Le maillot de l’équipe est aux couleurs du drapeau israélien, blanc et bleu, et son nom claque comme un slogan : Israël Start-Up Nation. La formation, qui sera rejointe par le quadruple vainqueur du Tour de France Chris Froome en 2021, s’est engagée sur le Tour de France 2020 pour la première fois. Pour son propriétaire, Sylvan Adams, il ne s’agit pas seulement de sport. « D’un côté nous devons promouvoir le cyclisme en Israël, explique le milliardaire. De l’autre, nous devons promouvoir notre pays pour montrer le vrai visage d’Israël qui est tellement mal compris à cause d’une couverture médiatique à sens unique. »

Pour Asaf Ackerman, journaliste à la chaîne Sport5, l’événement est considérable : « Tout le monde va voir l’étoile de David et le drapeau d’Israël pour la première fois ! On veut tous renvoyer une image parfaite dans le monde. »

Une « fierté nationale » pour les Israéliens
Le message s’adresse aussi aux Israéliens estime Nimrod Goren de l’université hébraïque de Jérusalem. « Israël n’est pas considérée comme une très grande nation sportive, alors à chaque succès, ça devient une fierté nationale, assure-t-il. Les Israéliens ont besoin de bonnes nouvelles. » Mais pour Eyal Zisser de l’université de Tel Aviv, il y aura toujours des limites : « Vous gagnez une compétition et juste après le Premier ministre parle d’annexion… La réalité est la réalité, il y a un conflit, l’extrême-droite a de grands rêves. L’image renvoyée ne change pas la réalité du paysage. » France Info

Plusieurs mouvements pro Palestiniens dénoncent « une propagande honteuse » et appellent à manifester sur les routes du Tour.

 

 

 

 

Propriétaire d’Israël Start-Up Nation (ISN) depuis maintenant plusieurs années, le milliardaire israélo-québécois Sylvan Adams affiche ses ambitions pour le futur de son équipe. Alors qu’ISN, qui doit promouvoir l’image d’Israël à travers le monde, réalise un objectif de longue date en participant au Tour de France, l’homme d’affaires israélo-canadien espère empocher au moins une étape cette année avant de remporter la Grande Boucle dès 2021, grâce à l’arrivée d’un certain Christopher Froome.

 

Qu’est-ce que cela représente pour vous et pour Israël Start-Up Nation de débuter le Tour de France cette année ?
Sylvan Adams :
 « Dès que l’équipe est née, bien évidemment que c’était un objectif de participer au Tour de France. Nous étions une petite équipe humble et continentale et nous sommes arrivés au niveau World Tour. Donc c’est un accomplissement. »

Depuis que vous êtes impliqué dans ce projet, vous ne cessez de répéter que cette équipe doit permettre de faire découvrir Israël. C’est toujours le cas ?
SA :
 « Oui, c’est très important. Par exemple, nos coureurs visitent Israël. Notre camp d’entraînement est situé là-bas et ils font non seulement des activités à vélo mais aussi des visites de sites du pays. Jérusalem par exemple est une ville aux trois religions abrahamiques, donc on visite des sites de ces trois religions. On donne à nos coureurs tout un tour culturel pour qu’ils connaissent le pays qu’ils représentent toute la saison. »

« On peut appeler ça de la politique ou de la diplomatie, peu importe, pour moi il s’agit de montrer le vrai Israël »

Le 13 août dernier, les Émirats arabes unis et Israël ont signé un accord historique de normalisation de leurs relations. Est-ce que vous considérez que votre équipe a participé à la concrétisation de cet accord en participant au Tour des Émirats en février dernier ?
SA :
 « C’est une très bonne question. Il est vrai que nous avons eu l’occasion de participer au Tour des Émirats arabes unis avant que le Covid-19 ne suspende la saison. Nous avons été présents dans les rues de Dubaï et d’Abu Dhabi en portant les couleurs bleu et blanc de notre drapeau avec le nom Israël sur le maillot. On a été reçu chaleureusement par les Émiratis, plus que les autres équipes, ils voulaient nos autographes et prendre des photos souvenirs. On a été traités comme des VIP à mon sens. En étant présent aux Émirats, je pense qu’on a préparé les conditions d’un accord en nouant des amitiés sur place. On a participé à cette normalisation d’en bas et avec cet accord, les dirigeants y participent d’en haut. »

 

Vous répétez, depuis plusieurs années, que vous ne faites pas de politique avec cette équipe. Pour vous, il s’agit donc davantage de diplomatie ?
SA :
 « Le vrai Israël que je connais est peu connu dans le monde. Avec la participation de notre équipe au Giro en 2018, ça nous a donné l’occasion de montrer notre pays, la vraie essence de celui-ci à des centaines de millions de téléspectateurs. C’était une belle promotion touristique pour le pays. On peut appeler ça de la politique ou de la diplomatie, peu importe, pour moi il s’agit de montrer le vrai Israël et que les gens nous connaissent mieux. Une fois que les gens connaîtront le pays, peut-être que les malentendus pourraient disparaître. Ce n’est pas de la politique, c’est de la promotion, c’est du tourisme, c’est tout simplement du sport. On peut peut-être appeler ça de la diplomatie sportive. »

« Christopher Froome est un athlète unique, exceptionnel, le meilleur coureur de grand Tour de sa génération »

Sur le plan purement sportif, quel est l’objectif d’Israël Start-Up Nation pour ce Tour de France 2020 ?
SA :
 « Cette année, on a des objectifs assez modestes. Disons qu’on sera content si on est capable de gagner une étape ou deux, et de voir notre coureur israélien Guy Niv (le premier Israélien de l’histoire à participer au Tour de France, ndlr) arriver à Paris avec l’équipe. Cette année, nous n’avons pas un coureur qui peut vraiment penser à gagner ce Tour. Mais l’année prochaine, ce sera différent avec Christopher Froome qui a signé chez nous pour être compétitif et aller chercher un titre. »

Justement, cela ne vous inquiète pas de voir qu’il ne participera pas au Tour cette année avec Ineos ?
SA :
 « Non, pas du tout parce que nous sommes en communication proche avec Chris. On reçoit les résultats de ses entraînements et on savait qu’il n’avait pas du tout récupéré de ses blessures de l’an passé. Il n’est pas encore tout à fait au niveau, il espère l’être pour la Vuelta (du 20 octobre au 8 novembre 2020, ndlr). On verra comment il se débrouille en Espagne, mais on est très confiant. C’est un athlète unique, exceptionnel, le meilleur coureur de grand Tour de sa génération. Et nous sommes très confiants sur le fait que nous allons écrire l’histoire ensemble dès l’an prochain pour qu’il remporte son 5e Tour de France. »