(pour la Réfouah chéléma de Joëlle Yamna bat Esther Malka)

 

Il est écrit dans la Paracha Ekev (8, 3): ‘Il t’a fait souffrir, t’a affamé et t’a nourri de la manne que tu ne connaissais pas et que tes pères ne connaissaient pas, afin de te faire savoir que ce n’est pas seulement par le pain que l’homme vit, mais c’est par tout ce qui sort de la bouche de L’Eternel que l’homme vit’.

Ce verset de la Torah s’accorde tout particulièrement aux enseignements de l’Admour Hazaken dans le livre du Tanya. L’Admour Hazaken y explique longuement que la Parole de D.ieu est à l’origine de la vie, ainsi qu’il est dit (Avoth, 5, 1)‘Avec 10 Expressions le monde fut créé’ (les 10 Expressions sont écrites dans le premier chapitre de Béréchit, à partir de ‘Au commencement D.ieu créa le ciel et la terre…’ jusqu’à ‘Il se reposa de toute Son oeuvre…’).

Dans le premier chapitre du ‘Chaar Hayi’houde Véhaémounah’, l’Admour Hazaken explique que les mots et les lettres des 10 Expressions ‘donnent vie et existence à la matière inanimée,  lui permettant ainsi de sortir du néant qui régnait avant les 6 jours de la Création’.

L’Admour Hazaken souligne que les mots et les lettres des 10 Expressions que prononce l’Eternel ‘subsistent pour toujours dans le firmament, et sont à jamais contenus à l’intérieur de tous les cieux afin de donner vie à ceux-ci…Car si à D.ieu ne plaise, les lettres venaient à s’effacer, fût-ce une fraction de seconde, et retournaient à leur source, tous les cieux seraient réduits à néant.’   

A la lumière de ces explications de l’Admour Hazaken, nous comprenons que ‘ce n’est pas seulement par le pain que l’homme vit’ signifie que l’homme vit de la Parole de D.ieu, et que celle-ci provient de Son désir et de Sa Volonté d’être Roi sur la terre.

C’est à ce sujet que la ‘Hassidout nous enseigne que nous devons sonner du Choffar le jour de Roche-Ha-Chana, afin d’exprimer notre désir à D.ieu, qu’Il continue à régner sur nous.

Dans le Dvar Mal’hout sur la Paracha Nitsavim, le Rabbi rapporte l’enseignement des Sages selon lequel Adam-Ha-Richon, le jour où il fut créé, appela et dit à toute la Création (à tous les règnes de la Création : l’inanimé, le végétal, l’animal) : ‘Venez, nous nous inclinerons, nous nous courberons et nous nous prosternerons devant L’Eternel, qui nous a fait’.

Le Rabbi explique que ‘L’Eternel, qui nous a fait ’évoque le niveau du divin qui est relatif à ce monde, qui permet de le créer et de le maintenir en vie.

Par ailleurs, il existe un autre niveau du divin, bien plus élevé que celui-ci. Le Rabbi explique en effet qu’Adam-Ha-Richon fit prosterner toute la Création devant le couronnement du Saint béni soit-Il, ainsi qu’il est dit (Téhilim, 93, 1)‘LEternel règne, Il est revêtu de Majesté’. Ce verset évoque ‘la Royauté de D.ieu qui fut alors dévoilée dans le monde. C’est le niveau du divin qui est bien au-delà et sans aucune mesure avec ce monde. Le dévoilement de la racine de l’attribut de Mal’hout (l’attribut de la Royauté), laquelle dépasse toutes les autres Séfirot, le niveau de Kéter (la Couronne qui surplombe tout l’enchaînement des mondes), et jusque dans la partie la plus profonde de Kéter, et jusqu’à L’Essence divine elle-même’.    

Il existe donc le dévoilement divin qui s’accorde à la Création et à tout ce qu’elle contient (y compris l’homme lui-même). Puis il y a le dévoilement qui dépasse totalement les limites de ce monde.

Ces deux dévoilements divins existent aussi dans la Torah. De fait, la partie révélée de la Torah s’accorde à ce monde matériel et aux limites qu’il nous impose, et la partie profonde de la Torah est liée à tout ce qui dépasse les limites de ce monde.

Ces deux dévoilements existent également dans l’âme elle-même. La partie révélée de l’âme, ‘Néfech’ ‘Roua’h’ ‘Néchamah’, les forces de l’âme qui s’habillent dans les limites du corps (dans le foie, le coeur, et le cerveau),.

La partie la plus profonde et la plus intérieure de l’âme, l’Essence de l’âme, qui ne s’habille pas dans le corps, et qui est enracinée dans L’Essence divine.

De manière plus générale, ces deux dévoilements correspondent à la lumière d’Or Mémalé qui s’habille dans les mondes (‘L’Eternel, qui nous a fait’), et à la lumière d’Or Sovev qui ne se révèle pas dans le monde, et ne fait que l’entourer (‘LEternel règne, Il est revêtu de Majesté’).     

Dans le Dvar Mal’hout sur notre paracha, le Rabbi met donc l’accent sur notre devoir de nous attacher, non pas seulement aux aspects extérieurs de tous les sujets de ce monde, comme la partie révélée de la Torah et la partie révélée de notre âme, mais il consite aussi à nous attacher à leurs aspects profonds, à dévoiler la Royauté de L’Eternel et de Son envoyé, le Roi Machia’h, en révélant la partie profonde de la Torah et la partie profonde notre âme, afin de faire de ce monde une demeure pour Son Essence bénie.

A la lumière de tout ce qu’il vient d’être dit, il est possible d’expliquer sous la forme d’un ‘hidouch (nouveauté) le verset de la Paracha Ekev (8, 3,) selon lequel ‘ce n’est pas seulement par le pain que l’homme vit, mais c’est par tout ce qui sort de la bouche de L’Eternel que l’homme vit’.

En effet, la chose est connue que les Sages comparent le pain à la Torah, car de même que l’homme a besoin de pain pour faire vivre son corps, il a aussi besoin de la Torah pour nourrir son âme.

Par ailleurs, au sujet des Temps messianiques L’Eternel a déclaré: ‘Une Torah nouvelle sortira de Moi’.

Il est donc intéressant de remarquer que le terme ‘sortir’ est employé aussi bien pour désigner la vie qui ‘sort’ de la bouche de L’Eternel, afin de faire vivre l’homme, que pour désigner la Torah nouvelle qui sortira de ‘Moi’, de la bouche de L’Eternel, afin de donner la vie éternelle à l’homme dans les Temps messianiques.

Cette idée peut être renforcée par le fait que l’expression     hébraïque    םפר חי     qui signifie

‘Livre vivant’ a pour valeur numérique 358, comme la valeur numérique du mot Machia’h.

De fait, la Torah nouvelle que dévoilera le Machia’h, très bientôt et de nos jours avec l’aide de D.ieu, est un ‘Livre vivant’ qui insufflera à toutes les âmes d’Israël, le souffle de la vérité éternelle, la révélation de L’Essence divine, grâce à laquelle toute l’Assemblée d’Israël, la communauté de Yéchouroun, ‘se tiendra debout aujourd’hui’, et   éternellement.

Rav Yaakov Abergel