Tout semblait perdu et sans espoir. Comment retrouver des enfants juifs emmenés à Gaza il y a 30 ans ?

La rencontre entre Guila (pseudonyme) et son fils Muhammad qui venait juste de quitter Gaza a ému aux larmes tous ceux qui y ont assisté. 28 ans plus tôt, son mari arabe Ismaël s’était enfui avec leurs trois filles et le petit Muhammad, âgé de six ans, de leur domicile à Ashkelon vers le centre de Gaza, la ville la plus peuplée au monde, avant de disparaitre complètement.
Au fil des ans, Gaza s’est peu à peu transformé en nid de vipères et, bien que la ville soit sous contrôle israélien, il était impossible de tenter de retrouver Ismaël et les enfants perdus qui, avec l’aide du clan arabe dont Ismaël faisait partie, avaient disparu comme s’ils avaient été avalés par la terre.

Il y a environ deux ans, Guila a pris son courage à deux mains et a lancé une nouvelle opération de recherche. Elle a d’abord contacté Yad Lea’him, a fourni les coordonnées complètes de son mari arabe et des enfants perdus et a demandé à l’organisme d’essayer de renouer avec eux.

La tâche n’a pas été facile, mais avec beaucoup d’aide divine et divers moyens technologiques, les membres du département de la sécurité de Yad Lea’him ont réussi à retrouver les enfants perdus qui ont transmis leurs coordonnées à leur mère juive tourmentée.

Elle a appris que sa fille aînée avait épousé un résident arabe de la ville avec qui elle a eu cinq enfants, mais que ses deux filles plus jeunes et le petit Muhammad qui est aujourd’hui un homme âgé d’une trentaine d’années n’étaient pas mariés.

« Ce n’est qu’après avoir vérifié la véracité de ces informations que nous avons pris contact avec sa fille aînée via un appel Skype », a déclaré D., un membre des services de sécurité connu sous le nom de Rafik. « Elle a été très choquée de recevoir un appel d’une femme israélienne prétendant être sa mère juive. Il s’avère que le père arabe avait dit à ses enfants que leur mère était morte subitement et avait ainsi fait en sorte qu’ils se détachent complètement d’elle émotionnellement parlant.

La fille aînée a demandé à Guila des détails qui ne pouvaient être connus que de sa mère biologique, et après avoir réalisé que cette histoire était vraie, elle a entretenu un contact régulier avec elle, partageant le secret avec ses deux sœurs et son jeune frère. L’année dernière, Guila a rencontré pour la première fois son petit-fils de 7 ans, le fils de sa fille aînée qui était venu suivre un traitement médical vital dans un hôpital arabe de Jérusalem-Est.

Le bambin était accompagné par l’une de ses tantes arabes de Gaza. Cette dernière a été informée que la tante juive de sa mère aimerait le rencontrer, chose qui pourrait faciliter leur venue lors de visites médicales à venir en Israël. Dans le même temps, Yad Lea’him en a profité pour envoyer des matzot cachères à la mère de l’enfant et à ses oncles et tantes juifs.
C’était peut-être la première fois depuis des décennies que la Pâque juive était célébrée à Gaza et que des Juifs mangeaient des matzot dans ses ruelles surpeuplées.

Au lendemain de la fête de Pessa’h, après avoir mangé pour la première fois de ce que l’on appelle « l’aliment de la foi » et avoir ressenti un lien profond avec le peuple juif, Muhammad, le plus jeune enfant de Guila, a décidé de quitter Gaza, peu en importe les conséquences. La décision n’a pas été facile à prendre car Muhammad y avait passé toute sa vie et était attaché à sa ville, mais il a réalisé qu’il n’avait jamais choisi d’y vivre. Désormais, plus rien ne pouvait entraver sa détermination.

Le 6 Kislev, le mois des miracles, après moult préparatifs complexes et de longues démarches administratives, Muhammad a quitté pour la première fois Gaza par le passage d’Erez et a retrouvé sa mère. Un aller sans retour. Pendant de longues minutes, ils ont pleuré, étroitement enlacés, Muhammad murmurant d’une voix saturée d’émotion, à travers ses larmes : « Maman … Maman … » Ni les hommes de Yad Lea’him, ni les autres intervenants secrets ayant participé à l’opération n’ont pu dissimuler leur trouble.

Ces jours-ci, Muhammad fait ses premiers pas dans le monde du judaïsme aidé par des éducateurs de Yad Lea’him qui parlent parfaitement l’arabe et l’accompagnent avec sa mère dans tous les étapes de leur cheminement. Il célèbre cette année la fête de Hanoucca pour la première fois en tant que Juif.

Quand il allume les bougies de Hanoucca et récite la bénédiction « Al Nissekha veal Nifleotekha veal Yechouotekha » (au sujet de tes miracles, tes merveilles et tes délivrances) – il pense sûrement aussi à son miracle personnel, et à son passage des ténèbres vers une grande lumière.

 

 


Sur le bord de mer à Ashkelon, Muhammad regarde en direction de Gaza