Article écrit à l’occasion de la Bar Mitsvah et de l’anniversaire de Chnéor-Zalman et de Yéchouroun Abergel, le 18 Iyar 5782, qu’Hachem les bénisse et les protège.
(Par le Rav Yaakov Abergel)

 

Le Rabbi Rachab a dit un jour à son fils Rabbi Yossef-Itz’hak : ‘Il existe deux niveaux dans la recherche spirituelle : la recherche superficielle et la recherche intérieure. Il faut se détacher de la première pour s’engager dans la seconde, dans la recherche intérieure, car c’est la seule véritable’. Le Rabbi bénit ensuite son fils en lui disant : ‘D.ieu fasse que, du profond de toi tu te voues à la recherche de l’intériorité de l’Être’.

Ces paroles du Rabbi Rachab font écho de sa profondeur. Le Rabbi a un jour raconté qu’un soir le Rabbi Rachab interrompit son étude pour aller regarder son fils le Rabbi Yossef-Itz’hak qui dormait dans son berceau. En le regardant ainsi dormir le Rabbi Rachab ressentit le désir de l’embrasser quand une pensée surgit alors dans son esprit : les Juifs qui se rendaient au Beïth-ha-Mikdache n’apportaient pas seulement un animal pour l’offrir en sacrifice sur l’Autel, ils apportaient aussi de l’or et de l’argent qui servaient pour l’entretien du Temple. Le Rabbi Rachab eut alors une idée. Au lieu d’exprimer son amour pour son fils par un baiser, il lui écrirait un discours ‘Hassidique. Bien des années plus tard le Rabbi Rachab réalisa, son souhait en offrant à son fils le jour de sa Bar-Mitsvah un discours ‘Hassidique qu’il appela par ‘Baiser ‘Hassidique’.

Le Rabbi a expliqué que le baiser d’un père à son fils exprime un amour que l’on ne peut pas exprimer par des mots. Cet amour qui ne dépend d’aucune raison dépasse l’intellect et s’accorde au fait que le lien qui unit le père à son fils procède de l’Essence (lien ‘atsmi’). L’Admour Hazaken emploie l’exemple du père et de son fils pour décrire le lien qui unit chaque Juif à son Père qui est dans le ciel, car le fils provient de l’essence du père ainsi qu’il est écrit au deuxième chapitre du livre du Tanya : ‘De même qu’un enfant est le produit du cerveau de son père, ainsi l’âme de chaque Israélite est le produit de la pensée et de la sagesse de D.ieu, béni soit-Il’, et comme le déclare souvent le Rabbi : ‘l’âme Juive est enracinée dans l’Essence divine’. Ainsi, si le baiser d’un père à son fils est l’expression d’un amour enraciné dans l’essence de l’âme, et donc un amour qui dépasse toutes les limites de l’intellect et de la raison, pourquoi dans ce cas le Rabbi Rachab lui préféra un Discours ‘Hassidique ?

A cette question le Rabbi répond que la lumière d’un Discours Hassidique est plus élevée que celle d’un baiser. Toutes les explications que l’on peut trouver dans la ‘Hassidout au sujet de l’importance d’un Discours Hassidique nous aideront certainement à comprendre et ressentir la raison pour laquelle le Rabbi Rachab choisit d’écrire à son fils un Discours ‘Hassidique plutôt que de lui donner un baiser. Le Rabbi nous enseigne que la lumière d’un Discours du Rabbi est plus élevée que celle d’un baiser.

Peut-être est-il aussi vrai de penser que le Rabbi Rachab voulut donner ce qu’il a de plus précieux à son fils. Certes le Rabbi aurait lui-même ressenti du plaisir en donnant un baiser à son fils mais en sacrifiant ce baiser il semble sacrifier son propre plaisir pour ne considérer que celui de son fils. Le Rabbi chercha à lui donner mieux qu’un baiser et c’est la raison pour laquelle il lui offrit un Discours ‘Hassidique, cependant il appela ce discours ‘baiser Hassidique’ et ce n’est pas fortuit.

De fait, le Discours ‘Hassidique qu’il pressentit d’écrire à son fils devait aussi contenir toute la force du baiser qu’il avait désiré lui donner. Peut-être que le Rabbi Rachab pensa qu’il était plus judicieux d’écrire la force contenue dans ce baiser dans les mots d’un Discours ‘Hassidique qui resterait et s’inscrirait dans le temps, plutôt que de lui donner un baiser dont le souvenir serait moins bien gardé.

Les Maîtres de la ‘Hassidout ‘Habad nous montrent qu’il est possible que les mots qui sont pourtant limites contiennent une lumière illimitée. En fait c’est L’Eternel Qui le premier donna l’exemple ainsi qu’Il le déclara : ‘J’ai écrit Mon Essence et Je L’ai donnée !’

‘J’ai écrit (dans la Torah) Mon Essence et Je l’ai donnée’
Cette déclaration d’Hachem nous montre que les mots de la Torah contiennent Son Essence. Seul L’Eternel est capable d’unir deux choses qui sont contraires, opposées, comme révéler une lumière illimitée dans les limites du monde matériel.

L’Admour Hazaken à ce sujet définit la Torah de manière profonde en disant qu’elle représente l’union entre l’esprit et la matière. C’est à cela que se rapporte le verset selon lequel ‘la voix est celle de Yaakov’. De même que la voix d’un homme unit le sentiment immatériel avec la parole qui est matérielle, la Torah unit l’Esprit divin avec des lettres matérielles écrites avec de l’encre sur du parchemin.

Or, cette capacité appartient également aux Maîtres de la ‘Hassidout dont les Discours ‘Hassidiques sont enracinés dans l’Essence divine. C’est la raison pour laquelle le Rabbi déclara au sujet de la lumière d’un Discours ‘Hassidique qu’elle est plus élevée que celle d’un baiser.

Cependant, à l’exemple du Saint béni soit-Il qui a écrit Son Essence dans la Torah pour l’offrir aux enfants d’Israël le Rabbi Rachab eut le désir d’écrire son Essence pour l’offrir à son fils le jour de sa Bar-Mitsvah.

Le discours du Rabbi Rachab est appelé ‘un baiser ‘Hassidique’ car il exprime le fait qu’un Maamar du Rabbi procède de l’Essence divine qui a le pouvoir d’unir la profondeur de la Sagesse divine avec les lettres les mots et les paroles du Rabbi. Un Maamar du Rabbi peut être alors comparée dans ce cas à l’Arche de l’Alliance dont il est dit dans le Traité Yoma qu’elle ‘ne prenait pas de place dans le Saint des Saints’.

L’Arche de l’Alliance qui contient les Tables de pierre ‘écrites du doigt de D.ieu’ est un objet matériel et possède donc des dimensions très précises. Cependant, lorsqu’elle était déposée dans le Saint des Saints il se produisait un miracle et l’Arche perdait ses dimensions physiques et ne ‘prenait pas de place dans le Saint des Saints’*.

*La largeur du Saint des Saints est de 20 ama (environ une dizaine de mètres) et la longueur de l’Arche est de 2,5 ama. Or quand l’Arche est déposée dans le Saint des Saints elle perd ses mesures : elle ne prend plus de place car les deux distances entre les deux extrémités de l’Arche et les deux murs entre lesquels elle se trouve sont toutes les deux égales à 10 ama.

L’Arche ne prend pas de place dans le Saint des Saints car elle est un objet divin qui n’est pas soumis aux lois physiques du monde matériel et de la même façon chaque Maamar du Rabbi bien qu’il soit un objet matériel, un discours composé de mots, contient la lumière infinie de l’Essence de la Torah. Aussi, de même que L’Eternel grava sur les Tables de pierre Son Essence, le Rabbi Rachab grava son Essence, son amour infini : un baiser ‘Hassidique dans les lettres du Discours qu’il offrit à son fils.

Le Rabbi a maintes fois enseigné que ‘les mots dits avec douceur pénètrent dans le cœur et y font leur effet’. Cette déclaration s’accorde à ce Discours intitulé ‘baiser ‘Hassidique’ car l’intention du Rabbi Rachab fut de faire pénétrer dans le cœur de son fils les paroles du Discours qui lui était adressé. Un baiser n’est-il pas en effet l’expression véritable de l’amour que l’on veut transmettre ? Le Rabbi Rachab dit à son fils les mots de la ‘Hassidout avec douceur, par un baiser, afin d’éveiller dans le cœur de son fils un sentiment divin et éternel.

Il est enseigné dans ‘la Hassidout que le jour de Lag-ba-Omer est celui du don de la partie profonde de la Torah : מתן תורה דפנימיות התורה
Le trente-troisième jour du compte de l’Omer correspond à ‘Hod-ché-ba-Hod’ dont le Rabbi nous enseigne la signification profonde. ‘Hod’ représente la soumission au Roi des rois le Saint béni sur laquelle se fonde l’existence de chaque Juif. Le nom ‘Yéhoudi’ lui-même vient du nom ‘Hodaa’ qui représente la reconnaissance et la soumission. Ainsi, dès notre réveil et juste après avoir ouvert les yeux nous récitons la prière de ‘Modé Ani’ afin d’exprimer notre reconnaissance au Roi du monde de nous avoir rendu notre âme et de pouvoir revivre à nouveau. Le Rabbi souligne que nous disons d’abord le mot ‘Modé’ qui exprime notre reconnaissance à D.ieu avant même de dire le mot ‘ani’ : ‘je’, car nous reconnaissons d’abord L’Eternel avant même de considérer notre propre existence.

Le Rabbi délivre l’Essence même de la prière de ‘Modé-ani’. La ‘Hassidout ne contredit pas le sens simple (le Pchat) basé sur le fait de rendre grâce à D.ieu de nous avoir restitué notre âme mais elle vient ajouter l’élément le plus essentiel car elle met l’accent sur l’importance de rendre grâce à L’Eternel de nous avoir restitué une âme Juive, ‘une parcelle véritable de divinité d’en-haut’ grâce à laquelle nous ne faisons qu’Un avec D.ieu. Le Rabbi précise que l’attribut de ‘Hod’ s’exprime de deux façons différentes : le premier niveau de soumission découle du sentiment que la grandeur de D.ieu nous échappe totalement. Le second niveau de soumission est moins élevé que le premier contrairement au premier niveau la soumission d’un Juif ne vient pas dans ce cas d’une réflexion ni d’un sentiment, mais ‘il ne fait que reconnaitre qu’il doit reconnaitre’. Ce niveau est celui de ‘Hod ché ba Hod’ et exprime tout particulièrement l’influence de Rabbi Shimon Bar Yo’haï sur le peuple Juif et sur le fait qu’il parvint à toucher les plus simples et les moins érudits. Le Rabbi nous a enseigné que l’âme de Rabbi Shimon Bar Yo’haï est celle d’A’hia ha Shiloni qui est lui-même appelé ‘le Maître de l’Essence de l’âme’. Or, le pouvoir de l’Essence est ‘qu’elle se doit de pénétrer et d’être présente en chaque chose parce que l’Essence est par définition omniprésente’ (Iniana chel Torat ha Hassidout, chapitre 7). Rabbi Shimon a enseigné que ‘D.ieu Israël et la Torah ne font qu’Un’, aussi grâce au fait que ‘l’essence de l’âme Juive est enracinée dans l’Essence divine’ Rabbi Shimon put dévoiler ‘les secrets des secrets’ de la Torah à tous les enfants d’Israël.

‘Grande est l’étude qui mène à l’action, c’est pourquoi l’étude de la partie révélée de la Torah est indispensable pour mener à bien l’accomplissement des Commandements divins et l’étude de la partie profonde de la Torah est indispensable pour les accomplir avec Cavana’.

Cet enseignement du Rabbi s’accorde aux paroles que le Rabbi Rachab adressa à son fils, selon lesquelles ‘Il existe deux niveaux dans la recherche spirituelle : la recherche superficielle et la recherche intérieure. Il faut se détacher de la première pour s’engager dans la seconde, dans la recherche intérieure, car c’est la seule véritable’. Le Rabbi bénit ensuite son fils en lui disant : ‘D.ieu fasse que, du profond de toi tu te voues à la recherche de l’intériorité de l’Être’.

Ces paroles peuvent s’appliquer à notre étude de la Torah car nous nous devons d’étudier la partie révélée de la Torah mais savoir également nous consacrer à l’étude de sa partie profonde : la ‘Hassidout. Comme il a été dit précédemment l’essence de la Torah a le pouvoir d’imprégner et d’élever tous les paliers d’interprétation de la Torah et de leur donner leur véritable dimension. Cela est aussi vrai pour l’âme elle-même car le Rabbi nous enseigne les moyens de dévoiler la force infinie et profonde de l’essence de l’âme dans la partie de l’âme qui est révélée dans le corps, c’est à dire dans les forces de notre intellect, dans nos sentiments et dans nos actes. Le dévoilement de l’Essence divine de l’essence de l’âme et de l’essence de la Torah ‘ne fait qu’Un’ et doit être l’objet de notre ‘recherche intérieure’.

Le Rabbi écrit que le jour de Lag ba Omer est ‘le jour du don de la partie profonde de la Torah’ et qu’il est un jour propice pour recevoir des forces spéciales afin de mener à bien notre étude. Comme un père qui donne un baiser a son fils D.ieu nous a donné la Torah, comme le Rabbi Rachab a écrit un baiser Hassidique à son fils, un père fait tout ce qui est en son pouvoir le jour de la Bar Mitsvah de ses fils pour faire pénétrer dans leurs cœurs le sentiment que c’est par leur très profond attachement au Rabbi qu’ils parviendront à éveiller leur désir le plus profond, qui est dans leurs cœurs, et dans le cœur de chaque Juif, du dévoilement du Machia’h, très bientôt et de nos jours avec l’aide de D.ieu.