‘Hassidim, nous avons un Rabbi !’ – L’acceptation du leadership par le Rabbi

 

En 1940, le Rabbi précédent (Rabbi Yossef Itshak Schneersohn) arrive miraculeusement à New York, échappant ainsi à l’Europe sous le joug nazi. Dès son arrivée sur le sol américain, il déclare : « L’Amérique n’est pas différente », s’engageant à implanter un judaïsme authentique et chaleureux dans cette terre d’assimilation, comme il existait en Europe.

Une année plus tard, son gendre, Rabbi Menachem Mendel Schneerson (alors appelé le « Ramach »), et sa fille, la Rabbanite Haya Mouchka, le rejoignent. Le futur Rabbi prend alors la tête des institutions du mouvement Loubavitch, notamment le Merkos L’Inyonei Chinuch et le Machné Israël, chargés de renforcer l’éducation juive et la diffusion du judaïsme.

Pendant ces années, le « Ramach » se distingue par son travail discret mais considérable :
– Il fait éditer de nombreux ouvrages hassidiques dans plusieurs langues
– Il publie des livres et des revues destinés à la jeunesse
– Il dirige des réunions hassidiques
– Il répond aux demandes de conseils et de bénédictions, pour ceux qui ont perçu sa grandeur malgré son extrême discrétion

Le départ du Rabbi précédent et la succession

Le 10 Chevat 5710 (1950), le Rabbi précédent quitte ce monde. Les regards se tournent naturellement vers le « Ramach » pour assurer la pérennité de la chaîne des Rabbis de Loubavitch. Pourtant, la majorité des Hassidim ne connaissent pas sa grandeur exceptionnelle, qu’il a tout fait pour dissimuler.

Ceux qui ont eu le privilège de l’approcher savent cependant qu’il possède :
– Une connaissance encyclopédique de la Torah
– Une maîtrise de tous les livres de Hassidout et de Kabbale
– Une sainteté particulière
– Des pouvoirs surnaturels
– Une maîtrise de tous les domaines de la connaissance universelle

Le lendemain des funérailles, les anciens Hassidim se réunissent en urgence pour réfléchir à l’avenir du mouvement Loubavitch. Des figures respectées comme le Rav Shmaryahu Gurary, le Rav Simpson, le Rav Jacobson, le Rav Kazarnovski et d’autres sont unanimes : le « Ramach » doit prendre la succession de son beau-père.

La mobilisation mondiale pour convaincre le « Ramach »

En Israël, les Rabbanim Loubavitch se réunissent à Tel-Aviv. Le Rav Avraham Paris, qui a travaillé près de 10 ans aux côtés du « Ramach » à New York, prend la parole et déclare : « Il cache sa grandeur, mais je vous dis que c’est notre Rabbi ». Cette intervention aura un grand retentissement et pousse les Rabbanim de Terre Sainte à écrire une déclaration d’allégeance au Rabbi.

Dès les premières semaines suivant le départ du Rabbi précédent :
– Le Rav Simpson visite régulièrement le « Ramach » et tente de le convaincre d’accepter la présidence
– De nombreux Hassidim expriment clairement leur détermination à le considérer comme leur Rabbi
– Le « Ramach » commence à accepter des demandes de bénédiction et à recevoir quelques Hassidim en audience privée

Le premier à être reçu en Yéhidout (audience privée) fut le Rav Kenazi, recteur de la Yeshiva de Shanghai, qui implore le « Ramach » en disant : « J’ai donné ma vie en Russie et à Shanghai pour le judaïsme, Dieu m’a miraculeusement permis de venir ici, mais à quoi tout cela aurait-il servi si je n’ai pas de Rabbi ? »

En Europe également, de nombreux Hassidim de France, de Belgique et d’Angleterre envoient des lettres d’allégeance. À Jérusalem, les Rabbanim Shmaryahu Gurary, Nissan et Avraham écrivent pour demander au « Ramach » d’accepter de diriger les Hassidim.

Les signes et les miracles

Quand les Hassidim insistent pour que le « Ramach » accepte la direction, celui-ci répond qu’il n’a pas reçu d’instructions du Rabbi précédent. Un comité de vieux Hassidim décide alors de se rendre sur la tombe du Rabbi Yosef Yitzchak pour le supplier de donner des instructions à son gendre. Après cela, le « Ramach » n’utilise plus cet argument.

De nombreux signes encouragent les Hassidim :
– Le Rav Simpson fait un rêve où le Rabbi précédent lui dit : « Je leur ai pourtant laissé mon Mendel » et lui demande d’investir le « Ramach » dans ses fonctions de Rabbi
– Le Rav Shlomo Aaron Kazarnovski rêve également du Rabbi précédent qui lui dit : « Va chez le « Ramach » et dis-lui de ma part : ‘Pourquoi m’implores-tu ? Dis aux enfants d’Israël d’aller de l’avant !' »
– Sans avoir encore accepté officiellement la fonction, des miracles impressionnants sont déjà attribués au « Ramach »
– Son intuition divine et prophétique est remarquée par beaucoup

La Rabbanite Haya Mouchka joue également un rôle décisif en disant à son mari : « Accepterais-tu de voir s’effondrer toute l’œuvre de mon père ? »

L’acceptation historique du 10 Chevat 5711 (1951)

Le 26 Tevet 1951, la presse juive de New York annonce que les Hassidim du monde entier ont accepté la présidence du Rabbi Menachem Mendel Schneerson et que le 10 Chevat 1951, il accepterait de devenir le 7e Rabbi de Loubavitch. Le « Ramach » demande immédiatement à son secrétaire d’envoyer un démenti, mais après les supplications du Rav Kazarnovski, il accepte finalement de ne pas s’y opposer.

Le 10 Chevat 5711 (1951), premier anniversaire du départ du Rabbi précédent :
– Les Hassidim écrivent une lettre poignante au « Ramach » pour qu’il accepte la Néssiout (direction)
– Cette lettre est déposée sur l’Ohel (tombeau) du Rabbi précédent
– Le « Ramach » finit par accepter de la lire, en pleurant
– Le soir, un grand farbrengen (rassemblement) est organisé dans le Beth Hamidrash du 770

À 20h, le « Ramach » prend la parole et explique l’importance des trois amours demandés à chaque Hassid : l’amour de Dieu, l’amour de la Torah et l’amour d’un autre Juif. À 21h45, le Rav Avraham Sender Nemtzov se lève et demande au Rabbi de prononcer un Maamar (discours hassidique).

Après un silence pesant, à 22h40, le « Ramach » prononce pour la première fois un Maamar commençant par « Bati LeGani » (Je suis venu dans mon jardin), confirmant ainsi son acceptation de la direction. Le Rav Nemtzov, ému, saute sur la table et récite la bénédiction « Shéhéhéyanou » à laquelle tous répondent « Amen ».

Le Rabbi avait récité ce premier Maamar en trois séquences, entrecoupées des chants attribués aux Rebbeim précédents. Des larmes d’émotion furent versées par le Rabbi et tous les présents. Le monde entier avait désormais un Rabbi qui allait transformer le monde juif et le préparer au dévoilement du Machia’h.

L’héritage et la mission

Le Rabbi souligne qu’il accepte d’être un Rabbi de Loubavitch, c’est-à-dire que tous les Hassidim doivent faire les efforts nécessaires dans leur service de Dieu, et qu’il serait là pour les aider. Quand il quitte le Beth Hamidrash, les Hassidim laissent exploser leur joie en dansant et en chantant jusqu’au matin.

Tous remarquent que l’année qu’ils vivent, 5711, correspond aux lettres du mot figurant dans le verset « Ki Tissa et Rosh Bnéi Israël » (Quand tu élèveras la tête des enfants d’Israël).

Le Chabbat suivant, on appelle le Rabbi pour la Haftara en le nommant « Adoneinu, Moreinu VeRabbeinu » (Notre maître, notre guide et notre Rabbi). Désormais, le Rabbi commence à recevoir tous les Juifs qui le désirent en Yéhidout et préside aux destinées de toutes les institutions du mouvement Loubavitch dans le monde.

En 1952, le Rabbi déclare : « Ma mission dans ce monde est de faire progresser le judaïsme avec bonté et miséricorde. Je m’y appliquerai. Mon but est que vous soyez en joie et également de faire de vous des Hassidim. » Il ajoute : « Puisse Dieu faire que les Hassidim, le Rabbi précédent et moi-même méritions le dévoilement du Machia’h et de l’essence de Dieu dans notre monde matériel. »