La ‘Sagesse’ se dit en hébreu ‘Ho’hmah, et d’après la déclaration des Sages, la vision vient de la Sagesse car il est écrit : ‘Qui est le Sage (‘Ha’ham) ? Celui qui voit ce qui nait !’. Cest à ce sujet que dans le ‘Séfer ha Likoutim’ (lettre Rech, page 286) le Tséma’h-Tsédek nous enseigne que la vision spirituelle vient de ‘Ho’hmah du fait que ‘les Sages sont les yeux de l’Assemblée d’Israël’. La raison donnée est que ‘la force de l’intellect consiste à saisir une chose, comment est-elle ? Quelle est-elle ? Exactement comme la vision qui consiste à saisir et à connaître une chose (au moyen de notre regard). C’est pour cela qu’il est écrit que ‘l’insensé marche dans l’obscurité’ (Kohélet, 2, 14) car celui à qui il manque la force de l’intellect ne possède aucune vision spirituelle, il est comme une personne qui avance dans l’obscurité qui ne voit rien de ce qui se trouve dans la maison’. Par ailleurs, même la vision matérielle, c’est à dire au moyen de nos yeux, provient aussi de la qualité de ‘Ho’hmah mais d’un niveau qui est extérieur à l’intellect’.

Il existe donc deux sortes de vision, la vision au moyen de nos yeux de chair et la vision au moyen des yeux de notre intellect, et le Rabbi Rachab nous enseigne que la vision des yeux est plus élevée que la vision des yeux de l’intellect (‘Bé Chaa ché Hikdimou’, chapitre 226, au sujet du verset : ‘A toi, il t’a été donné de voir, pour reconnaître que L’Eternel (Havayéh) Lui est D.ieu (Elokim) ‘, Vaèt’hanan, 4, 35).

En effet, le Rabbi Rachab nous enseigne que nos yeux nous permettent de voir une chose telle qu’elle est vraiment, alors que les yeux de l’intellect ne nous permettent que de l’imaginer. Dans le chapitre 227 de son ouvrage ‘Bé Chaa ché Hikdimou’ le Rabbi Rachab écrit que ‘la vision au moyen de nos yeux de chair est liée au corps et à l’âme animale, et dans les temps futurs ‘l’âme divine recevra cette vision de l’âme animale ».

De fait, le Rabbi nous enseigne que l’âme divine ne descend dans le monde que pour donner à voir le Divin à l’âme animale. Au départ l’âme divine doit raffiner l’âme animale et le corps. Cela signifie que l’âme divine doit ‘faire voir’ le Divin à l’âme animale : au moyen d’exemples matériels l’homme doit méditer au fait que c’est ‘la Parole de D.ieu qui créé, à partir du néant, et maintient en vie toute la Création’. Cela l’âme animale peut parfaitement le comprendre car elle ressent fortement que la matière vieillit et se détériore, elle comprend ‘comme si elle voyait’ qu’il y a une force qui est extérieure à elle, une force divine qui vitalise la matière de monde physique. C’est le sens du verset ‘de ma chair je verrais D.ieu’.

Ainsi, lorsque l’âme divine s’attache ‘à donner à voir le Divin à l’âme animale’, elle purifie l’âme animale au point que dans les temps futurs lorsque les purifications seront terminées, ‘l’âme divine sera nourrie par le corps’, c’est-à-dire que l’âme animale et le corps une fois purifiés permettront à l’âme divine d’accéder à un niveau supérieur au sien : le niveau de la vision du Divin, de voir et de reconnaître avec nos yeux de chair que ‘L’Eternel (Havayéh) est D.ieu (Elokim)’. Il ne s’agit plus d’une perception du Divin au moyen des yeux de l’intellect, mais d’une vision avec nos yeux de chair.

Tout cela s’explique par le fait que l’origine du corps est supérieure à l’origine de l’âme. L’origine de l’âme est du niveau de ‘la lumière qui remplit les mondes’ : Or mémalé, qui est dévoilée dans les mondes. L’origine du corps est du niveau de la lumière qui entoure les mondes : Or sovev. Dans les temps futurs ‘le corps sera au niveau de la lumière d’Or sovev’, l’origine cachée du corps se dévoilera. C’est pourquoi il est dit que ‘l’âme sera nourrie par le corps’ : l’âme recevra du corps, car une fois purifié le corps ne constitue plus un obstacle pour l’âme divine, au contraire, il lui permet d’accéder à une vision véritable du Divin.

Le Rabbi approfondit, au sujet de notre Paracha, certains concepts déjà abordés dans le Dvar Mal’hout de la Paracha précédente : ‘Ekev’. L’un des points que le Rabbi nous enseigne est le rapport que le Rabbi établit entre la Paracha Réeh et le mois d’Elloul. Le Rabbi définit l’attitude que nous devons adopter avant de commencer notre travail pendant le mois d’Elloul. Durant Elloul ‘le Roi est dans les champs’ et tout est propice pour établir le bilan de l’année et prendre de bonnes décisions pour l’année à venir.

Cependant, avant même d’investir nos pensées nos paroles et nos actes dans les trois domaines de notre service divin, c’est-à-dire dans notre Prière, notre étude de la Torah et nos actes de bonté, le Rabbi nous demande d’ouvrir les yeux et de regarder.

Aussi, dans le Dvar Mal’hout le Rabbi explique les mots que l’Eternel adresse aux enfants d’Israël, lesquels sont rapportés au début de notre Paracha (Réeh, 11, 26) : ‘Vois Je donne devant vous aujourd’hui la Bénédiction !’ :

‘Vois !’ (‘Réeh !’), l’Eternel nous ordonne de Voir, c’est-à-dire de comprendre, et aussi de ressentir la chose, comme si cette chose était devant nos yeux.

‘Je’ (‘Ano’hi’). ‘Ano’hi’ est le premier mot des 10 Commandements, et désigne l’Essence divine, qui comme il est souvent expliqué dans les discours du Rabbi, est le plus haut niveau divin, lequel est au-delà de toute la Création, de tous les mondes, de toutes les formes et de toutes les particularités. De fait, c’est l’Eternel Lui-même, Son Essence.

‘donne’ (‘noten’), et ‘tout celui qui donne, donne avec un bon œil (avec largesse)’.

‘devant vous’ (‘lifné’hem’). ‘Lifné’hem’ s’apparente au mot ‘Pnimiout’ et désigne donc ici la ‘profondeur’, la profondeur de l’âme Juive, qui est l’Essence de l’âme, enracinée dans l’Essence divine.

‘aujourd’hui’ (‘hayom’). Selon la ‘Hassidout, le ‘Jour’ représente la lumière et le dévoilement, de façon éternelle.

‘la bénédiction’ (‘bra’ha’). Il s’agit ici de toutes les bénédictions, que celles-ci soient dévoilées, ou bien que celles-ci se cachent dans ce qui nous semble être au premier abord des malédictions, que D.ieu nous en préserve.’

A la lumière de ces explications, le Rabbi nous donne à comprendre qu’avant même de commencer à penser, à parler ou à agir, au sujet de notre travail du mois d’Elloul, nous devons avant tout réaliser très profondément dans notre esprit (et cela au point de ‘voir’ et donc de ressentir), notre véritable réalité, qui ne se limite pas à notre existence ‘révélée’. C’est-à-dire que notre réalité ne doit pas seulement être l’expression de la partie révélée de notre âme, mais elle doit aussi exprimer sa partie cachée, l’Essence de l’âme qui est enracinée dans l’Essence divine.

Le Rabbi revient inlassablement sur cet enseignement. L’âme ne se limite pas à la partie de l’âme qui s’habille dans le corps, car l’essentiel de l’âme ne s’habille pas dans le corps, et il appartient à chaque Juif la possibilité de révéler ce niveau (‘Ano’hi’) dans ses pensées ses paroles et ses actes.

C’est cela même que l’Eternel déclare (Réeh, 11, 26) : ‘Vois Je donne devant vous aujourd’hui la Bénédiction !’.
D’après les explications du Rabbi au sujet de ce verset, l’Eternel nous ordonne ici de méditer au fait qu’Il nous a donné, ‘d’un bon œil’, ‘une partie de Lui-même’, et que cette partie constitue notre véritable existence.
C’est à cela que nous devons attacher ‘de tout notre cœur, de toute notre âme, et de tout notre pouvoir’, notre regard (‘Vois !’), afin de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour dévoiler ce niveau. Le Rabbi explique que c’est en agissant au-delà de nos propres limites que l’on éveille le désir de D.ieu d’agir à son tour au-delà de toutes les limites.

Rabbi Tsvi vit une nuit en rêve son père le Baal-Chem-Tov sous la forme d’un volcan en éruption. Le père s’adressa ainsi à son fils :
‘Comme ce volcan, j’ai servi le Saint béni soit-Il tout au long de mon existence !’

Comme il a été dit précédemment, le Rabbi nous enseigne que notre mission la plus essentielle consiste à dévoiler l’Essence de notre âme, car elle est le lien véritable qui nous unit à D.ieu. Dévoiler l’Essence de notre âme a pour effet, quel que soit notre niveau ou notre situation, d’élever nos pensées nos paroles et nos actions à un niveau supérieur et divin.

Dans le Dvar Mal’hout le Rabbi déclare que l’Essence de l’âme est notre ‘véritable réalité’, qu’elle représente ce que nous sommes réellement, véritablement. L’Essence de l’âme est la partie ‘véritable’ de l’âme, car les forces de l’âme qui s’habillent dans le corps (néfèch: la vitalité du corps, roua’h: les sentiments et néchamah: l’intellect) ne sont l’essentiel de notre âme.

Les forces de l’intellect s’habillent dans le cerveau, les sentiments dans le cœur et la vitalité dans le sang (le foie), mais l’Essence de l’âme dépasse toutes ces forces car ‘elle fait Un avec D.ieu’, et de même que l’on ne limite pas le Saint béni soit-Il comme étant seulement le Créateur du monde car Il est infiniment plus que cela (‘les mondes ne sont rien en comparaison à Lui’), on ne limite pas l’Essence de l’âme à être la source des forces de l’âme, car elle infiniment plus que cela. Elle est tout simplement divine.

C’est aussi la raison pour laquelle le Rabbi définit l’Essence de l’âme comme ‘véritable’, car elle est unie à l’Essence divine, fait Un avec D.ieu, et seul D.ieu représente ‘la Vérité vraie’.

Mais aussi, et surtout, l’Essence de l’âme n’est pas perçue et ressentie par un membre du corps en particulier. Elle ne se révèle dans le corps (dans les forces de l’âme qui s’habillent dans le corps) qu’à des moments particuliers (comme le jour du Chabbat, ou le jour de Yom Kippour). Elle peut aussi se révéler par le travail de l’homme (en particulier chez les Tsaddikim).

Le Tséma’h-Tsédèk déclare que ‘la profondeur attire la profondeur’. C’est exactement ce que nous demande le Rabbi. Attirer l’Essence divine dans ce monde en dévoilant la partie la plus profonde de notre âme. Comme un volcan dont jaillit un feu divin. Du cratère du volcan jaillit le feu qui se cache sous la terre, et de la même façon, le feu de l’Essence de l’âme se cache sous ‘la terre’ de l’âme animale et du corps.

C’est en purifiant le corps qui a été créé par D.ieu, à partir de la poussière de la terre, que l’on attire la force de l’Essence de l’âme dans notre corps, dans nos pensées nos paroles et nos actes, et à la lumière de ce qu’il vient d’être dit, nous comprenons à présent que ‘le Baal-Chem-Tov servit D.ieu comme un volcan’. Il révéla du plus profond de ‘la terre’, c’est-à-dire du plus profond de lui-même, et de son corps, la ‘partie’ la plus profonde de son âme, dans ses actes. Celle-ci jaillit comme le feu qui jaillit d’un volcan et qui illumine l’obscurité du monde.

Dans le Dvar Mal’hout sur le Chabbat de la Paracha Réeh durant lequel nous bénirons le mois d’Elloul, le Rabbi explique que l’Eternel bénit Ses enfants en leur donnant une âme dont l’Essence est divine (Réeh, 11,26). Le Rabbi explique que l’Eternel nous demande de ‘voir’, c’est-à-dire de prendre réellement conscience de la valeur infinie de notre âme. De réaliser les niveaux supérieurs qu’elle nous permet d’atteindre, puisque c’est par elle que nous pouvons dévoiler le Machia’h.

La Paracha Réeh est liée au mois d’Elloul, du fait que ce Chabbat nous permet de commencer notre existence véritable en éveillant la force infinie de l’Essence de notre âme. C’est là le message que nous adresse le Rabbi. Celui de nous préparer, ce Chabbat, avec l’intention de recevoir la Bénédiction de l’Eternel, pour commencer notre service divin dès le début du mois d’Elloul, en agissant avec la force de l’Essence de notre âme, au-delà de toutes les limites.

C’est de cette façon que notre service divin accompli à l’image du volcan du Baal-Chem-Tov nous permettra de devenir un réceptacle capable de recevoir le dévoilement de l’Essence divine, par l’intermédiaire de notre Juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, avec l’aide d’Hachem.