Plusieurs propriétaires français ont décidé d’annuler, de baisser ou de reporter les échéances de loyers. L’un d’entre eux, David Assedou, président de la synagogue Beth Chalom à Marseille, nous explique ses raisons.

Par Sébastien Nieto / Le parisien

La crise sanitaire créée par la pandémie de coronavirus est aussi économique. Le confinement décrété par la France a notamment eu pour conséquence le placement de 5 millions de salariés au chômage partiel. Un manque à gagner pour nombre d’entre eux qui se répercute sur leurs obligations financières, comme pour les échéances de prêts bancaires ou de loyers.

Face à cette situation inédite, plusieurs propriétaires, privés ou publics, ont fait le choix de la solidarité. C’est le cas de David Assedou, qui possède environ 70 biens à Marseille (Bouches-du-Rhône) et ses alentours. Devant les difficultés financières de plusieurs de ses locataires, il a pris la décision d’offrir le loyer d’avril.

« Beaucoup ont fait appel à moi pour m’expliquer leur situation complexe, raconte David Assedou, 35 ans. Certains ont surchargé les frigidaires, ont acheté des choses pour la maison et les enfants. Leur budget est faussé pour ce mois-ci. Ça me paraît normal que des bailleurs privés comme nous fassions un geste pour aider ces personnes. On reste des humains ».

« Obligés de se donner la main »
Quitte à se mettre soi-même dans le rouge ? « Tout est relatif, assure David, déjà contraint par l’Etat de reporter les loyers des locaux professionnels. La difficulté financière est différente en fonction des cas. Mais que personne ne se trompe : chacun est touché, les plus grands comme les plus petits. En tant qu’investisseur, j’estime que chacun peut faire un petit effort, comme un épicier qui va donner un paquet de pâtes pour deux achetés. C’est un exemple comme un autre. On est obligés de se donner la main ».

Un geste qui touche les personnes concernées. « Cela démontre sa générosité, témoigne l’un des locataires marseillais de David Assedou, joint par téléphone. La première réaction est de le remercier ». Un sentiment partagé par Cécile, locataire à Saint-Ouen-l’Aumône, commune du Val-d’Oise, auprès d’un bailleur privé. Elle bénéficie du report de ses loyers jusqu’à la fin du confinement. « Je suis au chômage depuis trois semaines, glisse-t-elle. Avec un salaire de 1500 euros, c’est difficile d’assurer tous les paiements d’un coup. Ces reports me permettent de voir venir et d’établir un budget sur le long terme ».

En Seine-Saint-Denis, plusieurs bailleurs sociaux ont proposé le report ou la suspension des loyers pour les ménages les plus précaires, comme nous l’écrivions jeudi 2 avril. Du côté d’Angoulins (Charente-Maritime), près de La Rochelle, un couple a décidé de réduire de moitié le loyer pour ses quatre locataires, comme l’explique France 3 Nouvelle Aquitaine dimanche.

« Je ne pourrais pas faire de même »
« Il faudrait pouvoir le faire mais ce n’est pas possible pour tous les propriétaires, rappelle Yohann, 34 ans, qui possède cinq biens en Lorraine. Mes locataires ne semblent pas en difficulté financière et si je propose ce geste, ce sera à mon tour d’être en difficulté. Je suis jeune, mes appartements ne sont pas tous payés entièrement. Il y a donc des crédits, des impôts et des travaux à prévoir. Je salue l’initiative mais je ne pourrais pas faire de même ».

%d