Dans le riche tapissage du calendrier juif, le mois d’Elloul se distingue comme une période unique de préparation spirituelle et d’introspection. Traditionnellement associé à la crainte et à l’appréhension en vue du jugement divin de Rosh Hashana, Elloul a longtemps été perçu comme un temps de solennité et de sérieux examen de conscience. Cependant, la Hassidout, avec sa profondeur caractéristique et sa vision révolutionnaire, offre une perspective radicalement différente sur ce mois crucial.

Cours du Rav Yossef Itshak Havlin sur le le livre « Lilmod Et Hamoadom – Mois d’Elloul » du Rav Zalman Gupin

 

Le mois d’Elloul, dernier mois du calendrier hébraïque, marque un tournant spirituel significatif dans la tradition juive. Historiquement perçu comme une période d’introspection intense et de préparation aux Jours Redoutables de Rosh Hashana et Yom Kippour, Elloul a longtemps été associé à un sentiment de crainte et d’appréhension. Cependant, la Hassidout, en particulier à travers les enseignements lumineux de l’Admour Hazaken, fondateur du mouvement Habad, offre une perspective radicalement différente et profondément transformatrice sur cette période cruciale.

L’innovation majeure de l’Admour Hazaken réside dans sa célèbre parabole du « roi dans le champ », une image puissante qui redéfinit l’essence même d’Elloul. Cette métaphore dépeint le mois comme un moment unique où le Roi des rois, le Divin lui-même, quitte la solennité et la distance de son palais royal pour aller à la rencontre de son peuple dans les champs. Ce geste symbolique de descente et de rapprochement illustre une accessibilité divine sans précédent. Dans cet espace ouvert et informel du « champ », représentant la vie quotidienne de chacun, le Roi accueille tous ses sujets, sans distinction de rang, de mérite ou de niveau spirituel, avec un visage rayonnant et bienveillant.

Cette parabole révolutionnaire transforme la perception traditionnelle d’Elloul. D’un mois dominé par la peur du jugement imminent, il devient une période de joie profonde et d’opportunité spirituelle extraordinaire. L’accent n’est plus mis sur l’angoisse de l’évaluation divine à venir, mais sur la possibilité merveilleuse d’une rencontre intime avec le Divin, accessible à tous. Cette approche invite chacun à une introspection non pas motivée par la crainte, mais par l’amour et le désir sincère de se rapprocher de sa source divine.

L’Admour Hazaken approfondit cette idée en expliquant la signification profonde des 13 attributs de miséricorde divine qui, selon la tradition kabbalistique, brillent avec une intensité particulière pendant Elloul. Il compare cette miséricorde à celle d’un roi, par opposition à celle d’un juge. Alors qu’un juge est lié par les lois et les précédents, un roi a le pouvoir de transcender le cadre légal, offrant une clémence illimitée et inconditionnelle. Cette analogie souligne la nature exceptionnelle de la miséricorde divine durant Elloul : une compassion qui dépasse les limites de la justice stricte, offrant à chacun, indépendamment de son passé ou de ses actions, la possibilité d’un renouveau spirituel complet.

Cette interprétation soulève une question intrigante et profonde : si Elloul est véritablement un temps de révélation divine si intense, pourquoi n’est-il pas célébré comme une fête solennelle, avec des restrictions sur le travail similaires à celles du Chabbat ou des autres fêtes juives ? La réponse à cette apparente contradiction réside dans la nature même de la révélation propre à Elloul. Contrairement aux fêtes où la présence divine se manifeste dans toute sa majesté, exigeant une séparation totale des activités mondaines, la révélation d’Elloul se produit précisément dans le contexte de la vie quotidienne, symbolisée par le « champ ». Cette approche unique permet une intégration plus profonde et plus authentique de la spiritualité dans la réalité de tous les jours, brisant les barrières entre le sacré et le profane.

La métaphore du roi dans le champ illustre également un autre aspect fondamental de la Hassidout : l’accessibilité universelle de l’expérience spirituelle. Pendant Elloul, même ceux qui se sentent habituellement les plus éloignés ou les plus indignes peuvent s’approcher du Divin sans crainte ni hésitation. C’est un temps où toutes les barrières – qu’elles soient sociales, intellectuelles ou spirituelles – s’effacent, permettant à chacun, du plus simple au plus érudit, d’établir une connexion personnelle et intime avec le Créateur.

Cette vision transforme également la compréhension du concept de « techouva » (repentance ou retour). Plutôt que d’être un processus douloureux dominé par le regret et les remords, la techouva d’Elloul devient une opportunité joyeuse de retour à son essence véritable et à sa source divine. C’est un moment de reconnexion, de redécouverte de soi et de son potentiel spirituel le plus élevé. Cette approche encourage une introspection positive, guidée par l’amour de soi et la confiance en la bonté divine, plutôt que par la culpabilité ou la peur.

L’idée que le roi « montre un visage rayonnant à tous » pendant Elloul souligne l’importance de l’optimisme et de la confiance dans le processus de croissance spirituelle. Cette perspective encourage chacun à aborder son développement personnel avec une attitude positive, confiante dans la bienveillance infinie du Créateur. Elle suggère que le changement et l’amélioration de soi sont non seulement possibles mais attendus avec joie par le Divin lui-même.

La vision hassidique d’Elloul réalise ainsi une harmonisation remarquable entre des aspects apparemment contradictoires : la préparation sérieuse au jugement divin et la joie profonde de la proximité divine. Elle invite à une préparation spirituelle qui n’est pas motivée par la peur des conséquences, mais par l’amour et le désir authentique de se rapprocher du Divin et de réaliser son potentiel le plus élevé.

Cette approche a des implications profondes non seulement pour la compréhension d’Elloul, mais pour l’ensemble de la vie spirituelle juive. Elle suggère que la relation avec le Divin peut et doit être caractérisée par la joie, l’intimité et la confiance, plutôt que par la crainte et la distance. Elle encourage une spiritualité qui s’intègre harmonieusement dans tous les aspects de la vie, transformant le mondain en sacré.

De plus, la métaphore du roi dans le champ offre une perspective puissante sur la nature de la royauté divine. Elle présente un D.ieu qui, tout en conservant sa majesté, choisit de se rendre accessible et proche de ses créatures. Cette image d’un D.ieu à la fois transcendant et immanent enrichit profondément la compréhension théologique juive.

En conclusion, à travers le prisme de la Hassidout, le mois d’Elloul se révèle comme une période extraordinaire de grâce divine et d’opportunité spirituelle sans pareille. C’est un temps où chacun est invité à redécouvrir et à approfondir sa relation personnelle avec le Divin, à renouveler son engagement spirituel, et à se préparer aux jours solennels à venir dans un esprit d’espoir, de joie et d’amour. Cette approche transforme non seulement notre compréhension d’Elloul, mais aussi notre façon d’aborder notre vie spirituelle tout au long de l’année, nous rappelant la présence constante, aimante et accessible du Divin dans chaque aspect de nos vies quotidiennes.

Ultimement, l’enseignement hassidique sur Elloul nous invite à voir le monde et notre place en son sein sous un jour nouveau, où chaque moment est une opportunité de rencontre divine, et où notre croissance spirituelle est un voyage joyeux vers la réalisation de notre potentiel le plus élevé, en harmonie avec la volonté divine.

 

 

« Les Profondeurs de l’Enseignement Habad pour Elloul et Tishrei : Une Exploration Guidée »

Les pensées et les réflexions de l’enseignement Habad pour les mois d’Elloul et Tishrei embrassent le monde dans toute son étendue, offrant une richesse spirituelle profonde et vaste. Ce livre, adaptation des cours du célèbre mashpia (guide spirituel) Rabbi Zalman Gopin, constitue une plongée guidée et accessible dans les profondeurs de l’océan de l’enseignement Habad pour ces mois cruciaux.

La grande et reconnue qualité des cours approfondis de Rabbi Zalman Gopin réside dans sa capacité remarquable à « mâcher » et analyser les aspects les plus subtils et complexes de l’enseignement Habad dans toute son étendue, pour finalement présenter à l’étudiant des systèmes de pensée édifiants, éclairants et inspirants. Tout cela s’exprime pleinement dans le livre « Apprendre les Fêtes ».

Parmi les sujets abordés dans le livre :

  • Le travail de la techouva (repentance)
  • L’échelle du rapprochement à D.ieu
  • Le Roi dans le champ
  • La connexion intérieure entre les fêtes de Tishrei
  • Rosh Hashana – la construction de la royauté divine
  • Les Dix Jours de Pénitence – le rapprochement de la lumière vers l’étincelle
  • L’élévation de Yom Kippour
  • La fête de Souccot – la sainteté du toit de la soucca, les quatre espèces, les « makifim de binah »
  • Shemini Atzeret et Simhat Torah – la danse avec la couronne de la Torah, les hakafot
  • « Et Jacob partit sur son chemin » – les quatre niveaux de sortie du mois de Tishrei

Ce livre promet une exploration profonde et éclairante des concepts fondamentaux de la pensée Habad liés à cette période spirituelle intense, offrant aux lecteurs une compréhension enrichie et une inspiration renouvelée pour leur propre cheminement spirituel.