dans le Talmud Yérouchalmi (2a, 5a), dans laquelle il est dit que le Machia’h est né le jour de la destruction (physique) du Temple de Jérusalem.
A son voisin qui l’interrogeait sur le fait qu’une vache meugla à deux reprises, un Juif répondit que le premier meuglement était dû à la destruction du Temple, et le second à la naissance du Machia’h.
Le Machi’ah est né le jour où le Temple fut détruit, et du fait que le Mazal d’une personne domine le jour de son anniversaire, le Rabbi nous enseigne que le jour du 9 Av est particulièrement propice à la venue du Machi’ah.
Aussi, du fait que la venue du Machia’h correspond au dévoilement de l’Essence divine, le Rabbi établit ici le rapport qui existe entre le jour du 9 Av qui tombe le jour du Chabbat, et le jour de Kippour.
Ces deux jours sont tous les deux liés au dévoilement de l’Essence divine et à celui de l’Essence de l’âme Juive, le niveau de ‘Yé’hida’.
La ‘Hassidout nous enseigne que la prière de la ‘Neïla’ qui est la cinquième prière du jour de Kippour, entre la prière de Min’ha et la prière d’Arvith, correspond au dévoilement de l’Essence de l’âme, Yé’hida. Or, le Rabbi enseigne que le moment le plus propice à la venue du Machia’h, dans la journée du 9 Av qui tombe le Chabbat, se situe aussi entre la prière de Min’ha et celle d’Arvith (Ce moment correspond au commencement du Jeûne).
De fait, le travail propre au jour de Kippour correspond au dévoilement du plus haut niveau de l’âme, l’Essence de l’âme, Yé’hida. Il apparaît dés-lors avec clarté qu’un Juif fait Un avec le Saint béni soit-Il. Cela, chaque jour, tout au long de l’année, à chaque instant, et dans chaque endroit.
Le Rabbi nous enseigne que concrètement le dévoilement de Yé’hida correspond au travail de la Téchouva supérieure, et que celle-ci doit être réalisée dans une grande et profonde joie.
C’est pourquoi la Téchouva supérieure est liée à la Torah, à l’image des secondes Tables qui furent données par Moché le jour de Kippour.
A la lumière de ce qui vient d’être dit, nous pouvons comprendre la declaration des Sages selon laquelle ‘Il n’y a pas eu de meilleurs jours pour Israël, que le 15 du mois de Av et le jour de Kippour’, et entrevoir un peu de la lumière qui se cache derrière la destruction du Temple. Nous pouvons finalement comprendre que les cendres du Temple cachent en réalité le feu de la Délivrance finale, et peut-être est-il possible ici d’étendre cet enseignement du Dvar Mal’hout, à la Mitsvah d’Ahavat Israël.
En effet, D.ieu déclare: ‘Faites-Moi un sanctuaire et Je résiderais parmi vous’. Chaque Juif est lui-même un Sanctuaire, et dans ce cas, la mission de chaque Juif consiste à faire de lui-même une demeure pour D.ieu. Chaque Juif a pour devoir d’attirer la Présence divine dans ses pensées, ses paroles, et ses actes.
Nous avons expliqué précédemment que lorsque le 9 Av tombe le Chabbat nous devons ‘repousser le Jeûne au lendemain’. Nous ne gardons que le positif du 9 Av, et nous repoussons au lendemain tout ce qu’il contient de négatif.
Peut-être devons-nous adopter cette attitude vis-à-vis de notre prochain. C’est-à-dire de ne regarder et de ne considérer que ce qui est positif chez lui, et de ne jamais considérer,‘repousser au lendemain’, son côté négatif.
Ce qui est vrai pour le Temple, l’est pour chaque Juif. Aussi, même quand il s’agit d’un Juif qui nous semble totalement éloigné de la Torah et des Commandements divins, à l’image des cendres qui subsistent du Temple après sa destruction, nous devons ‘voir entre les fentes des murs’, voir que ces cendres cachent une étincelle divine que nous avons pour devoir de ranimer, afin d’avoir le mérite de voir la venue du Machia’h très bientôt et de nos jours, avec l’aide de D.ieu.