Haggai Angrest, résident de Kiryat Bialik dont le fils Matan est enlevé dans la bande de Gaza, s’est rendu pour une première visite puissante et encourageante au 770, et de là a continué vers l’Ohel pour une prière émouvante. Dans un entretien, il partage le lien spirituel qu’il a avec l’émissaire dans sa localité et reconstitue la visite bouleversante qu’il a vécue chez le Rabbi.
Âgé de 21 ans, Matan est un lieutenant israélien originaire de Kiryat Bialik. Il aime le fitness et l’exercice. Le samedi 7 octobre, Matan était en service actif au sein d’une unité de chars d’assaut comprenant trois autres autres soldats dont Itay Chen et Tomer Leibowitz. La dernière fois que Matan a donné signe de vie remonte à 7h du matin le jour de l’attaque.
Son père, Haggai Angrest, résident de Kiryat Bialik, est arrivé à l’aéroport Ben Gourion et a pris un vol El Al pour New York. La destination était le bâtiment étroit et élancé des Nations Unies à l’est de Manhattan. « Je ne savais pas », dit-il cette semaine, « mais a posteriori, il s’est avéré que la réunion pour laquelle je me suis envolé n’était en fait que la deuxième chose la plus importante de ce vol. La chose la plus significative était en fait dans le Queens ».
À l’aéroport, M. Angrest a rencontré le Rav Haim Rivkin, l’un des émissaires du Rabbi à Rishon LeTsion. Les deux ne se connaissaient pas auparavant. « Il est très dynamique et dominant et il nous a encouragés. Pendant le vol, il est venu nous voir, moi et ma femme et mes enfants, et nous a dit : Samedi soir, je viendrai vous chercher, pour aller au 770 et au Ohel du Rabbi. »
« Quand nous sommes arrivés à New York, j’ai contacté le Rav Pini Morton, notre Rav de Kiryat Bialik, je lui ai parlé de l’invitation que j’avais reçue du Rav Rivkin et je lui ai dit que j’espérais vraiment pouvoir me rendre au 770 et au Ohel. Il m’a immédiatement dit : « Ce n’est pas si vous pourrez y aller, tu ne rentreras pas en Israël avant d’avoir visité le Ohel ». J’ai dit : « Entendu ». Ce que le Rav Pini nous dit de faire, nous le faisons les yeux fermés ».
Peu de temps après la sortie du Chabbat, le Rav Rivkin est arrivé à l’hôtel où séjournait la famille Angrest. Ensemble, ils se sont rendus au 770. Le père, Haggai, portait un tee-shirt noir avec la photo de son fils. Dans sa main, il tenait aussi la photo de son fils aîné Matan, enlevé à Gaza. Il s’est tenu à côté de la porte du bureau du Rabbi et a lu des Psaumes. Plus tard, on lui a apporté le volume 22 des Lettres du Rabbi. Ses yeux se sont posés sur une lettre que le Rabbi avait envoyée le 25 Sivan 5722 au président Zalman Shazar. Il l’a lue.
Cette lettre, Igrot Kodesh volume 8, lettre 8446, l’accompagne depuis. Selon lui, sa lecture a suscité en lui un immense optimisme intérieur. « Certes, le bien n’empêchera pas d’annoncer comment il a trouvé les membres de sa famille, en particulier », est-il écrit au début de la lettre. Plus loin, l’épreuve du sacrifice d’Isaac est mentionnée. Le dernier passage de la lettre parle de libération : « Ces jours-ci, j’ai reçu la nouvelle que l’homme d’affaires… a été libéré de prison et renvoyé chez lui, mais malheureusement, je n’ai pas encore reçu de confirmation supplémentaire que cette rumeur est vraie, et puisse-t-elle bientôt se confirmer. Avec respect et en vous souhaitant de bonnes nouvelles ».
Sa voix est ardente. Il parle avec fluidité et rayonne d’espoir. Depuis que le nom de son fils a fait les gros titres en raison de son enlèvement par des terroristes du Hamas le matin de Simhat Torah, il s’est tu, surtout en public. Il préfère se concentrer sur les prières et les actions en coulisses. « Mon fils Matan », dit-il en douceur, révélant un peu et cachant beaucoup, « a une histoire étonnante liée à ‘Habad et au Rav Pini Morton. L’histoire est encore en train de s’écrire et avec l’aide de Dieu, elle se terminera bientôt. Vous entendrez les détails de l’histoire de Matan lui-même de première main, nous sommes convaincus que cela arrivera ».
Nous reviendrons sur sa visite et celle de sa famille au 770 et au Ohel. Pour la famille, il est d’abord important de parler de leur Rav, leur guide, dont ils parlent avec une immense admiration – le Rav Morton.
« Pendant longtemps, Matan était considéré comme disparu, pendant très longtemps », raconte la mère, Anat, « et le Rav Pini, qui en tant que réserviste a servi la nuit au camp Chorah pendant la première période de la guerre, où il a été exposé aux horreurs terribles, venait nous voir le matin, tous les quelques jours, et s’asseyait avec nous, écoutait nos sentiments, nous encourageait et nous élevait. Il a traversé tout le processus avec nous. Nous avons remplacé les mezouzot et vérifié aussi les tefillines de Matan sous sa direction. La chambre de Matan à la maison a été renforcée et nous y avons ajouté des éléments de sainteté et de spiritualité ».
Lorsque Matan Angrest a célébré sa Bar Mitsva il y a huit ans, le Rav Morton, l’émissaire du quartier, l’a préparé à la lecture de la Torah. « Quand le Rav Morton est arrivé dans le quartier, dont l’orientation est laïque, il a rassemblé tout le monde autour de lui », raconte le père, Haggai. « Il a non seulement enseigné à Matan mais à tous nos enfants. Il accompagne tous les enfants du quartier à des moments clés de leur vie.
« Notre lien avec le Rav Morton s’est créé dès le début, quand nous sommes venus vivre dans le quartier. Le lien s’est surtout renforcé quand Matan a célébré sa Bar Mitsva et qu’il l’a préparé, alors nous nous sommes vraiment rapprochés. Pour nous, il fait partie de notre famille, mais il est aussi notre Rav et aussi notre ami spirituel. Je pense que tous les habitants du quartier se sentent comme ça envers lui. Depuis Simhat Torah, il consacre tous les cours et toutes les activités au Beth ‘Habad à Matan.
« Quelques semaines après le massacre au petit matin, le Rav Morton a appelé Angrest et lui a parlé du voyage des familles d’otages prévu à New York, organisé par les jeunes ‘Habad. Il lui a proposé de se joindre à eux. « Finalement, je n’y suis pas allé », dit le père, « parce que mon visa est arrivé un jour après que la délégation ait déjà décollé, mais ma femme Anat et les enfants y sont allés. Ils ont prié sur le tombeau du Rabbi et ont vécu une expérience incroyable. Surtout pendant le voyage, ils ont ressenti la sympathie du grand public, la solidarité réconfortante du destin commun. Ils ont aussi rencontré des sénateurs à Washington et participé à l’immense rassemblement pour les otages et en solidarité avec Israël, qui s’est tenu devant le Congrès ».
« J’ai vécu tout cela un mois plus tard. J’ai pris l’avion pour une réunion à l’ONU et le Rav Rivkin m’a emmené au 770. Nous sommes arrivés après le Chabbat et la première chose que nous avons faite a été de prier à côté de la chambre du Rabbi. Depuis la chambre, nous sommes descendus à la synagogue en bas. Une réunion (farbrengen) s’y tenait et on nous a fait monter sur l’estrade centrale. On m’a demandé de dire quelques mots. J’ai parlé. J’ai promis à tout le monde que je reviendrais bientôt au 770 avec Matan, avec l’aide de Dieu. Je pense d’ailleurs que chaque Juif dans le monde doit visiter cet endroit, car c’est un lieu puissant. Quand j’ai fini mon discours, de nombreux Hassidim se sont approchés de moi et m’ont tous embrassé, m’ont porté sur leurs épaules. Ils ont dû m’extraire de force de tout cet amour que j’ai reçu ».
« Du 770, nous sommes sortis pour le dîner dans l’un des restaurants du quartier de Crown Heights. La nourriture était délicieuse. Je voulais payer à la fin, mais le propriétaire a insisté pour ne pas me prendre d’argent. De là, nous sommes allés au tombeau du Rabbi dans le quartier du Queens. C’était pour moi le moment culminant. Tout s’est connecté pour moi. La lettre du Rabbi que j’avais lue auparavant au 770. Même avant la lecture de la lettre, je sentais que la libération de Matan était proche, mais cette lettre du Rabbi, qui est venue de nulle part, m’a donné un énorme « boost » d’encouragement.
« Quand nous sommes arrivés au Ohel, il était une heure et demie du matin. J’ai écrit une lettre personnelle au Rabbi, comme il est de coutume. Nous sommes entrés dans l’Ohel et avons prié. Dehors, il faisait froid, moins sept degrés, à l’intérieur nous avons senti la chaleur, une chaleur intérieure enveloppante et réconfortante. Nous avons lu des chapitres des Psaumes.
« Je peux dire que toute cette visite, si puissante et poignante, à l’Ohel et au 770, m’a beaucoup encouragé. J’ai senti, dans ces circonstances, quelle chance nous avons de nous être connectés à de telles personnes, c’est une telle puissance juive. Nous avons ressenti une grande unité, et nous espérons que cette unité restera tout au long du chemin dans toutes les parties du peuple. Nous sommes convaincus que ce qui s’est passé, s’est malheureusement produit à cause du manque d’unité qui existait ici dans notre peuple ».