Les dernières paroles du Rabbi Rachab à l’aube de son départ de ce monde résonnent avec une profondeur particulière, révélant des vérités essentielles qui transcendent le temps : « Je vais au Ciel, mais les écrits, je vous les laisse. » Cela nous invite à méditer sur la signification véritable du départ d’un Chef de la génération, sur la permanence de son influence, et sur la manière dont la spiritualité transcende les frontières entre le ciel et la terre.

 

À l’aube de son départ de ce monde, le Rabbi Rachab prononça ces mots mystérieux : « Je vais au Ciel, mais les écrits, je vous les laisse. » Cette déclaration, en apparence simple, soulève pourtant des interrogations profondes. Pourquoi mentionner l’évidence que les écrits demeurent ici-bas ? Et quel lien unit ces deux parties apparemment distinctes de la phrase ?

Pour percer ce mystère, il nous faut remonter aux origines du leadership spirituel juif, incarné par Moché Rabbénou. Avant de quitter ce monde, Moïse s’adressa à l’Éternel, le suppliant : « Que D.ieu… désigne un homme sur la communauté. » Les Sages voient dans ce geste l’expression suprême du dévouement des Justes qui, jusqu’à leur dernier souffle, se préoccupent du bien-être de leur communauté, laissant de côté leurs propres besoins.

Cette attitude exemplaire se perpétue à travers chaque guide spirituel, extension de Moïse dans sa génération. À l’heure ultime, sa première pensée va à son troupeau : que deviendra-t-il et comment s’assurer que tous ses besoins seront comblés ? C’est pourquoi le peuple juif ne doit pas se désespérer lorsque son guide s’élève au-delà de ce monde. Même après son ascension, il continue de veiller sur eux avec une sollicitude ininterrompue.

Telle est la signification profonde des paroles du Rabbi Rachab. En disant « Je vais au Ciel », il explique à son peuple que même son élévation est liée à eux. Depuis les sphères célestes, « il se tient et sert », comme l’enseignent nos Sages. Il continue d’intercéder pour faire descendre tout ce dont son peuple a besoin, tant sur le plan spirituel – la Torah et ses Mitsvot – que sur le plan matériel.

L’histoire de Moïse nous enseigne que par son mérite, la manne descendit pour les Juifs, et même la viande leur fut accordée par son intermédiaire. De même, chaque guide spirituel continue d’œuvrer pour son peuple après son départ de ce monde.

L’ascension du guide vers le Ciel a un but précis : obtenir un « réveil d’En-Haut » plus puissant. Cette force spirituelle accrue est particulièrement nécessaire en ces temps où l’obscurité s’intensifie d’année en année, exigeant des ressources spirituelles toujours plus grandes.

Cependant, toute influence céleste nécessite un ancrage dans le monde matériel. C’est pourquoi le Rabbi Rachab ajoute : « Les écrits, je vous les laisse. » Ces écrits ne sont pas de simples textes, mais le réceptacle de l’essence même du Rabbi, imprégnés de sa sainteté lorsqu’il était encore vivant dans ce monde. À travers eux, son influence continue de se déverser dans notre réalité, offrant un canal tangible pour sa présence spirituelle.

Ainsi, les paroles du Rabbi Rachab ne sont pas un adieu, mais l’assurance d’une présence et d’un soutien constants. Elles nous enseignent que le lien entre le guide spirituel et son peuple transcende les frontières de la vie et de la mort, unissant ciel et terre dans une communion perpétuelle. Loin d’abandonner son troupeau, le guide s’élève pour mieux le servir, laissant derrière lui un héritage vivant à travers ses écrits, pont entre les mondes supérieurs et inférieurs.