La diminution du leadership spirituel dans les communautés d’Israël n’est pas un accident imprévu, mais plutôt le dernier appel à l’action avant la rédemption.
Nombreux sont ceux parmi nous qui partagent une pensée troublante : nous vivons une période sans précédent dans l’histoire du peuple d’Israël. Ces jours sont marqués par l’affaiblissement progressif du leadership spirituel. Dans toutes les branches de la communauté observante – ashkénaze et séfarade, hassidique et lituanienne, haredite et religieuse – on constate une raréfaction des chefs de communauté, des érudits de la Torah et des personnalités publiques capables de mobiliser les foules sans susciter de doutes.
Pour celui qui considère la vie comme un hasard dépourvu de sens, ce phénomène n’est qu’un accident aléatoire. Mais il existe une autre perspective, reflétée dans le dernier article hassidique publié par le Rabbi de Loubavitch et d’autres sources contemporaines. Avec le recul, tout apparaît comme une direction prophétique claire face au défi unique de notre génération.
Moins de qualité, plus de quantité
Notre paracha commence par : « Et toi, tu ordonneras aux enfants d’Israël de prendre pour toi de l’huile d’olive… pour allumer une lampe perpétuelle ». Des questions s’imposent :
a) Où est le nom de Moïse qui introduit habituellement chaque commandement dans la Torah ?
b) Pourquoi les enfants d’Israël doivent-ils apporter l’huile à Moïse, qui n’officiait pas comme prêtre dans le tabernacle ?
Ce verset fait allusion à un événement marquant qui se déroule cette semaine : la disparition de Moïse notre maître. La paracha de Tetsavé est toujours lue aux alentours du 7 Adar, jour du décès de Moïse, et y fait allusion dès son ouverture. L’absence du nom de Moïse évoque la période difficile après sa disparition, lorsque son influence sera transférée à la dimension spirituelle et cachée.
La disparition de Moïse a un objectif : « qu’ils prennent pour toi » – transférer le pouvoir au peuple et confier la responsabilité à chaque individu. En effet, l’histoire juive suit une structure planifiée de « descente des générations », caractérisée par une diminution en qualité mais une augmentation en quantité.
Tout étudiant de la Torah sait qu’une génération ultérieure doit se soumettre à ses prédécesseurs et n’a pas le droit de les contester, car la mesure de la prophétie diminue de génération en génération. Les Tannaïm s’appuient sur les prophètes, les Amoraïm reçoivent avec obéissance les paroles des Tannaïm, les décisionnaires halakhiques s’appuient sur leurs prédécesseurs, et ainsi de suite.
Cependant, parallèlement à cette diminution de la qualité de la révélation divine, on observe une expansion remarquable du nombre d’interprètes et d’étudiants. La Torah fut d’abord donnée sur les premières Tables descendues du trône céleste, mais celles-ci furent brisées et remplacées par de nouvelles, taillées par l’homme et préparées dans la tente de Moïse.
Les quatre premiers livres de la Torah furent dictés à Moïse directement par la Puissance divine, mais le cinquième livre – « Michné Torah » – constitue une interprétation de Moïse lui-même, une explication des paroles divines telles qu’elles furent reçues par le plus grand des prophètes.
Après Moïse et Josué, dirigeants uniques, le leadership passa aux anciens et aux prophètes. La qualité de la révélation divine qu’ils reçurent était moindre que celle des premières générations, mais leur nombre augmenta et plusieurs agirent simultanément. Puis la prophétie disparut, mais le nombre de dirigeants s’élargit davantage avec les cent vingt membres de la Grande Assemblée, puis avec le Sanhédrin dans chaque génération.
Tu es le dirigeant
Le nombre d’interprètes de la Torah s’est étendu aux Tannaïm et Amoraïm, aux Geonim, aux Richonim et aux décisionnaires halakhiques. On considère généralement que jusqu’à l’époque du Shakh et du Taz, il y a environ 400 ans, les paroles de la Torah étaient écrites sous l’inspiration de « l’esprit saint », une puissance qui nous fait désormais défaut. Néanmoins, on assiste parallèlement à une immense expansion et diffusion de l’écriture et de l’interprétation juives à travers le monde entier.
Nous nous trouvons au dernier stade avant la rédemption, alors que la responsabilité s’étend à tous les domaines. Aujourd’hui, précisément à l’ère du déclin du leadership spirituel, chaque père et mère devient le guide de son foyer. Toute la responsabilité repose sur leurs épaules. En puisant leur inspiration dans l’enseignement de Moïse et des bergers d’Israël qui illuminent chaque génération, ils progressent dans leur connexion avec l’Unique D.ieu.
C’est le « gouvernement du peuple » dans son sens le plus noble. Le pouvoir réside en chaque individu, capable d’influencer le monde entier. Notre ère exige de chacun : Sois Moïse ! Deviens toi-même le catalyseur du changement dans ta maison, parmi tes voisins et sur ton lieu de travail. Allume la lampe qui manifestera la Présence Divine dans le dernier recoin avant la rédemption finale.