Aleph, Beïth, Guimel :
Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Ki-Tissa, le Rabbi explique que l’Eternel a fixé que chaque chose se décompose en trois, la tête, le milieu et la fin (Roch, To’h, Sof).
La ‘tête’ est le début d’une chose. Elle contient en elle-même l’intention, le but. Puis vient la chose elle-même, le ‘milieu’, le contenu, par lequel on peut atteindre le but que l’on s’est fixé au départ. Enfin, vient la ‘fin’, la réalisation effective de ce but, conformément à la déclaration des Sages selon laquelle ‘la fin d’une action est au début dans la pensée’.
Ces trois niveaux, la tête, le milieu et la fin, correspondent aux trois lettres hébraïques Aleph, Beïth, Guimel. Le Rabbi nous enseigne que ces trois lettres correspondent aussi à l’enchaînement des mondes, lequel est allusionné dans notre Paracha.
En effet, dans la Paracha Ki-Tissa il est question des premières Tables que l’Eternel donna à Moché, et sur lesquelles sont gravés les 10 Commandements qui commencent par la lettre ‘Aleph’ du mot ‘Ano’hi’ qui est lui-même une allusion à l’Essence divine. Ces premières Tables représentent donc le premier niveau, ‘Aleph’, le début et la base de toute chose, y compris la Création des mondes et de tout ce qu’ils contiennent. Le monde a été créé pour la Torah, appelée ‘Réchit’, ‘le Commencement’.
Puis vient la lettre ‘Beith’, première lettre du verset ‘Béréchit bara Elokim’, au moyen de laquelle les mondes et tout ce qu’ils contiennent furent créés.
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Dans notre Paracha il est question du péché du veau d’or qui est à l’origine du fait que Moché brisa les premières Tables. Le Rabbi nous enseigne dans ce Dvar Mal’hout que la brisure des Tables est liée à la descente que représente la Création de notre monde, du fait que l’Eternel a créé un monde où la possibilité nous est donnée de choisir entre le bien et le mal.
Le péché du veau d’or est lié à celui de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Le Rabbi déclare en effet que le péché de l’arbre ‘est venu comme une conséquence du premier Tsimtsoum, de la diminution de la taille de la lune (qui voulait être aussi grande que le soleil), et des nombreuses contractions et voiles de la lumière divine qui participent tous à la Création d’un monde où il est donné la possibilité à l’homme de choisir entre le bien et le mal.

Ainsi, conformément à l’enseignement du Rabbi selon lequel l’Eternel a fixé que chaque chose se décompose en trois, la ‘Tête’, le ‘Milieu’ et la ‘Fin’ (‘Roch’, ‘To’h’, ‘Sof’), il y a trois étapes dans le processus de la Création :

‘Aleph’, la lumière divine avant le premier Tsimtsoum, qui correspond aux premières Tables.
‘Beïth’, le premier Tsimtsoum, qui correspond à la brisure des premières Tables.
‘Guimel’, le monde de la Délivrance finale qui correspond aux secondes Tables que Moché tailla lui-même, selon l’ordre d’Hachem.
Avant la Création du monde seul D.ieu était présent, puis quand L’Eternel décida de créer le monde, ‘D.ieu mit Sa grande lumière de côté’ (Tanya) et Il créa un espace vide (premier Tsimtsoum) dans lequel l’existence de l’homme devint possible car l’homme pouvait vivre sans ressentir la Présence divine. De ce fait le premier Tsimtsoum concorde avec la brisure des Tables, car il réalise une rupture entre la situation où seul l’Eternel est présent et une situation où l’existence de l’homme et du monde apparaissent.

C’est ici l’un des points essentiels du Dvar Mal’hout. Le Rabbi nous explique que par lui-même, un Juif est incapable de commettre un péché. Si Adam et ‘Hava fautèrent, ou si le peuple d’Israël commit le péché du veau d’or, c’est uniquement parce que l’Eternel les incita en ce sens. Or, L’Eternel a agi ainsi afin de les mettre dans une situation de Téchouva, pour atteindre un niveau supérieur à celui qui était le leur avant la faute.
Les Tables brisées qui résultent du péché du veau d’or donnèrent l’accès à la mission de chaque Juif, de ramener le monde à un état de pureté en le raffinant au moyen des Mitsvoth. De fait, les premières Tables, brisées, expriment le fait que le monde ne put supporter la révélation de l’Essence divine. Cette révélation ne devient possible qu’après la brisure des Tables, c’est-à-dire quand le peuple Juif s’attache au travail de la Téchouva qui consiste à accorder (à préparer) ce monde matériel au dévoilement du Machia’h.

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La préparation au Don de la Torah :
A la fin de la Si’ha de la Paracha Chela’h de l’année 5747, le Rabbi mentionne que ‘Le monde a été créé pour la Torah, pour le Don de la Torah’ et le Rabbi demande dans ce cas ‘pourquoi a-t-il fallu attendre depuis la Création du monde 26 générations avant que L’Eternel donne la Torah au Mont Sinaï ?’ A ce sujet les Sages se sont interrogés sur la raison pour laquelle la Torah commence par la lettre Beïth (Béréchit) et non pas par la lettre Aleph qui est la première de toutes les Lettres. Lorsque la Lettre Aleph elle-même en demanda la raison à L’Eternel qui lui répondit qu’Il avait créé le monde pour la Torah et qu’au moment du Don de la Torah sur le Mont Sinaï Il commencerait par la Lettre Aleph ainsi qu’il est dit : ‘Anohi : Je suis L’Eternel Ton D.ieu’.
Dans ce cas, pourquoi fallait-il que la Lettre Aleph attende 26 générations jusqu’au moment ou D.ieu dit les 10 Commandements qui commençent par la lettre Aleph ?

La réponse à ces questions est que pour que l’homme et le monde puissent recevoir de manière profonde le dévoilement de la Torah, qui est celui d’une Lumière divine qui est totalement au-delà des limites de l’homme et du monde, il est nécessaire que l’homme et le monde deviennent d’abord des réceptacles capables de recevoir un tel dévoilement. Cela implique donc avant tout un travail progressif de purification de l’homme et de ce monde matériel afin qu’ils soient aptes à recevoir le dévoilement de cette Lumière divine illimitée à laquelle la lettre Aleph fait allusion.
La lettre Aleph qui représente le dévoilement de cette Lumière infinie dont la dimension dépasse totalement nos propres limites et les limites de ce monde est donc bien le but de la Création, mais pour que cette Lumière infinie ait pu se dévoiler et s’unir avec la Création tout entière le travail de 26 générations fut nécessaire.

Le Rabbi donne ici l’exemple de l’éducation d’un jeune enfant. Le but de son éducation est aussi allusionné par le sens de la lettre Aleph c’est à dire son obligation d’accomplir les Commandements divins, mais pour qu’il accomplisse sa mission dans le monde il n’est pas possible de l’éduquer en lui dispensant immédiatement des enseignements très élevés car il ne possède pas encore les moyens et les réceptacles pour les recevoir et les intégrer profondément.
Il faut donc lui donner au début des enseignements qui sont à sa portée, et peu à peu il grandit et devient apte à recevoir des enseignements chaque fois plus profonds.
Le Rabbi compare donc l’enfant dans son jeune âge au monde quand il fut créé. Tous deux ont besoin d’être préparés au Don de la Torah. La lettre Beïth représente ce travail de préparation. La Torah commence par la lettre Beïth qui est la première lettre du mot Béréchit et qui représente donc le début du travail, depuis Béréchit, et pendant les 26 générations jusqu’au Don de la Torah sur le Mont-Sinaï.
Ce travail de purification de nous-mêmes et de ce monde matériel permet de faire de nous-mêmes et de ce monde des réceptacles capables d’intégrer la Lumière qui est au-delà de toutes les limites : la Lumière infinie de la Torah.

Le travail personnel de l’homme :
A la lumière de cet enseignement du Rabbi nous pouvons comprendre la raison profonde donnée par le Rabbi pour laquelle Moché brisa les premières Tables que lui donna L’Eternel. Celles-ci étaient l’œuvre du Saint béni soit-Il, ‘écrites du doigt de D.ieu’, et de ce fait leur niveau était d’un dévoilement supérieur et illimité, c’est à dire totalement au-delà de nous-mêmes, de notre perception. En effet, nous n’avons qu’une perception limitée du fait que nous percevons davantage la dimension matérielle de ce monde que sa dimension divine. C’est la raison pour laquelle le Rabbi nous enseigne dans le Dvar Mal’hout sur notre Paracha que ‘ces premières Tables étaient vouées à être brisées car les mondes créés et les êtres n’étaient pas prêts à recevoir le dévoilement de la lettre Aleph (du mot ‘Ano’hi’) laquelle désigne l’Essence divine qui est au-delà des limites du monde et de notre portée’.

Moché brisa les premières Tables quand les Juifs commirent le péché du veau d’or. Cependant, le Rabbi nous explique que ce péché fut à l’origine de la Téchouva qui s’ensuivit. Par cette Téchouva les Juifs se préparèrent à recevoir les secondes Tables, qui contrairement aux premières étaient l’œuvre de Moché et représentaient donc ‘le travail personnel de l’homme, son désir de revenir et de s’attacher à D.ieu. Les secondes Tables expriment profondément le sentiment de Téchouva, notre mission et notre action dans ce monde matériel qui consistent à ‘dévoiler l’intention divine, le but de la Création : le fait que le monde n’a été créé que pour la Torah’.

Le Rabbi souligne donc que ces secondes Tables ne seront donc jamais détruites car elles incarnent la perfection liée à la réalisation du projet divin de faire de ce monde une demeure pour l’Essence divine.
Le Rabbi nous enseigne que les premières Tables furent brisées car elles étaient l’œuvre de D.ieu et le peuple Juif n’était pas encore préparé à un tel1 dévoilement. C’est la raison pour laquelle Moché tailla lui-même les secondes Tables, afin de mettre la Volonté du Saint béni soit-Il à la portée des enfants d’Israël.
Par ailleurs, à travers cet enseignement apparait un autre enseignement du Rabbi (Dvar Mal’hout sur la Paracha Noa’h). Le Rabbi explique que dans la Paracha Béréchit il est question du monde que D.ieu a créé sans qu’il ne soit encore question de l’action de l’homme dans le monde. A l’opposé, dans la Paracha Noa’h c’est essentiellement du travail de l’homme dans le monde dont il s’agit et le Rabbi nous enseigne que c’est précisément lorsque l’homme agit dans l’obscurité et dans les limites de ce monde (Elokim) qu’il parvient à dévoiler le Nom d’Havayeh dans le monde, et de ce fait, à élever le monde à un niveau qui est supérieur à celui qu’il avait quand il fut créé. Le fait que Moché tailla lui-même les secondes Tables exprime aussi ce principe : le dévoilement de l’Essence divine passe obligatoirement par l’action de Moché et des enfants d’Israël.

‘La peau de son visage rayonnait’ :
Le Rabbi souligne à ce sujet que la lumière divine éclairait le visage de Moché quand il descendit avec les secondes Tables et non pas quand il descendit avec les premières, ainsi qu’il est dit (Ki-Tissa, 34, 35) :’Et les enfants d’Israël voyaient le visage de Moché, la peau de son visage rayonnait’.
De fait, les premières Tables sont l’œuvre de D.ieu alors que les secondes furent taillées par Moché et ce n’est que par le travail personnel de l’homme dans ce monde que l’on parvient au niveau de ‘la peau de son visage (de Moché) rayonnait’ : le dévoilement de l’Essence divine.

Dans le Dvar Mal’hout le Rabbi déclare que la force pour accomplir notre mission de provoquer la Guéoulah vient du lien qui nous unit à Moché et au Moché qui existe dans chaque génération. C’est la raison pour laquelle le Rabbi nous enseigne que cette lumière qui émanait du visage de Moché peut aussi ‘éclairer le visage de chaque Juif’ car ‘tous les enfants d’Israël possèdent une étincelle de Moché’.
Notre mission de ramener le monde à un état de pureté et de le préparer au dévoilement de l’Essence divine n’est donc possible que par la force de notre attachement au Rabbi. Il est celui qui nous conduit au terme de cette mission sacrée et nous prépare à ce dévoilement, très bientôt et de nos jours, avec l’aide d’Hachem.

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L’entretien privé avec le Rabbi :
Comme il a été expliqué précédemment, les premières Tables correspondent à la situation qui précède la Création du monde, lorsqu’il n’y avait ‘rien d’autre en dehors de D.ieu’, du fait que le monde n’existait pas encore.

Puis, ‘L’Eternel mit Sa grande lumière de côté’ et créa un grand espace vide (le ‘Halal’) dans lequel Il fit pénétrer un fin rayon (le ‘Kav’), reflet de Sa grande lumière infinie, par lequel Il créa le monde.
Un ‘fin rayon’ fut à l’origine des mondes et de tout ce qu’ils contiennent, car ceux-ci ne pouvaient pas en supporter davantage.
Aussi, dans ce grand ‘espace vide’ la Présence divine devint imperceptible à l’homme. En ce sens, le fait que L’Eternel ‘mit sa grande lumière de côté’ (le Tsimtsoum) peut être considéré comme une descente (comparable à la brisure des Tables), mais c’est sans compter l’enseignement de la ‘Hassidout selon lequel ‘toute descente a pour but une élévation’.
Lorsque L’Eternel créa cet ‘espace vide’, et à l’intérieur de celui-ci le monde, lorsqu’Il dissimula Sa Présence à toute la Création, la possibilité fut donnée à l’homme de choisir entre le bien et le mal.
Or, c’est précisément pour cela que l’homme put s’élever à un niveau supérieur. En transformant l’obscurité en lumière l’occasion lui fut donnée de faire de ce monde une demeure pour L’Essence divine.
Le Rabbi nous enseigne que le péché du veau d’or et la brisure des Tables furent incités par D.ieu pour élever les enfants d’Israël vers la Délivrance finale.
De la même façon le ‘Tsimtsoum’ permit aux enfants d’Israël d’élever le monde et tout ce qu’il contient à un niveau jamais atteint auparavant. L’occasion nous est donnée d’approfondir la signification de ‘L’Eternel mit sa grande lumiere de côté’ :

Dans le livre du Tanya, l’Admour Hazaken explique que nous devons agir à la manière divine. De même que L’Eternel a mis sa grande lumière de côté, un Juif doit mettre de côté toutes ses occupations pour servir D.ieu de tout son cœur et de toute son âme.
Il est possible d’accorder à cet enseignement de l’Admour Hazaken l’explication suivante :
‘Mettre sa grande lumière de côté’ exprime parfaitement une qualité du Rabbi.

Comme il a été expliqué, ‘L’Eternel mit Sa grande lumière de côté’ pour créer un ‘espace vide’ dans lequel le monde pouvait désormais exister.
Or, le Rabbi agit de la même façon, car il sait créer un ‘espace vide’ pour chaque Juif. Cet ‘espace vide’ représente le moment de la Yé’hidout (l’entretien privé avec le Rabbi, dans son bureau). Lorsqu’un Juif entre dans le bureau du Rabbi, il entre dans un endroit que le Rabbi a créé pour lui, un ‘espace vide’ pour le recevoir et être à son écoute. Le Rabbi ‘met sa grande lumière de côte’ signifie dans ce cas qu’il fait totalement abstraction de sa propre existence. De même que l’Eternel fit pénétrer dans cet ‘espace vide’ un fin rayon pour créer le monde, le Rabbi fait le vide en lui-même pour ne considérer que l’existence de celui qu’il reçoit, et pour l’illuminer d’un fin rayon, reflet de sa lumière infinie.
Ce qui vient d’être dit s’accorde aussi tout particulièrement à l’enseignement du Rabbi selon lequel ‘diffuser les sources à l’extérieur est le moyen de dévoiler l’Essence de l’âme (Iniana chel Torat Ha ‘Hassidout).
De fait, il ne s’agit pas seulement d’étudier et de s’élever aux plus hauts niveaux par cette étude. Il s’agit de mettre de côté la grande lumière de notre étude, et de notre existence, pour ne se consacrer qu’à l’existence de notre frère Juif, et provoquer ainsi la venue de notre Juste Machia’h, avec l’aide de D.ieu très bientôt et de nos jours, symbolisée par la lettre Guimel, la Guéoulah, l’aboutissement.
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Le visage du Rabbi ou ‘la peau de son visage rayonnait’ :
Lors d’une Hitvaadout, le Rav Yossef-Itzhak Offen demanda la raison pour laquelle nous ne sommes jamais rassasiés par l’action de regarder le visage du Rabbi. L’explication du Rav offen n’est pas sans nous rappeler les enseignements du Rabbi dans le Dvar Mal’hout sur le rayonnement du visage de Moché. En effet, le Rav Offen expliqua qu’en réalité nous ne nous pouvons pas nous lasser de regarder le visage du Rabbi car le corps d’un Juif vient de l’Essence de D.ieu. De fait, l’Essence divine transparaît sur le visage du Rabbi car bien que le Rabbi soit un homme de chair et de sang, le Rabbi est ‘le Juste sur lequel repose le monde’. ‘Il est l’envoyé du Saint béni soit-Il et l’envoyé est comme celui qui l’envoie’. Le Divin transparaît dans son âme et dans son corps, et de ce fait nous ne pouvons quitter notre regard de lui car son visage est l’expression véritable de l’Essence divine.

 



Rav Yehouda Leib (Leibel) Karasik (1900-1943)

Le Rav Yehouda Leib Karasik (1900 – mars 1943) était un Machpia des communautés Loubavitch de Moscou et Nevel, mort prématurément sur la route au milieu de la Seconde Guerre mondiale. Dans sa jeunesse, il a étudié à la yechiva Loubavitch Tomchei Temimim et a même servi comme répétiteur auprès du Rabbi précédent.

Biographie

Né vers 1900 dans la ville de Lepitch au père de Morde’haï Shmuel Karasik et à la mère de Haya Sarah. Sa famille ne faisait pas partie des hassidim de Loubavitch, mais quand il est venu l’âge d’aller à la yechiva, il a été envoyé à la suite de ses frères aînés étudier à la yechiva Loubavitch Tomchei Temimim où il s’est distingué par ses talents et son caractère, et a été considéré comme l’un des plus grands érudits de la yechiva.

Il a été favorisé par le Rabbi précédent qui servait à l’époque de directeur spirituel de la yechiva, et quand le Rabbi Rashab était absent de Loubavitch, le Rabbi précédent lui a confié les clés de la chambre du Rabbi Rashab pour qu’il prenne de là les écrits hassidiques du Rabbi Rashab et les copie en deux exemplaires.

Même après le début de la Première Guerre mondiale, quand beaucoup des étudiants de la yechiva à Loubavitch ont commencé à fuir les Allemands qui s’approchaient de la région, il est resté avec un petit groupe d’amis à la yechiva Loubavitch et faisait partie des treize derniers étudiants qui y étudiaient. Ce n’est que vers la fin de l’été 1918 qu’il a quitté Loubavitch avec ses amis et après un bref arrêt à Roudnia, Briansk et Krementchoug, il a poursuivi son chemin vers Rostov où résidait le Rabbi Rashab, et a eu le mérite de s’occuper de la préparation du blé pour la cuisson des matzot pour la famille du Rabbi.

Après le décès du Rabbi Rashab le 2 Nissan 1920, il faisait partie de l’équipe des « répétiteurs » du Rabbi précédent et chaque semaine ils entraient dans sa chambre pour faire une « révision » du Maamar donnée le Chabbat.

À cette époque où il résidait à Moscou, quelques mois après le décès du Rabbi Rashab, il a eu le mérite de s’occuper du transfert du corps saint du Rabbi Rashab au cimetière.

Machpia dans les communautés Loubavitch

En 1921, à l’âge de seulement 21 ans, il a été nommé par le Rabbi précédent comme Machpia de la communauté Loubavitch de Moscou, et comme trésorier des fonds du « Maamad » pour la maison du Rabbi, et comme collecteur de fonds pour les yechivot Loubavitch Tomchei Temimim. Vers la fin de cette année, deux propositions de mariage lui ont été faites, une par la Rabbanit Sheterna Sarah et une par la Rabbanit Nehama Dina, mais quand il est venu en audience privée, le Rabbi a rejeté les deux propositions et lui a ordonné d’aller à Nevel et de se marier avec la fille du mélamed Reb Chemariyahu Roitblat (Abelski).

Après son mariage avec Mme Eidel, il a été nommé par le Rabbi précédent comme Machpia à Nevel, et malgré son jeune âge, il était considéré comme l’un des piliers de la communauté, et y insufflait un esprit de service divin. La synagogue où il officiait comme Machpia était la plus grande synagogue de la ville et était appelée par les habitants du nom de « la synagogue de Reb Leibel ».

En Adar I 1927, il a été arrêté par le NKVD avec R’ Elhanan Dov Marozov, R’ Itshak Yaakov Minkovitz et R’ Itshak Goldin, et ils ont été condamnés à l’exil en Sibérie. Trois ans plus tard, sa peine de prison a pris fin et il est retourné à Nevel, où il a continué à œuvrer pour le renforcement du judaïsme malgré les persécutions des communistes. Quand les agents de la police secrète ont renforcé leur oppression, il a demandé à monter en Terre Sainte et a même reçu les autorisations nécessaires et la bénédiction du Rabbi précédent, mais finalement quand il a entendu à quel point son travail sur le terrain de l’éducation des enfants juifs donnait satisfaction au Rabbi précédent – il a renoncé à son désir de monter au pays et a continué à s’adonner à l’influence et à l’éducation des enfants juifs, dormant pendant une longue période dans un jardin à l’extérieur de la maison pendant le rude hiver russe pour que si les agents du NKVD venaient le chercher au milieu de la nuit – ils ne le trouvent pas à la maison.

Fin de vie

En 1939, il a déménagé dans l’une des banlieues de Leningrad, et y a été piégé pendant la Seconde Guerre mondiale lorsque les Allemands ont encerclé la ville et bombardé impitoyablement ses habitants. En raison de la famine et des épidémies qui sévissaient dans la ville, son épouse est décédée au mois de Chevat 5702-1942 et un mois plus tard, son fils Chemrel est également décédé.

Quand il a vu qu’il n’y avait pas d’autre choix et que le danger de rester dans la ville était plus grand que le danger des bombardements guettant ceux qui essaient de fuir la ville, il s’est échappé avec ses trois filles dans un véhicule qui a traversé la rivière gelée, et a continué avec elles vers les montagnes de l’Oural, mais quand ils sont arrivés près de la ville de Koudymkar il s’est affaibli et est décédé au mois d’Adar 5703-1943 à l’âge de seulement 43 ans.

Ses filles ont fait de grands efforts pour l’enterrer dans un cimetière juif, et ont économisé sur leur ration de pain pour payer des paysans non-juifs qui l’immergeraient dans la rivière et creuseraient pour lui une sépulture juive au bord du chemin. Après l’enterrement, l’arbre à côté duquel la tombe a été creusée a été marqué, mais après la guerre, quand les membres de la famille sont revenus et ont essayé de localiser l’arbre, ils n’ont pas réussi et le lieu de sa sépulture est resté inconnu.

Sa famille

Son frère, R’ David Karasik
Son frère, le Rav Eliezer Karasik – Rav de la communauté Loubavitch de Tel Aviv et président de l’Association des Hassidim Loubavitch de la Terre Sainte
Son frère, le Rav Yaakov Baruch Karasik – surveillant de la yechiva Loubavitch Tomchei Temimim
Son frère, R’ Nahum Karasik – dernier Rav de Stchetchdrine
Son beau-frère, R’ Yona Kohen (Poltover)
Son beau-frère, R’ Mordekhaï Eliezer Leptovski
Sa fille Mme Hayaine, épouse de R’ Meir Abtzan
Sa fille Mme Pessa, épouse de R’ Shlomo Matusof – émissaire du Rabbi au Maroc
Sa fille Mme Taïbé, épouse de R’ Zvi Leib Levin – émissaire du Rabbi au Maroc