Une fois que mes parents sont arrivés en France, la Rebbetzin est restée proche et en contact avec ma mère, d’abord par téléphone. Je ne sais pas si c’était très souvent, mais en tout cas elle était en contact avec elle par téléphone, et à chaque fois que ma mère voyageait chez le Rabbi, elle appelait la Rebbetzin à la maison et la Rebbetzin lui demandait de venir la visiter.

Au début, en effet, elle y allait avec mon père. Après le mariage général, elle allait seule. C’est là où, dans une des rencontres, la Rebbetzin lui a dit : « Nous avons labouré, nous avons semé, et vous devez juste récolter. » Cette phrase, ma mère l’a répétée assez souvent. Et en 1992, 20 ans plus tard, lorsque le Rabbi avait parlé un Chabbat entier sur l’importance du travail qui a été fait en France, ceux qui ont préparé la Siha ont ajouté dans les notes cette phrase que la Rebbetzin avait dite à ma mère.

Le Rabbi a validé, puisque le Rabbi corrigeait toutes les notes qui lui étaient soumises sur les Sihot. Et de là est venue cette fameuse phrase que le Rabbi et la Rebbetzin, en étant là ici à Paris, ils ont « labouré, ils ont semé », et il reste uniquement le travail de « récolter », de cueillir le travail qui a été déjà fait par leur présence ici à Paris.

À travers les années, elle s’est beaucoup renseignée et a encouragé tout ce qui était en train de se faire. Parmi les choses que ma mère nous a racontées, c’était que eux, ils sont arrivés là en 1968. Ma mère a donc appris le français, et 7-8 ans plus tard, le Rabbi a envoyé encore cinq familles en France : Lyon, Marseille, Toulouse, Nice, Cannes, Metz, Nancy. Ces familles sont venues s’installer ici. Les Chlou’him parlaient déjà français, mais opas toutes les Chlou’hot.

Et lorsque ma mère est partie visiter la Rebbetzin, elle lui a dit dans la maison que ce n’était pas évident pour tous ces jeunes couples qui sont venus maintenant s’installer en France et qui ne parlaient pas forcément la langue. Ils se trouvaient dans des endroits, ils ont quitté leur maison – c’était, si on peut dire, les premières années que le Rabbi envoyait des Chlou’him, il y a 50 ans en arrière.

Et c’est là où ma mère dit à la Rebbetzin : « Oui, mais c’est l’éducation que nous avons reçue dans notre jeune âge, d’être prêts à partir faire ce que le Rabbi nous demande. » La Rebbetzin lui a dit : « Oui, ton père qui était donc en Russie, qui était en Sibérie pendant 4 ans, oui, c’est ce que lui il a vécu, c’est ça l’éducation que lui il a donnée. Mais pas toutes celles qui sont venues maintenant s’installer ont eu cette éducation. Elles ont vécu avec un certain confort, et pour elles, faire ce choix et partir habiter dans un coin perdu où il n’y a rien, c’est un énorme effort. »

Et on voyait vraiment, si on peut dire, ce souci, cette inquiétude, comment leur venir en aide, comment les renforcer. Et ça rejoint que lorsque le Sefer Hashluchim, le livre de tous les Beth Habad, est sorti dans le monde avec les photos des familles, une des premières pages de ce livre il y a une photo d’elle y figure dans les premières pages, accompagnée d’un texte, validé par le Rabbi, témoignant de sa sollicitude permanente envers les émissaires.