La Michna (Taanit perek 3 michna 8) déclare :
« En général, on implore D.ieu pour tout malheur qui ne devrait pas arriver à la communauté ». C’est un euphémisme pour parler des problèmes qui peuvent survenir – sauf pour une trop grande abondance de pluie. Certes, trop de pluie peut causer une catastrophe ; néanmoins, en général, c’est un signe de bénédiction.
La Michna raconte un incident est survenu et le peuple demanda à ‘Honni Hameaguel : « priez pour que la pluie tombe ». Il répondit : « Sortez et apportez à l’intérieur les fours d’argile utilisés pour rôtir les agneaux pascals afin qu’ils ne se dissolvent pas dans l’eau : en effet, des pluies torrentielles vont certainement s’abattre dans le pays ».
Il pria mais la pluie ne tomba pas. Que fit-il ? Il traça un cercle sur le sol, se mit à l’intérieur de ce cercle et déclara : « Maître de l’univers ! Tes enfants ont tourné leurs visages vers moi car je suis comme un membre de Ta maison. Par conséquent, je jure par Ton grand Nom que je ne bougerai pas de là jusqu’à ce que Tu aies pitié de Tes enfants et que Tu répondes à leurs prières avec la pluie ! »
Quelques gouttes de pluie tombèrent, mais pas suffisamment. Il protesta : « Ce n’est pas cela que j’ai demandé, j’exige que les citernes se remplissent ainsi que les fossés et les grottes, avec suffisamment d’eau pour toute l’année ».
La pluie commença à tomber en trombes et il s’interposa à nouveau : « Je n’ai pas non plus demandé une pluie néfaste, mais une pluie de bienveillance, de bénédiction et de générosité ! »
Alors la pluie se mit à tomber de la façon habituelle, mais sans s’arrêter, remplissant ainsi toutes les citernes de la ville au point que tous les Juifs sortirent des quartiers résidentiels de Jérusalem et se rendirent au Mont du Temple à cause de la pluie. Ils l’ont imploré : « De même que tu as prié pour que la pluie tombe, prie maintenant pour qu’elle cesse ! »
Il répondit : « Sortez et allez voir si la Pierre des Réclamations (une grande pierre située en dehors de la ville, sur laquelle on affichait les objets trouvés ou perdus) a été emportée » (en d’autres termes : si l’eau n’a pas noyé cette Pierre des Réclamations, il n’est pas encore approprié de prier pour que la pluie cesse).
Chimone ben Chatta’h, le président du Sanhédrine à l’époque, remarqua : « Si tu n’étais pas (le grand Sage) ‘Honni, j’aurais décrété que tu sois mis au ban de la communauté, mais que puis-je faire ? Tu es mithatei, (tu harcèles) D.ieu et Il t’obéit ! Comme un fils qui harcèle son père jusqu’à ce que son père accède à sa demande sans le réprimander. C’est à ton propos qu’il est écrit dans le verset : «Ah ! Que ton père et ta mère se réjouissent et que celle qui t’a mis au monde se délecte (Proverbes 23:25) ! ».
Enseignement du Rabbi (Torat Mena’hem 40 page 1306)
Ce récit de ‘Honni Hameaguel nous interpelle : pourquoi ‘Honni n’a-t-il pas prié D.ieu à priori pour une pluie de bénédiction ? Cela lui aurait évité de prier une deuxième fois que D.ieu diminue l’intensité de la pluie ! De même on peut poser la question à propos de D.ieu : pourquoi n’a-t-Il pas envoyé à priori une pluie bienfaisante, obligeant de ce fait ‘Honni à prier une deuxième fois ?
Il est évident que, dès le début, ‘Honni avait demandé une pluie de bénédiction. Cependant, il existe plusieurs niveaux de bénédiction. Le niveau supérieur, celui de ‘Honni, se satisfait de gouttes. Mais le peuple et le monde n’étaient pas à ce niveau. Alors ‘Honni a demandé davantage de pluie et D.ieu a envoyé une pluie trop abondante : elle non plus n’était pas adaptée au niveau du peuple qui s’est plaint : une telle bra’ha risque d’endommager les récoltes et le monde ! Nous ne sommes pas de ce niveau supérieur ! ‘Honni a donc prié encore une fois jusqu’à ce que D.ieu exauce le souhait du peuple et envoie une pluie adaptée à ce qu’il pouvait recevoir.
Ceci est un enseignement pour nous :
Hommes, femmes et enfants ont l’obligation de prier D.ieu. Quand on prie, on ressemble à un enfant qui supplie son père et demande que la bénédiction vienne en son temps et de manière appropriée.
La façon dont a agi ‘Honni, en traçant un cercle et en affirmant qu’il n’en bougerait pas tant que la pluie ne serait pas tombée convenablement n’est pas à notre portée. Mais nous devons en apprendre un principe important : il faut savoir implorer avec conviction et demander même plusieurs fois si la bénédiction n’est pas encore intervenue ou si celle-ci se manifeste trop timidement.
Ainsi, avec une telle détermination, nous pouvons être sûrs que D.ieu exaucera nos prières avec largesse et nous enverra très prochainement ce que nous demandons depuis si longtemps : la venue du Machia’h, maintenant !
‘Honni Hameaguel, version 1984 : Le miracle de la pluie à Recife
Rav Yaakov ‘Hazane était l’émissaire du Rabbi dans la ville de Recife, au Brésil. À son arrivée, la ville était considérée comme un désert du point de vue du judaïsme. Il n’y avait pas d’infrastructures nécessaires à la vie juive et, bien entendu, pas de Mikvé. Pour se purifier dans un Mikvé, il fallait se rendre dans la ville la plus proche, à trois heures d’avion. Rav ‘Hazane explique que cela ne posait pas de problème pour eux, mais il était difficile de convaincre les familles de respecter les lois de la pureté familiale et de leur demander d’effectuer des voyages de trois heures en avion à chaque fois.
Rav ‘Hazane a donc entrepris des démarches auprès des autorités pour obtenir les permis nécessaires à la construction d’un Mikvé. Cela a pris plusieurs années. Lorsqu’il a finalement obtenu tous les papiers, acquis un terrain et construit le Mikvé selon les lois et coutumes les plus strictes, Rav ‘Hazane a été contraint de constater que tout cela était vain : pendant de longs mois, pas une seule goutte de pluie ne tombait à Recife, laissant le bassin du Mikvé désespérément vide.
Le jeudi 18 Adar 1984, Rav ‘Hazane s’est rendu chez le Rabbi à New York. Le vendredi, il a préparé une liste de questions à poser au Rabbi, se demandant s’il était convenable de le « fatiguer » avec le manque de pluie dans sa ville. Finalement, il a décidé qu’après Chabat, il demanderait conseil auprès de ses amis au 770.
Le lendemain, pendant Chabat (Parachat Chemini), Rav ‘Hazane a assisté au farbrenguen du Rabbi parmi la foule de ‘Hassidim. Durant la deuxième si’ha, le Rabbi a évoqué la date de ce Chabat, le 20 Adar, et a expliqué que tout ce qui arrive est un effet de la providence divine. Le Rabbi a rappelé l’histoire d »Honni Hamaaguel qui avait prié pour que la pluie tombe, et a enseigné que chaque Juif est un enfant de D.ieu et doit demander à D.ieu ce dont il a besoin, comme un enfant qui exige de son père, et insister jusqu’à ce que la requête soit exaucée.
Rav ‘Hazane a eu beaucoup de mal à écouter la suite du discours du Rabbi et à se concentrer. Lorsque la si’ha s’est terminée, les gens qui l’entouraient lui ont demandé pourquoi il était si pâle et pourquoi il tremblait autant.
Le lendemain, dimanche, les journaux brésiliens ont annoncé en première page que la pluie était enfin tombée à Recife.