Une année, on entendit la voix du Rav Keller faire la Havdalah depuis la Souccah, alors que le Rabbi se tenait sur son estrade, cherchant Keller du regard. Quand il réalisa que celui-ci était en fait à l’extérieur du bâtiment en raison de la Souccah, le Rabbi commença à sourire largement, son sourire s’attardant de longues secondes sur cette « voix céleste » qu’on entendait sans voir son propriétaire | La chronique du Rav Shimon Eisenbach, Rav du quartier Shahamon à Eilat.

Rav Shimon Eisenbach

Je commencerai mes propos par des excuses sincères envers une personne récemment décédée. Dans l’une de mes récentes chroniques, j’ai écrit des choses peu flatteuses à son sujet, et j’ai reçu de nombreuses réactions de mes fidèles lecteurs m’informant que j’avais confondu cette personne avec une autre portant le même nom de famille.

Après vérification, il s’avère que la personne dont j’ai parlé ne correspond en aucun cas à la description que je lui ai attribuée. Au contraire, c’était une personne précieuse qui faisait très attention à son langage et respectait même ceux qui étaient de l’autre côté de son camp. Je me sens donc obligé de m’excuser pour ces propos, et je suis certain qu’avec son bon caractère, il me pardonne depuis le monde supérieur pour cette erreur de ma plume, et que ma faute repose sur moi.

Récemment, j’ai écrit dans le journal Kfar Habad que je m’étonnais que les fidèles du Rabbi ne pratiquent pas et n’insistent pas sur la réalisation de la Havdalah dans les synagogues Habad partout dans le monde. J’ai écrit que le Rabbi restait toujours à la fin de la prière du soir jusqu’à la fin de la Havdalah et ne retournait dans sa chambre qu’après celle-ci.

Certains ont tenté de dire que dans les minyanim Habad composés de pères de famille, il n’était pas nécessaire de faire la Havdalah car chacun la fait chez soi, alors que chez le Rabbi, on faisait la Havdalah pour les Ba’hourim de la yeshiva qui se trouvaient sous son aile. Par conséquent, le Rabbi restait jusqu’après la Havdalah, mais dans les synagogues où tous sont des pères de famille, il n’est pas nécessaire de faire la Havdalah.

J’ai répondu qu’il n’était pas logique que le Rabbi reste à la synagogue pour une Havdalah destinée uniquement aux Ba’hourim, car la valeur du temps du Rabbi était connue de tous – il ne s’attardait jamais dans la synagogue et la maison d’étude, ne serait-ce qu’une seconde.

De plus, même dans la synagogue du 770 en bas, qui était une synagogue pour les pères de famille du quartier de Crown Heights qui venaient y prier en masse, on faisait la Havdalah. Si l’on priait là-bas le soir avec le Rabbi, on veillait à faire la Havdalah.

Dans le Choulhan Aroukh de l’Admour Hazaken, section 269, il est écrit : « Certains grands de la génération avaient l’habitude d’acheter à la communauté la mitsva du vin pour ce Kiddoush, afin de le donner eux-mêmes et non quelqu’un d’autre. C’est ainsi qu’on pratique maintenant dans certains pays, en l’achetant à prix élevé, et il ne faut pas annuler cette coutume car de nombreux Geonim l’ont instituée. »

Bien que l’Admor Hazaken ait écrit cela concernant le vin du Kiddoush, il est logique de dire que la mitsva s’applique aussi à la Havdalah, comme on le dit dans la bénédiction Mi Sheberakh pour la sainte assemblée : « Et ceux qui donnent des bougies pour l’éclairage et du vin pour le Kiddoush et la Havdalah. » D’ailleurs, la règle de faire le Kiddoush à la synagogue a été annulée et oubliée, mais la Havdalah est toujours pratiquée pour acquitter ceux qui en ont besoin.

Je me souviens que lorsque le Gabbaï dans la maison d’étude du Rabbi, Rav Pinson, de mémoire bénie, portait son shtreimel et vendait les mitsvot le Chabbat Bereshit devant le Rabbi, il vendait entre autres « le vin pour le Kiddoush et la Havdalah » à prix élevé. Cela montre que la réalisation de la Havdalah est une chose importante sur laquelle il faut particulièrement insister, et si le Rabbi avait l’habitude de rester à sa place jusqu’après la Havdalah, nous devons nous aussi agir ainsi.

L’insistance du Rabbi à faire la Havdalah après la prière du soir était très stricte. Quand on priait pendant Hol Hamoed Soukkot la prière du soir de la sortie du Chabbat, on faisait la Havdalah après la prière, mais comme celui qui fait la Havdalah doit boire le vin dans la Souccah et aussi y faire la Havdalah, on construisait donc à l’extérieur du bâtiment une petite Souccah où s’asseyait celui qui faisait la Havdalah, et on l’entendait à l’intérieur du 770. Ceci conformément à ce qui est statué dans le Choulhan Aroukh qu’on peut s’acquitter de l’obligation de la Havdalah même d’une personne qui se trouve dans une autre pièce et à l’extérieur de la maison.

Celui qui faisait la Havdalah était le Rav Youdel Keller, qui la faisait d’une voix forte qu’on entendait dans tous les coins du bâtiment. Une année, on entendit la voix du Rav Keller faire la Havdalah depuis la Souccah, et le Rabbi se tenait sur son estrade, cherchant Keller du regard. Quand il réalisa que celui-ci était en fait à l’extérieur du bâtiment en raison de la Souccah, le Rabbi commença à sourire largement, son sourire s’attardant de longues secondes sur cette « voix céleste » qu’on entendait sans voir son propriétaire…

L’un des Ba’hourim m’a raconté que pendant son année d’étude dans le « Kvoutza », il arriva une fois que pendant la Havdalah dans la petite salle en haut, le Rabbi se tourna vers les jeunes qui se tenaient derrière lui et demanda à l’un d’eux un livre de prières pour écouter la Havdalah. Après, il rendit le livre de prières à ce même jeune homme, ce qui fut étonnant.

En fin de compte, il est demandé que tous les fidèles et ceux qui suivent la voie et les coutumes du Rabbi veillent à maintenir dans les synagogues la ‘pratique de la Havdalah’ comme il était d’usage depuis toujours et qui, pour une raison quelconque, a été oubliée au fil des ans. Il y en a beaucoup dont le loulav est orné de dizaines de hadassim comme le faisait le Rabbi, et qui s’efforcent d’agir comme lui à chaque pas pour accomplir le précepte « s’attacher à ses voies », mais qui ne veillent pas du tout à la Havdalah dans la synagogue.