Adapte d’un commentaire du Rabbi de Loubavitch sur la Torah 

 

Une grande partie de la Paracha Metsora se concentre sur la maladie contagieuse de Tsaraat. En général, ce terme est rendu par «lèpre» mais il s’agit là d’une traduction erronée. Puisque, comme le relate la Torah, tsaraat n’affecte pas uniquement une personne mais peut également toucher ses habits et les murs de sa maison, ce n’est pas la lèpre ni aucune autre maladie connue.

Une honnêteté personnelle rigoureuse

«Et le prêtre observera la région affectée» (Vayikra :13,3)

Si l’on pensait avoir contracté cette maladie, il fallait subir un examen effectué par un Cohen qui se prononçait en déclarant le cas pur ou impur. Quelle que fut la décision du Cohen, elle s’imposait.

L’interprétation traditionnelle de cette loi a trait à un cas où la personne concernée est elle-même un Cohen. L’on pose la question suivante : peut-il lui-même analyser sa propre condition ? La réponse sans ambiguïté est qu’il ne le peut pas. Il doit être examiné par quelqu’un d’autre pour savoir si son affection est un symptôme de la maladie suspectée ou celui d’une autre maladie.

Dans les termes de notre développement spirituel, nous pouvons appliquer la même loi à tous types de maladies spirituelles. Nous ne sommes pas ceux qui posons le diagnostic final sur nos propres fautes ou manquements.

Notre subjectivité ne nous permet pas d’émettre le jugement adéquat et jusqu’à ce que nous nous laissions examiner par un «prêtre», un guide spirituel ou un mentor de confiance, nous n’avons aucun moyen fiable de connaître la véritable nature du problème. Bien plus encore, en règle générale, l’orgueil et l’amour de soi rendent impossible un jugement sur soi objectif. C’est également pour cette raison qu’il est impératif que nous montrions les signes de notre maladie spirituelle à quelqu’un d’autre.

Notre voyage vers la guérison demande une honnêteté personnelle rigoureuse. Nous devons nous forcer à un face-à-face avec nous-mêmes tel que nous n’en avons jamais fait. Toutefois, notre introspection n’est pas suffisante pour nous préserver. Nous devons également admettre devant une personne extérieure la nature exacte de nos erreurs.

Parler à quelqu’un d’autre, généralement à notre guide spirituel, n’est pas seulement le moyen de nous soulager après avoir admis nos erreurs. C’est en fait la manière de réaliser concrètement tout un processus. Si nous devions ne jamais nous présenter à l’examen d’autrui, notre mise au point personnelle ne serait pas suffisante pour nous permettre d’avancer et guérir les défauts de notre caractère. En parler, nous ouvrir, montrer notre âme nue nous permet réellement de vérifier nos découvertes et avoir une image entièrement vraie de ce que nous sommes. Nous risquons de déclarer pur ce qui ne l’est pas et, ce qui est aussi dommageable, impur ce qui est pur.

Enfin, il est tout à fait possible qu’en parlant à notre mentor, ce dernier nous aide à découvrir certaines vérités qui nous ont échappé lors de notre examen personnel.
Comme dans les jours passés, où la déclaration du prêtre était suivie de moyens de traitement et de guérison, nous sommes également immédiatement engagés sur le chemin de l’amélioration de nos défauts et de notre personne.

Des trésors cachés

«Quand tu pénétreras en terre de Canaan que Je te donne en possession et que J’infligerai un cas de Tsaraat dans une maison…» (Vayikra 14 :34)

Comme nous l’avons dit précédemment, la maladie de la Tsaraat pouvait également toucher les murs de la maison. Lorsque ce cas se présentait, toute la partie atteinte devait être enlevée, ce qui impliquait de grosses dépenses pour le propriétaire.

Cette maladie étrange n’était pas une maladie physique ou concrète mais plutôt une manifestation physique ou concrète d’une maladie spirituelle. Quand une personne était spirituellement malade, D.ieu l’alertait de son état en touchant d’abord ses possessions puis son corps, pour qu’elle soit incitée à opérer un changement dans son comportement et faire ainsi Techouva (un retour vers D.ieu).

Cependant, très souvent, un homme qui n’avait rien fait de mal découvrait que les murs de sa maison étaient infectés. Pourquoi les innocents souffraient-ils également ?

La réponse à cette question est que de nombreux Juifs vivaient dans des maisons qui avaient été construites par les Cananéens, occupants précédents de la terre. Nombreux parmi eux étaient ceux qui avaient caché leurs trésors dans les murs de leurs maisons. Si bien que lorsqu’une maison d’un Hébreu se trouvait envahie par la tsaraat, il lui fallait démolir les murs et il trouvait le trésor caché.

Ce qui donc avait paru être un mauvais coup du sort ou une punition injustifiée d’En Haut s’avérait être une grande bénédiction.

Quand nous jetons un regard sur tous les soucis qui se sont présentés dans notre vie, il n’est parfois pas difficile de prendre son parti des problèmes qui se sont solutionnés. Nous réalisons que D.ieu nous a envoyé des signes visibles pour nous forcer à prendre conscience de nos véritables manquements d’alors. Mais qu’en est-il lorsque la vie nous frappe en pleine face, même lorsque nous sommes innocents, même lorsque nous faisons ce qui se doit ? Quand cela arrive, nous nous demandons ce que nous avons fait pour mériter de tels problèmes.

Ce dont nous prenons conscience est que les trésors cachés de la vie ne sont parfois découverts qu’à travers des difficultés et les pertes. Ces difficultés que nous jugeons si vite comme un signe que D.ieu nous donne du «fil à retordre» peuvent être, en fait, Sa manière de nous envoyer des cadeaux qui vont au-delà de nos rêves. Nous pouvons maudire nos soucis et ignorer totalement le trésor qui a été prévu pour nous, bien plus abondant que le montant de notre perte.

Bien sûr, si seulement nous savions ce qui se cache derrière le mur, nous serions heureux de le détruire. Mais nous ne le savons pas. Et c’est là qu’intervient la foi, pour se sentir serein, en sécurité, reconnaissant et heureux même quand nous ignorons ce qui arrive. Quand nous craignons les difficultés et les changements, non seulement manquons-nous de foi mais inconsciemment, nous renonçons aux grandes bénédictions qui nous attendent juste de l’autre côté de nos ennuis.