Nice – Un groupe d’élèves de la Yeshiva Tomchei Temimim de Netanya, sous la direction du Rav Moshe Orenstein, a récemment effectué un voyage sur les traces du Rabbi et de son épouse, la Rabbanite, dans le sud de la France. Leur périple les a menés jusqu’à Nice, où ils ontvécu pendant neuf mois durant la Seconde Guerre mondiale.

 

Parmi les moments forts de cette visite, les élèves ont découvert l’hôtel où le Rabbi et la Rabbanite ont séjourné. L’établissement, toujours debout, a même été entièrement privatisé par la Yeshiva pour l’occasion. Un débat animé s’est élevé parmi les jeunes hommes : fallait-il dormir au troisième étage, là où le couple avait résidé, ou faire preuve d’humilité en choisissant un autre étage ?

Les élèves ont également visité la synagogue où le Rabbi avait l’habitude de prier, ainsi que le téléphérique qu’il avait emprunté, au péril de sa vie, pour se procurer des oignons nécessaires au Seder de Pessah. Au deuxième étage de l’hôtel, ils ont prié et étudié dans la chambre même où le Rabbi tenait ses offices, répétant avec ferveur les paroles de Torah qu’il y avait prononcées.

C’est aussi dans cet hôtel que s’est déroulé un épisode marquant de la vie du Rabbi : avec un unique billet de cent dollars, il a réussi à sauver de nombreux réfugiés juifs en leur permettant d’avoir accès à un logement, à une époque où cela pouvait signifier la différence entre la vie et la mort.

Le Rav Yossef Its’hak Pinson, émissaire en chef à Nice, a captivé les élèves lors d’un Farbrenguen (rassemblement ‘hassidique) prolongé tard dans la nuit à l’hôtel. Les émissaires du Rabbi en France ont mis tout en œuvre pour assurer le succès de ce voyage, allant jusqu’à créer un « Recueil de Nice » spécialement pour les participants.

Ce séjour a également été l’occasion de découvrir de nouveaux lieux liés à la vie du Rabbi et de la Rabbanite en France pendant la guerre, grâce au travail de recherche approfondi mené par les émissaires, en particulier le Rav Shmuel Lubecki de Paris.

Ce voyage sur les traces du Rabbi a permis à ces élèves de se plonger dans l’histoire de ce leader spirituel qui, malgré les dangers et les privations, n’a jamais renoncé à venir en aide à son prochain tout en restant fidèle à ses principes. Une leçon de vie qui résonne encore aujourd’hui.

Le séjour du Rabbi et la Rabbanit à Nice en 1941

Pendant huit à neuf mois, jusqu’au début de l’été 1941, le Rabbi et son épouse, la Rabbanite, ont trouvé refuge à Nice, dans le sud de la France. Malgré le péril constant, le couple a continué à œuvrer pour sauver des vies juives.

Selon le témoignage d’une bénéficiaire, le Rabbi a notamment veillé à la fabrication de faux papiers qui lui ont permis de franchir la frontière et d’échapper à une mort quasi-certaine. À une époque où seuls les détenteurs d’un billet de 100 dollars, une somme considérable, pouvaient accéder aux hôtels, le Rabbi parcourait les rues de Nice à la recherche de Juifs en détresse. Il leur prêtait son unique billet pour qu’ils puissent trouver un abri, sauvant ainsi de nombreuses vies.

Face à l’abnégation du Rabbi, le respect de la communauté n’a cessé de croître. Lorsqu’on a réalisé qu’il se nourrissait à peine, par scrupule religieux, Juifs et non-Juifs se sont efforcés de l’aider. Ainsi, malgré les pénuries, le propriétaire de l’hôtel remettait régulièrement du sucre à la Rabbanite.

Mais le Rabbi n’a jamais transigé avec sa foi. En 1941, bravant tous les dangers, il s’est rendu secrètement à la frontière italienne pour se procurer un cédrat (etrog) conforme à ses exigences pour la fête de Souccot. Il en a rapporté deux, offrant le second au Rav Rubinstein, également présent à Nice.

Le Rabbi ne voulait pas prendre des pommes de terre comme karpas (légume à tremper dans le sel) lors du Seder de Pessa’h, mais spécifiquement de l’oignon, comme c’est la coutume chez Habad.  Or à cette époque il était impossible d’en trouver à Nice. C’est ainsi que le Rabbi, bravant encore tous les dangers, voyagea en téléphérique dans les hautes montagnes des Alpes, pour se procurer des oignons !. La Rabbanit s’exprima alors « Ich hob nit gevast tsi ich vel noch omol zen mein man » [= Je ne savais pas si je reverrais encore mon mari !].

Pendant ce temps, depuis New York, le précédent Rabbi, Yossef Its’hak Schneersohn, multipliait les démarches pour extraire le couple d’une Europe en flammes. Enfin, un visa pour les États-Unis leur fut accordé. C’est à Marseille, où subsistait une représentation américaine, qu’ils devaient le recevoir.

Malgré la brièveté de leur séjour dans la cité phocéenne, le Rabbi est rapidement devenu le guide spirituel de nombreux Juifs en quête de sagesse et de réconfort dans ces heures sombres. Une lumière dans les ténèbres de la guerre.