L’étude de la Torah, en général et celle de la ‘Hassidout, en particulier, conduit l’homme à analyser des notions abstraites, qui échappent à son champ de perception. Pour les saisir et étayer son raisonnement, il lui faut nécessairement être imaginatif. C’est uniquement de cette façon que les « yeux de l’esprit » pourront lui permettre de voir ce qui échappe à ses yeux physiques.

En outre, l’imagination est avantageusement complétée par le souvenir, qui conserve intacts les événements du passé. Par la suite, quand le souvenir les place dans un cocon, l’imagination les empêche de vieillir, de s’estomper. C’est ainsi qu’un homme évolue uniquement dans un environnement favorable.

Fort de ces deux outils, l’imagination et le souvenir, il peut échapper à l’obscurité du monde, notamment pendant la période de l’exil, lorsque celle-ci est particulièrement intense. A ce propos, Rabbi Yossef Its’hak explique : « La grande qualité de l’imagination a déjà été définie. Celui qui est imaginatif peut se représenter une situation et la vivre, ce qui est d’une immense utilité pour le service de D.ieu. Mon arrière-grand-père et maître, le Rabbi Tséma’h Tsédek a déclaré ceci : ‘Celui qui est imaginatif peut parvenir plus aisément à la Techouva. Il est en mesure de ressentir l’amour et la crainte de D.ieu, en la chair de son cœur, comme une sensation physique d’amour et de crainte matérielles.’
L’imagination est l’une des pratiques que les ‘Hassidim de notre communauté et les élèves de la Yechiva Tom’heï Temimim doivent acquérir. Celui qui s’est trouvé à Loubavitch, a entendu un discours ‘hassidique, a été reçu par le Rabbi, a visité les saints tombeaux de nos distingués aïeux et maîtres, doit s’imaginer, en son esprit, selon la capacité de sa mémoire, l’image et la sainte vision de ce qu’il a observé et vécu, quand il se trouvait dans cette ville. »  (Likouteï Dibbourim, tome 1, Likout n°7, page 225)

De fait, l’imagination et le souvenir conduisent à la Techouva. Et, nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, affirment qu’un homme doit passer : « tous ses jours dans la Techouva ». Rabbi Chnéor Zalman souligne, dans le Tanya, que la Techouva n’est pas liée à la faute et qu’elle ne la répare que dans une première phase, celle de la « Techouva inférieure ». Par la suite, quand elle devient la « Techouva supérieure », elle permet de mettre en pratique le Précepte : « L’esprit retournera vers D.ieu, Qui l’a donné ». Parvenu à ce stade, l’homme vit dans ce monde matériel sans en être la victime, car il échappe à toutes ses limites. Son existence n’est qu’amour et crainte de D.ieu. Il ne peut plus s’écarter de Sa Volonté.

Comme on l’a dit, l’imagination et le souvenir sont les moyens de parvenir à la Techouva, car ils préservent l’homme d’une trop forte immersion en la vie matérielle. Ils le maintiennent dans la spiritualité et la recherche du Divin. Rabbi Yossef Its’hak souligne, sur ce point : « Une forme aussi haute de la Techouva ne peut être atteinte que par l’imagination. Ainsi, un simple soldat relatant et décrivant la crainte et la terreur qui s’abattent sur lui quand il doit se rendre chez l’empereur vit de nouveau tout ce qu’il relate et il s’évanouit.
Celui qui possède une telle imagination peut effectivement atteindre les degrés les plus hauts du service de D.ieu. Et, ceci permet de comprendre l’expression suivante de mon père : ‘Celui qui comprend une idée, après l’avoir comprise, s’approfondit encore sur elle et il en voit la représentation, dans son esprit, comme s’il observait une belle image’. »