Le Rav Binyamin Klein est né à Jerusalem en 1935. Sa mère, Ra’hel, est décédée peu de temps après l’accouchement – semblable à Ra’hel, l’épouse de Yaakov Avinu. Ainsi, l’enfant a été nommé Yerachmiel d’après sa mère et Binyomin, comme le fils de Ra’hel.
Jeune homme, il est arrivé à Crown Heights pour étudier à la Yechiva Loubavitch centrale, et une fois là-bas, a développé ce qui allait devenir un lien à vie avec le Rabbi de Loubavitch. Le Rav Klein s’est lancé dans l’organisation des activités éducatives naissantes de Loubavitch, y compris les Mesibot Chabbat, qui a rassemblé les jeunes les Chabbat après-midi pour l’inspiration et le divertissement.
En 1961, il a épousé Laya Schusterman et le jeune couple a été envoyé à Melbourne, où ils ont aidé à fonder la Yechiva Gedolah d’Australie et de Nouvelle-Zélande.
Peu de temps après, en 1963, il est retourné à New York et est devenu un assistant du Rav Haim Morde’hai Aizik Hodakov, z ”l, chef d’état-major du Rabbi.
Le Rav Klein a développé des liens étroits avec de nombreux dirigeants israéliens.
RECITS – Traduits par le Rav Haim Mellul
Courrier
Le Rav Binyamin Klein, secrétaire du Rabbi, raconte :
« Lorsque j’apportais le courrier au Rabbi, il le lisait immédiatement et le classait. Il prenait connaissance, en premier lieu, des lettres qui lui étaient adressées en express. Lorsque je lui transmettais les messages qui m’avaient été dictés au téléphone, il les lisait en une minute ou deux. Il saisissait le sens de la question qui lui était posée avec une rapidité qu’il est difficile d’imaginer.
Il me rendait ensuite une partie des lettres et des messages, en me disant :
‘La réponse, pour ceux-ci, est : ‘J’en ferai mention près du tombeau de mon beau-père et maître, le Rabbi’.’
Pour les autres lettres, il me dictait aussitôt la réponse. Et, bien entendu, il y avait aussi les lettres auxquelles il décidait de ne pas répondre.
Une fois, une lettre que des parents avaient envoyée, d’Israël, à leur fils, un élève de le Yechiva du Rabbi, au 770, Eastern Parkway, fut jointe, par erreur, au courrier du Rabbi. De façon générale, le Rabbi ouvrait lui-même chaque lettre pendant qu’il lisait la lettre précédente. C’est ainsi qu’il ouvrit celle-ci, puis il constata qu’elle ne lui était pas destinée.
Le Cohen et le très grand rabbin
Le Rav Binyamin Klein, secrétaire du Rabbi, raconte :
« Pendant les premières années, lorsque le Rabbi venait de prendre la direction des ‘Hassidim, ses émissaires, lorsqu’ils ne parvenaient pas à rapprocher une personne de leur ville de la Torah et des Mitsvot, nous appelaient, afin de leur fixer une audience auprès du Rabbi.
Une fois, l’un d’eux est arrivé au 770, Eastern Parkway. C’était un jeune homme qui avait décidé d’épouser une non juive et les émissaires du Rabbi n’étaient pas parvenus à l’en dissuader. Cette audience que le Rabbi devait lui accorder était, à proprement parler, la dernière chance.
Dès qu’il quitta le bureau du Rabbi, il entra au secrétariat, téléphona à la jeune fille et il lui annonça qu’il rompait leur relation. Nous lui avons demandé ce que le Rabbi lui avait dit et il nous a expliqué qu’il était Cohen. Il avait eu, avec le Rabbi, l’échange suivant :
‘Que pensez-vous de ma position, au sein du Judaïsme ?’
‘Je vois que vous êtes un très grand rabbin.’
‘A votre avis, comment suis-je parvenu à cela ?’
‘Je vois que ce bureau est empli de livres. Je suppose que vous les avez tous étudiés.’
‘Sachez donc que, même si j’avais étudié beaucoup plus que je l’ai fait jusqu’à ce jour, je n’aurais jamais atteint votre propre position, au sein du Judaïsme. Vous êtes Cohen et, lorsque le Temple sera reconstruit, ce sont les Cohanim qui y effectueront le service de D.ieu. Un Juif comme moi n’aura jamais le mérite de prendre part à ce service.’
Le jeune homme fut très ému par ces mots. C’est alors que le Rabbi ajouta :
‘Si vous épousez une jeune fille non juive, vous aurez définitivement perdu tout cela !’. »
Changement de prénom
Lorsque naquit la fille du Rav Binyamin Klein, actuellement Shterna Sarah Krinsky, émissaire du Rabbi dans le New Hampshire, son père, Rav Binyamin et sa mère, Léa décidèrent de lui donner un certain prénom.
Le jour de sa nomination, le Rav Binyamin Klein, dès son arrivée au 770, Eastern Parkway, se rendit dans le bureau du Rabbi et il lui indiqua qu’il nommerait sa fille pendant la lecture de la Torah. Le Rabbi lui demanda quel prénom ils avaient choisi. Le Rav Klein le lui indiqua.
Le Rabbi lui dit alors :
« A mon sens, il est préférable de l’appeler Shterna Sarah, le nom de l’épouse du Rabbi Rachab, qui était une femme remarquable ».
Bien entendu, le Rav Klein se conforma à l’avis du Rabbi et, pendant la lecture de la Torah, il nomma sa fille Shterna Sarah.
Chères Tefillines
Une fois, le Rav Binyamin Klein, le secrétaire du Rabbi, entra dans son bureau durant la période en laquelle il préparait la Bar Mitsva de son fils, Lévi Its’hak. Soudain, le Rabbi lui demanda :
«Qu’en est-il des Tefillines pour le Bar Mitsva ? Ont-elles été commandées ?».
Le Rav Klein répondit au Rabbi par l’affirmative, puis, d’un ton réprobateur, il ajouta :
«Elles ont coûté très cher !».
Le Rabbi dit alors :
«A un fils cher, on achète des Tefillines chères !».
En effet, le fils du Rav Klein était né après plusieurs filles.
Attentats
Le Rav Binyamin Klein, secrétaire du Rabbi raconte :
«Le 28 Nissan 5750 (1990), le Rabbi est entré dans la synagogue pour la prière de Min’ha et, à l’issue de celle-ci, il a indiqué qu’il voulait prendre la parole. Tous les présents ont été surpris et cette surprise a été largement accrue quand le Rabbi a dit que, selon certaines informations, l’O.L.P. préparait des attentats contre des centres d’intérêt juifs.
Deux heures avant cela, le chef du gouvernement israélien, Its’hak Shamir m’avait téléphoné et il m’avait demandé de transmettre au Rabbi que, selon les informations dont il disposait, l’O.L.P. prévoyait des attaques terroristes dans plusieurs institutions israéliennes du monde. Il sollicitait donc la bénédiction du Rabbi, à ce propos. J’ai aussitôt transmis ce message au Rabbi, mais, de toute évidence, il possédait déjà cette information. Le Rabbi avait donc décidé de prendre les devants et d’agir.
Bien entendu, Its’hak Shamir avait souligné le caractère confidentiel de ces informations, mais le Rabbi avait décidé de les rendre publiques. Il demanda que chacun intensifie son étude de la Torah, sa prière et sa participation à la Tsedaka. C’est sans doute le mérite de ces actions qui fit qu’aucun attentat ne se produisit.
Le lendemain, le New York Times faisait effectivement état d’informations selon lesquelles l’O.L.P. avait décidé d’attaquer plusieurs institutions israéliennes, de par le monde. En revanche, il ne précisa pas par qui était venu le salut.
Préparatifs
Le Rav Binyamin Klein, secrétaire du Rabbi raconte aussi :
«Les préparatifs du Rabbi, quand il se rendait auprès de l’Ohel, le tombeau de son beau-père, dépassaient l’entendement, au point d’évoquer ce qui est fait pendant le mois d’Elloul, quand chaque Juif se prépare à Roch Hachana.
Depuis la veille au soir, on ressentait une attente et une tension particulières. Il en fut ainsi chaque fois que le Rabbi se rendait près du tombeau, sans la moindre exception, depuis 5710 (1950) quand il prit la direction des ‘Hassidim jusqu’en 5752 (1992), quand il s’y rendit pour la dernière fois, sans le moindre changement.
Depuis la veille, nous savions que le lendemain serait ‘un jour d’Ohel’ et que tout serait différent. Les réponses aux questions qui étaient posées au Rabbi nous parvenaient plus rapidement. Lorsque je recevais une question à poser au Rabbi qui n’avait pas un caractère d’urgence, j’attendais toujours le lendemain pour la lui transmettre. Je dirais que le Rabbi se préparait pour aller à l’Ohel comme un ‘Hassid se prépare à être reçu par le Rabbi.
Durant le voyage vers le cimetière, le Rabbi était toujours très occupé. Après l’instauration de l’étude quotidienne du Rambam, c’est à ce moment qu’il fixait cette étude. Avant cela, il avait différentes activités.
On n’a pas idée de tout ce que le Rabbi a fait pour le peuple d’Israël. Je peux témoigner qu’il était au service de la communauté et de chaque individu vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sans la moindre exagération.
Le Rabbi était toujours occupé. Je ne l’ai jamais vu se reposer. Il est difficile d’imaginer ce que le Rabbi pouvait accomplir en une seule journée. Et, je ne parle que de ce que j’ai vu de mes propres yeux»,
Australie
Le Rav Binyamin Klein, secrétaire du Rabbi raconte encore :
«Un élève de la Yechiva de Morristown, dans le New Jersey, passa devant le Rabbi, un dimanche, alors qu’il distribuait des dollars pour la Tsedaka. Le Rabbi lui en tendit un et il lui dit :
‘Pour l’Australie’.
Le jeune homme n’avait aucune intention de se rendre en Australie. Il pensa, tout d’abord, que le Rabbi avait confondu Morristown et l’Australie, pus il se dit que le Rabbi ne pouvait s’être trompé et qu’il devait sûrement se rendre en Australie.
Un des amis de ce jeune homme lui conseilla, avant de programmer un voyage aussi lointain, d’interroger le Rabbi sur sa pertinence, pour vérifier que c’était effectivement ce qu’il avait voulu dire.
Le Rabbi lui répondit qu’il était inutile qu’il se rende lui-même en Australie, mais qu’en revanche, il devait y envoyer ce dollar, afin qu’il soit donné à la Tsedaka sur place. Par un effet de la divine Providence, il m’a été donné, par la suite, d’avoir connaissance des miracles qui ont été accomplis en Australie par ce dollar».
Triplés
Le Rav Binyamin Klein, secrétaire du Rabbi se souvient aussi du récit suivant :
«J’ai un ami qui habite en Angleterre. Nous avons étudié ensemble, à la Yechiva, en Erets Israël. Il avait une fille mariée depuis onze ans qui n’avait toujours pas d’enfant. Il m’a téléphoné et il m’a demandé si je pouvais faire en sorte que le Rabbi le reçoive.
A l’époque, le Rabbi n’accordait plus d’audiences privées et j’ai donc conseillé à mon ami de venir un dimanche après-midi, quand le Rabbi distribuait des dollars pour la Tsedaka. C’est alors qu’il pourrait s’adresser au Rabbi.
Mon ami est venu et il a fait part au Rabbi de sa situation. Il a sollicité sa bénédiction pour que sa fille ait un enfant. Le Rabbi lui a répondu :
‘Pourquoi en demandez-vous un seul ?’.
Le Rabbi lui a donné trois dollars et, par la suite, sa fille a eu des triplés».
Nouvelles de Terre sainte
Voici un souvenir familial du Rav Binyamin Klein, relaté par son neveu, le Rav Elie Wolf :
«Le Rav B. Klein se levait très tôt et, avant toute autre activité, il consultait les télécopies qu’il avait reçues chez lui, pendant la nuit. Il se rendait ensuite au bain rituel, puis à la synagogue pour la prière du matin. Il rentrait ensuite chez lui et prenait son petit déjeuner, qui était son unique repas jusqu’aux heures tardives de la nuit.
Une fois, mon père est arrivé à New York à l’improviste, sans prévenir le Rabbi de sa venue. Il atterrit très tôt le matin à New York et il se rendit directement chez son beau-frère, le Rav B. Klein. Là, ils échangèrent quelques propos, pendant un moment, autour d’un café.
Peu avant dix heures du matin, le Rav B. Klein sortit de chez lui pour aller chercher le Rabbi chez lui et le conduire au 770, Eastern Parkway. Alors qu’il conduisait la voiture, le Rav B. Klein avait encore à l’esprit ce dont il avait parlé avec mon père. Aussitôt, le Rabbi lui demanda :
‘Que raconte votre beau-frère de ce qui se passe en Terre Sainte ?’.»
Qui ménage qui ?
Le Rav Binyamin Klein se rappelle aussi de moments douloureux :
«En fin d’après-midi, un jour de Tamouz 5727 (1967), alors que j’étais seul dans le secrétariat, j’ai reçu un appel téléphonique m’apprenant que le Rav David Morosov avait été tué dans le Sinaï, pendant les jours qui suivirent la guerre des six jours. On me demandait d’en informer le Rabbi.
J’ai rédigé une note, dans laquelle j’ai écrit ce que l’on m’avait communiqué. A l’époque, le mouvement Loubavitch avait des dimensions beaucoup plus réduites. Tous se connaissaient et chaque ‘Hassid était comme un membre de la famille du Rabbi. En outre, la famille Morosov avait traditionnellement été proche de la famille du Rabbi.
Comment donc annoncer cette nouvelle au Rabbi ? Devais-je entrer dans son bureau ou bien attendre qu’il m’appelle ? La santé du Rabbi risquait de s’en ressentir et peut-être fallait-il donc appeler, en premier lieu, la Rabbanit, son épouse, ou bien le docteur Seligsohn, son médecin. Les pensées se multipliaient dans ma tête et je ne savais que faire.
Soudain, le fil de ma réflexion fut interrompu par le téléphone interne. C’était le Rabbi lui-même qui me dit :
‘Si cela ne vous est pas trop difficile, pouvez-vous venir dans mon bureau ?’.
J’ai pris le courrier qui venait d’arriver et que le Rabbi pouvait me demander. Je suis entré dans le bureau et le Rabbi m’a dit ce qu’il avait à me dire. Je me suis ensuite demandé ce que je devais faire, lui transmettre ma note ou bien quitter immédiatement le bureau. Aussitôt, le Rabbi me dit :
‘A-t-on reçu du courrier ?’.
J’ai répondu par l’affirmative et j’ai déposé sur le bureau du Rabbi la pile de lettres, avec la note relative au Rav Morosov sur le dessus. Puis, je me suis demandé :
‘Que faire maintenant, sortir du bureau ou bien y rester encore quelques instants ?’.
Le Rabbi me dit alors :
‘Attendez quelques instants. Je vais vérifier si certaines lettres justifient une réponse immédiate’.
J’ai senti qu’une pierre avait été ôtée de mon cœur. J’ai attendu. Le Rabbi lut, en premier lieu, la note lui annonçant le malheur. Je n’ai pas observé la moindre réaction sur son visage. Il est ensuite passé à la lettre suivante et il a lu de la même façon, très rapidement, tout le reste du courrier.
Lorsque j’ai quitté le bureau du Rabbi, je me suis posé la question : que venait-il de se passer ? Avais-je tenté de ménager le Rabbi ou bien est-ce le Rabbi qui avait tenté de me ménager ?».