Ce texte explique la signification profonde de la coutume ‘Habad de se laver les mains deux fois le matin au réveil. Le premier lavage vise à éliminer l’impureté spirituelle qui s’attache aux mains pendant le sommeil, tandis que le second lavage, accompagné d’une bénédiction, sanctifie la personne et élève ses traits de caractère. L’eau utilisée représente la sagesse et l’abnégation, permettant de transformer les traits négatifs en traits positifs et saints.
Il y a deux lavages des mains, comme le veut la coutume ‘Habad : d’abord on se lave les mains près du lit, en veillant bien à ce que ce soit près du lit. Puis, après être allé aux toilettes et s’être habillé, on se lave à nouveau les mains. On prend donc une serviette, on se lave les mains, puis on commence les bénédictions du matin – Al Netilat Yadayim, Asher Yatsar, etc.
Il y a deux raisons à ces lavages des mains :
Lorsque le corps monte durant la nuit, la kelipa (force impure) et l’esprit impur viennent s’attacher au corps. Car le jour, quand l’âme est présente, ils n’ont pas le pouvoir de s’attacher. L’âme sainte ne les laisse pas s’habiller sur elle. Mais quand elle se retire, ils trouvent l’opportunité d’entrer. Et quand l’âme redescend, ils restent accrochés aux extrémités des doigts, au bout des mains. C’est pourquoi on se lave les mains, car cette impureté est là durant la nuit. C’est une première raison.
La deuxième raison est qu’il est écrit dans le Shaarei Orah que de même qu’un Cohen qui se sanctifie doit se laver les mains et faire une immersion avant le service, nous aussi, avant d’aller servir D.ieu, ce qui est comme les sacrifices, nous devons nous laver les mains. Comme le Cohen le fait avant son service dans le Temple.
D’abord, on doit se laver les mains. C’était la première ablution. Puis il y a le second lavage des mains. [Le premier] juste après s’être réveillé, avant même de descendre du lit. Et [le second] avant de commencer les bénédictions du matin, on se lave à nouveau les mains correctement.
Soit dit en passant, le Rabbi insistait beaucoup sur le fait que cela devait être près du lit. Et dans le livre que nous avons publié il y a un an, « Mena’hem Tzion », il est écrit que le Rabbi plaçait non pas un seul récipient, mais deux ou trois récipients, car s’il se réveillait au milieu de la nuit, il se lavait les mains à chaque fois, pas seulement une fois à la fin. Nous savons que celui qui servait le Rabbi, lui préparait le lavage des mains. Une nuit, il a vu le Rabbi descendre du deuxième étage au premier pour aller chercher de l’eau dans un récipient, car le Rabbi veillait scrupuleusement à ce que l’eau du lavage des mains ne provienne pas de la salle de bain ou des toilettes, mais de l’extérieur. Le Rabbi insistait beaucoup pour que l’eau ne provienne pas de la salle de bain. Depuis, [le secrétaire] mettait deux ou trois récipients pour le Rabbi afin qu’il n’ait pas besoin de redescendre chercher de l’eau.
Durant tout le sommeil, le corps est impur, et lorsque l’âme revient, il redevient pur mais l’impureté reste sur le bout des ongles des mains seulement. Cette impureté est retirée par le lavage des mains à l’eau.
Pourquoi l’esprit impur s’attache-t-il spécifiquement au corps d’un Juif ? J’ai vu une parabole quelque part : c’est comme les voleurs, où vont-ils voler ? Ils ne vont pas cambrioler des maisons vides, mais des maisons de riches. Pourquoi ? Car c’est là qu’il y a quelque chose à voler.
Il en va de même ici : l’esprit impur s’attache à un endroit de sainteté, là où il y a de la sainteté. C’est pourquoi les non-Juifs ont toujours cherché à installer leurs monastères sur des lieux saints – sur le Mont du Temple où ils ont mis la mosquée, également à Hébron au Caveau des Patriarches. Simplement, la kelipa s’attache aux endroits où il y a de la sainteté.
Alors qu’un non-Juif, il n’y a aucune raison que [l’impureté] s’y attache. Il faut comprendre pourquoi les ongles restent impurs bien que tout le corps redevienne pur avec le retour de l’âme. Pourquoi les ongles ne sont-ils pas purifiés avec tout le corps ?
Lorsque l’homme se lève, si l’esprit impur le quitte, pourquoi reste-t-il sur les ongles, au bout des doigts ? C’est ce que nous savons maintenant. Il y a un maamar du Rabbi Rashab qui l’explique :
Les mains représentent les midot (traits de caractère) – la main droite représente la bonté et la main gauche la rigueur. Ce sont des midot saintes, mais au bout se trouvent les ongles, qui symbolisent le mal pouvant découler des bonnes midot.
Par exemple, quand on réprimande son prochain pour l’améliorer, c’est fondamentalement une critique positive, comme le dit le dicton ‘hassidique : « Aime la critique car elle t’élèvera réellement ». La critique est une bonne chose, la Torah dit aussi « Hokhea’h Tokhi’ah », il faut réprimander.
Mais parfois la réprimande est accompagnée d’ongles qui griffent. Réprimander est une bonne chose, avec l’amour d’Israël, c’est important, mais parfois on peut y introduire aussi du mal. La réprimande elle-même est bonne et souhaitable, mais cela dépend de la façon dont elle est faite. Si elle est faite de façon exagérée et extrême au point de blesser et peiner l’auditeur, c’est cela le sens de l’impureté accrochée aux ongles même quand tout le corps est pur et saint.
La main droite c’est le ‘Hessed, la main gauche la Guevoura. D’un côté c’est la sainteté, c’est tout bon, mais il y a une certaine aspiration des forces extérieures, « les ongles » qui sont le mal de cette Midah.
Un autre exemple de midot négatives émergeant de midot positives se trouve dans les paroles de nos Sages. Il est écrit qu’Abraham était la Midah de ‘Hessed mais Ismaël est issu de lui. D’Isaac, Ésaü est issu. Sur Jacob il est dit que « sa couche était complète », que tout était parfait. Mais pour Abraham il est écrit qu’Ismaël en est issu, et d’Isaac qu’Ésaü en est issu.
D’Abraham notre patriarche qui était un homme de bonté, aimant D.ieu et Ses créatures, Ismaël est issu, qui représente le ‘Hessed de la kelipa. Et d’Isaac qui servait D.ieu avec la Midah de Guevoura, craignant Isaac, Ésaü est issu, qui représente la Guevoura de la kelipa.
C’est-à-dire qu’il y a toujours une certaine influence de la sainteté vers la kelipa. Même dans le service divin, il y a une possibilité qu’à partir d’une pensée de sainteté vienne un ‘Hessed de kelipa.
Un Juif prie avec une grande ferveur et un grand amour de D.ieu, son âme s’échauffe de la chaleur de la sainteté, se rapproche du Saint béni soit-Il, et c’est bien sûr un phénomène tout à fait positif. Mais parfois, cette ferveur peut faire qu’après la prière, lorsqu’il s’assied pour manger, il se jette sur la nourriture avec ferveur, car cette ferveur a pris une autre direction. La ferveur qu’il avait dans la prière s’est transposée aux désirs de ce monde. De l’amour de D.ieu a découlé l’amour de ce monde.
Il en va de même pour la Midah de Guevoura. Un Juif prie D.ieu, médite sur Sa grandeur jusqu’à atteindre une compréhension profonde et un sentiment réel que D.ieu est présent et proche.
C’est-à-dire que cette méditation amène à la crainte, pas à l’amour. C’est la crainte du Saint béni soit-Il « qui est là et voit tout ce qu’il fait, pour voir si Son serviteur agit correctement ». C’est un phénomène tout à fait positif qu’une personne craigne D.ieu.
Mais de cela peut découler un état de contraction de l’âme, où la personne s’isole et se replie sur elle-même. Et bien que cette contraction pendant la prière soit positive et vienne du côté de la sainteté, si après la prière le Juif poursuit son chemin avec un mouvement de contraction et de crainte, sa conduite sera faite de tension, de nervosité, d’impatience envers son entourage, une conduite avec la Midah de Guevoura de la kelipa, qui finit par s’exprimer dans la colère et le manque d’égard pour autrui. C’est-à-dire qu’une personne qui entre dans un tel sérieux, dans une telle crainte de D.ieu, cela peut rester chez lui sous forme de nervosité, d’exigence. Qu’est-ce que la nervosité et l’exigence ? C’est la force de Guevoura, la force d’être exigeant sur chaque chose. Il y a donc la sainteté dans son service de D.ieu, mais ensuite cela peut aussi affecter les choses matérielles, ce qui n’est pas bon.
Le Rabbi explique pourquoi deux lavages des mains sont nécessaires.
Il dit que la réparation des mauvais traits de caractère est similaire à la médecine physique, comme pour soigner des dents. Par exemple, tant que la dent fait mal et est infectée, on ne peut pas faire un traitement de fond. D’abord, il faut apporter les premiers soins, soulager la douleur et guérir l’infection. Ce n’est qu’ensuite qu’on peut faire un traitement de la racine et transformer une dent malade en dent saine.
C’est-à-dire qu’il y a d’abord la nécessité d’éliminer le mal, on ne peut pas réparer le trait de caractère d’un coup. Il faut d’abord apporter les « premiers soins ».
Il en va de même pour la guérison des mauvais traits de caractère. Dans un premier temps, il faut surmonter l’intensité du trait de caractère et le neutraliser. Dans un second temps, une fois le trait de caractère apaisé, il faut le traiter en profondeur, en méditant sur la nature du trait existant et sur celle du trait souhaité. L’objectif final du traitement est de le transformer en un bon trait de caractère.
Maïmonide aussi, lorsqu’il parle de la façon de s’éloigner des mauvais traits de caractère, dit qu’il faut d’abord aller dans la direction opposée, comme on dit « fuir ». Après la période où la personne fuit dans la direction opposée, elle peut revenir à la voie médiane. C’est-à-dire qu’elle peut alors réparer le trait pour qu’il soit équilibré. Mais au début, quand il est « malade », il faut simplement le fuir.
L’homme peut passer d’une expérience émotionnelle authentique et spirituelle à une expérience émotionnelle matérielle et superficielle. La méditation permet de faire comprendre que l’essentiel n’est pas l’expérience émotionnelle mais son but : accomplir la Torah et les Mitsvot dans une vie conforme à la loi juive. Quand la vérité illumine l’expérience émotionnelle, alors le trait de caractère attire la personne vers l’amour de D.ieu.
Donc la première chose à faire, c’est le premier lavage des mains. On commence à réfléchir à ce qu’il faut vraiment faire avec ce trait de caractère, à quoi il doit conduire. Il doit mener à un plus de sainteté, d’amour et à la crainte de D.ieu.
C’est à cela que servent les deux lavages des mains le matin. Le premier est destiné à enlever l’impureté, c’est-à-dire à se détacher du mauvais trait. Le second sanctifie la personne, et on y soulève les mains avec la bénédiction, car il élève le mauvais trait et le transforme en un trait saint. C’est pourquoi il y a deux lavages des mains.
C’est la coutume ‘Habad. D’abord on place un récipient d’eau et on se lave les mains près du lit, sans même poser les pieds par terre.
Le Rabbi était très strict sur le fait de ne pas prendre d’eau des toilettes. Une fois, le Rabbi a visité la Yeshiva pour voir le dortoir, voir comment les choses se passaient. Il voit un étudiant sortir des toilettes après s’être lavé les mains dans les toilettes. Le Rabbi demande à l’étudiant : « Pourquoi n’as-tu pas fait la bénédiction à l’intérieur ? » Donc il ne pouvait pas non plus se laver les mains à l’intérieur. Le Rabbi a vraiment insisté là-dessus.
La sanctification des traits de caractère se fait par le déversement d’eau. Qu’est-ce que l’eau ? Comment l’eau en quelque sorte élimine cette impureté des ongles ?
L’eau fait allusion à la sagesse, dont l’essence est l’abnégation. Lorsque l’on verse l’eau, la sagesse, sur les ongles, on opère l’abnégation et la transformation des traits de caractère en traits saints.
Dans le langage ‘hassidique, « le cerveau domine le cœur ». L’eau, c’est l’abnégation . Sa nature est de descendre dans les niveaux les plus bas. L’eau, c’est le fondement de l’abnégation. On introduit l’abnégation afin d’annuler les mauvais traits.
- Le Rav Yossef Its’hak Havlin est né en 1951 à Jérusalem. Son père était Dov Eliezer Havlin, fils du Rav Shlomo Zalman Havlin, et sa mère était Elka, une descendante du Rav Yossef Haïm Zonnenfeld.
- Dans sa jeunesse, il a étudié à la Yeshiva Mir de Jérusalem et a été éduqué par le Rav Nahum Partzovitch. Après s’être rapproché du hassidisme Habad, il est passé étudier à la Yeshiva Tomchei Tmimim Lubavitch centrale d’Israël.
- En 1972, il s’est rendu étudier quelques mois à la Yeshiva Tomchei Tmimim centrale au 770 à New York. À la fin de cette année, il a épousé Adina, la fille du superviseur de la Yeshiva de Kamenitz, le Rav Moshe Aharon Stern.
- Pendant des années, il a servi comme Rosh Metivta (directeur d’études) à la Yeshiva Torat Emet à Jérusalem.
- En 1996, lorsque le quartier de Ramat Shlomo a été établi, il y a déménagé avec sa famille et a été nommé Rav de la communauté Habad locale.
- En 1988, après le décès de la Rabbanit Chaya Mushka, le Rav Havlin a fondé avec le philanthrope Yossef Its’hak Gutnick la « Bibliothèque Loubavitch « Institut Heichal Mena’hem ».
- En 1997, le Rav Havlin a fondé le séminaire « Shoshanat Yerushalayim », destiné aux filles des émissaires Habad à travers le monde.
- En 2001, à son initiative, la construction de la « Synagogue 770 » a commencé dans le quartier de Ramat Shlomo.
- En 2003, la synagogue a été inaugurée en présence de Ravs et de personnalités publiques.
- Un projet spécial dans lequel le Rav Havlin a investi pour la construction de la synagogue est une réplique exacte de la pièce du Rabbi de Loubavitch, telle qu’elle apparaît dans sa synagogue à New York.
- En 2016, il a établi une maison d’études (Beit Midrash) adjacente à la synagogue.
- En 2020, il a fondé le Beit Midrash « Iyun Hala’ha » qui sert d’institut d’ordination Ravique.
- Le Rav Yossef Its’hak Havlin est une figure importante du mouvement Habad en Israël, connu pour son travail éducatif, communautaire et dans la diffusion du hassidisme à travers ses institutions.