Figure emblématique du judaïsme hassidique du 20e siècle, le Rav Yaakov Landau a marqué l’histoire de Bnei Brak tout en préservant un lien unique avec l’héritage de Loubavitch
Le 26 Chevat a marqué l’anniversaire du départ d’une personnalité exceptionnelle qui incarna le pont entre le monde disparu de Loubavitch pré-révolutionnaire et l’essor du judaïsme israélien : le Rav Yaakov Landau (1893-1986). Son parcours remarquable témoigne d’une époque de transition majeure pour le judaïsme mondial.
Des racines profondes dans le hassidisme Habad
Né en 1893 à Kornitz, dans une famille de Rabbanim étroitement liée au mouvement Habad depuis des générations, le jeune Yaakov fut envoyé étudier à la célèbre Yechiva Tomhei Tmimim de Loubavitch. C’est là qu’il développa une relation privilégiée avec le Rabbi Rashab (Rabbi Shalom Dov Ber) et son fils, le futur Rabbi Rayatz (Rabbi Yossef Itshak).
Sa proximité avec le Rabbi Rashab était telle qu’il fut nommé décisionnaire halakhique dans sa cour, une position de grande responsabilité qui témoigne de l’estime qu’on lui portait. Le Rabbi lui confia également la mission cruciale d’établir des bains rituels, infrastructure essentielle pour la vie juive.
Un combat pour la survie du judaïsme
La révolution bolchévique de 1917 marqua un tournant. Le Rav Landau s’engagea aux côtés du Rabbi Rayatz dans une lutte acharnée pour préserver la flamme du judaïsme en URSS. Cette période périlleuse, qui dura jusqu’à son départ en 1928, forgea son caractère et sa détermination.
L’édification de Bnei Brak
En 1936, il fut nommé Rav de Bnei Brak, une ville alors en plein développement. Pendant près de cinquante ans, il contribua à façonner cette cité en un centre majeur d’étude et de vie juive traditionnelle. Son influence s’étendait bien au-delà des questions religieuses, faisant de lui une figure paternelle pour toute la communauté.
Un trésor de souvenirs
Les témoignages qu’il a laissés sur la vie à Loubavitch sont d’une valeur inestimable. Ses descriptions détaillées du Rabbi Rashab révèlent un portrait intime du leader hassidique :
« Le Rabbi nous enseignait avec une subtilité particulière », rapportait-il. « Même dans la formulation d’une confession, il nous apprenait à éviter de s’identifier au péché, préférant la forme ‘il pèchera’ à ‘je pécherai’. »
Ses observations sur la vie quotidienne du Rabbi sont particulièrement touchantes : « J’ai été témoin de sa concentration intense lors de la bénédiction matinale du lavage des mains – chaque mot semblait arraché des profondeurs de son âme. »
L’humilité d’un grand
Malgré ses accomplissements remarquables, le Rav Landau resta profondément humble. Il disait souvent : « La vraie grandeur appartient aux hassidim qui peuvent se consacrer entièrement à l’étude et à la prière. La fonction de Rav, bien que nécessaire, est d’un niveau spirituel inférieur. »
Un héritage vivant
Aujourd’hui, 39 ans après sa disparition, son influence continue de rayonner. Les 22 histoires manuscrites qu’il a laissées sur la vie à Loubavitch constituent un témoignage précieux de cette époque révolue. Son exemple de synthèse entre érudition profonde et engagement communautaire reste une source d’inspiration pour les générations actuelles.
Le Rav Yaakov Landau repose au Mont des Oliviers à Jérusalem, mais son esprit continue d’éclairer le chemin de ceux qui cherchent à conjuguer tradition ancestrale et service de la communauté.