Cet avocat devient le 17e président du Consistoire central israélite de France. Parmi ses priorités : la lutte contre l’antisémitisme.

 

Un nouveau visage pour le judaïsme français, et une nouvelle voix. Élie Korchia, avocat renommé, a été élu à 89,8 % des votants, ce dimanche, président du Consistoire central, l’instance suprême de représentation du judaïsme français.

À 50 ans, ce père de deux enfants, fortement engagé dans la défense des victimes des attentats de Toulouse et de Montauban en 2012, puis de Paris en janvier 2015, était le seul candidat à ce poste. Il y remplace Joël Mergui, qui ne pouvait plus se représenter après trois mandats de quatre ans, mais qui devient cependant président d’honneur de cette structure. Et qui demeure président du Consistoire de Paris, le plus important des consistoires régionaux avec 60 % des effectifs et un budget de 26 millions d’euros.

S’il est très prestigieux, le Consistoire central est une modeste entité avec 2 millions d’euros de budget. Élie Korchia devient le 17e président du Consistoire central israélite de France, institution créée par Napoléon en 1808.

Avec Haïm Korsia, grand rabbin de France – réélu à ce poste au printemps dernier -, ils seront tous deux, un rabbin et un laïc, les plus hauts représentants du judaïsme en France et les interlocuteurs des pouvoirs publics. «Nous agirons ensemble, nous formerons un tandem», assure Élie Korchia. Une harmonie qui n’a pas toujours été évidente ces dernières années.

Le mot « terrain » revient d’ailleurs beaucoup dans la bouche de ce responsable qui a promis de ne pas briguer la présidence à venir du Consistoire de Paris, dont il est vice – président, pour que l’instance nationale du Consistoire soit «au service de toutes les communautés en France, et notamment des plus petites».

Des estimations avancent que le Consistoire central regrouperait près de 60% des synagogues sur le territoire, à côté du dynamique mouvement loubavitch, plutôt traditionnel, qui aurait un tiers de la communauté, les 10 % restants se partageant entre les libéraux et les orthodoxes.

La communauté juive française, même si elle ne forme qu’un peu moins de 1% de la population en France, est la plus importante d’Europe. «Douze axes de travail» Le nouveau président s’est fixé «douze axes de travail».

Parmi eux, trois priorités qu’il avait explicitées lors de sa campagne électorale devant les 16 consistoires régionaux, base des 310 électeurs, laïcs ou rabbins (205 s’étaient déplacés pour le vote à Paris).

«Le premier, explique Élie Korchia, est la lutte contre l’antisémitisme et le combat pour la sécurité des juifs.» Son expérience d’avocat lui a donné la possibilité de «voir de près» cette réalité : «En dix ans, d’énormes progrès ont été accomplis par les pouvoirs publics pour lutter contre ce terrorisme, mais il ne faut pas baisser la garde.» À côté de ces drames, « il y a un autre antisémitisme, devenu malheureusement ordinaire et quotidien, mais qui génère aussi des crimes odieux. Pour traiter cette violence haineuse, il faut la déconstruire dès l’école. Une fois en prison, c’est trop tard! Nous allons nous y employer avec énergie. »

Deuxième priorité : «la jeunesse étudiante », en particulier avec la nomination d’un «aumônier jeunesse» au niveau national. Sur ce terrain universitaire, les loubavitch ont, de fait, une vraie longueur d’avance.

La famille est la troisième priorité d’Élie Korchia. Il veut notamment encourager la rencontre des couples, soutenir ceux qui seraient en difficulté, et davantage défendre les femmes qui se retrouvent face à des maris refusant le divorce pour leur intérêt propre.

Alors que la communauté juive est régulièrement sujette à des camarillas survoltées, un rabbin de province estime que Korchia a réussi à «créer l’unanimité par sa droiture et son enthousiasme ». De fait, commente un autre rabbin qui a une vision globale de la communauté, «le climat est effectivement apaisé. Une nouvelle génération arrive aux responsabilités».

Évelyne Gougenheim, une figure de la communauté, est plus circonspecte «Je n’attends pas de grands changements. Avec la gestion déficitaire actuelle, le Consistoire central n’est plus qu’une ombre parce qu’il n’a plus de moyens. » En réponse, le nouveau président s’est engagé à mener une politique active de recherche de fonds.