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La Rabbanit ‘Hanna Schneerson est née le 28 Tevet 5640 (1880) à Nikolayev en Ukraine. Elle est la fille du Rav Meïr Chlomoh Yanovsky, qui était le rabbin de Nikolayev, et de la Rabbanit Ra’hel. Le 13 Nissan 5660 (1900), elle épousa Rabbi Lévi Its’hak Schneerson et le 11 Nissan 5662 (1902) naquit leur fils aîné, le futur Rabbi de Loubavitch.
Ceux qui eurent le privilège de la connaître savaient à quel point sa personnalité était noble. Elle connut de longues années de souffrances, aussi bien lors de l’emprisonnement et de l’exil de son mari, qu’après le décès de ce dernier, lorsqu’elle se retrouva seule et sans ressources dans l’environnement hostile de l’Union Soviétique des années 40, dont les autorités avaient déclaré la guerre à tout ce qui touchait de près ou de loin à la famille Schneerson. Cependant, même en ces temps difficiles elle ne se plaignait pas, son visage n’était pas empreint de tristesse et on ne lisait aucune amertume dans son regard. Elle gardait sa souffrance à l’intérieur et se gardait d’en parler à quiconque.

L’épouse d’un homme illustre, Rabbi Lévi Its’hak Schneerson

En 1909, Rabbi Lévi Its’hak devint le rabbin de la ville de Yekatrinoslav. Tout au long des trente années qu’il occupa cette fonction, son épouse la Rabbanit fut ezer kenegdo, « une aide à ses côtés » dans sa tâche sacrée. Mis à part sa grande érudition en Torah, la Rabbanit maitrisait parfaitement la langue du pays (ce qui n’était pas toujours le cas parmi les Juifs, qui parlaient entre eux le yiddish) et elle brillait par son intelligence et par sa personnalité avenante. C’est ainsi qu’elle joua un rôle important dans le succès de son mari auprès de la communauté et des autorités.

En 1939, Rabbi Lévi Its’hak fut arrêté par les autorités communistes soviétiques pour son travail en faveur du maintien du Judaïsme. Il fut condamné à trois ans d’exil à Tchiali, une petite ville reculée du Kazakhstan. Dès que la Rabbanit fut informée du lieu de relégation de son mari, elle entreprit de le rejoindre, malgré les difficultés et les dangers que cela représentait. Une fois sur place, elle se dévoua à alléger les souffrances de son mari dans ce lieu de perdition, où ils vivaient dans le dénuement le plus total dans une habitation qui n’assurait qu’une maigre protection contre la rigueur du climat. Par ailleurs, c’est à elle que le peuple juif tout entier doit de pouvoir étudier les profonds commentaires de son mari.

Une page des notes de Rabbi Lévi Its’hak écrites en marge d’un exemplaire du Zohar, avec l’encre confectionnée par la Rabbanit ‘Hanna. Ces manuscrits furent plus tard publiés par son fils, le Rabbi de Loubavitch
Elle déploya en effet des efforts incommensurables pour procurer à Rabbi Lévi Its’hak du papier ainsi que de l’encre qu’elle prépara elle-même à partir de plantes. Rabbi Lévi Its’hak put mettre par écrit, quoique de manière extrêmement concise, de très profonds commentaires ‘hassidiques et kabbalistiques que, des années plus tard, son illustre fils développera en public chaque Chabbat des années durant.

Le 20 Av 5704 (1944), peu après avoir purgé l’intégralité de sa peine et s’être établi dans la ville d’Alma-Ata, Rabbi Lévi Its’hak quitta ce monde. La Rabbanit ‘Hanna se retrouva alors seule. Un ami réussit la prouesse de lui obtenir un billet de train pour Moscou où elle se cacha des autorités pendant plusieurs mois. A l’été 1946, elle réussit à franchir la frontière russo-polonaise et à parvenir à Cracovie. De là, elle rejoignit le « camp pour personnes déplacées » administré par les Américains de Pokking en Allemagne. Elle put ensuite quitter ce camp puis, via Munich et Francfort, arriva à Paris au printemps 1947.

De Paris aux États-Unis

C’est là qu’elle retrouva son fils aîné, qu’elle n’avait plus vu depuis vingt ans, qui était venu à sa rencontre depuis New York où il se trouvait avec son épouse, la Rabbanit ‘Haya Mouchka, aux côtés de son beau-père, Rabbi Yossef Its’hak Schneerson, le Rabbi précédent.

Après quelques mois de présence à Paris en compagnie de son fils, elle s’en fut vivre à ses côtés à New York où s’ouvrit pour elle une période heureuse, en particulier lorsque celui-ci succéda à son beau-père et devint le septième Rabbi de Loubavitch, le 10 Chevat 5711 (1951).

Le Rabbi lui témoignait un honneur hors du commun. Il lui rendait visite chaque jour, aussi bien la semaine que le Chabbat.

Lors du Farbrenguen du 6 Tichri 5746 (1986), jour anniversaire de son décès, le Rabbi dit à son sujet :
« Malgré toutes les difficultés et les préoccupations d’un quotidien incertain, elle prit sur elle une préoccupation supplémentaire : celle de rendre possible la publication des enseignements de mon père, de sorte que le plus grand nombre de Juifs possible puisse s’adonner à l’étude de ses éclaircissements de profonds sujets mystiques à la lumière de la ‘Hassidout ‘Habad, et cela dans le souci de rapprocher la délivrance et la venue du Machia’h, qui dépend de la diffusion des sources de la ‘Hassidout ! »
La Rabbanit ‘Hanna vécut les dix-sept dernières années de sa vie à proximité du 770 Eastern Parkway, le quartier général du mouvement Loubavitch, jusqu’à son départ de ce monde le Chabbat 6 Tichri – Chabbat Techouva – 5725 (1964). Elle avait 85 ans.

Un fait étrange se produisit ce Chabbat-là : le siège que la Rabbanit ‘Hanna occupait habituellement dans la section des femmes du 770 prit feu de manière inexpliquée.
Ses funérailles eurent lieu le lendemain. Elle fut accompagnée à sa dernière demeure par une foule de 5000 personnes, à la tête desquelles se tenait son fils, le Rabbi. Elle a été enterrée au cimetière ‘Habad à Queens, près du Ohel.

À partir de cette date, le Rabbi commença à expliquer chaque Chabbat, en son honneur, un des commentaires de Rachi sur la paracha de la semaine. Il introduisit une approche nouvelle de l’étude de Rachi qui révolutionna l’étude de la Torah.

De très nombreuses institutions éducatives furent fondées à sa mémoire dans le monde, sous le nom de Beth ‘Hanna.