Ce commentaire nous invite à un voyage intérieur, à une exploration des profondeurs de notre être. Il nous challenge à reconnaître et à travailler avec nos propres « vaches rousses », ces aspects de nous-mêmes qui semblent nous éloigner de la spiritualité, mais qui, correctement compris et transformés, peuvent devenir des ponts vers le divin.

דַּבֵּ֣ר ׀ אֶל־בְּנֵ֣י יִשְׂרָאֵ֗ל וְיִקְח֣וּ אֵלֶ֩יךָ֩ פָרָ֨ה אֲדֻמָּ֜ה תְּמִימָ֗ה אֲשֶׁ֤ר אֵֽין־בָּהּ֙ מ֔וּם אֲשֶׁ֛ר לֹא־עָלָ֥ה עָלֶ֖יהָ עֹֽל׃
Parle aux enfants d’Israël, et qu’ils t’amènent une vache rousse, parfaite, sans défaut, et qui n’ait point porté le joug.
Nombres (19:2)

« וְיִקְח֣וּ אֵלֶ֩יךָ֩ פָרָ֨ה אֲדֻמָּ֜ה Qu’ils t’amènent une vache rousse »

La vache rousse représente l’âme animale de l’homme, c’est-à-dire la partie de son être qui est liée aux désirs et aux instincts terrestres. Cette âme est qualifiée de « rousse », car elle est associée à Ésaü, qui est décrit comme roux dans la Bible. Ésaü représente la force du mal, la tentation qui détourne l’homme de la spiritualité.

« .תְּמִימָ֗ה אֲשֶׁ֤ר אֵֽין־בָּהּ֙ מ֔וּם ..parfaite, sans défaut »

Cependant, cette âme animale n’est pas entièrement mauvaise. Elle est « parfaite », possédant aussi un aspect positif, représenté par Jacob, le frère jumeau d’Ésaü. Jacob est décrit comme un « homme intègre », symbolisant le bien qui réside même au sein de l’âme animale.

L’âme animale est aussi « sans défaut », ce qui est interprété ici comme représentant le concept du « néant ». Selon la « connaissance inférieure », la perspective ordinaire, le « néant » est considéré comme supérieur et le monde physique comme la véritable existence. Mais selon la « connaissance supérieure », la perspective spirituelle, c’est l’inverse : le monde spirituel est la véritable existence et le monde physique est comme un néant.

Au sein même de l’âme animale, il y a une étincelle de ce « néant », qui est en réalité la présence cachée de Dieu. Le véritable « défaut » de l’âme animale est son sentiment naturel d’être séparée de Dieu, de penser que personne ne l’a créée.

C’est la tâche de l’âme divine dans l’homme, représentée par le Juif, de travailler avec cette âme animale, de la soumettre (« Itkafia ») et de la transformer (« Ithapkha »), de révéler la présence de l’infini divin même dans la nature finie.

« אֲשֶׁ֛ר לֹא et qui n’ait point… »

Le « ne pas » représente tous les aspects négatifs de l’âme animale qu’il faut transformer. C’est un travail difficile, mais qui mène ultimement à la réalisation spirituelle, comme le suggère la suite du verset, qui n’est pas citée ici.

En somme, ce verset présente une vision profonde de la vie spirituelle comme un processus de transformation intérieure, où même les aspects les plus « animaux » de l’être humain peuvent être élevés et sanctifiés pour révéler la présence divine qui les habite secrètement.